Avec la sortie récente de Ne Zha 2 qui affole le box-office, l'intérêt pour les superproductions venues de l'Empire du Milieu ne cesse de croître. Mélangeant mythologie, effets spéciaux spectaculaires et récits épiques, ces blockbusters rivalisent désormais avec les mastodontes hollywoodiens. À cette occasion, on vous propose de (re)découvrir dix autres grands succès du cinéma chinois. Classés selon leurs performances au box-office mondial, ces films offrent un panorama saisissant d’un cinéma populaire en pleine expansion. Préparez-vous à un voyage entre dragons, dieux, guerriers et révolutions.
LA BATAILLE DU LAC CHANGJIN (2021) de Chén Kǎi-Gē, Dante Lam et Tsui Hark
Box office : 892 M$
La Bataille du lac Changjin se veut une superproduction martiale monumentale, louant l’héroïsme chinois pendant la guerre de Corée. Réalisé par un trio prestigieux, Tsui Hark, Dante Lam et Chen Kaige, le film souffre pourtant d’un patriotisme pesant, imposé par une commande du Parti. La surenchère propagandiste et la caricature des ennemis décrédibilisent son propos autant que son scénario. Le style visuel grandiloquent et les ambitions artistiques se heurtent à un manque de cohérence et à une mise en scène confuse. Malgré quelques fulgurances, le résultat manque d’âme et d’équilibre pour convaincre en tant que fresque de guerre digne de son ambition.
WOLF WARRIOR 2 (2017) de Jacky Wu
Box office : 874 M$
Dans Wolf Warrior 2, Wu Jing incarne à nouveau un soldat chinois intrépide, cette fois envoyé dans un pays africain fictif pour protéger des ressortissants chinois et des locaux pris dans un conflit. Porté par une esthétique hollywoodienne et une action ultraviolente, le film célèbre un nationalisme assumé et la puissance humanitaire de la Chine à l’international. Sa sortie coïncide avec l’ouverture d’une base militaire chinoise à Djibouti, accentuant son message politique. Malgré des critiques sur la violence et la propagande, le film a connu un énorme succès populaire. Il illustre l’ambition du cinéma chinois de concurrencer Hollywood tout en diffusant un discours patriotique fort.
NE ZHA (2019) de Yáng Yǔ
Box office : 742 M$
Sorti en 2019, Ne Zha est devenu un phénomène en Chine, battant des records au box-office avec plus de 4,8 milliards de yuans de recettes. Ce film d’animation, basé sur un mythe chinois célèbre, séduit un large public grâce à ses effets spéciaux, son récit moderne et une campagne marketing efficace. Il illustre l’essor du cinéma d’animation chinois qui s’adresse désormais aussi aux adultes, tout en restant enraciné dans la culture traditionnelle. Malgré des critiques sur l’intrigue ou la superficialité de certains éléments, le film est globalement salué.
THE WANDERING EARTH (2019) de Frant Gwo
Box office : 700 M$
The Wandering Earth imagine la Terre transformée en vaisseau spatial géant pour fuir une apocalypse cosmique, sous la houlette d’une Chine seule sauveuse de l’humanité. Avec un budget ambitieux de 50 millions de dollars, le film promettait un blockbuster visuellement percutant, mais se heurte à des effets spéciaux inégaux malgré des décors réussis. Fort de son immense succès en Chine (près de 700 millions $ au box-office), il a ensuite connu une sortie limitée en Amérique du Nord avant d’atterrir sur Netflix. Techniquement et narrativement, le film reste très calqué sur les modèles hollywoodiens, jusqu’à en reprendre le patriotisme, version chinoise. Malgré de bonnes intentions et quelques réussites, le résultat reste trop convenu pour marquer durablement.
FULL RIVER RED (2023) de Zhāng Yì-Móu
Box office : 670 M$
Avec Full River Red, Zhang Yimou mêle enquête, espionnage et critique politique dans un huis clos médiéval à l’esthétique sombre, où la tension monte au fil des heures précédant une rencontre diplomatique cruciale. Le duo formé par un soldat rusé et un officier impulsif mène l’enquête sur l’assassinat d’un émissaire, entre trahisons, alliances et paranoïa. Le film oscille entre comédie, suspense et drame patriotique, porté par une mise en scène musicale audacieuse mais parfois fatigante. Malgré des longueurs, une photographie parfois lourde et une fin trop chargée en révélations, l'ensemble reste captivant. Yimou signe ici une fresque sur la loyauté et la mémoire, qui a su conquérir le public chinois dès sa sortie.
LA BATAILLE DU LAC CHANGJIN II (2022) de Chén Kǎi-Gē, Dante Lam et Tsui Hark
Box office : 626 M$
Plus resserré et plus efficace que son prédécesseur, La Bataille du lac Changjin II est un film de guerre intense, rythmé et centré sur ses personnages malgré son déluge d’action. Initialement conçu comme le dernier acte du premier volet, il se voit comme un film se suffisant à lui- même. Le récit met en scène une opération historique autour d’un pont stratégique, transformée en une fresque de sacrifice patriotique. Bien que propagandiste, le film gagne en fluidité narrative, sans détour par la haute hiérarchie militaire, et bénéficie d’un traitement visuel soigné malgré une certaine répétitivité. Wu Jing y incarne un héros humble et humain, entouré de personnages secondaires plus nuancés et porteurs d’émotion.
THE WANDERING EARTH 2 (2023) de Frant Gwo
Box office : 589 M$
Préquelle plus ambitieuse et équilibrée que le premier film, The Wandering Earth 2 retrace les origines du projet insensé visant à propulser la Terre hors du système solaire pour éviter la destruction du Soleil. Face à cette menace, deux visions s’affrontent : déplacer la planète avec des réacteurs géants ou transférer l’humanité dans une réalité virtuelle. Visuellement impressionnant et débordant de machines futuristes, le film livre des séquences spectaculaires, malgré quelques longueurs, clichés et maladresses émotionnelles. Wu Jing et Andy Lau incarnent deux héros opposés dont les destins se rejoignent dans un appel à l’unité. Malgré ses excès, l’œuvre conserve un souffle épique et annonce déjà un troisième volet pour 2027.
DETECTIVE CHINATOWN 1900 (2025) de Chén Sī-Chéng et Dài Mò
Box office : 496 M$
Detective Chinatown 1900 utilise les codes du blockbuster pour livrer une critique virulente du racisme systémique et de l’exploitation des minorités aux États-Unis. À travers une enquête fictive sur Jack l’Éventreur à San Francisco, le film dénonce la xénophobie envers les migrants chinois et l’hypocrisie des élites américaines. La prestation de Chow Yun-fat, en patriarche confrontant les notables racistes, rappelle les grands discours de cinéma politique. Le film pointe aussi les conséquences de "l’Exclusion Act" de 1882 et établit des parallèles avec les politiques migratoires contemporaines. Malgré un discours pro-chinois en filigrane, il reste un divertissement ambitieux aux enjeux humains universels.
CREATION OF THE GODS I (2023) de Wuershan
Box office : 369 M$
Creation of the Gods I, premier volet d'une ambitieuse trilogie chinoise, adapte avec souffle la grande épopée mythologique L’Investiture des dieux. Entre intrigues politiques, complots divins et affrontements épiques, le film mise sur une narration dense et un univers riche pour poser ses enjeux. Inspiré par Le Seigneur des Anneaux, il impressionne par sa mise en scène, ses costumes somptueux et sa direction artistique ambitieuse. Malgré quelques effets spéciaux inégaux et un démarrage un peu confus, l'ensemble reste captivant. Ce blockbuster mêle habilement légende, politique et fantasy, et donne envie de découvrir la suite.
CREATION OF THE GODS II: DEMON FORCE (2025) de Wuershan
Box office : 168 M$
Creation of the Gods 2: Demon Force poursuit la saga mythologico-fantastique chinoise avec un second volet encore plus spectaculaire, bien que parfois déroutant par sa profusion de personnages et sa scène d’ouverture confuse. Centré sur des batailles épiques et des pouvoirs magiques inventifs, le film déploie un univers foisonnant mêlant créatures surnaturelles, malédictions originales et paysages numériques impressionnants. La mise en scène de Wuershan impressionne par son souffle visuel et son sens du grand spectacle. Malgré quelques flottements narratifs, l'ensemble reste très divertissant. Le film confirme l’ambition de la trilogie et donne clairement envie de voir la suite.