Un Advance Wars Eco +

Ayant eu Advance Wars 2 entre les mains à la tendre époque où je n'avais même pas de duvet sur le bout du menton, j'avais gardé un doux souvenir de ce jeu, entre ses graphismes, son gameplay, son histoire et tout le reste. Ça avait été une excellente expérience, un moment dans ma vie de jeune gamer d'alors.

Et avec plus du double de l'âge que j'avais alors, quand j'ai vu une vidéo sponso réalisée par le streamer au Coin Dur, sur ce jeu, j'ai hésité : j'y retrouvais beaucoup de choses qui m'avaient plu dans AW2. Me laisserais-je tenter ? Le prix m'a fait hésiter et au final... qui ne tente rien n'a rien, je passe à la caisse et lance le jeu !

Demi-madeleine

Et... douche tiède. Commençons toutefois par les aspects positifs : le gameplay marche bien ! J'apprécie l'idée selon laquelle on ne peut plus soigner les unités sur les villes, mais en retournant à une caserne, usine ou bâtiment de production dédié. Les unités supplémentaires par rapport à AW sont sympas, et j'y ai retrouvé ce que je crois être des sensations d'alors. Et c'est ce que je voulais ! Mêmes questionnements qu'alors sur l'ordre de production, la gestion des unités, l'ordre des combats à résoudre... J'aime aussi beaucoup le Rhino, qui permet de pousser des unités, et de couler des véhicules dans les cours d'eau ou de les fracasser sur des montagnes, ou à défaut, de perturber le déploiement ennemi.

Mais, ça manque d'un quelque chose, d'un peu de sel, tout est trop propre, lisse. Je ne sais pas si c'est l'âge d'être daron ou le vrai manque d'un quelque chose, mais je ne m'enthousiasme pas sur les combats, c'est très (trop ?) mécanique.

Je retrouve la recette de ce qui avait tant plu, mais sans un petit quelque chose. Et ce petit quelque chose est aussi à chercher dans autre chose que le gameplay.

C'est pas que c'est moche, c'est que c'est chiant

Là où ça pèche énormément, c'est l'histoire et les graphismes. Si côté pixel art tout y est, il manque dans la direction artistique ce que Intelligent Systems avait réussi à insuffler, ce côté cartoon, un peu enfantin, qui est ici totalement absent. Ici, le pixel art se retrouve aussi dans la modélisation des personnages lors des séquences narratives, et ça coince.

Soyons fair-play sur un point : ça a l'air d'être un tout petit studio, qui ne dépasserait pas trois personnes (j'essaie de trouver des infos pour confirmer) et qui a développé son jeu avec un Kickstarter, et probablement qu'ils n'avaient pas de directeur artistique ou d'illustrateur, mais les personnages sont ternes. C'est plat, propret et... chiant. Pas d'expressions changeantes, d'émotions dans les visages, juste des pancartes. Mais en pixel art.

Et les dialogues n'arrangent rien. Peut-être que les illustrations en pixel art fixes créent cet effet, et que des animations auraient rendu des dialogues écrits sans grande inspiration plus digestes, mais là, ça coule comme la pluie sur une veste cirée, ne laissant rien en mémoire. Dans le fond ou la forme, je n'ai pas accroché avec les dialogues.

Idem pour la musique, qui n'est pas inaudible, mais qui n'a aucun thème marquant, si ce n'est peut-être celui de la faction des Scourges, mais qui fait penser à une instru de Kaaris, laissant penser que le rappeur pourrait débarquer à tout moment pour lâcher un freestyle. Alors, encore une fois, petit studio, pas des équipes pléthoriques, mais quand même, ça fait encore une chose en moins dans la recette magique.

Il était une fois, sur Du... euh, le monde de Warside

Quant à l'histoire... on sent que les personnes de chez Lavabird ont poncé les films Dune, car le scénario, le lore de Warside s'en inspire grandement : des gentils en uniformes propres, des méchants cradingues avec des tuyaux partout, et une faction ambivalente qui vit dans le désert, le défendant contre tout intrus, et qui sont contre les gentils mais qui, quand ils se rendent compte que les méchants sont méchants, en fait non.

Ça, plus le McGuffin du jeu sent vraiment l'inspiration de Dune, et ça en est franchement grossier. Pour rester gentils, disons que l'inspiration est à peine camouflée. Mais bon, petit studio, petite équipe, surtout centrée sur le gameplay. Mais alors, où est-ce que ça coince vraiment ?

Environ 25 € pour un fangame buggé à la sortie

Le prix, qui est cher pour ce que c'est. 25 balles pour ce jeu, c'est franchement cher. Trop, même. Pour moi, Lavabird aurait dû partir sur un 15-18 € qui aurait été plus honnête. Parce que, à 25 €, on a un prix qui dépasse le contenu : pour un petit jeu sympathique sans prétention, on a un prix qui avoisine celui d'une production plus ambitieuse.

Et autre point, si je n'ai pas eu à me prendre ce désastre dans les dents, le jeu serait sorti truffé de bugs. Et 25 € le sachet de lignes de code buggées, merci mais non merci.

Lavabird est en train de mettre les bouchées doubles pour rattraper le tir. C'est à leur honneur, mais aussi la moindre des choses. Et je pense que ce faux départ ne va pas leur rendre service.

Au final, on achète, ou pas ?

Honnêtement, si on fait le bilan, Lavabird n'a rien inventé en gameplay, mais pousse un peu plus loin l'idée d'Advance Wars, et c'est sympa ! Tout n'est pas à jeter, y'a le potentiel d'un jeu sympathique niveau gameplay. Mais niveau DA au sens large, ça ne suit pas, et l'ensemble coûte bien trop cher en l'état.

Attendez donc peut-être qu'il y ait des soldes ou plus de contenu ajouté. Mais pour l'instant, à ce prix, c'est un grand non pour moi.