Le genre d’ovni vidéoludique que tu lances un peu par curiosité, attiré par son esthétique 1-bit old-school, mais qui finit par t’aspirer dans une ambiance profondément malaisante.
Dès ça sortie et ces super trailers j'ai été très curieux et je me le réservais secrètement pour plus tard.
Je m’attendais à un petit jeu hommage à Junji Ito, une sorte de Spirale en jeu vidéo ou à Lovecraft, une sorte de visual novel crado un peu punk, et j’ai finalement mis les pieds dans une expérience aussi fascinante qu’inégale.
Déjà, on ne peut pas passer à côté de la DA. Noir et blanc, pixels tranchants, interface volontairement chaotique… tout transpire la nostalgie, mais une nostalgie malade. C’est comme si un vieux PC MS-DOS avait été possédé et avait décidé de nous cracher ses cauchemars à la tronche.
Et rien que pour ça, pour cette proposition artistique complètement perchée mais tenue de bout en bout, je dis respect. Chaque fois que vous allez lancer le titre, il va y avoir ce petit "bip" caractéristique d'un bug, ou d'une anomalie sur un windows. C'est bête et efficace, comme si le logiciel lui même été maudit.
Mais voilà… aussi bonne soit l’ambiance, aussi travaillée soit la direction artistique, ça ne fait pas tout.
Les débuts et son HUD chaotique au possible sont rudes... Puis une fois qu'on s'y fait, soyons honnête... L'action ne se passe que sur 1/6 de l'écran! C'est quand même assez dingue à la longue. C'est un choix artistique comme un autre, on veut nous montrer la fiche de personnage et des petits sous onglets annexe, pour évoquer le jeu de rôle papier... Cependant, le rendre aussi austère n'est peut être pas très pertinent et on va finir par se retrouver qu'entre rôlistes.
Puis... Le vrai problème de World of Horror, c’est qu’au bout d'une heure, tu commences à voir les coutures. Le jeu a du mal à se renouveler. Les événements se répètent, les choix se ressemblent, et le côté roguelite finit par jouer contre lui. T’as cette sensation de tourner en rond dans des scénarios qui, malgré leur bizarrerie, ne parviennent plus à te surprendre une fois que t’as pigé les mécaniques.
Rien de bien alarmant, car j'ai pu y passer un bon moment... Mais le soufflet retombe très vite!
Malgré tout, j'ai pu lire pas mal de mauvais avis sur le gameplay des combats et je ne suis pas totalement d'accord. C’est touffu, parfois trop, du moins au début. Tu cliques, tu lis, tu gères ton inventaire, tu prends des décisions, tu combats avec un système de timeline que je trouve assez intuitif, dès le deuxième ou troisième combat… C'est agréable et retransmet bien l'ambiance de jeu de rôle papier... Et pourtant, malgré tout ça, j’ai jamais eu l’impression d’avoir un vrai contrôle sur mon destin.
Y’a ce flou permanent entre la stratégie et la chance, ce qui pourrait coller avec l’ambiance de fatalité, mais qui, sur la durée, frustre plus qu’autre chose. Encore une fois, on va se retrouver qu'entre rôliste et c'est un partie prix qui ce comprend mais que j'aurai envisager peut être plus maitriser, surtout pour du jeu vidéo.
C’est le genre de jeu qui fascine au début, te plonge dans un état d’inconfort délicieux, mais qui devient rapidement mécanique. Comme un cauchemar qu’on répète trop de fois. Et pourtant, je l’ai relancé plusieurs fois!
Parce qu’il y a un vrai charme morbide, une proposition qui, malgré ses défauts, te reste un peu dans la tête. Sans oublié, les supers références qu'il fait à l'horreur sous toutes ces coutures, c'est un travail très respectueux!
J'ai quand même apprécié l'expérience, malgré ces défauts.
Je pense que c’est un jeu à recommander avec précaution!
Il faut aimer l’expérimental, accepter l’absurde et ne pas chercher une boucle de gameplay trop satisfaisante. Si tu le prends comme un trip visuel et sensoriel, une plongée dans une horreur vintage mais bien sentie, ça fonctionne. Mais si tu y vas pour le gameplay, la progression ou l’équilibrage, tu risques de te heurter à quelque chose d’un peu trop raide et redondant.
C’est un jeu à la personnalité folle, mais qui peut s’épuiser un peu trop vite en fonction du type de joueur/euse que vous êtes.