Moma, I wanna sing wock'n'woll ! (Messieurs)

Little Richard.
Né du gospel on a peine à le croire, dévergondé, extravagant, hurlant et parfait.
-Keep a Knockin'
-Lucille
-Long Tall Sally...

Elvis Presley, tout est dit. Cris et gémissements, ténor et basse, luxure et fleur bleue, l'allumette qui met le feu aux poudres.
-That's all Right Mama
-Jailhouse Rock
-His Lastest Flame (Mary's the name)...

Brut, grave et profond, Johnny Cash est souvent en colère et ses textes sont taillés dans les pierres les plus dures. Parfois, quand il tente le romantisme il laisse tomber la pioche et nous livre des joyaux finement ciselés.
-Cocaine Blues
-Folsom Prison Blues
-Hurt (Nine Inch Nails)

Buddy Holly l'eternel adolescent à la voix charmante et innocente laisse percevoir une sensibilité nouvelle dans le rock ainsi qu'une maligne ironie.
-Everyday
-That'll be the Day
-Oh Boy !

Bob Dylan chante tout faux, nasillard et traînant, mais sa voix épouse à merveille son folk electrique ou pas unique et fondateur.
-The Times They are a Changin'
-Stuck in Mobile With the Memphis Blues Again
-Rainy Day Women ♯12 & 35

John Lennon, parfois rocker, parfois cajôleur, sa voix chargée de son accent forcé et d'un pincement ironique est reconnaissable entre toutes. Habile dans les aigus faussement innofensifs, il sait également rugir ou hypnotiser à l'envi.
-Stawberry Fields
-Jealous Guy
-I Am the Walrus...

Paul McCartney le petit surdoué semble savoir tout faire, hurler comme Little Richard, mais aussi nous tirer des larmes tant son timbre est chaleureux et profond sur Golden Slumbers ou dans les plus belles envolées de The Back Seat of my Car sur Ram.
-Golden Slumbers
-The Back Seat of my Car
-Helter Skelter

Mick Jagger rugit, feule et miaule, parfois lion, parfois panthère et parfois minet. Mais toujours félin ça c'est sûr.
-Paint It Black
-Sympathy for the Devil
-Under My Thumb...

Eric Burdon tire tout l'or du blues dans sa voix qui semble provenir du plus noir des bordels de la Nouvelle Orleans...mais en Angleterre.
-Don't Let me be Misunderstood
-House of the Rising Sun

Eux tous.
La pop obtient ses lettres de noblesse avec les harmonies méticuleuses, ses plaintes adolescentes nimbées du soleil californien et sa volonté d'en explorer les limites les plus reculées.
-Good Vibration
-God Only Knows
-Wouldn't it be Nice

Roger Daltrey chante avec ses tripes, et même un peu plus bas. Il ne semble être qu'energie, contenue ou libérée, celle du blues et de la colère.
-My Generation
-Behind Blue Eyes
-Baba O'Riley

Jim Morrison le crooner bluesman sous acides produit les incantations les plus marquantes du genre. Quand il hurle, c'est le déchainement d'une tempête.
-People are Strange
-The End
-Break on Through (To the other side)

Robert Plant évolue entre blues roots et orientalisme pour porter la musique de Led Zeppelin encore plus haut. Aigüe, râpeuse ou parfois incroyablement pure, la voix de Plant semble ne pas avoir de réelles limites.
-Whole Lotta Love
-Stairway to Heaven
-D'Yer Mak'er

Rod Stewart est peut-être enroué, ça ne l'empêche pas d'emmener le projet de Jeff Beck à des cîmes de rock'n'roll rarement atteintes. Trop connu pour ses tubes des années 70-80, Rod Stewart mérite une oreille plus attentive à ses cris les plus flamboyants.
-Jailhouse Rock (Elvis)
-Da Ya Think I'm Sexy

John Fogerty ne vient pas de la Nouvelle Orléans non plus, il n'est pas issu de l'écurie Sun Records et il n'est pas le fils de Little Richard. Pourtant on y croirait.
-Fortunate Son
-Have You Ever Seen the Rain
-Born on the Bayou

Ozzy Osbourne chante avec l'énergie du désespoir, c'est souvent à côté, presque toujours gueulard, mais à chaque fois poignant. Entre gémissement et hurlement dément, la voix d'Ozzy contient tout l'esprit de Black Sabbath et n'a jamais encore trouvé d'équivalent.
-Black Sabbath
-Paranoid
-Crazy Train

Flexible au point d'en être mutante, la voix de Bowie évolue dans le temps et l'espace comme rarement entendu. Grave, riche, suraigüe, pincée, nasillarde, inquiétante, innocente, hypocrite, lyrique, mécanique, nasale, limpide, trouble...
-Changes
-Golden Years
-Station to Station

Entre camisole de force et chambre capitonnée, la voix d'Alice Cooper évolue sur des territoires qu'on n'avait guère trop explorés avant lui. Mi-haute, aigrie ou teintée d'une douceur désespérée, elle parcourt un spectre plus étendu que ne le laisse croire l'image de sorcière qu'il laisse paraître avec humour. Capable des ricanements convulsifs les plus inquiétants comme de l'imitation très convaincante de Johnny Cash, Alice Cooper est un interprête particulièrement habité et convaincant.
-The Ballad of Dwight Frye
-No More Mr Nice Guy
-Steven...

Brian Ferry chante bizarrement. C'est peu dire, entre soul et hyperespace, sa voix distordue des débuts a quelque chose d'extra-terrestre.
-Ladytron
-See Breezes
-Jealous Guy (John Lennon)

Lou Reed est doté d'un chant cynique, désabusé et monotone, limité aussi mais pleinement conscient de ce dont il est capable, voilà qui nous plonge dans un rock arty et ironique tout autant que plaintif et habité.
-Sunday Morning
-The Bed
-Perfect Day

Ronnie Von Zant vous donnera envie (avec ses comparses) de prendre la route (mais pas l'avion) à travers l'Alabama. Sa voix a les accents rebelles et vachards d'un merveilleux redneck et elle vous fera pleurer d'émotion dans votre Jack Daniel's lors du mythique Freebird.
-Gimme Three Steps
-Freebird
-Sweet Home Alabama

Iggy Pop n'est pas un chanteur lyrique. Il s'en fout un peu d'être juste ou d'avoir une belle voix ou même de chanter pour ainsi dire. Seulement, qu'il hurle avec les Stooges ou qu'il ânonne avec classe sur The Idiot, Iggy est le meilleur dans ce qu'il fait. Immortel et inimitable (c'est pas faute d'avoir essayé).
-I Wanna Be Your Dog
-Nightclubbing
-The Passenger...

Freddie Mercury introduit le lyrisme vocal dans le rock avec pertes, fracas et majesté (et moustache). Qu'on le taxe de mauvais goût et on aura souvent raison, mais ses qualités techniques sont indéniables et impressionnantes de maîtrise, de clarté et aussi de puissance. Aucun n'aura maîtrisé à ce point son organe aux multiples registres.
-Keep Yourself Alive
-Love of My Life
-Don't Stop me Now...

Johnny Rotten signe par son chant arythmique et paranoïaque l'arrêt de mort des grands anciens. Il dispose pourtant d'une maîtrise totale de son style unique, bien plus travaillée que l'esprit punk ne le laisse penser.
-God Saves the Queen
-Anarchy in the UK
-Rise (PIL)

Ian Curtis et sa voix d'outre tombe traumatiseront la scène gothique à jamais. Fan jusqu'à la mort d'Iggy Pop, il lui emprunte ses accents austères et grâves de The Idiot pour les coupler à ses propres démons. Parfois fragile, parfois impérieuse, la voix de Curtis est celle d'un malaise rarement si crûment exprimé.
-Love Will Tear us Apart
-Transmission
-She's Lost Control

Joe Strummer a la voix erraillée d'un écumeur de pubs autant que celle d'un meneur de troupes. Habité du feu sacré punk, il portera le genre vers d'autres horizons et d'autres expériences, porté par ses aboiements merveilleux.
-London Calling
-The Guns of Brixton
-This is England

Joey Ramone apporte au punk une nouvelle facette, celle de la fragilité et d'un certain aspect bubble-gum de la chose. Entre Lou Reed et les Ronettes comme on l'a souvent dit, sans technique particulière ni effets impressionnants, Joey est pourtant reconnaissable entre tous.
-Blitzkrieg Bop
-I Wanna Be Sedated
-Do You Remember Rock'n'Roll Radio ?

Le titanesque chanteur cache un organe à sa mesure. Flamboyant, turgescent, grandiose et théâtrale, son chant impressionne par une technique et une apparente absence de limites.
-Bat Out of Hell
-Paradise by the Dashboard Light
-I Would do Anything for Love

David Byrne ressemble à Anthony Perkins dans psychose, et il semble bien que son chant soit habité également par quelque chose de pas très sain. Entre timidité et crises schizoïdes, son chant évolue au gré de soubresauts encore inédits avant lui.
-Psycho Killer
-Once in a Lifetime
-Road to Nowhere

C'est déjà pas évident de jouer de la basse et de chanter en même temps, pourtant Sting comme Paul McCartney avant lui tente le challenge. Il s'en sort brillamment avec sa voix haut perchée et parfois effeminée en tout cas décomplexée. Sa carrière solo lui permettra d'aborder d'autres registres, révèlant une voix ciselée quoique erraillée des plus marquantes.
-So Lonely
-Message in a Bottle
-Russians