Ma grosse calandre dans ton p'tit pare-choc

J’ai consacré l’essentiel de mon temps de jeu sur le mode Carrière, lequel se décline en plusieurs divisions dont la difficulté, tracés, règles, agressivité de l’IA, longueur des courses, s’élève progressivement. En « Normal », le challenge reste abordable, mais le jeu impose très vite sa philosophie : mémoriser les trajectoires ne suffit pas, il faut savoir encaisser les coups, rendre la pareille et, surtout, survivre au chaos permanent. Course et champs de bataille sont des synonymes dans Wreckfest (2018) !

La conduite se situe à la frontière de l’arcade et du réalisme. La prise en main est immédiate. Pourtant chaque voiture conserve un poids crédible et réagit avec naturel aux bosses comme aux collisions. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il faut réellement forcer pour réduire son bolide à l’état d’épave ; même sérieusement amoché, un véhicule peut souvent franchir la ligne d’arrivée, preuve du parti pris résolument fun et arcade du titre. L’intelligence artificielle, quant à elle, n’hésite jamais : elle coupe les trajectoires, pousse sans vergogne et envoie volontiers dans le décor. Au final Wreckfest est un condensé de courses imprévisibles où l’on peut passer de trente concurrents au départ à cinq survivants au drapeau à damier, notamment sur les circuits en huit qui offrent des croisements frontaux d’une brutalité jouissive et drôle.

Cette brutalité se décline dans une carrière variée. Les pistes classiques, en terre ou asphalte, alternent avec les ovales américains et leurs carambolages garantis, sans oublier les défis spéciaux : tondeuses à gazon, bus scolaires, moissonneuses batteuses et l’inénarrable mode destruction en arène rappelant l’héritage de Destuction Derby (1995) d’où provient ce jeu. Autant de parenthèses qui renouvellent le rythme, le gameplay et qui permettent de prolonger l’intérêt du joueur sur le long terme. Sans parler du mode multijoueurs auquel je n’ai pas joué, j’ai passé environ 18 heures (70% des succès) sur le titre et je ne me suis pas ennuyé une seconde.

Même en 2025, Wreckfest reste visuellement convaincant. Les décors passent sans heurt d’une campagne poussiéreuse à un stade de stock car ou à un tracé forestier. Les déformations de carrosserie, particulièrement réalistes, transforment peu à peu la piste en champ de mines, puisque les épaves demeurent jusqu’au dernier tour. Il faudra donc apprendre non seulement à parfaitement doser votre vitesse pour négocier les virages mais aussi prendre en compte les épaves qui parsèment le circuit. L’ensemble tourne sans accroc sur PC master race, la physique des collisions, véritable cœur du titre, demeure fluide en toute circonstance et je ne dénombre aucun bug durant ma session.

Par ailleurs, gros coup de cœur en ce qui concerne la sélection des véhicules. Il y a près d’une cinquantaine de véhicules, très bien modélisés, drôles (surtout si vous achetez les DLC), et déclinant à l’envi les gros cylindres américains. Il vous sera possible de les personnaliser (peinture, décoration, puissance etc.). On regrettera cependant l’absence de vraie marque automobile.

En définitive, Wreckfest trouve un équilibre rare : suffisamment arcade pour rester immédiatement plaisant, suffisamment crédible pour que chaque choc ait du poids et que les véhicules offrent un peu de challenge à dompter. Les démolitions spectaculaires, l’IA belliqueuse et la variété des épreuves maintiennent l’intérêt jusqu’à la dernière division. En solo, l’expérience est déjà réjouissante ; en multijoueur, le chaos doit être hardcore (il y a encore des joueurs sur les serveurs pour ceux que cela intéresse). A la croisée des chemins entre jeu de course et battle royal, je le recommande à tout amateur de tôles froissées et de « muscle car » américain.