Cover Déceptions cinéma de 2018

Déceptions cinéma de 2018

Pas nécessairement des films que j'estime mauvais – à certains, au contraire, je trouve même de très belles qualités – mais des films qui, au regard de leurs promesses ou des attentes que je plaçais dans leur auteur, m'ont pour finir irrésistiblement déplu.

Liste de

16 films

créee il y a plus de 5 ans · modifiée il y a plus de 4 ans

The House That Jack Built
7.2
1.

The House That Jack Built (2018)

2 h 35 min. Sortie : 17 octobre 2018 (France). Drame, Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Lars von Trier

trineor a mis 3/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Un dégénéré misogyne capricieux et immature se propose de nous embarquer dans ses élucubrations grotesques émaillées de sophismes victimaires délibérément pitoyables, le tout en s'évertuant à nous faire rigoler grassement devant des scènes d'ultraviolence exposées avec une complaisance tout bonnement injustifiable.

Le film aligne donc avec mépris une galerie de personnages féminins bêtes à manger du foin et d'enfants grincheux, et se donne pour tout programme de les trucider le plus atrocement possible, en rendant cela fun – ce qui n'est ni vraiment provocateur, ni ingénieux... juste moralement impardonnable.

Le torture porn réinventé par Lars Von Trier a pour lui d'être indubitablement mieux mis en scène et plus inconfortable que le torture porn lambda. Il n'est en revanche pas du tout moins abject, ni bien plus intelligent. Une œuvre d'art dont le ressort essentiel consiste à procurer à son spectateur la jouissance de voir des êtres sans défense réduits à l'état de choses et mis à la merci d'un bourreau qui joue avec eux, c'est une œuvre dégueulasse. Point, barre.

Voir un cinéaste que j'admire tant sortir d'une grande œuvre comme Nymphomaniac, qui partait pendant plus de cinq heures de cérébralité austère, d'introspection et de poésie à la croisée de Dreyer, Bergman et Tarkovski, pour ne rien trouver à faire de mieux que d'aller se vautrer dans une chose digne de Hostel, ça me fait vraiment de la peine.

Heureux comme Lazzaro
7.2
2.

Heureux comme Lazzaro (2018)

Lazzaro Felice

2 h 07 min. Sortie : 7 novembre 2018 (France). Drame, Fantastique

Film de Alice Rohrwacher

trineor a mis 5/10 et a écrit une critique.

Annotation :

L'histoire est peut-être l'une des plus belles que j'ai croisées au cinéma. La façon de la raconter et de la mettre en scène est d'une inertie à se pendre.

Roma
7.1
3.

Roma (2018)

2 h 15 min. Sortie : 14 décembre 2018. Drame

Film de Alfonso Cuarón

trineor a mis 5/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Franchement, j'aime tout de Cuarón... et là, le gars fait son film à l'évidence le plus personnel et le plus intime, et pour la première fois je trouve ça rigide et morne. La plastique du film est absolument parfaite, ça ne souffre même pas la discussion. Mais dans le même temps, que c'est froid !

La caméra dodeline placidement. Tout le film, elle dodeline placidement. Le choix est fait (semble-t-il délibérément) de la rendre extérieure à l’humanité de l’action : elle vit sa vie, répétant les mêmes mouvements lents, lisses et suaves, comme libérée des contraintes physiques et du poids de l'outil de tournage, et ce quoi qu’il se passe, que l'action soit adorable ou horrible.

Un tel choix de réalisation ne peut que créer mécaniquement une distance, dont je ne parviens pas à cerner le sens tant elle me paraît contrarier fondamentalement la démarche d’un drame familial intimiste.

First Man - Le Premier Homme sur la Lune
7.1
4.

First Man - Le Premier Homme sur la Lune (2018)

First Man

2 h 21 min. Sortie : 17 octobre 2018 (France). Biopic, Drame

Film de Damien Chazelle

Annotation :

Celui-ci, j'ai tendance à penser que c'est un vrai bon film, qui parvient à rendre parfaitement tangible la performance physique des astronautes, la sensation immédiate du danger où ils se trouvent, de la précarité technique du matériel puis, en plus de cela, l'effet traumatique des deuils accumulés.

Mais il faut croire que les deux précédents films de Chazelle m'ont soufflé au point qu'un simple "bon film" venant de lui soit déjà une déception. Alors, un peu plus sérieusement : je crois que ce qui m'a ennuyé, c'est que le film finit par transformer son Neil Armstrong en zombie.

À première vue, First Man s'inscrit complètement dans ce qui pour l'instant lie la filmographie de Damien Chazelle : le thème de vies qui s'abîment dans la quête de performances radicales. Mais qu'il s'agisse du gamin batteur et de son prof de musique dans Whiplash, ou du jazzman et de l'actrice dans La La Land, s'il est vrai que tous sacrifient à leur art de gros morceaux de leur vie et de leur humanité, il semble aussi que tous trouvent un moment ou un autre une forme de jouissance, sinon une forme de transcendance, qui donne à comprendre en les voyant aboutir quelles forces les ont poussés tout ce temps à travers tout cela : la scène finale de Whiplash, la flamme toujours renouvelée de Sebastian pour le jazz, l'audition de Mia...

First Man en revanche n'offre pas d'exultation de ce genre à son protagoniste. Neil Armstrong y est un homme mutique et abîmé, dont la souffrance rentrée glisse doucement mais sûrement vers l'apathie à mesure que le film avance, et pour qui la fuite en avant – fuite dans le vide – est une stratégie de survie.

Ce qui, au fond, convient bien au film dans la mesure où il s'agit sans doute davantage d'une œuvre sur le deuil que d'une œuvre sur la performance. Mais du coup, il faut dire que c'est un peu plombant.

Les Veuves
6.4
5.

Les Veuves (2018)

Widows

2 h 09 min. Sortie : 28 novembre 2018 (France). Policier, Drame, Romance

Film de Steve McQueen

Annotation :

Trop rien à redire du côté de la mise en scène de McQueen : toujours sobre, toujours ciselée, toujours classe. Le film est un bel objet, la photographie et la composition des plans flattent l’œil, la musique est choisie avec un goût assez spécifique pour donner à l'ambiance une coloration jazz bleutée et sombre, qui est superbe. Puis même si l'intrigue n'est en elle-même pas follement captivante, la veuve campée par Viola Davis demeure suffisamment intéressante et tiraillée pour que le film soit stimulant à suivre.

Passé cela, j'ai eu le sentiment de me retrouver devant un thriller certes classieux mais plutôt quelconque, au rythme pesant, aux rebondissements pas folichons et aux personnages secondaires parfois navrants – moi qui me disais que voir Liam Neeson chez Steve McQueen, ce serait gage d'une belle occasion pour laisser libre cours à ses talents après la résurrection artistique que lui avait offert Scorsese dans Silence, bah j'en ai été pour mes frais ! Le dénouement approchant, dans l'ultime demi-heure, je me suis même dit que le Taken-like était plus proche que le beau grand thriller à la Michael Mann.

Loin d'être mauvais donc, mais par comparaison avec les trucs uniques que sont Hunger, Shame et 12 Years a Slave, j'ai franchement pas trouvé ça à la hauteur de son auteur.

Climax
6.8
6.

Climax (2018)

1 h 35 min. Sortie : 19 septembre 2018. Drame, Thriller

Film de Gaspar Noé

Annotation :

Tellement de démonstrations techniques étourdissantes.
Et tellement rien à en dire, ni rien à en faire !

Jamais une œuvre de Gaspar Noé ne m'avait paru vide : Seul contre tous était tout fait de rage ; Irrésistible tout fait de fatalité ; Enter the Void, d'extase ; Love, de mélancolie ; Climax, lui, n'est fait de rien du tout. Enfin, si : il est fait de prouesses de danseurs, de prouesses de chef opérateur et de prouesses de caméraman. N'avoir que cela à mentionner quand un cinéaste qui a su comme aucun autre filmer la chair, la brutalité ou la transe, se propose de fixer sur pellicule un bad trip géant, c'est en soi une triste déception.

Les Confins du monde
6.3
7.

Les Confins du monde (2018)

1 h 43 min. Sortie : 5 décembre 2018. Historique, Guerre, Drame

Film de Guillaume Nicloux

Annotation :

La comparaison avec Apocalypse Now, sans doute venue à l'esprit de pas mal de monde, ne s'étend en réalité pas bien au-delà de la bande-annonce, de la plastique crépusculaire dépressive du film et des chaleurs épaisses de son décor de jungle. Là où Coppola entendait faire de la guerre l'occasion d'un propos sur la folie, l'ivresse de la force ou l'absurdité du pouvoir, Nicloux en fait l'occasion d'une immersion dans la vacuité dont l'existence est saisie en présence régulière de la mort et en état d'attente immobile.

De ce point de vue, le film est sans doute réussi dans la mesure où il sait très exactement instaurer l'ambiance propre à ce genre de vacuité. Une langueur morbide s'en dégage et tout semble évidé de valeur et de sens : de la beauté environnante à la violence de ce qui s'y déroule.

Le point qui m'a tenu à distance, néanmoins, c'est que les personnages y sont tous plus ou moins détestables et que je n'ai par conséquent trouvé presque nulle part quoi que ce soit d'un tant soit peu aimable à quoi raccrocher mon attention et ma sensibilité.

De ce fait, il n'est guère étonnant que j'aie traversé la durée du film comme une expérience profondément terne et inerte.

Les Frères Sisters
6.9
8.

Les Frères Sisters (2018)

The Sisters Brothers

2 h 02 min. Sortie : 19 septembre 2018. Western, Drame, Policier

Film de Jacques Audiard

Annotation :

Jacques Audiard se réappropriant un genre pour dresser le portrait tendre et anti-spectaculaire de deux frères tueurs à gage dans l'immensité de l'Ouest américain, le tout avec Phoenix, Reilly et Gyllenhaal devant la caméra : ça partait directement en haut de ma liste d'attentes cinéma de l'année.

À l'arrivée j'ai trouvé ça pas mal, relativement attachant et agréable à suivre. La fin est particulièrement jolie, aussi. Mais sans mentir, dans l'ensemble c'est quand même assez quelconque et assez plat.

Sicario La Guerre des cartels
6.4
9.

Sicario La Guerre des cartels (2018)

Sicario: Day of the Soldado

2 h 02 min. Sortie : 27 juin 2018 (France). Action, Policier, Drame

Film de Stefano Sollima

Annotation :

Le film de Villeneuve était un drame venimeux, déstabilisant, plein d'esprit tragique furieusement nihiliste, de duplicité et de personnages fascinants d'ambiguïté. Franchiser une œuvre de cette nature pour en faire du petit cinéma d'action bourrin à la gloire d'un Benicio Del Toro mué en archétype viril mutique du lonesome cowboy sans reproche tout à sa mission de sauver une petite fille, c'est pour le moins décevant. Et ce, même si c'est sacrément bien exécuté par le metteur en scène. À ce tarif, autant regarder Logan.

Une pluie sans fin
6.4
10.

Une pluie sans fin (2017)

Bao xue jiang zhi

1 h 59 min. Sortie : 25 juillet 2018 (France). Thriller, Film noir

Film de Dong Yue

Annotation :

En tant que tel, ça n'est sans doute pas si mauvais. Mais qu'il est difficile de regarder ça sans penser très fort à Memories of Murder dans un coin de sa tête... et diantre ! que ça encaisse mal la comparaison !

L'atmosphère – fort bien résumée par le titre – est encore ce qui reste le mieux en tête, et quelques paysages de cette Chine industrielle précaire marquent la rétine ainsi qu'une scène de course poursuite bien exécutée à l'intérieur d'une usine. Mais dans l'ensemble, c'est surtout beaucoup trop laborieux dans son enquête, donc ennuyeux.

Ghostland
6.6
11.

Ghostland (2018)

Incident in a Ghost Land

1 h 31 min. Sortie : 14 mars 2018. Épouvante-Horreur

Film de Pascal Laugier

Annotation :

Plein d'idées glaçantes assez remarquables disséminées çà et là dans ce film à mon avis très brouillon, qui a le rebondissement beaucoup trop facile et qui, exception faite du premier acte (affreusement réussi !) ne parvient jamais à prolonger suffisamment la tension de ses scènes d'horreur clés.

Mention spéciale à la maison de la tante décédée, qui pourrait concourir au prix du musée d'épouvante, et aux éternels flics-branques – artifice pratique s'il en est pour alimenter une séquence de péripéties dans le vide et revenir exactement au même point après. Franchement, j'aime bien Laugier, mais je trouve ça dommage qu'il s'abandonne à ce genre de banalités, en n'ayant à proposer en contrepartie qu'une surenchère dans le glauque.

Sans un bruit
6.5
12.

Sans un bruit (2018)

A Quiet Place

1 h 30 min. Sortie : 20 juin 2018 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de John Krasinski

trineor a mis 4/10.

Annotation :

Le concept de départ est peut-être un des plus alléchants jamais proposés par le cinéma d'horreur post-apocalyptique : des créatures monstrueuses à l'ouïe surdéveloppée (mais aveugles) ont décimé l'humanité, et ceux qui restent ne peuvent espérer survivre qu'à la condition de n'émettre AUCUN bruit.

Partant de là, comment ruiner le concept ?
Attention SPOILERS ! Allons-y gaiement !

♠ On commencera par se proposer de faire du silence un élément central de l'intrigue, puis on anéantira ce silence sous une bande son écrasante.

♠ On exagérera (ou au contraire on tamisera) de façon complètement absurde le volume sonore en fonction des nécessités immédiates du scénario : que ce soit dit, attendez-vous donc à ce que la chute d'une lampe à huile produise une déflagration digne d'un bâton de dynamite mais à ce que les cris d'un nouveau-né passent crème pour peu qu'on se dépêche de le fourrer à l'intérieur d'une boîte molletonnée.

♠ On expliquera tranquillement que rester à proximité de la cascade est l'endroit le plus sûr qui soit, parce qu'on peut y faire tout le bruit qu'on veut sans que les créatures soient capables de le distinguer du bruit de la cascade, mais personne n'aura l'idée d'aller s'installer et vivre près de la cascade, non ! Vivre dangereusement, c'est sans doute plus marrant.

♠ Summum de la connerie, enfin : on montrera pendant la scène d'ouverture de vieux journaux suggérant que, très tôt, les êtres humains ont compris que les créatures se repéraient au son, avant de vouloir faire gober en fin de film qu'il aura fallu près d'un an et demi avant que quiconque ait idée de tester si leur balancer un larsen ne pourrait pas à tout hasard leur faire un petit effet kryptonite.

Franchement, je veux bien être indulgent, suspension d'incrédulité, tout ça tout ça... La preuve : je suis prêt à passer sur le fait qu'une famille absorbée quotidiennement par sa survie puisse avoir l'idée complètement débile de faire un bébé – ce qui est connu pour être silencieux. Eh ben même là, je me dis : « admettons, des êtres humains ça ne peut pas se contenter de survivre, ça a besoin de se projeter dans un avenir, ce qui peut pousser à des décisions irrationnelles. »

Mais pour le reste, on est au-delà de la suspension d'incrédulité !
Le film est tellement con que rien dedans ne tient la route. Même Bird Box (le truc Netflix pas super folichon avec Sandra Bullock, où il ne faut jamais ouvrir les yeux) se débrouille pour rester plus cohérent et mieux tenu que ça.

Kings
5.8
13.

Kings (2018)

1 h 27 min. Sortie : 11 avril 2018. Drame

Film de Deniz Gamze Ergüven

Annotation :

Le film est loin d'être inintéressant, mais il n'a strictement rien du rayonnement ni de la force de vie que dégageait Mustang.

Everybody Knows
6.2
14.

Everybody Knows (2018)

Todos lo saben

2 h 13 min. Sortie : 9 mai 2018 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Asghar Farhadi

Annotation :

A priori, je m'attendais à voir beaucoup mieux que la déclinaison auteuriste d'une telenovela sirupeuse à base d'effusions sentimentales, de trahisons, de secrets, d'adultère, d'abnégation contrite et tout le tsouin-tsouin.

El Presidente
6
15.

El Presidente (2017)

La Cordillera

1 h 54 min. Sortie : 3 janvier 2018 (France). Drame

Film de Santiago Mitre

Annotation :

Le sentiment que se crée à l'écran une pente sur laquelle la réalité se met à glisser et où tous les repères foutent le camp est un des sentiments que je préfère au cinéma – La Moustache, d'Emmanuel Carrère, m'avait à ce titre particulièrement frappé.

Il y a donc quelque chose dans cette Cordillera que je trouve foncièrement fascinant. Mais il y a, surtout, une inertie pâteuse de bout en bout qui, me semble-t-il, le gâche beaucoup.

Spider-Man : New Generation
8
16.

Spider-Man : New Generation (2018)

Spider-Man: Into the Spider-Verse

1 h 57 min. Sortie : 12 décembre 2018 (France). Action, Aventure, Science-fiction

Long-métrage d'animation de Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman

Annotation :

Il y a vraiment des trucs qui m'agacent dans ce film.
Entendons-nous, il est tout sauf mauvais, mais il m'agace.

D'une part il y a l'éternelle rengaine libérale du héros qui se trouve en chacun de nous – vas-y qu'on peut tous être Spider-Man, et bla et bla... alors que non, justement, on n'est pas tous capables d'être Spider-Man, puisque être Spider-Man c'est être exceptionnel, brave, athlétique, drôle, etc. Donc à la fin, cette rengaine consiste juste à substituer au Peter Parker de Sam Raimi (qui, si tôt, avait eu l'idée géniale d'explorer les beautés d'un loser magnifique) un Miles Morales et toute une tripotée d'autres Spider-people qui d'emblée sont tous tellement cool que dt'façon tu peux pas test.

D'autre part il y a ces scènes d'action surdécoupées mitraillées à des cadences tellement abrutissantes qu'à moins d'avoir ton attention gérée par un calculateur quantique, t'en sors le cerveau en PLS. Quand c'est au point où la pensée n'arrive plus à se loger entre un mouvement et le suivant, alors quoi qu'il se passe de signifiant dans l'intervalle, comment l'attention peut-elle en prendre la mesure ? À peine arrive-t-on à suivre ce qui se passe ; comment en recueillir les détails ou en réfléchir le sens ? La vitesse, passé un certain seuil, ça stérilise tout. Plein de fois j'ai entraperçu des plans beaux ou classes, qui avaient vraiment quelque chose à montrer, dont j'aurais aimé qu'ils durent rien qu'un peu, qu'on puisse les regarder, s'en imprégner, les laisser prendre de la place et exister, quoi. (Pour exemple, je repense au ralenti sur Miles qui fait corps pour la première fois avec l'espace urbain en se laissant tomber, tandis que haut et bas sont inversés.) Mais non, rien n'a le temps d'exister, durée maximale autorisée : un quart de seconde !

Puis il y a tout ce que ce film a quand même de superbement fichu : son esthétique hyper-créative, son animation incroyablement travaillée, cette sensation enthousiasmante de regarder les pages d'un comics prendre vie, et l'aisance avec laquelle l'histoire s'agence et installe ses personnages. Le côté méta dans l'humour est manié de façon dosée, toujours dans une forme de complicité avec le public, mais sans que cela ne devienne lourd.

Donc c'est quand même bien cool.

~~~

Du reste le film n'y est pour rien, mais il a indirectement précipité la fin d'une amitié à laquelle je tenais immensément. Donc je vais le haïr pour l'éternité, même si c'est pour une raison qui n'a rien à voir avec le cinéma.

trineor

Liste de

Liste vue 977 fois

3