Bien plus que du jeu en lui-même, c'est plutôt de son papa que j'ai envie de vous parler à travers lui.


Naughty Dog est à l'industrie du jeu vidéo ce que Louis Vuitton est à l'industrie du luxe...
... Un véritable poids lourd. Que vous aimiez ou non les grands titres de ce studio (Crash Bandicoot, Jack and Daxter, Uncharted, The Last of Us...), leur savoir-faire est incontestable. On a affaire ici à un des rares studios actuels à apporter un tel soin à leurs créations : rigueur implacable, souci presque maladif du détail, recherche constante d'un équilibre entre la qualité recherchée et les limites techniques de la plateforme... Rien, absolument rien n'est laissé au hasard. Naughty Dog a appris à délivrer des produits finis, léchés.


Pour les plus nostalgiques d'entre nous _et c'est un des très jolis clins d'oeil de cet épisode de clôture, par une mise en abyme qui tapera droit dans votre petit coeur de joueur PSOne _l'histoire commence avec Crash Bandicoot. La route a été longue depuis l'énorme succès de cet étrange animal bouffeur de pommes... Avec un début prometteur sur PS2, Jack and Daxter a lui aussi connu un joli succès que le studio ne parviendra toutefois pas à faire prospérer; le déclin de cette série place le développeur en retrait. On le sait aujourd'hui, leur retour sur PS3 avec Uncharted a été retentissant; ils ont grandi... ils ont appris. Sans bien sûr que ce soit le but recherché, Uncharted devient leur saga "vitrine" et ils vont, à travers elle, faire montre de leur savoir-faire. Le premier épisode, aujourd'hui, prête à sourire. Et pourtant, il était à l'époque impressionnant. C'est dire le chemin parcouru...


Uncharted a introduit une nouvelle ère pour Naughty Dog qui ne fait littéralement, depuis, que du sur-mesure : chaque jeu est le résultat d'un travail impressionnant, avec à chaque fois le souci réel de fournir une expérience de qualité au joueur. C'est là le maitre mot : la qualité. Et c'est cette obsession constante du détail qui a mené le studio à son plus grand succès à ce jour, le très hypé The Last of Us, véritable bijou qui mit en 2013 la PS3 à genoux.


Contrairement à ce que beaucoup pensent à tort, Naughty Dog n'a pas introduit un nouveau style de gameplay avec Uncharted. Il a simplement démocratisé un gameplay qui est, bien malgré le studio, devenu la référence des jeux d'action actuels.
Je passe ici un message et un coup de gueule personnels. Dire d'un jeu "Ouais, c'est un Uncharted..." pour critiquer un gameplay qui serait trop proche de celui de la saga est aussi stupide que de reprocher à un FPS d'avoir un gameplay trop proche de celui de Doom (SNES). Après tout, n'entend-on pas encore parfois l'expression consacrée "Doom like"...?


Le studio a, pour sûr, ses centres d'intérêt : les aspects plateforme et aventure, essence même de leur ligne de développement. Le choix de gameplay opéré dans Uncharted ne sera que l'occasion d'explorer de nouveaux horizons vers un aspect story-telling de plus en plus présent, pour un développeur qui a toujours aimé nous conter ses univers. The Last of Us, bien qu'étant un jeu d'action, illustre parfaitement cette fusion des genres mais reste à part.


J'en arrive à l'objet de cette critique...


Uncharted 4 cristallise tout le savoir-faire de Naughty Dog
Une vitrine, donc. Le studio accorde un soin indéniable à chaque aspect de ses jeux, ce qu'Uncharted 4 ne fait que confirmer en livrant, dans la droite ligne de l'évolution du développeur, un jeu d'action/plateforme/aventure qui tend vers le story-telling; le tout calibré pour la PS4. Bienvenue dans l'après The Last of Us...


Les points forts du développeur demeurent les mêmes...



  • L'univers : on a toujours une mise en scène très travaillée, scriptée, qui porte un scénario simple mais bien déroulé. Naughty Dog ne mise pas sur la surprise mais sur la façon dont l'histoire est contée... Une nuance appréciée ou non, selon les goûts. C'est la fameuse tendance story-telling, dans des jeux qui sont plus portés par leur histoire que par leur gameplay : la part belle est faite à des scènes et des dialogues qui installent l'histoire, le contexte, les personnages... Un univers auquel le joueur est invité à prendre part.

  • Les personnages : j'apprécie tout particulièrement chez Naughty Dog le soin apporté à l'écriture des personnages, formidablement mise en valeur par un casting de voice actors (je suis une fan inconditionnelle de Troy Baker...) et un travail sur le mocap qui déchirent.

  • L'environnement graphique : l'exploitation des capacités techniques de la console est tout bonnement hallucinante. Couplée à une direction artistique de fou furieux, on aboutit ni plus ni moins à un des plus belles prouesses graphiques vues sur console à ce jour. Enchainant des décors aussi variés que magnifiques, le jeu est un vrai showcase, et pour cause : on ne compte plus les spots qui servent UNIQUEMENT à admirer la vue... Et quelle vue : Uncharted 4 propose des environnements bien plus ouverts que n'importe quel autre titre du studio (sans pouvoir parler de monde ouvert), offrant au joueur quelques vastes panoramas qu'il peut parcourir. L'effort technique en est d'autant plus impressionnant.

  • La BO et l'environnement sonore : le studio a toujours su faire preuve de justesse dans cet aspect. Ni trop présente, ni trop effacée, la BO discrète sans l'être est complétée par un environnement sonore travaillé.

  • Le gameplay : le diable se cache dans les détails, parait-il. Et sans m'y plonger, je peux vous dire que c'est à ce niveau de souci dans les détails qu'on reconnait un produit de très bonne facture (notamment en phase de plateforme). Pour le reste, le gameplay est celui que privilégie et affine Naughty Dog depuis le premier Uncharted; relativement intuitif, je n'y trouve rien à redire, si ce n'est quelques cafouillages lorsque les phases de plateforme rencontrent les phases d'action. On sent que le compromis a été recherché entre les deux pour ne pas compliquer la vie du joueur, mais c'est un mariage qui ne fonctionne pas toujours... Des choix intéressants et appréciables (bien qu'un poil maladroits pour certains) pour faire varier l'expérience de jeu ont été faits. On appréciera également le fait que Nathan ne puisse porter que deux armes, la possibilité d'opter pour une approche furtive dans les phases d'action et quelques options marrantes une fois le jeu fini une première fois, pour la rejouabilité.


... De même que les points faibles.



  • Les phases d'action/shoot : Nathan est seul (ou presque) face à une légion de mecs surarmés, dans des phases de shoot brouillonnes et parfois longues. Soyons clairs : c'est le foutoir, on ne sait parfois plus où donner de la tête et le manque de réalisme de cet aspect "seul contre tous" porte trop atteinte à la cohérence générale du jeu. On comprend bien qu'il n'existe pas 50 façons de gérer la durée et la difficulté d'une phase d'action, mais le surnombre d'ennemis auquel les héros font face frise souvent le ridicule...


  • Un schéma d'enchainement des phases de jeu qui est resté le même : exploration, plateforme, action, exploration, plateforme, action, etc. Ce schéma, s'il a l'avantage certain d'assurer l'équilibre entre les différentes phases pour que l'une ne soit pas plus présente que l'autre, rend le déroulement du jeu bien trop prévisible. Pis : non seulement les phases sont attendues mais reconnaissables. Ce déroulement reste invariablement le même et le changement de décors ne suffit pas à le faire oublier. À peu d'exceptions près, les phases ne se fondent pas entre elles et le passage de l'une à l'autre souvent brutal. Conséquence ? Un manque de fluidité par un découpage trop net du jeu dans la distribution des phases de gameplay, et peu de surprise pour le joueur...



En bref, la volonté est ici clairement assumée de raconter une histoire et d'y mettre un point final. Comme je viens, j'espère, de vous le démontrer, la patte de Naughty Dog est toujours présente et la qualité au rendez-vous. Connaissant le studio, je n'en suis pas surprise le moins du monde et c'est la raison pour laquelle c'est bien de ce dernier que j'ai voulu parler à travers son jeu.


Le modèle me plait, il emporte donc mon vote sans difficulté. C'est une belle expérience de jeu et j'ai beaucoup apprécié y jouer, mais Uncharted 4 n'est pas le titre que j'attendais absolument. Non, j'attends Naughty Dog sur un terrain où, aujourd'hui, peu vont encore : celui de la prise de risques. Et la dernière fois qu'ils y sont allés ça a donné... The Last of Us. Ce sera pour moi LE rendez-vous à ne pas manquer avec eux.
C'est un atout maitre que cette citation tirée du jeu, que je choisis pour titre, illustre parfaitement à mon sens :



It won't be easy...
- Nothing worthwhile is.



En attendant, amusez-vous bien. ;)

Camiille
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste J'ai fini...

Créée

le 18 mai 2016

Critique lue 337 fois

4 j'aime

Camiille

Écrit par

Critique lue 337 fois

4

D'autres avis sur Uncharted 4: A Thief's End

Uncharted 4: A Thief's End
JulienNicaud
5

Beau parleur et belle gueule

Victime de la hype nouvel épisode: Après avoir terminé le bousin en 16h de temps (ce sont les stats qui le disent) Uncharted 4 est indiscutablement une baffe technique. Non, j'irai même au-delà:...

le 20 mai 2016

38 j'aime

1

Uncharted 4: A Thief's End
Kelemvor
9

For Whom The Bell Tolls

Uncharted 4 : A Thief's End. Des années qu'on l'attendait. Cinq ans, pour être précis. Et maintenant que je l'ai terminé 854 fois et que je l'ai retourné dans tous les sens, trouvé le moindre trésor,...

le 20 mai 2016

30 j'aime

12

Uncharted 4: A Thief's End
Aurablade
8

Uncharted 4 — Un dernier voyage

Uncharted, c’est l’histoire de Nathan Drake, le fils caché de Lara Croft et d’Indiana Jones, qui se retrouve à chasser des cités perdues et autres trésors abandonnés tout en décimant les centaines de...

le 13 mai 2016

29 j'aime

Du même critique

The Last of Us
Camiille
10

Le surprenant Survival de Naughty Dog (garantie sans spoil).

Critique 2.0 : mise à jour toute fraiche après la fin du jeu. Lisez à votre guise la critique intégrale ou passez directement au résumé à la fin. :) Nous avons pour habitude que les développeurs de...

le 13 juin 2013

57 j'aime

24

Animal Crossing: New Leaf
Camiille
9

La PAIX, oui mais... (critique 3.0)

MàJ 2 : suite à la mise à jour Welcome Amiibo. MàJ 1 : ceux qui connaissent déjà ma critique peuvent passer directement au "Oui mais...", les autres sont libres de lire comme ils le souhaitent...

le 12 juin 2013

51 j'aime

16

The Legend of Zelda: A Link Between Worlds
Camiille
9

Attention : cette critique est profondément shcizophrène.

L'exercice est pour moi difficile car je suis tiraillée entre deux sentiments paradoxaux : d'une part, je déguste réellement cet épisode plein de fraicheur, d'autre part en mon âme et conscience, je...

le 25 nov. 2013

50 j'aime

15