Top Films 2020, une liste qui n'aurait pas dû ressembler à ça

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Portrait de la jeune fille en feu. Après un événement traumatique, la danseuse Ema décide de foutre le feu à son monde. Chaotique, fièvreux, venimeux, extatique, amoral : le dernier Pablo Larrain est une explosion de cinéma. Probablement les scènes les plus puissantes de l'année, avec Madre.

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I send an SOS in a bottle. Quatre amis en pleine crise de la quarantaine remplissent d'alcool leur vide existentiel. Loin de la charge morale sur la boisson ou de l'apologie de la cuite, Drunk portraitise une génération, si ce n'est une société, à la recherche de sa flamboyance passée, de son ivresse de vivre.

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Tout pour mon fils. Un plan-séquence introductif qui vous asphyxie, des grands angles qui vous impriment la rétine, une actrice au sommet de son art, un jeu de séduction pour plein d'ambiguïté : Madre confirme la dynamite Rodrigo Sorogoyen comme un grand du cinéma espagnol.

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Pursuit of Happiness. On pourra reprocher au dernier Apatow quelques longueurs, mais le cinéaste signe là son oeuvre la plus sensible. Pete Davidson, qui joue ici son propre rôle - à peine romancé - y affronte les démons de sa jeunesse - drogue, dépression, errance sans but, dans un rôle impressionant de loser un peu trop conscient de l'être. Brillant.

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Etreintes à Etretat. François Ozon s'empêtre peut-être un poil dans son dispositif narratif. Mais reste qu'Eté 85, romance estivale racontée comme un inéluctable fait divers - les premiers amours d'été ont toujours une fin, le réalisateur le prend littéralement au mot -, envoûte par l'émouvante alchimie entre les deux acteurs.

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Rage against the machines. Festival Délépine-Kervern : dans sa croisade bancale contre les GAFA et les absurdités du monde post-moderne, le duo grolandais déroule mille idées de plans, de caméos ou de dialogues hilarants. Une comédie sociale absurde, mais à la soude.

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This is America. Premier film de Melina Matsoukas, première grande œuvre, première claque. Dans ce road-trip moite et sur la brèche, portrait d'une Amérique plus écartelée que jamais, Daniel Kaluuya et Jodie Turner-Smith s'imposent instantanément comme un grand duo de cinéma.

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Pleurs sur le vil. Jayro Bustamante convoque le film de fantômes pour mieux exorciser les spectres du génocide des mayas-ixils au Guatemala. Son huis clos envoûtant, d'une beauté plastique tout en maîtrise du cadre, hantera vos rétines longtemps après avoir quitté la salle.

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A nos actes manqués. Labyrinthe psychologique d'une noirceur et d'un fatalisme absolus, le dernier Kaufman requiert qu'on se perde dans ses diverses strates, entre la vacuité apparente de sa bavardise, les élans horrifiques de son spleen, la poésie asthénique de ses personnages, on touche au sublime.

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Noir des ires. Sous ses airs de mockumentaire un peu lourdingue, Tout simplement noir convoque le meilleur de l'humour français pour brillamment embrasser la complexité de la "question noire". Jean-Pascal Zadi est parfait en improbable hérault d'un combat dont il ne saisit qu'une partie des enjeux.

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Aurel est hardi. S'inspirant des croquis de Josep Bartoli, républicain espagnol incarné dans les camps du sud de la France en 1939, le bédéiste dessine une oeuvre splendide, avec une patte si particulière, qui, d'un trait de crayon, réconcilie les mémoires blessées.

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Livin' On A Prayer. Un délinquant emprunt de foi se fait passer pour un prêtre, pour intégrer un petit village polonais. Bartosz Bielenia habite le rôle, dans ce film coup de poing et touché par la grâce, qui autopsie habilement une société rongée de l'intérieur.

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Meaning of Life. Après les rêves, les émotions ou encore le deuil, Pixar poursuit sa méta-odyssée avec l'Existence. Rien que ça. Bouillon d'idées, parfois brouillon, Soul épate, sans toutefois provoquer l'effet wahou d'autres films de la firme. La faute à un vague sentiment d'inachevé sur certains segments, et à une fin trop timorée. Un grand morceau d'animation néanmoins.

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In The Mud for Love. Tour de force technique, 1917 aborde la guerre comme un pur film de survie, plus proche de The Revenant que du Soldat Ryan. On souffre, on s'asphyxie avec les personnages, d'autant que la caméra, elle, instaure une ironie dramatique par la facilité avec laquelle elle se meut.

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Mala Vida. Le débit mitraillette de Dupontel contraste avec le douceur de ce dernier long-métrage, fable éreintant une modernité devenue purement bureaucratique et comptable, mosaïque de caméos loufoques et de saillies poétiques.

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Manky goes to Hollywood. Davantage qu'un simple film de fétichiste entiché du Hollywood de l'âge d'or, le dernier David Fincher touche par son caractère autobiographique : scénario du père et galères du fils ne font qu'un dans ce dédale en nuances de gris.

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Ballade sauvage. Adoration est un entêtant film de cavale organique et poétique, où deux ados amants s'embarquent dans une dévorante fuite en avant, quitte à se consumer dans le désir.

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Un ami qui vous veut du bien. Absurde, doux amer, doté d'un sens du timing comique millimétré et d'une francophilie pas désagréable, The Climb s'impose comme une parfaite petite comédie indé, avec un vrai duo comique, complémentaire. Une espèce qui se fait rare, pour une belle déclaration d'amour à l'amitié masculine.

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Supplément d'Ame. Après avoir brisé des cœurs avec Your Name, Makoto Shinkai revient avec le très joli Les Enfants Du Temps. Le nouveau maître de la japanimation subvertit la jungle urbaine tokyoïte, engoncée dans ses codes, avec une fable écologique où souffle un féroce vent de liberté.

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Couchsurfing. Un Divan à Tunis est un joli premier film, une comédie débordant de charme. A travers des personnages volontairement caricaturaux, Manele Labidi croque une Tunisie post-révolution et joyeusement bordélique, d'où peut sortir le pire comme le meilleur.

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Moonreich Kingdom. Le génial Taika Waititi se place sous le haut patronage de Chaplin et de Wes Anderson. Si la première demi-heure assume à fond son pas de côté grand-guignolesque, la suite verse dans plus de gravité et les ruptures de ton sont admirablement bien gérées.

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800 hommes en colère. Avec un dispositif plus léger (très peu de décors, un quasi huis clos la plupart du temps), Aaron Sorkin est bien plus à l'aise que dans son premier film pour déployer son écriture et la mettre en scène. Un grand film de procès politique, une page histoire de l'histoire "démocratique" américaine.

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Poison Heavy. Un avocat d'affaires se retourne contre un géant de l'industrie pétrochimique qui empoisonne les eaux de l'Ohio. Au-delà de sa portée d'utilité publique, le film fascine par ses cadres, dont la composition en clair-obscur rappelle les tableaux d'Edward Hopper.

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On attend Patrick. En général, quand on vous flanque un âne comme partenaire à l'écran, c'est mauvais signe pour votre carrière. Pourtant, Laure Calamy est irrésistible dans cette comédie d'une mignonnerie et d'une joliesse à toute épreuve. Le récit d'une femme sûre de ses désirs et émancipée.

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Neon Demon. Béatrice et Charlotte sont sur un tournage. L'une filme, l'autre joue. Le chaos couve. Un incident de lumière, et Lux Aeterna bascule dans le supplice halluciné. Comme d'hab chez Noé l'image s'impose, s'imprime, mets à terre, vous termine à coups de lattes. Douloureux. Jouissif.

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Lucifer in the sky with diamonds. Après Good Time, les frères Safdie rejouent la partition de la descente aux enfers mais haussent d'un ton : Uncut Gems est frénétique, sans temps mort, aussi hypnotique qu'éreintant.

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Le film d'une vie. S'il tombe un peu trop facilement dans le piège de la rom-com calibrée en fin de métrage, Marciano signe une douce et mélancolique comédie, solide playlist du temps qui passe.

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Double je. Le premier long du talentueux Léo Karmann biberonne aux fables spielbergiennes pour servir une jolie variation sur les thèmes de la métamorphose, du trouble de l'identité et de l'amour interdit. Le cinéma de genre français, lui, n'a rien d'impossible. La preuve.

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Faites entrer l'accusée. Le film de procès est un genre aussi casse-gueule que fascinant. Avec un dispositif de mise en scène simple, mais à la précision clinique, La Fille Au Bracelet relève le défi, rend hommage à la dramaturgie du tribunal et plonge le spectateur dans l'inconfortable rôle de juré.

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Grossesse pour autrui. Polémique stérile autour d'Enorme, accusé de traiter à la légère l'entrave à l'IVG : le film traite au contraire intelligemment, avec un soupçon de poésie et beaucoup d'amour pour l'absurde, de la captation d'un corps féminin par un désir masculin de paternité, de la frustration biologique de ne pas pouvoir enfanter quand on est homme et de l'envie toute aussi naturelle de ne pas vouloir être enceinte quand on est femme. Dans ce pas de deux entre Marina Foïs et Jonathan Cohen, impeccables, le père est sans ambiguïté traité comme quelqu'un d'excessif, de ridicule voire d'odieux.