Cover Les meilleurs films de 2020 (et les plus éclatés au sol aussi)

Les meilleurs films de 2020 (et les plus éclatés au sol aussi)

"2020 l'année du 20/20", "la décennie commence en 2021 nonobstant"... hop hop hop, tu te tais. Ici on va parler ciné. Pouet.

Liste de

56 films

créee il y a plus de 4 ans · modifiée il y a plus de 3 ans

Uncut Gems
6.9
1.

Uncut Gems (2019)

2 h 15 min. Sortie : 31 janvier 2020 (France). Thriller, Drame

Film de Josh Safdie et Benny Safdie

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Après "Good Times", fuite bordélique de deux ratés sous acide dans un New York nocturne, les frères Safdie repérés par un certain Martin Scorsese (qui a du flair décidément), reviennent fort. Ce duo est ce qui ce fait de mieux dans le ciné indé New-Yorkais et ils le prouvent ici avec ce qui restera, je pense, l'un des meilleurs film de l'année.
Dans ce thriller énergique, la tension ne nous lâche pas. On ressent le stress mêlé d’excitation du parieur compulsif. C'est l'histoire d'Howard Ratner, bijoutier juif qui cours dans tous les sens dans le diamond district. Arnaché dans un luxe tapageur qui n'est là que pour cacher le vide de sa vie. Méprisé par sa femme, sa fille; poursuivit par pléthore d'usuriers prêt à en découdre, tiraillé entre sa maîtresse de deux fois moins son âge et sa vie de famille qui part à-vau-l'eau, humilié toutes les 5 minutes. Pour survivre Ratner parie, prête, emprunte à tout va ici et là. Un bague qu'on lui a prêté servira de gage pour rembourser tel usurier et chaque somme qu'il doit gagner sera investit dans un pari risqué. La vie de Ratner est rythmé par ce besoin d'adrénaline. Mais c'est bien une pierre, cette opaline africaine, aux pouvoirs cosmiques qui doivent lui garantir la victoire. Cette pierre qu'il s'offre pour une modique somme, sortie de la terre par des travailleurs africains les plus précaires qui soient et qui doit faire sa fortune. La complexité du scénario résidera dans le difficile équilibre que Ratner devra trouver entre toutes ses problématiques, personnelles et financière tout en gardant la face, l'air sûr de lui. Grâce à son esthétique hallucinante de stimuli lumineux et sonores (Darius Khondji à la photo, hein), le film semble aller en 100 à l'heure. La BO complétement dingue, les acteurs qui passent et repassent en gueulant à l'écran, en insultant quiconque se dresse devant eux. La mise en scène incroyable de vitesse et de maîtrise assène un résultat formidable et réussit à coupler l'esthétique clipesque (marque de luxe, néons, plans court) avec celle tripesque (délire cosmique et moments de purs délires psychiques hallucinants). New York avait rarement était représenté comme ça. Et... rendons grâce à Adam Sandler simplement possédé par ce qui est pour le moment son meilleur rôle. Sandler est tout simplement devenu Howard Ratner dont les mimiques, expressions sont hilarantes et dont même la démarche frappent. Une interprétation hallucinante qu'on aurait aimé voir récompensé aux Oscars.

Le Cas Richard Jewell
7
2.

Le Cas Richard Jewell (2019)

Richard Jewell

2 h 11 min. Sortie : 19 février 2020 (France). Biopic, Drame, Policier

Film de Clint Eastwood

GISMO-PROD a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Les films d'Eastwood ont l'avantage d'être passionnants et de traiter de sujets forts contemporains, et cinéma classique oblige c'est assez facile à comprendre si on veut bien faire l'effort... du coup je vous invite à en lire ma critique. Habile n'est-ce pas ?

Epicentro
7.3
3.

Epicentro (2020)

1 h 48 min. Sortie : 19 août 2020.

Documentaire de Hubert Sauper

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Sauper, sa caméra et son regard de cinéaste se baladent dans La Havane et ses alentours rencontrant son humanité, sa riche Histoire et touchant du doigt le concept d'utopie.
Très beau plastiquement, excellemment bien monté, Sauper questionne son médium dès le début en abordant frontalement la question de la propagande, de l'image et du point du vue. Puis il part à la rencontres des "petits prophètes" de Cuba; un trio de petites filles et tous leurs petits camarades : personnification de la beauté, de la candeur et de l'éveil politique. Ces petits personnages principaux sont diablement émouvants; pleins de vie, de curiosité et de fougue. Apparaissent aussi dans le film des personnages plus matures qui portent en eux les thématiques incontournables de Cuba. Le film en capte l'essence tout en infligeant une sévère critique à toute forme d'impérialisme, particulièrement un portrait radical du tourisme. Sur la question d'utopie, la réponse n'est pas définitive : le film nous montre un monde remplit d'allégresse et plusieurs fois les personnages prononcent le mot "paradis", pourtant le film se compare à la fable, conscientise la manipulation des images... alors que reste-t-il a Cuba d'utopique ? Depuis la mort de Fidel et la chute du bloc, la pauvreté de l'île est manifeste et le communisme du gouvernement est forcé de s’accommoder des touristes notamment américains, auxquels sont accordés tous les privilèges. Il reste un élan : celui révolutionnaire qui n'est pas simplement un apparat exotique et son humanité magnifique. Car de tous les points saillants du film, de sa mise en scène et de ses thématiques abordées, il y a tout de même la sur-présence de la beauté (féminine) et de la grâce. Un plan de danse, le sourire d'une enfant, le plan fixe d'une femme dans la rue, la visite d'une ruine, un plan sur la mer démontée, sur la place de la Révolution. Cuba est belle, forte, indépendante. Sauper file encore la métaphore lancée par Kalatozov en 1963 dans le chef-d’œuvre "Soy Cuba"; tout en contournant habilement le mythe. Il y a encore de l'espoir au delà de l'Atlantique, dans cette petite île qui subit la tempête mais où l'humanité fait survivre encore l'élan de jeunesse et de beauté révolutionnaire. "Epicentro" est une merveille dans laquelle il me tarde de me replonger.

Un pays qui se tient sage
7.3
4.

Un pays qui se tient sage (2020)

1 h 29 min. Sortie : 30 septembre 2020. Société

Documentaire de David Dufresne

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Un grand film documentaire cela tient d'abord par son sujet, c'est sûr. Quand David Dufresne décide de mettre en image, en film, sa réflexion sur la violence exercée par l’État; forcément au vue de l'actu ça va avoir de l'impact. Mais ce n'est pas un sujet qui fait un film mais la façon dont on le traite. On réfléchissait il y a peu avec mes camarades de promo sur la notion d'impact des images de violence sur les réseaux sociaux; Dufresne semble déjà nous offrir une réponse avec son film en réussissant à catapulter l'image amateure (issue des téléphones en grande partie) sur grand écran. Ici elle est inévitable, et on ne peut se soustraire à son extrême violence. Le choc des images fonctionne. Les images et la façon dont elles sont montées, sans musique, sans effets, sans pathos mal placé ont un impact incroyable sur le spectateur. J'ai assisté à une séance de cinéma où les réactions étaient nombreuses et surtout d'une grande tristesse. Conformément à la mantra de Paris Match ("Le poids des mots, le choc des images"), Dufresne fait intervenir dans son film un certain nombres de personnes, ce qui constitue disons 50% du film. Discutent, débattent, se côtoient donc philosophes, historiens, sociologues, représentants de la police, victimes ayant un rapport avec la question. En ce sens les discours sont plus ou moins pertinents, voire plus ou moins risibles; Dufresne ne s'efface pas derrière ses intervenants et en bon militant il n'hésite pas à souligner (avec finesse) la vacuité des raisonnements de certains. Ces interventions sont de vraies plus-value et un vrai apport théorique au spectateur; en ce sens les interventions de Monique Chemillier-Gendreau parmi d'autres sont passionnantes. Là où le film réussit son vrai tour de force c'est lorsqu'il laisse sa place aux discours de ceux, victimes, gilets jaunes, caristes ou peu importe qui ont subis les violences. Leur discours est simple, efficace, parfois très beau mais surtout extrêmement dur à entendre. La parole est rendu, en quelque sorte et fait mouche autant que l'image. Les absents du film ont une place importante aussi, soulignant la stratégie du gouv. Du film on sort remplit de questions, ce qui est déjà une réussite, à propos de la légitimité de la violence d'état et tout ce que cela implique politiquement; on sort franchement accablé voire en colère. Je pense qu'on tient là un film important dont les dernières images sont purement du cinéma; du montage, de la mise en scène et un propos politique.

L'Infirmière
6.1
5.

L'Infirmière (2019)

Yokogao

1 h 44 min. Sortie : 5 août 2020 (France). Drame

Film de Kōji Fukada

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Avec "L'Infirmière" de Kôji Fukada nous voilà enfin avec un film cet été (cette année) qui touche quasiment au sublime. On suit basiquement deux temporalités, l'une antérieure à l'autre mais rejoignant dangereusement la seconde. On suit deux Ichiko. La première est un infirmière à domicile occupée aux soins d'une ancienne peintre atteinte d'un cancer, très proche de la famille de celle-ci. Ichiko est la parfaite incarnation de la dignité, de la diligence. Et sans jamais avoir l'air de s'imposer et avec une extrême politesse étale sa grâce et sa beauté à l'écran; Ichiko n'y peut rien c'est Mariko Tsutsui son interprète qui exprime par son jeu, son être une grâce sublime. Dès le premier plan, ça y est nous sommes charmés, amoureux. Tel Motoko, en somme. Dans un autre temps, une certaine Lisa; en fait Ichiko désabusée, perdue, en proie aux cauchemars, harcelée par les stimuli sonores et lumineux, littéralement traînée dans la boue ou plutôt déshonorée mais terriblement élégante. En quête d'une vengeance métaphysique. Au milieu des deux temporalités, en guise de liant, un fait divers, une vérité qu'il eut été bonne à dire, un amour lesbien, une jalousie, une délation et un cirque médiatique d'une grande violence. Je passe les détails. Ce qui compte dans ce film, et cela fait belle lurette que je n'avais pas ainsi été subjugué de cette façon, c'est la mise en scène. D'une grande expressivité, d'une simplicité absolue dans la majorité des instants mais tissant multitudes de réseaux symboliques dans le cadre, la profondeur de champ, le décor, les postures, les costumes et la coiffure. La réalisation de Fukada qui magnifie ou abat Mariko Tsutsui et son personnage et tout ceci sans dialogues explicatifs. Quelque fois même la mise en scène veut trop en montrer (scène du zoo) et déploie un trop grand nombre d'image, à la charge poétique certaine, mais presque ostensible. Car c'est ce que le film n'est pas la plupart du temps et ne devrait jamais être. Se déroule ici un dispositif scénaristique et filmique d'une grande douceur et sans emphase, sans surlignage intempestif. D'une grande pureté, d'une grande maîtrise malgré des moyens, on le ressent, serrés. Au détour d'un tableau très paradoxal à la fois très noir et représentant un pissenlit, d'une anecdote enfantine, d'une lumière clignotante, d'un sur-cadrage, d'un klaxon tout est exprimé; pas forcément facile à saisir, mais là pour nous avec une subtilité qui ne peut que nous réjouir, nous séduire et nous flatter.

Lux Æterna
6.5
6.

Lux Æterna (2019)

51 min. Sortie : 23 septembre 2020. Drame, Thriller, Expérimental

Moyen-métrage de Gaspar Noé

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Il est toujours agréable de noter qu'un auteur de la radicalité de Noé est toujours pertinent dans ses thématiques et dans l'approfondissement d'un style et d'une esthétique.
Évidemment comme il s'agit ici d'un film de Gaspar Noé "agréable" n'est pas le mot. "Lux AEterna" c'est la descente aux enfers métaphysique d'un tournage sous tension. En ce sens il est un véritable film d'horreur pour tous les artisans du cinéma. Au-delà ce ce récit fort bien emmené par une multiplicité des points de vues (et des formats d'image); c'est du côté théorique que le cinéma de Noé se réinvente, ou s'accentue (le contraire aurait fait de lui un petit filou). Adoptant un procédé Godardien d'apparition de citations à la fois cocasse et pleines de sens qui renseignent toutes sur la violence que constitue l'acte de créer au cinéma. Le tournage c'est la bataille du film. Sur la forme Noé radicalise l'angle qu'il travaille depuis ses premiers films; la matière filmique constitue en soi une claque. En cela le stroboscope dément qui agresse littéralement le spectateur dans la dernière partie du film est évidente mais c'est dans les split-screen, les travellings, les cuts, la musique, les invectives que se lancent l'excellent casting que réside l'absolue violence du médium. En outre un parallèle méta entre religion et cinéma (publicité ?) me semble intéressant. Mais pour le coup, voilà bien un film qu'un visionnage ne suffira pas à cerner entièrement cette œuvre bigarrée et excessive.

Dark Waters
7.2
7.

Dark Waters (2019)

2 h 06 min. Sortie : 26 février 2020 (France). Biopic, Drame, Thriller

Film de Todd Haynes

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

"Dark Waters" est un film que j'ai honteusement raté lors de sa sortie en salle. Pourtant il ne fait aucun doute que nous tenons l'un des films incontournables de la triste année. "Dark Waters" c'est un peu du "Révélations" de M. Mann, en tout cas dans le même genre celui du film de lanceur d'alerte. De ce côté là, une histoire pas croyable et pourtant tristement réelle, sur l'empoissonnement conscient par la firme Dupont de Nemours du sol Ouest-Virginien et plus encore de ses habitants, sur une durée de près de 30 ans, au nez et à la barbe des autorités. Cas classique du cinéma américain, un homme doit faire face et endosser le rôle du lanceur d'alerte, du pourfendeur des injustices; au nom de la communauté des gens ordinaires. N'est jamais bien loin de ce genre là, le brûlot libertaire. Corruption des élites, des instances gouvernementales, méfiance vis-à-vis du système judiciaire. Les lieux communs du genre sont évidemment visités, mais avec tact par un Todd Haynes très inspiré. On pense à ce climax inévitable où notre héros comprend tout. Ici montré avec un mélange de pathos et de simplicité tout à fait réussi. Le film s'encre parfaitement dans son genre. Mais lui offre aussi une très belle mise à jour. En invoquant sans complexe le thriller et le cinéma horrifique par l'intérmédiaire du cadrage et d'une photographie franchement parfaite. Cet emprunt à l'horreur participe à un effet d’effroi parfaitement pertinent. Ce qui marque aussi c'est l’interprétation de Mark Ruffalo, à deux milles lieux des Marveleries, sa composition de l'avocat qui s'affaisse littéralement au fil du temps, vieillit et se remplit de tocs est un exemple. Toute les minutes le personnage de Ruffalo subit une pression inquantifiable qu'il interprète physiquement par une déformation de son corps. Tout de sa démarche, à son visage en passant par la courbure étrange de ses épaules nous rappelle ce que signifie l'engagement, ce que signifie se nier pour aider la communauté, quitte à provoquer le rejet de sa personne. Le film s'amuse, malicieusement, à intégrer le réel (photos, caméos) à la narration et on fini très vite par comprendre qu'il agit journalistiquement. Insistant comme épilogue sur la corruption du système américain, sur le fait que la substance C-8 touche 99٪ de la population mondiale, sur le fait qu'un fermier du fin fond des states avait décelé ce qui fera trembler l'industrie chimique.

The Hunt
6
8.

The Hunt (2020)

1 h 30 min. Sortie : 22 juin 2020 (France). Comédie, Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Craig Zobel

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Oui, M'sieur, Dames. Ça c'est ce que j’appelle une bonne série B bien immorale comme il faut.
Imaginez, "Les Chasses du Comte Zaroff" mais avec des bourgeois de la gauche-libérale US qui voudraient passer leurs nerfs, non plus sur twitter ou dans les médias, mais sur le terrain; face aux trolls fachos complotistes qui constituent la base de l'électorat de ce cher Dodo (qui a sans le vouloir participé à la promo du film avec une p'tite polémique très ciné d'exploitation 70's) et qui ont, au détour d'une énième théorie complotiste farfelue, énervés les-dits insupportables SJW bourrés de fric. Là on a la base d'un concept bien couillon mais qui promet son lot d'atrocités. Maintenant brouillez les pistes avec deux héros beaux-gosses de pacotilles et remplacez les vite fait bien fait par le penchant féminin de John Rambo, période ranch et toute ces conneries (Betty Gilpin dans un surjeu constant est tout bonnement impeccable dans ce type Bisserie). N'hésitez pas à empiler de la violence gratuite (et des effets gores à l'ancienne) et une bonne dose l'humour bas-de-plafond. Vous avez donc là les quelques éléments qui forgent l'identité de "The Hunt" qui se regarde avec un plaisir non dissimulé tant il est parsemé de petite perle de méchanceté gratuite. Le film prend un malin plaisir à balancer ses crottes de nez sur tout le monde et au final rappelle l'essence même du film goro-fun : taquiner la bonne morale tout en s'amusant. Le tout à moindre frais.

Effacer l'historique
5.7
9.

Effacer l'historique (2020)

1 h 50 min. Sortie : 26 août 2020. Comédie

Film de Benoît Delépine et Gustave Kervern

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Cela fera bientôt deux ans que le mouvement des Gilets Jaunes a commencé (a-t-il fini ?), et si l'esthétique télévisuelle et médiatique a profondément été marquée par les couleurs criardes d'un peuple excédé et la prise des rond-point comme autant de zone auto-gérés, au cinéma pas grand chose. Un doc de Ruffin sous forme de compilation de témoignages, quelques références ici et là peut-être. Mais le mouvement populaire n'a pu bousculer les digues d'un cinéma français embourgeoisé. Embourgeoisé ? Pas partout. Il y a bien deux réals, dont je découvre la filmo cette année, qui sauvent l'honneur de la comédie dans la filiation d'une gauche à l'ancienne, révolutionnaire, marxiste, proche des gens et avec un savant alliage entre surréalisme et gaudriole graveleuse. Kervern et Délépine rempilent avec un pur film de potes, où grosso modo trois anciens gilets jaunes excédés par la déshumanisation croissante de la société (à ce niveau là le duo empile les références au libéralisme socio-éco de la France d'aujourd'hui avec malice) et motivés chacun par une rancune envers le mystérieux monde d'Internet vont s'attaquer à l'empire des Data. Film de boomer pur jus, Kervern et Délépine sont quand même au fait des problèmes du français moyen et c'est comme cela qu'ils réussissent à étirer des situations véridiques jusqu'à l'absurde sans être dépassés par les événements. Grâce à un trio de tête absolument exceptionnel, une nuée de caméo réjouissants, un univers visuel qui bizzarifie le pavillon modeste de banlieue et une mise en scène (+ pellicule) maîtrisé : le film bat à plate couture le tout-venant de la comédie française sur tout les plans, que ce soit la comédie bobo hors-sol ou la galéjade beauf. Si, effectivement, on aura vu le duo plus inspiré esthétiquement, on ne peut que noter la présence d'une patine visuelle spécifique et d'idées poétiques très surréaliste qui peuvent surprendre le spectateur moyen qui fait confiance à un matériel promotionnel assez foireux (regardez l'affiche et la BA); en tout cas ne représentant pas tellement ce qu'est le film...

Family Romance, LLC
6.3
10.

Family Romance, LLC (2019)

1 h 29 min. Sortie : 19 août 2020 (France). Drame

Film de Werner Herzog

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

J'avais un peu peur de ce nouveau Herzog. En fiction, le cinéaste a pu récemment nous décevoir durement. Le doute se fait encore plus grand lorsque le film commence et que le film semble être un film amateur...
Pourtant "Family Romance, LLC" est une belle réussite et Herzog avec le regard du documentariste livre un très bel état des lieux des rapports humains à l'heure de la robotique au Japon. "Family Romance" est une entreprise (réelle), dont Yuichi Ishii est le dirigeant (réel), son activité est d'être un acteur de la vie réelle. Des Japonais louent ses services pour combler le vide d'un proche ou pour se substituer à des situations complexes. Ishii interprète notamment le rôle du père disparu de Mahiro auprès d'elle. Cette relation factice, entourée de mensonge est pourtant bizarrement tangible, au point où la mère de Mahiro tentera de le convaincre d'assumer vraiment le rôle du père. Mais Ishii change de rôle constamment (et joue le sien pour les besoins du film) si bien qu'on ne connaîtra quasi jamais sa vraie personnalité. Brouillage des identités tellement grand qu'il en viendra à douter de la véracité de ses relations familiales dans le réel. Dans ce monde de faux-semblants sur fond de tradition Japonaises la personnalité et l'humanité semblent se dissoudre dans les relations humaines. En ce sens la scène, semble-t-il carrément documentaire, où Ishii interroge le patron d'un hôtel dont l'accueil est tenu par des robots humanoïdes montre avec brio le futur de la déshumanisation des rapports entre les hommes. Sur la forme, le film est un micro budget filmé avec une caméra DV tenue par Herzog lui-même. Les décors sont réels et la matière filmique se confond avec le documentaire à plusieurs reprises et dans une multitudes de points. Un tel dispositif semble logique lorsqu'on sait que notre acteur principal et sa société existent dans le réel, encore plus lorsqu'on prétend traiter subjectivement un sujet : c'est le regard du cinéaste quasi-palpable dans la mise en scène et le dispositif. Question d'éthique : à un univers plein de facticité, quelle mise en scène adopter sinon celle ostensible de la caméra à la main ?

Lands of Murders
6.3
11.

Lands of Murders (2020)

Freies Land

2 h 09 min. Sortie : 22 juillet 2020 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Christian Alvart

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Polar allemand au pitch assez stéréotypé en apparence, "Freies Land" réussit ce que beaucoup d'autres films du genre n'ont pas réussit à faire. D'abord c'est une ambiance parfaitement malsaine créée par un décor, des costumes, des acteurs tous dépassés, sans repères, inscrit dans un temps qui n'est plus a eux. Le film se déroule en ex-RDA très peu de temps après la réunification, la chute du bloc soviétique et du mur de Berlin. Les terres où se déroulent le film sont reculées, délaissées. C'est ici où les utopies du communisme se sont échouées avec leurs lot de corruption, vice et déliquescence. En prime : une industrie sur le déclin qui emmène avec elle les habitants, qui ne pensent qu'à une chose : fuir. C'est dans ce décor parfaitement poisseux et hostile que Patrick jeune flic aux méthodes modernes de l'ex RFA va faire équipe avec Markus, ancien de la Stasi. Le jeune et le cynique. Opposition basique ici symbole d'un climat de malaise post-réunification. Le film est un remake de "La Isla Minima" qui semble-t-il joue des mêmes mécaniques dans une Espagne post-Franco. Les personnages sont excellemment interprétés. Je note aussi un point saillant quand à l'intrigue policière : l'enquête ne relève pas toutes les zones d'ombres, les coupables restent mystérieux même une fois découvert; c'est une idée qui m’intéresse beaucoup et qui prend presque à revers les attentes du spectateur et rappelle que dans le cas présent : l'affaire, comme la vie est un peu plus complexe que les apparences...
Edit : maintenant que j'ai vu l'original je note deux choses :
- le scénario est rigoureusement similaire et la mise en scène difficile à distinguer (True Detective quand tu nous tiens).
- il est très intéressant de noter les différences de rythme et de durée (+ de scènes de chambre) entre les deux films et le soin apporté à l'ambiance et au décor (+poisseux et sombre, géographiquement logique). Pour moi les deux films sont réussis. Mais je conseillerai pour commencer le film espagnol, fidélité à l'original.

Malmkrog
7
12.

Malmkrog (2020)

3 h 20 min. Sortie : 8 juillet 2020 (France). Drame, Historique

Film de Cristi Puiu

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Dans une demeure aristocratique en Russie à l’orée du XXème siècle des personnages, dont on ne saura rien ou peu durant le film, semblent confinés. Prompts à une discussion hautement philosophique.
Avec "Malmkrog" on ne sait pas trop où l'on est mené, au départ la caméra semble là avant les acteurs, le décor a sûrement beaucoup à nous dire. Lorsqu'ils sont là, ils sont au prise avec un tunnel de dialogue directement adapté des "Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion" de Vladimir Soloviev. C'est dire si l'on parle. Les personnages incarnent des positions sur les débats, non-fixes et parfois discordantes, tels les dialogues Socratiques. On y parle donc militarisme européen, morale de la guerre, Europe et nations, culture, eucharistie et évangile. Le texte oral dès qu'il a commencé ne cesse jamais vraiment, si le film est découpé selon le personnage qui apporte le sujet, le dialogue n'a pas vraiment de cesse. C'est un long fleuve qui s'écoule entre personnages et sujets. Il est long et dense et peut parfois se manquer; mais ce n'est pas tellement ce qui compte. On en comprendra les principaux éléments. Non. Il y a d'autre forme textuelles dans le film, celles induites par le médium : image et son. Qui sauvent le film du "théâtre filmé" sur lequel, je rejoins Bresson, il faut faire une croix. Le décor, donc, les mouvements de caméras (réglés comme sur du papier à musique), les silences et la toile de fond s'expriment aussi fortement. La toile de fond c'est le personnel de la maison qui œuvre en un relatif silence. Il aura bientôt droit à son propre chapitre. La toile de fond c'est aussi ce qui semble se passer dans le hors-champ et que l'on a bien du mal à cerner. Bientôt la nuit arrive, la discussion se radicalise, puis soudainement ce hors-champ impacte le premier plan. La rupture est inattendue et on ne sait plus trop où l'on se trouve alors. On entre dans la dernière partie de l'essai. Ce qui reste du film : une très longue et lente adaptation de dialogue philosophique, très dense et à la fois profondément encrée dans une sorte de réalisme social. Le temps s'écoule concrètement à travers des plans pouvant durer parfois près de 20 minutes. On assiste à un dialogue d'une aristocratie qui s'apprête à disparaître. La première guerre arrive, la révolution de 1917 aussi; peut-être est-elle déjà là... et les sujets qui se débattent sont aussi bouillants que désuets.

La Couleur hors de l'espace
5.8
13.

La Couleur hors de l'espace (2019)

Color Out of Space

1 h 51 min. Sortie : 7 septembre 2020 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction

Film de Richard Stanley

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Je suis très friand d'adaptation Lovecraftienne (RIP Stuart Gordon au passage). Mais il est assez rare en effet d'en voir une qui l'adapte assez fidèlement pour ne pas verser dans la gaudriole (parfois réjouissante, Stuart Gordon, encore lui) ou dans l'austérité de façade...
Le gros succès du film ici c'est d'actualiser assez bien les peurs de l'inconnu, de l'intangible et de l'indicible à notre monde. Ça donne : Nico Cage en bobo citadin installé à la campagne avec sa mif' de petit américain aisé. L'équilibre de la petite famille va être troublé par l'arrivée de cette couleur venue d'ailleurs, indescriptible chez Lovecraft, violette ici. Cet élément peut créer des situations bizarres quand les personnages disent ne pas reconnaître cette "magnifique" couleur ("c'est du violet, connard"). Passé cette petite aberration, l'esthétique flashy en "purple rain" accompagné de "lance flair" à tous les étages fait son petit effet et la bizarrerie de la lumière violette en milieu naturel fonctionne, surtout quand le film finira submergé puis vidé de ces couleurs par cette apparition alien des plus innovantes. L'autre grand succès du film c'est sa petite filiation Brian Yusnesque dans les effets spéciaux avec des mixtures humanoïdes ou animales bien dérangeantes; qui s'éloignent certes de Lovecraft (quoique) mais encrent le film dans une esthétique qui imite la palette du peintre psychédélique où tout se mélange et se mixe pour exploser le spectre coloré. Autre thématique, Lovecraftienne s'il en est, la folie qui parcours petit à petit nos protagonistes jusqu'à leur faire perdre pieds. Le génie ici c'est ce bon vieux Nico, qui a décidé semble-t-il de re-jouer dans des bons films... et qui, de toute façon, part en roue libre à la moindre contrariété. Et vas-y que ça gueule en tabassant le plafond de sa voiture et que ça balance des sourires en coin en mode Jack Nicholson avant de dessouder au fusil de chasse une salade de fruit d'impalas (oui c'est bizarre, il faut avoir vu le film). Nico Cage c'est un équation à double inconnu. On veut un fou, on en a un, mais est-il est un putain de génie post-moderne dans la déconstruction des habitus actorial de la folie ou juste en surjeu constant ? On ne sait pas. "Color Out of Space" est un réjouissant film horrifique qui assume sa folie et sa gouaille, et couple avec succès les gores extrémités des Gordon/Yuzna avec l'explosive touche coloré du cinéma de SF contemporain sans oublier la finesse de l'indicible horreur, donc.

La Plateforme
6.1
14.

La Plateforme (2019)

El hoyo

1 h 34 min. Sortie : 20 mars 2020 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction, Thriller

film de Galder Gaztelu-Urrutia

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Nouveau buzz intercontinental pour la plateforme (lol jui cui) Netflix... qui dit buzz dit : le duo MatthleSith et GismoProd pour fourrer son nez dans tout ça. Bon. Ben c'est bien. Efficace film d'horreur à concept (miné par ses dialogues et ses scènes d’hallucinations poussives) qui a fait bosser les méninges de beaucoup (donc évidemment beaucoup d’inepties se sont dites). Passons sur les théories "geeks" qui n'ont aucun intérêt pour un départ d'analyse sous l'angle politique, angle selon lequel "La Plateforme" ne me paraît pas difficile à cerner.
La métaphore Marxiste pour les Nuls (les débutants, ça va). Le système de redistribution des richesses horizontal (le capitalisme [libéral]) permet aux nantis de se sustenter, aux plus niqués de s'entretuer pour survivre (criminalité causée par le capital d'après mes gars Karl et Friedrich); la perversité du système est qu'une redistribution mensuelle des cartes peut potentiellement amener un miséreux au tout 1er étage (l'équivalent de Jeff Bezos). Ce qui rend toute rébellion face au système impossible. C'est l'aliénation. Ici, l'accro, est un lettré idéaliste qui lit Don Quichotte et lui ressemble un peu physiquement (premier roman moderne qui parle de l'aventure fantasque d'un intellectuel face à la réalité du monde [idée > réel] d'après l'analyse d'Onfray par ailleurs). L'administration qui œuvre au système n'est elle-même pas consciente (mot clé) des aspérités du système (quand elle le découvre, vlan un premier grain de sable dans les rouages). Tout ce beau monde + ou - aliéné est là. Notre bobo Don Quichotte (qui démarre à l'étage 48, classe moyenne supérieure on va dire) rencontre un proto-franquiste (aucune justification, juste j'aime l'idée) qui lui explique les règles; il rencontre enfin un renoi (fervent croyant) et va tenter de redistribuer les richesses par rationnement. C'est rude et implique de la violence, dictature du prolétariat ? Ils comprendront enfin que leur salut viendra d'un symbole (la panna cotta, j'ai pas capté honnêtement), qui se révélera être un enfant : preuve que le système est basé sur un mensonge, preuve qu'une rébellion aura lieu. L'enfant symbole intemporel d'espoir et de pureté va bénéficier du sacrifice du révolutionnaire pour tenter, je dis bien tenter, d'obtenir la félicité. Discours contrasté sur la génération qui doit sauver la suivante. La fin n'est pas divulguée semble-t-il, c'est important qu'elle soit ouverte pour ne pas tomber dans le vulgaire prosélytisme.

Soul
7.4
15.

Soul (2020)

1 h 40 min. Sortie : 25 décembre 2020. Animation, Aventure, Comédie

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Kemp Powers

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Plusieurs choses dans ce nouveau Pixar captent mon attention et sauvent littéralement le film de ses travers, à savoir selon moi : un humour un peu puéril qui ne fonctionne pas toujours et un scénario qui règle tout très vite et dont l'univers permet à peu près tout ce qu'il faut. Mais est sauvé, je disais, par un univers graphique très vivifiant quelque part entre Picasso, les Shadoks et "Vice-Versa" : en tout cas s'écrit là une jolie poésie visuelle tout à fait rafraîchissante, car Pixar a tendance à se répéter (que ce soit dans l'univers fantasque ou la réalité). Autre point saillant : la présence d'une morale (vous me direz comme d'hab') qui lorgne vers l'épicurisme et le fameux "cueille le jour" d'Horace d'une manière pleine de grâce et en finesse, ajoutez à cela une représentation émouvante de ce qu'est une passion (les philosophes anciens décidément) et de ce qu'est le jazz. Tout à fait réussi.

Mank
6.3
16.

Mank (2020)

2 h 11 min. Sortie : 4 décembre 2020. Biopic, Comédie dramatique

Film de David Fincher

GISMO-PROD a mis 6/10.

Annotation :

6 ans après "Gone Girl", le cinéaste David Fincher revient sous le giron Netflixien, entouré d'un bien beau casting pour nous raconter l'histoire du scénario de "Citizen Kane", celle de son auteur et en creux le tournant historique des années 30 à HollywoodLand. Pour ce faire il fait le choix esthétique d'assumer son univers en en imitant le style. Noir et blanc, aspect pelliculaire, son au traitement si particulier, mouvements de caméras amples et gracieux, plans longs, etc.
Fincher réussit à être pertinent notamment sur le plan politique en affirmant notamment que l'usine à rêve Hollywoodienne est aussi l'usine à idéologie; annonçant déjà, au passage, la chasse aux sorcières des 50's. Le film retrace les thématiques habituelles inhérentes aux films se déroulant durant l'âge d'or d'Hollywood : hypocrisie des starlettes, poudre aux yeux constantes, manipulations des nababs, name-dropping cinéphile et tutti cuanti. Du reste le film est une leçon de beaux cadrages, de beaux plans, de beaux mouvements, de beaux décors. En ce sens Fincher a parfaitement su s'encrer dans une filiation classique du cinéma tout en s'amusant avec un scénario à rebours et flashbacks très Wellesien pour le coup. Mais tout ceci a un prix : d'abord la perte d'identité. Qu'est ce qui fait de ce film un film de David Fincher ? Pas grand chose au final. On a même l'impression, et c'est peut-être là le pire, d'avoir vu un énième film : "à la manière de l'époque" encore moins radical que "The Artist", c'est dire. Pis encore, le film se trompe amèrement à mon sens en bafouant son propre parti-pris esthétique. Fincher échoue en effet en imitant un style "à l'ancienne" mais en invoquant les effets spéciaux numériques, pour des scénographies dont on imagine sans mal comment on aurait pu se passer. Fincher échoue lorsqu'il exige de tourner son film en noir et blanc mais aussi avec DES caméras 8K (donc rien à voir avec l'époque) pour ensuite "salir" le rendu et lui donner un aspect ancien. Il échoue même à pasticher la narration de "Citizen Kane" en abusant des fondus au noir, plus qu'aucun film classique n'en a jamais contenu. On pourrait même polémiquer sur le choix de la VOD comme finalité, tant cela rompt avec son propos. Fincher échoue en somme à se prémunir d'un bête fétichisme sans but. J'ai bien peur que malgré les qualités évidentes du film et le clin d’œil cinéphile réjouissant qu'il reste, son dernier né ne soit en somme, qu'une anecdote superflue dans l’entièreté de sa filmographie.

Chers camarades !
7.2
17.

Chers camarades ! (2020)

Dorogie tovarishchi

2 h 01 min. Sortie : 1 septembre 2021 (France). Drame, Historique

Film de Andreï Kontchalovski

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Un premier rendez-vous avec Kontchalovski peut-être un peu manqué... quoique prometteur. Une belle avant-première à La Cinémathèque d'abord (ça joue), un sujet formidable (le massacre de Novotcherkassk), une actrice investie (Yuliya Vysotskaya), un dispositif de mise en scène (pastiche du cinéma soviét') et un propos plein d'ironie sur le totalitarisme soviétique post-Stalinien; propos intéressant car les personnages semblent se réveiller d'une longue léthargie due à la guerre et au régime de Staline (que notre héroïne regrette amèrement) : réveil brutal où le gouvernement socialiste va bafouer son adage ultime, celui de la lutte pour les ouvriers. Dispositif en pastiche donc, d'un cinéma d’État en noir et blanc (en cela la scène de fusillade renvoi au "Potemkine" d'Eisenstein), dispositif qui tente d'imiter l'enfermement bureaucratique (plans fixes, sur-cadrages), la société de surveillance généralisée à laquelle un personnage Orwellien va se confronter avec gravité et humour (le tout avec un savant dosage il faut bien le reconnaître). En ça nous tenons la plus grosse qualité du film et son plus gros défaut : déplacer un propos négatif sur le totalitarisme assez banal de Staline à Kroutchev ne le rend pas pour autant révolutionnaire; ainsi la mise en scène ne surprend guère (et la scène de fusillade dont je vous parlais est un peu plate) et je n'arrive pas à m'enlever de l'esprit ce sentiment à propos des partis pris de ce film : ils sont attendus. Au delà de ça on passe un excellent moment devant ce film, qui au passage réussit à traiter son sujet sans être lourd ou trop didactique et en restant à l'échelle sociale et humaine de ses personnages, tous réussis.

Light of My Life
6.4
18.

Light of My Life (2019)

1 h 59 min. Sortie : 12 août 2020 (France). Drame, Science-fiction

Film de Casey Affleck

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Un post-apo en 2020 me paraît de bon ton, en un premier film pour Casey Affleck assez réussi, je trouve.
La situation est terrible, la moitié de l'humanité, les femmes, ont été décimés par un virus. Mais pas toutes puisque un père et sa fille tentent de survivre dans ce marasme. Ce qui capte mon attention ici c'est l'arrière-fond qui permet au parti-pris narratif de vivre au travers d'un dialogue constant entre un père seul et sa fille; entre banalités sur la paternité et l'enfance et points saillants des rapports hommes/femmes.
Le film continue dans cette ambiance survivaliste et s'échoue dans une maison, proto-société, proto-nid familial où les questions secondaires à la survie vont se poser et montrer leur importance : comment assumer son identité sexuelle dans un monde où être une femme semble être un exploit dangereux et où il est bon de nier cette identité. Un coup tout en finesse sur cette relation qui lie un père et sa fille pour affronter un monde qui ne semble pas lui vouloir du bien, un jolie discours sur le moment où la figure paternelle bascule et accepte au final, de remettre son destin entre les mains de son enfant, de sa fille. C'est assez beau, c'est assez fin, c'est assez bien lové dans un film de genre calibré. Seul défaut qui peut devenir agaçant à la longue : une mise en scène qui lorgne vers la touche A24 productions qui a fait école avec ses plans longs, ses angles bizarres et sa colorimétrie sombre. C'est pas moche loin de là, encore faut-il l'assumer (des cuts bizarres surviennent parfois, alors que le film semble prendre le parti-pris des plans longs) et se démarquer de ce qui commence à devenir un lieu commun de ce type de production et qui donc devient à la longue assez impersonnel.

Drunk
7.3
19.

Drunk (2020)

Druk

1 h 55 min. Sortie : 14 octobre 2020 (France). Comédie dramatique

Film de Thomas Vinterberg

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

4 amis, profs interprétés par 4 acteurs de grand talent (avec une belle alchimie), décident pour pallier à leurs mornes existences d'être bourré h24. Basiquement c'est ça l'idée du nouveau né de Vinterberg. Qu'à-t-on donc ? Un film très réjouissant et assez drôle qui se veut un peu transgressif, en cela les scènes de classe sont tout à fait amusantes. Les habitudes, les vies rangés sont bousculés par l'alcool et le choix d'une consommation au départ scientifique tournant bientôt a la névrose alcoolique. Le cœur du film c'est pourtant et surtout la désinhibition clairement montrée comme clé des rapports humains, désinhibition qu'on atteins ici avec de l'alcool. Bon. Le projet est sympathique et fonctionne de part son quatuor de tête, qui franchement s'en donne à cœur joie. Maintenant si la mise en scène est classieuse et d'une belle maîtrise, point de transgression stylistique, point de radicalité sur la forme comme sur le fond et, ce qui est vraiment dommageable, une narration très attendu de "wow l'alcool ça arrange tout", "oh putain on abuse", "c'est la merde" et enfin "on reste bons amis donc ça va" qu'on a vu dans à peu près tout les genres de films. C'est dommage car au delà de la beuverie réjouissante, de la petite transgression morale de nos personnages (particulièrement celui de Viggo Mortensen) et de la proto-leçon d'amitié on n'a pas l'impression d'avoir assisté à quoi que ce soit de vraiment important sinon un film de copains bobos quarantenaires qui font leur crise, plus réussi que la moyenne. On me rétorquera : "c'est parce que tu bois pas ça"; sauf qu'ici on parle de cinéma et pas d'un putain de "barathon" et il n'y a malheureusement qu'à la fin que le film a réussi à retranscrire un peu de cette sensation de désinhibition, qui est centrale. Néanmoins, j'insiste, pour ces petits moments de délires entre les profs et leurs élèves, ces comportements anticonformistes dû à l'alcool, ces scènes de tables inévitables chez Vinterberg et cette belle ode à l'amitié masculine : le film vaut bien le déplacement.

La Cravate
6.9
20.

La Cravate (2020)

1 h 37 min. Sortie : 5 février 2020. Politique, Société

Documentaire de Étienne Chaillou et Mathias Théry

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Ce portrait dur mais honnête d'un jeune homme, militant FN au passé honteux est l'occasion parfaite pour les réalisateurs de faire le constat d'une forme militante parfois pathétique (que je méprise personnellement), de carriéristes arrivistes (et tête-à-claques) qui ne se borne évidemment pas qu'au FN, d'un jeu politique complexe et médiatique et enfin, et surtout, d'une jeunesse ouvrière, démunie, oubliée qui se réfugie dans la croyance au niveau politique, l'identité, la nation. La dénonciation des paradoxes du partit est tout à fait juste mais c'est surtout le procédé de mise en scène qui est proposé qui en fait un film à charge, mais qui parle "sous le contrôle" de celui qui est filmé. Le procédé est formidable à plusieurs titres : il paraît honnête envers le spectateur, en lui promettant de montrer que des choses "vraies", en désignant clairement ce qui est montré avec et sans l'accord au préalable du protagoniste. Mais il est aussi honnête avec le personnage filmé qui est appelé à débattre, critiquer le texte (la voix-off du film en fait) et souvent à reconnaître ses erreurs de parcours, mais aussi à s'expliquer. Les réalisateurs ne sont pas accablants avec le personnage, il apparaît même plutôt sympathique, pour mieux surprendre lors de quelques révélations qui le montre désolé mais assumant. On s'identifie forcément à ce jeune type, peut être le prendra-t-on en pitié, le comprendra-t-on, ou tout le contraire... en tout cas le film est formellement super (et scénaristiquement aussi, avec péripéties et tutti cuanti) et propose un vrai fond militant emmené avec une forme de finesse qui est toujours ce que je recherche lorsqu'on s'attaque à un sujet politique aussi bouillant que la dérive populisto-nationalisto-xénophobe contemporaine.
Edit : est ce qu'au fond le film ne se trompe pas en suivant ce personnage qui se retrouve un peu accablé par la critique, pas du tout en creux, de son parti. Est-ce que suivre son supérieur au casier judiciaire vierge n'aurait pas été plus pertinent, plus acide, moins méprisant pour les classes populaires ?

Cuban Network
5.6
21.

Cuban Network (2020)

Wasp Network

2 h 03 min. Sortie : 29 janvier 2020 (France). Thriller

Film de Olivier Assayas

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Scénaristiquement parlant le film est bien pensé, adoptant un point de vue féminin, confidentiel (et réaliste) sur un récit d'espionnage cubain. Au début on est franchement dubitatif, la vision de USA est cliché et un discours impérialiste, anti-cubain est là, sans finesse. Je l'annonce tout de suite, c'est un leurre évident qui mixe le récit d'agents doubles avec la forme même du scénario. Ce qui crée un twist assez bien vu. En terme de mise en scène, nous y reviendrons, Assayas est un réal assez doué surtout quand il s'agit de filmer l'intimité. Pareillement que dans "Carlos", l'intrigue géo-politique et politique se perd (ou plutôt se love) dans des scènes de couple, de famille (de douche... j'ai remarqué qu'Asssayas aimait bien filmer Edgar Ramirez dans une douche...). La mise en scène reste simple, proche des persos, avec essentiellement des champ/contre-champ, le tout hyper-lumineux (conformément aux lieux où se passe le film : Cuba - Miami, magnifiques endroits). La grosse réussite est la direction (et le talent propre) des acteurs. Chaque mouvement, mot, geste, expression faciale des acteurs semblent si vrai, si tangible; qu'on croit sans problème aux protagonistes et leurs relations. La main sur la vitre de la prison de Penelope Cruz, la façon dont Ana De Armas lave la vaisselle, Wagner Mourra qui oublie d'enlever ses lunettes, Edgar Ramirez qui se lance dans une série d'abdo après avoir raccroché le téléphone; sont autant d'exemples anecdotiques qui s'encrent dans un ensemble qui prouve le soin apporté par l'auteur et ses acteurs à rendre crédible leurs persos. Car le film est un film de personnage (et d'acteur) dont les relations et les interactions sont le plus grand intérêt. Le casting en ce sens est impressionnant, réunissant les grands acteurs latinos du moment. On en retiendra particulièrement Cruz très émouvante et charismatique, Ana de Armas, toujours beaucoup trop belle, Wagner Moura, décidément mon acteur Brésilien préféré.
Le problème principal est dû au réal. D'abord le film reste assez impersonnel dans l'ensemble, même parfois plan-plan. Les plans de coupe, les titres intempestifs, les fondus au noir sont assez insupportable. Ce qui était compréhensible pour une série rapporté au format ciné pour "Carlos" n'est pas justifiable ici. La vision du film en devient redondante et ceci avec les plans de drone ratés rend le tout parfois gênant. Pourtant pour le suspense, le cast et le discours nuancé sur Cuba, le film est estimable.

Petite Fille
7.6
22.

Petite Fille (2020)

1 h 28 min. Sortie : 2 décembre 2020.

Documentaire de Sébastien Lifshitz

GISMO-PROD a mis 6/10.

Annotation :

Sébastien Lifshitz, dont j'ai raté le "Adolescentes", signe aussi cette année "Petite Fille", portait d'une famille dont l'un des enfants, Sasha, est né garçon mais est une petite fille, donc. Très joli film en fait qui souffre malheureusement de quelques travers attendu pour un sujet aussi dense. Lifshitz, semble-t-il, se planque un peu derrière sa thématique pour s'éviter la complexité de traiter des autres sujets qui inévitablement imprègnent le film mais de manière trop anecdotique : la vie de la cellule familiale, la place du père (car celui de la mère est au centre du film), la vie et l'avis des autres enfants (traité par dessus l'épaule) et surtout le quotidien de Sasha en tant qu'enfant et pas seulement d'enfant trans. Je n'accuse pas le film d'agiter le chiffon rouge grossier de la propagande à base d'enfant (comme on a pu voir faire sur le même sujet aux Us et sur le plateau de Quotidien, ce qui revient au même, par des parents en manque de frisson qui objectifient leur enfant à des fins idéologiques), c'est dégoûtant, mais le film n'est pas ça. Par contre le film est parfois un peu tire-larme, il en va de la mise en scène à base de gros plans pleurs et violoncelles très fort. Du reste ce qui fonctionne parfaitement dans le film ce sont toutes les scènes qui montrent les enfants vivre. Tout simplement. Dans ces scènes là toutes les problématiques se jouent et les quelques mots des enfants qui ne subissent ni le filtre du "je suis dans un documentaire" ou du "attention à ce que je dis" racontent tout ce que le film va ensuite nous dire avec ses interviews (quoique heureusement peu nombreuses) et c'est là la force du film : la situation de Sasha est si simple que tous les enfants de la famille la comprenne, et pourtant si complexe. Déjà se dessinent les problématiques qu'elle va rencontrer ado/adulte et surtout, point saillant du film, déjà elle doit lutter contre les représentants d'un système qui entend bien ne pas l'accepter comme elle est. La force du film est qu'en racontant objectivement une situation comme celle-ci, sans charabia, sans militantisme de salon, elle peut parler à tout le monde, à tous les parents. Et ça c'est une réussite qui peut effacer beaucoup des travers du même film.

Dans un jardin qu'on dirait éternel
6.8
23.

Dans un jardin qu'on dirait éternel (2018)

Nichinichi Kore Kôjitsu

1 h 40 min. Sortie : 26 août 2020 (France). Comédie dramatique

Film de Tatsushi Omori

GISMO-PROD a mis 6/10.

Annotation :

Émouvante capsule temporelle. Humaine, délicate, belle. Au parfum suranné d'une tradition Japonaise représentée précisément dans la variété et la complexité de ses gestes. Avec humilité le film parle tout de même d'une vie presque entière, une vie en recherche de sens. C'est beau, mais pas exempt de défauts : un peu trop explicatif, pas franchement intéressant en terme de découpage.

La Terre et le Sang
4.9
24.

La Terre et le Sang (2020)

1 h 20 min. Sortie : 17 avril 2020 (France). Action

film de Julien Leclercq

GISMO-PROD a mis 6/10.

Annotation :

Julien Leclercq nous a habitué avec "Lukas" et "Braqueurs" a un bon cinéma mi-polar, mi-action, très sombre, sans concession et d'une grande humilité. Ici on ne déroge pas à cette règle avec un très efficace survival type "Assault" Carpenterien (j'aime beaucoup ce type de récit) qui ne s'encombre pas d'éléments futiles mais en ne délaissant pas un semblant de caractérisation des personnages. "La Terre et le Sang" est un assez jouissif jeu de massacre entre l'excellent Sami Bouajili et un gang mené par Eriq Ebouaney que je suis content de recroiser ici; assez gore dans les mises à mort et se déroulant dans une ambiance forestière pluvieuse de bon aloi. Un film honnête et très agréable à regarder mais qui s'oubliera vite.

Filles de joie
5.6
25.

Filles de joie (2020)

1 h 31 min. Sortie : 22 juin 2020. Drame

Film de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich

GISMO-PROD a mis 6/10.

Annotation :

Oui.... oui. C'est vrai que cette petite incursion dans la vie de ces trois femmes m'a touché. Le film est intéressant dans le sens où il montre une prostitution France/Belgique avec trois exemples types, trois vies, trois drames sociaux et en un sens, la base d'une solide amitié. Le format de l'image, les séquences musicales créent un vrai univers, une véritable ambiance, les scènes de douceur ou d'humour font sourire, la tension fonctionne. Notons aussi que le trio de personnages principaux profite d'interprétations très justes. Je ne m'emballerez pas outre mesure puisque l'aspect revanchard, girly/coolos de la prostitution me laisse dubitatif et que le film semble éviter les sujets polémiques en se permettant une incursion dans la violence trop anecdotique pour une thématique aussi lourde. Mais oui. Quand même.

Invisible Man
6.3
26.

Invisible Man (2020)

The Invisible Man

2 h 05 min. Sortie : 26 février 2020 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction, Thriller

Film de Leigh Whannell

GISMO-PROD a mis 6/10.

Annotation :

Ça alors ! Mais c'est pas mal du tout !?
Eh oui, Jason Blum nous assène un autre film, cette fois sous le scénar et la cam de Leigh Whannell et un histoire issue du "Universal Monsters Universe" dont on a en mémoire le raté avec "La Momie" sauce Tom Cruise. Ici, finit la league des super-méchants (ou presque) avec un thriller à très forte tendance horrifique plutôt bien vu. En tout cas, bien dosé. Jouant de manière intelligente avec les espaces vides de tout personnages (visibles), les sons et la lumière. "Invisible Man" renoue avec une vraie horreur visuelle et ce fameux paradoxe du "que montrons nous ?" pour faire peur. Dans une grosse première partie, la sauce prend bien. Intérieurs d'habitations éclairés pour en faire ressortir l'étrangeté, sound-design un tantinet agressif mais qui à son charme, sentiment de malaise dans les mouvements d’appareils, doute quand à l'endroit d'où peut surgir la menace, scénario assez bien ficelé où l'héroïne que tout le monde croit folle est au prise avec ses névroses et une réalité digne de la SF auquel personne, sauf elle, ne croit. Jouant avec des thématiques comme la violence conjugale, la figure du pervers-narcissique à tendance sociopathe autant que celle du scientifique surdoué et de l'auto-défense brutale dans sa dernière partie; le film est dans l'ensemble assez bien fichu et porté par une Elizabeth Moss crédible en foldingue matrixée par son ex. Néanmoins, néanmoins... ne nous emballons pas trop vite... le film ne peut pas s'empêcher d'enchaîner les jump-scares débiles et les péripéties alambiquées franchement négligeables, enfin la dernière partie si elle est assez jouissive s'éloigne radicalement de son concept premier, qui m'avait séduit; pour un film un peu typé M. Night Shyamalan tardif, qui ne me transcende guère...
En somme, ce n'est pas le film Blumhouse de l'année (y en a toujours un qui ressort particulièrement) mais on s'approche...

La Troisième femme
6.7
27.

La Troisième femme (2018)

Nguoi Vo Ba

1 h 32 min. Sortie : 19 août 2020 (France). Drame

Film de Ash Mayfair

GISMO-PROD a mis 6/10.

Annotation :

Utilisant avec lyrisme les rimes et les métonymies visuelles : "La Troisième Femme" est un joli petit ouvrage (1er long !) montrant les rouages d'une tradition Vietnamienne véritablement patriarcale : les mariages arrangés et ses femmes-enfants. Entre violence qui ne dit pas son nom et véritables atteintes psychologiques; le film vogue dans un symbolisme parfois peu inspiré mais aussi des thématiques très complexes à représenter. Le grand succès du film est justement la réussite de la représentation d'une sexualité enfant/adulte sans excès violents et sans complaisance malsaine. Déjà c'est pas mal à l'heure d'une fausse polémique sur le film "Mignonnes" et sa nullissime affiche US. Du reste les personnages manque cruellement de corps et les détours poétiques trop nombreux, sans compter la faiblesse de quelques unes de ces "natures mortes" filmiques, sont l'indice de la jeunesse de notre cinéaste qui se perd un peu en chemin à force d'en admirer les pourtours. Pourtant le film réussit à capter des moments de grande beauté lorsqu'il s'évertue à représenter les activités traditionnelles pleines de pureté et de douceur mais aussi de tension lorsque l'autorité traditionnelle intériorisée vient se mêler des affaires d'amours; amours niés donc cruels (amours hétéro comme homosexuels; amour masculin comme féminin). Une touche d'espoir enfin témoignant d'une volonté féministe manquant légèrement de subtilité, mais touche d'espoir quand même, puisque les jeunes générations s'apprêtent à s'opposer au système. Peut-être déjà, mais c'est probablement une déformation dû à un manque de culture sur le Vietnam, l'annonce du modernisme communisme d'Hô Chi Minh et la révolution à venir qui bouleversera l'ordre établit dans le Vietnam du siècle suivant.

Ultras
5.7
28.

Ultras (2020)

1 h 48 min. Sortie : 20 mars 2020. Drame

Film VOD (vidéo à la demande) de Francesco Lettieri

GISMO-PROD a mis 6/10.

Annotation :

Au jour 7 de ce foutu confinement, j'ai donc découvert le premier film de Francesco Lettieri, sur Netflix. Plateforme à qui profite indéniablement cette crise.
Naviguant dans un univers qu'il m'est impossible de comprendre, celui des ultras footeux (italiens de surcroît), le film à l'ambition de nous plonger auprès d'eux; en immersion comme cela peut être le cas pour la Camorra (autre spécialité Napolitaines). De ce côté là c'est réussi, on est immergé dans les sous-couches populaires Napolitaines, au milieu des gogolitos qui ont fait de leur équipe de foot une religion et de leurs matchs une croisade. C'est réussi en premier lieu parce que le film a du style, en s'attardant dans des scènes assez décalés sur les monuments, les décors qui donnent à Naples sa particularité (on plonge et croise une statue antique, on se tabasse dans un néo-Colisée Romains bordé de statues, etc) et les purs effets de mise en scène (dans la baston finale); aussi grâce à ses acteurs qui ont des dégaines monumentales, tous dépassés par Aniello Arena possédé, semble-t-il, par son rôle de pauvre connard violent qui tente de se racheter, enfin le film est appuyé par une BO qui tabasse (et pourtant je suis pas un amateur de techno) et sublime les quelques moments de pure mise en scène dont je parlais. Problème du film : scénaristiquement c'est déjà vu. Rien de nouveau sous le soleil, lui veut s'éloigner de ce milieu toxique, un plus jeune veut l'intégrer... bon... on connaît ces personnages et ces situations et finalement rien ne vient nous les différencier, au passage le réalisateur croit pouvoir évacuer tout questionnement socio-économique et au final il ne fait que raconter la sempiternelle histoire des films de voyous, mais chez les hooligans napolitains. Un peu de nihilisme peut-être avec cette fin brutale mais quoi d'autre ?

First Love, le dernier Yakuza
6.7
29.

First Love, le dernier Yakuza (2019)

Hatsukoi

1 h 48 min. Sortie : 1 janvier 2020 (France). Comédie, Gangster, Romance

Film de Takashi Miike

GISMO-PROD a mis 6/10.

Annotation :

"First Love" le premier film de 2020.
Qu'en penser ? Eh bien, le retour de Miike au pastiche du film de Yakuza est tout à fait sympathique, surtout lorsqu'on considère la gestion d'un, on le devine, tout petit budget. On notera quelques belles scènes avec la violence qui va avec et des personnages vraiment attachants/amusants. Du reste la mise en scène prend trop peu souvent son propre envol et possède assez peu d'idées originales compte tenu de son récit. Le tout n'est peut-être pas assez trash pour marquer assez la rétine et les mémoires, ainsi le film fait office d'une bonne série B lorgnant vers le Z, mais pas plus. Dommage.

Monos
6.4
30.

Monos (2019)

1 h 42 min. Sortie : 4 mars 2020 (France). Drame, Aventure

Film de Alejandro Landes

GISMO-PROD a mis 6/10.

Annotation :

Si au commande de ce film il y a effectivement un vrai réalisateur, qui met en place une esthétique forte et des images poignantes ainsi qu'un partit pris radical, celui de suivre ce commando infantile sans jamais s'attarder sur le contexte dans lequel se déroule le récit; il faut aussi être raisonnable est noter que le film balance un peu trop souvent son esthétique tapageuse vaguement arty et sa symbolique décorative à nos yeux, sans que ceci est un intérêt sur le récit, ou les personnages. Poudre aux yeux, mais cela passe encore; le grave travers du film c'est de n'avoir véritablement ni propos, ni proposition nouvelle. Le film en voulant être nébuleux ne fait qu'effleurer l'intérêt politique et philosophique de son sujet. En se perdant dans des scènes psychédéliques (les champignons hallucinogènes) sorties de nulle part et en ne souciant guère assez de ses personnages (la doctora qui s'enfuit et disparaît tout bonnement du film, les deux ou trois personnages qui n'ont absolument aucune personnalité) s'enferme bêtement dans un laïus quelque peu insipide dont on ne ressortira absolument rien. Passé l'intérêt visuel, qui en est un, on ne peut ressortir de véritable sens de la mise en scène si ce n'est un ensemble de banalités allant dans tous les azimuts et une symbolique d'apparat assez vaine. Le sentiment qui domine : un joli film qui ne se mouille pas. “Un film n'est pas fait pour une promenade des yeux, mais pour y pénétrer, y être absorbé tout entier.” disait Bresson, ici nous avons la promenade, pas tout à fait l'absorption.
Notons, tout de même, le sentiment d'un tournage bien couillu avec séquences dans une jungle mal-accueillante et nage dans des torrents boueux, qui ressurgit parfois dans le film (moustiques, la boue, la pluie) et démontre au moins, et c'est fort, une réelle envie de faire du cinéma quel qu’en soient les conditions.

GISMO-PROD

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