Urban Myth Dissolution Center avait un prémisse qui m’a tout de suite accroché : tenter de dissoudre le fake et la rumeur en s’appuyant sur des faits et des preuves possiblement irréfutables. Dans une époque de post-vérité où la réalité s’établit en discréditant l’adversaire (« ce que vous dites est faux, donc nous avons raison »), il est presque rassurant de lire des récits qui prônent la véracité par la preuve.
UMDC est un visual novel avec des éléments d’enquête très, très légers — plus légers encore que dans Ace Attorney. À l’image du jeu d’avocat de Capcom, UMDC suit une sorte de routine assez protocolaire. On doit résoudre six enquêtes, chacune découpée en plusieurs parties : enquêter sur les réseaux sociaux pour chercher des infos, se rendre sur les lieux, identifier la légende urbaine selon les premiers éléments... Petite phase cinématique, puis re-enquête (à nouveau réseaux sociaux, collecte de preuves, etc.), et on répète jusqu’à la résolution finale.
J’ai eu de la peine avec la rigidité de ce concept : il y a un aspect très « jeu vidéo » dans cette idée de devoir franchir six niveaux pour atteindre les crédits de fin. Le problème — en tout cas pour moi — c’est qu’on est tellement peu stimulé en tant que joueur que je me suis franchement ennuyé. J’aurais voulu qu’on me pousse à réfléchir, à faire des déductions, plutôt que d’assister impuissant à une enquête qui se résout d’elle-même devant mes yeux.
On pourrait me rétorquer qu’il s’agit d’un visual novel et que le plaisir réside avant tout dans la lecture et l’ambiance générale. Certes. Mais dans ce cas, pourquoi avoir mis en place un système aussi rigide ? Dès la deuxième enquête sur les réseaux sociaux à lire des commentaires haineux, j’en avais déjà plus qu’assez. Je me surprenais à espérer que les phases d’enquête se terminent rapidement pour que l’histoire avance.
Côté visuel et narratif, c’est très réussi : la direction artistique, la bande-son et l’écriture sont solides (hormis une résolution… disons, un peu discutable — je n’en dirai pas plus).
Urban Myth Dissolution Center aborde des problématiques très contemporaines : la vérité à l’ère des réseaux sociaux, le harcèlement en ligne, le siphonnage de nos données par les géants de la tech. Le récit est habile à montrer les impacts concrets de ces enjeux sur la vie des personnages. C’est nuancé, intelligent et bien construit.
Malheureusement, les phases d’enquête m’ont rapidement paru fastidieuses. Il aurait fallu qu’elles soient plus stimulantes ou, à défaut, plus courtes. Sur 15 heures de jeu, j’en ai passé presque 12 à subir ces enquêtes, ce qui me rend très hésitant à recommander le jeu. Et c’est vraiment dommage, car l’ambiance et le propos sont, eux, très réussis.