Lu en 2015

1. Virginia Woolf, To the Lighthouse ;
2. Louis Aragon, Aurélien
3. Antal Szerb, Le Voyageur et le clair de lune ;
4. Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit ;
5. Milan Kundera, L'Insoutenable Légèreté de l'être.

Liste de

57 livres

créee il y a plus de 8 ans · modifiée il y a environ 2 ans

Le Rêve dans le pavillon rouge
8.8

Le Rêve dans le pavillon rouge (1791)

Sortie : 3 novembre 2003 (France). Roman

livre de Cao Xueqin

Annotation :

Inachevé.

Nostromo
8.1

Nostromo (1904)

(traduction Philippe Neel)

Sortie : 1926 (France). Roman

livre de Joseph Conrad

Venantius a mis 7/10.

La Promesse de l'aube
7.9

La Promesse de l'aube (1960)

Sortie : 26 avril 1973 (France). Autobiographie & mémoires, Roman

livre de Romain Gary / Émile Ajar

Venantius a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Je suis sans rancune contre les hommes de la défaite et de l’armistice de 40 […] Ils étaient trop installés dans leurs meubles, qu’ils appelaient la condition humaine. Ils avaient appris et enseignaient « la sagesse », cette camomille empoisonnée que l’habitude de vivre verse peu à peu dans notre gosier, avec son goût doucereux d’humilité, de renoncement et d’acceptation. Lettrés, pensifs, rêveurs, subtils, cultivés, sceptiques, bien nés, bien élevés, férus d’humanité, au fond d’eux-mêmes, secrètement, ils avaient toujours su que l’humain était une tentation impossible et ils avaient donc accueilli la victoire d’Hitler comme allant de soi. À l’époque de notre servitude biologique et métaphysique, ils avaient accepté tout naturellement de donner un prolongement politique et social. J’irai même plus loin, sans vouloir insulter personne : ils avaient raison, et cela seul eût dû suffire à les mettre en garde. Ils avaient raison, dans le sens de l’habileté, de la prudence, du refus de l’aventure, de l’épingle du jeu, dans le sens qui eût évité à Jésus de mourir sur la croix, à Van Gogh de peindre, à mon Morel de défendre ses éléphants, aux Français d’être fusillés, et qui eût uni dans le même néant, en les empêchant de naître, les cathédrales et les musées, les empires et les civilisations.

La Vie devant soi
7.9

La Vie devant soi (1975)

Sortie : 14 septembre 1975 (France). Roman

livre de Romain Gary / Émile Ajar

Venantius a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Madame Rosa, quand elle avait toute sa tête, m’avait souvent parlé comment Monsieur Hitler avait fait un Israël juif en Allemagne pour leur donner un foyer et comment ils ont été accueillis dans ce foyer sauf les dents, les os, les vêtements et les souliers en bon état qu’on leur enlevait à cause du gaspillage. Mais je ne voyais pas du tout pourquoi les Allemands allaient être les seuls à s’occuper des juifs et pourquoi ils allaient encore faire des foyers pour eux alors que ça devait être chacun son tour et tous les peuples devaient faire des sacrifices.

Les Caves du Vatican
7

Les Caves du Vatican (1914)

Sortie : 11 août 2014 (France). Roman

livre de André Gide

Venantius a mis 7/10 et a écrit une critique.

Aurélien
8.2

Aurélien (1944)

Sortie : 1944 (France). Roman

livre de Louis Aragon

Venantius a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Il y a une passion si dévorante qu’elle ne peut se décrire. Elle mange qui la contemple. Tous ceux qui s’en sont pris à elle s’y sont pris. […] On frémit de la nommer : c’est le goût de l’absolu. On dira que c’est une passion rare, et même les amateurs frénétiques de la grandeur humaine ajouteront : malheureusement. Il faut s’en détromper. Elle est plus répandue que la grippe, et si on la reconnaît mieux quand elle atteint les cœurs élevés, elle a des formes sordides qui portent ses ravages chez les gens ordinaires, les esprits secs, les tempéraments pauvres. […] Elle est l’absence de résignation. Si l’on veut, qu’on s’en félicite, pour ce qu’elle a pu faire faire aux hommes, pour ce que ce mécontentement a su engendrer de sublime. Mais c’est ne voir que l’exception, la fleur monstrueuse, et même alors regardez au fond de ceux qu’elle emporte dans les parages du génie, vous y trouverez ces flétrissures intimes, ces stigmates de la dévastation qui sont tout ce qui marque son passage chez les individus les moins privilégiés du ciel.

Guerre et Paix
8.2

Guerre et Paix (1867)

(traduction Elisabeth Guertik)

Война и мир (Voyna i mir)

Sortie : 1953 (France). Roman, Aventures, Histoire

livre de Léon Tolstoï

Venantius a mis 6/10.

Annotation :

(lecture inachevée, à peu près aux deux tiers)

L'Insoutenable Légèreté de l'être
7.8

L'Insoutenable Légèreté de l'être (1984)

Nesnesitelná lehkost bytí

Sortie : 1984 (France). Roman, Philosophie

livre de Milan Kundera

Venantius a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Sabina reprendra le chemin de ses trahisons, et, de temps en temps, au plus profond d’elle-même, tintera dans l’insoutenable légèreté de l’être une ridicule chanson sentimentale qui parlera de deux fenêtres éclairées derrière lesquelles vit une famille heureuse.
Cette chanson la touche, mais elle ne prend pas cette émotion au sérieux. Elle sait fort bien que cette chanson-là n’est qu’un joli mensonge. À l’instant où le kitsch est reconnu comme mensonge, il se situe dans le contexte du non-kitsch. Ayant perdu son pouvoir totalitaire, il est émouvant comme n’importe quelle faiblesse humaine. Car nul d’entre nous n’est un surhomme et ne peut échapper entièrement au kitsch. Quel que soit le mépris qu’il nous inspire, le kitsch fait partie de la condition humaine.

Les Faux-Monnayeurs
7.4

Les Faux-Monnayeurs (1925)

Sortie : 1925 (France). Roman

livre de André Gide

Venantius a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

“Mais, mon ami, vous savez bien qu’il n’y a rien de tel pour s’éterniser, que les situations fausses. C’est affaire à vous, romancier, de chercher à les résoudre. Dans la vie, rien ne se résout ; tout continue. On demeure dans l'incertitude ; et on restera jusqu'à la fin sans savoir à quoi s'en tenir ; en attendant, la vie continue, tout comme si de rien n'était.”

Les Terres du couchant
7.9

Les Terres du couchant

Sortie : 9 octobre 2014 (France). Roman

livre de Julien Gracq

Venantius a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

C’était comme un orgasme de feu, un prodigieux sexe de flammes qui lui poussait dans la mort longuement couvé comme la fleur obscène de l’agave qui l’ouvrait en deux dans la nuit stupéfaite : on songeait à ces femmes qui relèvent leur jupe, l’écume aux lèvres, et montrent pour mourir leur ventre comme un soleil sur la barricade.

Belle du Seigneur
7.6

Belle du Seigneur (1968)

Sortie : 1968 (France). Roman, Romance

livre de Albert Cohen

Venantius a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Bien sûr, elle est trop noble pour être snob, et elle croit n'attacher aucune importance à ma sous bouffonnerie générale. Mais son inconscient est follement snob, comme tous les inconscients, tous adorateurs de la force. En silence, elle proteste, me trouve d'esprit bas. Elle est tellement persuadée que ce qui compte pour elle c'est la culture, la distinction, la délicatesse des sentiments, l'honnêteté, la loyauté, la générosité, l'amour de la nature, et caetera. Mais, idiote, ne vois-tu pas que toutes ces noblesses sont signe de l'appartenance à la classe des puissants, et que c'est la raison profonde, secrète, inconnue de toi, pour quoi tu y attaches un tel prix. C'est cette appartenance qui en réalité fait le charme du type aux yeux de la mignonne. Bien sûr, elle ne me croit pas, elle ne me croira jamais.
Des réflexions sur Bach ou sur Kafka sont mots de passe indicateurs de cette appartenance. D'où les conversations élevées des débuts d'un amour. Il a dit qu'il aime Kafka. Alors, l'idiote est ravie. Elle croit que c'est parce qu'il est bien intellectuellement. En réalité, c'est parce qu'il est bien socialement. Parler de Kafka, de Proust ou de Bach, c'est du même genre que les bonnes manières à table, que couper le pain avec la main et non avec le couteau, que manger la bouche close. Honnêteté, loyauté, générosité, amour de la nature sont aussi signes d'appartenance sociale. Les privilégiés ont du fric : pourquoi ne seraient-ils pas honnêtes ou généreux ? Ils sont protégés du berceau à la tombe, la société leur est douce : pourquoi seraient-ils dissimulés ou menteurs ? Quant à l'amour de la nature, il n'abonde pas dans les bidonvilles. […] Tout cela, honnêteté, loyauté, générosité, amour de la nature, distinction, toutes ces joliesses sont preuves d'appartenance à la classe dirigeante, et c'est pourquoi vous y attachez une telle importance, prétendument morale. Preuve de votre adoration de la force !

Au cœur des ténèbres
7.7

Au cœur des ténèbres (1899)

(traduction Jean Deurbergue)

Heart of Darkness

Sortie : 1902 (France). Nouvelle

livre de Joseph Conrad

Venantius a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

“They were no colonists; their administration was merely a squeeze, and nothing more, I suspect. They were conquerors, and for that you want only brute force—nothing to boast of, when you have it, since your strength is just an accident arising from the weakness of others. They grabbed what they could get for the sake of what was to be got. It was just robbery with violence, aggravated murder on a great scale, and men going at it blind—as is very proper for those who tackle a darkness. The conquest of the earth, which mostly means the taking it away from those who have a different complexion or slightly flatter noses than ourselves, is not a pretty thing when you look into it too much. What redeems it is the idea only. An idea at the back of it; not a sentimental pretence but an idea; and an unselfish belief in the idea—something you can set up, and bow down before, and offer a sacrifice to…”

Le Diable au corps
7.3

Le Diable au corps (1923)

Sortie : 1923 (France). Roman

livre de Raymond Radiguet

Venantius a mis 5/10 et a écrit une critique.

À rebours
7.6

À rebours (1884)

Sortie : 1884 (France). Roman

livre de Joris-Karl Huysmans

Venantius a mis 5/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Du reste, chaque liqueur correspondait, selon lui, comme goût, au son d’un instrument. Le curaçao sec, par exemple, à la clarinette dont le chant est aigrelet et velouté ; le kummel au hautbois dont le timbre sonore nasille ; la menthe et l’anisette, à la flûte, tout à la fois sucrée et poivrée, piaulante et douce ; tandis que, pour compléter l’orchestre, le kirsch sonne furieusement de la trompette ; le gin et le whisky emportent le palais avec leurs stridents éclats de pistons et de trombones, l’eau-de-vie de marc fulmine avec les assourdissants vacarmes des tubas, pendant que roulent les coups de tonnerre de la cymbale et de la caisse frappés à tour de bras, dans la peau de la bouche, par les rakis de Chio et les mastics !

Bonjour tristesse
7

Bonjour tristesse (1954)

Sortie : 15 mars 1954. Roman

livre de Françoise Sagan

Venantius a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Je me rendais compte que l'insouciance est le seul sentiment qui puisse inspirer notre vie et ne pas disposer d'arguments pour se défendre.

Les Destinées sentimentales
7.3

Les Destinées sentimentales (1934)

Sortie : 1934 (France). Roman

livre de Jacques Chardonne

Venantius a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Jean connaissait aussi le langage des maîtres et leur amertume. Ils disaient : “Pendant que les ouvriers font grève pour une bêtise, l'Allemagne s'implante dans l'Amérique du Sud, à jamais perdue. Ce sont toujours les plus payés qui réclament. Ils gagnent le double de l'ouvrier allemand.” Sans doute, ils gagnaient leur vie, si on ne comptait pas le chômage, la maladie, la vieillesse. Mais Jean entendait les raisons plus secrètes des maîtres : “Nous ne pouvons pas faire des comptes si précis. Il est trop tôt encore pour penser aux ouvriers, pour les comprendre et entrer dans leurs intérêts. Nous sommes engagés dans une autre bataille qui exige de grandes réserves d'argent, et où il faut inventer sans cesse, vaincre tous les jours, sauver tout le monde, sans songer aux blessés.”

Les Confessions
6

Les Confessions (1782)

Sortie : 1782 (France). Autobiographie & mémoires

livre de Jean-Jacques Rousseau

Annotation :

Inachevé, environ au tiers.

L'Âge d'homme
6.8

L'Âge d'homme (1939)

Sortie : 1939 (France). Autobiographie & mémoires, Récit

livre de Michel Leiris

Venantius a mis 5/10.

L'Immortalité
7.9

L'Immortalité (1993)

Nesmrtelnost

Sortie : 1990 (France). Roman

livre de Milan Kundera

Venantius a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

“Dis la vérité !” exige le journaliste, et nous pouvons bien sûr nous interroger : quel est le contenu du mot “vérité” pour qui gère l’institution du onzième commandement ? Afin d’éviter tout malentendu, soulignons qu’il ne s’agit ni de la vérité de Dieu, qui a valu à Jan Hus le bûcher, ni de la vérité scientifique qui plus tard a valu à Giordano Bruno la même mort. La vérité qu’exige le onzième commandement ne concerne ni la foi ni la pensée, c’est la vérité de l’étage ontologique le plus bas, la vérité purement positiviste des choses : ce que C a fait hier ; ce qu’il pense vraiment au fond de lui-même ; ce dont il parle quand il rencontre A ; et s’il a des rapports intimes avec B. Pourtant, quoique située à l’étage ontologique le plus bas, c’est la vérité de notre époque et elle recèle la même force explosive que, jadis, la vérité de Jan Hus ou de Giordano Bruno.

Le Guépard
7.6

Le Guépard

Il Gattopardo

Sortie : 1958 (France). Roman

livre de Giuseppe Tomasi di Lampedusa

Venantius a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

“L’Italie était née au cours de cette soirée morose, à Donnafugata, dans ce pays oublié, aussi bien que dans la paresse de Palerme ou dans l’agitation de Naples. Une méchante fée était certainement présente, une méchante fée dont on ne connaissait pas le nom ; de toute façon, l’Italie était née et il fallait espérer qu’elle vivrait sous la forme qu’elle avait prise […] Pourtant, cette inquiétude persistante devait avoir un sens : il sentait que pendant cette trop sèche énumération de chiffres, pendant ces discours trop emphatiques, quelque chose était mort, quelque chose ou quelqu’un, Dieu seul savait dans quelle ruelle du pays, dans quel repli de la conscience populaire”

Moravagine
7.8

Moravagine (1926)

Sortie : 1926 (France). Roman

livre de Blaise Cendrars

Venantius a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Napoléon a peuplé Paris d'effigies. Pâle allégorie, le Louvre apparaît certains jours transparent et bleuté comme un immense billet de banque et, comme le papier monnaie qui ne correspond plus à rien quand le trésor de l'État est épuisé, le Louvre vidé de ses rois, la France sans ses anciennes provinces, le citoyen français tiré en série sur les Déclarations des droits de l'homme comme les assignats sur la planche n'ont plus cours et ne valent rien. Inflation sentimentale. Si en 1912, le monde entier désirait encore de cette valeur, France, c'est que chacun voulait posséder une vignette, un cliché, une petite femme, la grue, Paris, d'où faillite de la Troisième République qui crève de mettre continuellement au monde une Sarah Bernhardt, une Cécile Sorel, une Rirette Maitrejean et, plus tard, la mère Caillaux. Et pas un homme, pas un homme.

Le Procès
7.8

Le Procès (1925)

(traduction Alexandre Vialatte)

Der Prozess

Sortie : 1933 (France). Roman

livre de Franz Kafka

Venantius a mis 9/10 et a écrit une critique.

Les dieux ont soif
7.1

Les dieux ont soif (1912)

Sortie : 1912 (France). Roman

livre de Anatole France

Venantius a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Il était de ceux qui, enthousiastes et patients, après chaque défaite, préparaient le triomphe impensable et certain. Aussi bien leur fallait-il vaincre. Ces hommes de rien, qui avaient détruit la royauté, renversé le vieux monde, ce Trubert, petit ingénieur opticien, cet Évariste Gamelin, peintre obscur, n’attendaient point de merci de leurs ennemis. Ils n’avaient de choix qu’entre la victoire et la mort. De là leur ardeur et leur sérénité.

Voyage au bout de la nuit
8

Voyage au bout de la nuit (1932)

Sortie : 15 octobre 1932 (France). Roman

livre de Louis-Ferdinand Céline

Venantius a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Autant ne pas se faire d’illusion, les gens n’ont rien à se dire, ils ne se parlaient que de leurs peines à eux chacun, c’est entendu. Ils essaient de s’en débarrasser de leur peine, sur l’autre au moment de l’amour, mais alors ça ne marche pas et ils ont beau faire, ils la gardent tout entière leur peine […] C’est à cela que ça sert, à ça seulement, un homme, une grimace, qu’il met toute une vie à se confectionner, et encore qu’il arrive même pas toujours à la terminer tellement qu’elle est lourde et compliquée la grimace qu’il faudrait pour exprimer toute sa vraie âme sans rien perdre.

Les Braises
7.7

Les Braises

A gyertyák csonkig égnek

Sortie : 1942 (France). Roman

livre de Sándor Márai

Venantius a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

“Être différent de ce que l’on est… est le désir le plus néfaste qui puisse brûler dans le cœur des hommes. Car la vie n’est supportable qu’à condition de se résigner à n’être que ce que nous sommes à notre sens et à celui du monde. Nous devons nous contenter d’être tels que nous sommes et nous devons aussi savoir qu’une fois que nous aurons admis cela, la vie ne nous couvrira pas d’éloges pour autant. Si, après en avoir pris conscience, nous supportons d’être vaniteux ou égoïstes, d’être chauves ou obèses, on n’épinglera pas de décoration sur notre poitrine. Non, nous devons nous pénétrer de l’idée que nous ne recevrons de la vie ni récompense ni félicitations. Il faut se résigner, voilà le grand secret.”

Le 6 Octobre
8.3

Le 6 Octobre (1932)

Les Hommes de bonne volonté, tome 1

Sortie : 1932 (France). Roman

livre de Jules Romains

Venantius a mis 9/10.

Annotation :

Et Paris qui les attendait sous ce crépuscule d’octobre, Paris s’ouvrait comme une main chargée de pouvoirs, traversée d’influences contraires, sillonnée de lignes secrètes que le regard des visiteurs, du haut des monuments, n’avait pas aperçues, qui ne figuraient sur aucun plan, qu’aucun voyageur des trains ne verrait mentionnées sur son guide, mais qui commandaient même de loin les attractions, les répulsions, et selon lesquelles se faisaient à chaque minute toutes sortes de choix individuels et de clivages de destinées. […] Il y avait la ligne de la richesse qui courait comme une frontière mouvante et douteuse, souvent avancée ou reculée, sans cesse longée ou traversée par un va-et-vient de neutres et de transfuges, entre les deux moitiés de Paris dont chacune s’oriente vers son pôle propre : le pôle de la pauvreté, dont les pâles effluves, les aurores vertes et glacées oscillaient alors de la rue Rébeval à la rue Julien-Lacroix. Il y avait la ligne des affaires qui ressemblait à une poche contournée, à un estomac de ruminant accroché à l’enceinte du Nord-Est, et pendant jusqu’au contact du fleuve. Il y avait la ligne de l’amour charnel, qui ne séparait pas, comme la ligne de la richesse, deux moitiés de Paris de signe contraire ; qui ne dessinait pas, non plus, comme la ligne des affaires, les contours et les renflements d’un sac. Elle formait plutôt comme une forme de traînée elle marquait le chemin phosphorescent de l’amour charnel à travers Paris, avec des ramifications, çà et là, des aigrettes ou de larges épanchements stagnants. Elle ressemblait à une voie lactée.

Crime de Quinette
8.5

Crime de Quinette (1932)

Les Hommes de bonne volonté, tome 2

Sortie : 1932 (France). Roman

livre de Jules Romains

Annotation :

Le génie de la société est justement de vous rendre faciles, agréablement glissants, des passages, des transitions, des changements d’attitude, et aussi, hélas ! d’altitude que la pensée de l’homme seul lui signalait en toute solennité comme des précipices, et en avant desquels elle avait établi toute une série de palissades.

Les Amours enfantines
8.3

Les Amours enfantines (1932)

Les Hommes de bonne volonté, tome 3

Sortie : 1932 (France). Roman

livre de Jules Romains

Annotation :

“Leur dire que mon père est instituteur dans une bourgade ? Qu’est-ce que ça signifie pour eux ? Ils s’en autoriseront pour le mépriser. Pour me mépriser, moi aussi, dans mes origines ; mais d’abord pour le mépriser, lui. Je ne pourrais pas tolérer leur petit air soudain déçu, ou condescendant. Ou alors, il faudrait leur lancer ça d’un ton de bravade : le ton du monsieur “qui ne rougit pas de ses origines, ah ! mais non !” J’ai horreur de cette vantardise à rebours. La seule réponse que j’aie envie de leur faire, c’est : “Laissez donc mes parents tranquilles. Ils vous valent bien.”

Eros de Paris
8.9

Eros de Paris (1932)

Les Hommes de bonne volonté, tome 4

Sortie : 1932 (France). Roman

livre de Jules Romains

Annotation :

Haverkamp ne se doute pas une seconde que dans quelque civilisation future le mangeur de viande rouge, considéré comme un criminel, et étudié par les psychiatres, se cachera des autres hommes pour accomplir son forfait et n’y pourra parvenir qu’en appelant dans son cerveau des images délirantes et en vidant ses nerfs d’un seul coup.

Les Superbes
7.9

Les Superbes (1933)

Les Hommes de bonne volonté, tome 5

Sortie : 1933 (France). Roman

livre de Jules Romains

Annotation :

Dès qu'il en arrivait au sentiment, il se trouvait si gauche, qu'il en arrivait à découvrir la timidité. La matière à traiter lui semblait d'une simplicité décourageante. ‘Je t'aime’ ou ‘Tu me plais’. Il n'apercevait rien là qu'on pût développer ; il était incapable d'imaginer des variations. C'est le cas de beaucoup. Mais la plupart des femmes sont peu difficiles. On les satisfait très bien avec des phrases ramassées n'importe où, ressassées mille fois. Elles y goûtent même une sécurité. Elles reconnaissent que ce qu’on leur débite a cours en pareille circonstance, est de bon ton ; prouve l’éducation de qui le prononce, et la qualité de qui se l’entend dire. Comme les formules de fin de lettre sont bien reçues, non en dépit mais en faveur de ce qu’elles ont de conventionnel. Une terminaison insolite n’est à risquer qu’entre gens d’esprit qui se connaissent bien.

Venantius

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