Mon Top 1973

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Depuis le 10 juin dernier, jour de la séance de 2022 que j'attendais avec le plus d'impatience, je n'ai cessé de chercher un angle d'attaque pour écrire une critique à propos de ce monument, de l'émotion qui m'a étreint au moment où la lumière s'est éteinte dans la salle, au moment de rencontrer pour la première fois sur grand écran ce film devenu invisible.

Mais je crois que tout a été dit sur "La Maman et la Putain", sur la fulgurance, l'impertinence, l'intelligence, la modernité des dialogues, sur le trio d'acteurs qui par leurs différences arrivent à l'alchimie parfaite, sur la manière dont Eustache est à la fois un acrobate et un maniaque de la mise en scène, de l'utilisation des espaces. Mais aussi de ce que l'homme Eustache y dit de lui-même, de ses failles innombrables, de sa mort à venir, de ses manipulations.

En revanche j'avais oublié une chose : à quel point ce monstre de 3h40 qui parait en faire une était drôle, et à quel point le rire pouvait faire place aux larmes en l'espace d'une seconde, comme lors du monologue déchirant de Françoise Lebrun.

On dit de certains films qu'ils sont intemporels, qu'ils ne vieillissent pas, en voici l'exemple parfait.

Note inchangée de 10

(Pour mieux saisir l'aspect vertigineux du film, tout ce qui s'y cachait, y compris de plus inavouable, et qui était Eustache, je ne peux que vous encourager à lire "Au travail avec Eustache" de Luc Béraud.)

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Instinctivement, si je dois citer le film qui a déclenché en moi la passion du cinéma, je réponds sans hésitation "Le Rayon vert". Mais la découverte de cette mise en abyme aussi généreuse que vertigineuse fut également un instant inoubliable et fondateur.

J'étais tombé amoureux grâce à Rohmer, je décidai de jurer fidélité grâce à Truffaut.

« Ne fais pas l'idiot Alphonse, tu es un très bon acteur. Le travail marche bien. Je sais, il y a la vie privée, mais la vie privée, elle est boiteuse pour tout le monde. Les films sont plus harmonieux que la vie Alphonse, il n'y a pas d'embouteillage dans les films, il n'y a pas de temps mort. Les films avancent comme des trains, tu comprends ? Comme des trains dans la nuit. Les gens comme toi, comme moi, tu le sais bien, on est faits pour être heureux dans le travail, dans notre travail de cinéma. Salut Alphonse, je compte sur toi. »

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James William Guercio, ancien manager de Chicago et compositeur, n'a réalisé qu'un film et là on n'est pas d'accord parce qu'il est trop doué le mec. Il sait tout faire, il fait chialer ta rétine mais aussi tes cages à miel. Zyva, mate et écoute ça frérot...

https://youtu.be/WVcpSlaKbBk

Dès le générique d'ouverture, ça gigote sévère dans ton slip, et tu comprends d'entrée que tu vas vivre un truc pas banal.

https://youtu.be/rf7viBAdV2Q

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http://www.senscritique.com/liste/Spielberg_mon_histoire_d_amour_haine/75794

http://www.senscritique.com/top/Les_meilleurs_films_de_Steven_Spielberg/435610

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Piccoli, Coluche, Dewaere, Bouteille, Guybet, Miou-Miou, Popeck, la plupart des acteurs du Café de la Gare.. et la grue de Dédé dans ce que le ciné anar des années 70 a produit de plus perché et dérangeant.

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Ce film aura mis 34 ans à arriver sur les écrans français tant les distributeurs considéraient que le public ne souhaitait pas voir Sean Connery dans un rôle aussi sombre et ambigu, rôle que ce dernier avait pourtant fait des pieds et des mains pour endosser.

Ambigu ce "The Offence" l'est, déstabilisant, dérangeant dans sa manière de traiter la question du bien et du mal et en refusant de caresser le spectateur dans le sens du poil avec une hypothétique dose finale de manichéisme confortable.

Tout ici provoque le malaise, celui censé représenter la loi, donc le bien, étant tout aussi sombre et "dérangé" que la figure du mal qui lui fait face. Mais lui fait-il réellement face ? La question peut se poser mais je n'en dirai pas plus.

Connery est dément, Ian Bannen tout autant, tous deux dirigés par un immense Sidney Lumet qui orchestre le tout quasiment à la manière d'un film d'horreur, marquant la rétine avec ces flashs qui ne sont pas sans rappeler ceux de son "Point limite".

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Pas loin de penser que ce "Fat City" est le meilleur film sur la boxe avec "Nous avons gagné ce soir". Bien que se concentrant moins sur le noble art que le Robert Wise et plus léger en apparence il est d'une profonde noirceur, dressant un portrait sans concession de l'American Dream, avec ses laissés-pour-compte qui ne sont pas sans rappeler ceux de Barbet Schroeder dans "Barfly".

John Huston, grand touche-à-tout, avait une qualité précieuse, savoir s'entourer, et ici il a fait appel à Conrad L. Hall pour la photographie, et le résultat est assez prodigieux, comme si le désespoir ambiant devait passer par le grain de l'image plutôt que par les mots.

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Je tiens ma promesse faite il y a des mois, celle de ne jamais finir une journée, une soirée ou une nuit sur une note négative.

Alors je dégaine avec un bonheur non dissimulé un anti-"Shame", un truc d'une générosité et d'une sincérité absolues. Peckinpah ne place jamais la morale à l'endroit habituel, ici la violence est stylisée et chorégraphiée comme dans le cinéma asiatique, on est dans le fun pas con qui refuse de psychologiser avec une Ali MacGraw la brune qui se pose en contre-point absolue d'une certaine rousse peine-à-jouir dans le métro.

Désolé pour ceux qui n'auraient pas vu les deux films, mais Peckinpah n'a pas honte lui, et ça fait du bien....

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Enfin revu ce truc dinguo et ça a à peine vieilli, à part peut-être la fin un peu laborieuse. C'est délicieusement amoral, joyeusement décontracté du slip, prodigieusement halluciné.

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Décidément dès qu'on réunit Costa-Gavras et Yves Montand ça envoie sérieusement du pâté. Il y a un côté "Missing - 10 ans avant" dans cet "État de siège" suffocant, qui garde en permanence sa ligne directrice : refuser le spectaculaire tout en faisant grimper la pression par le huis-clos, par l'enfermement et la dégradation psychologique du protagoniste principal, et donc du spectateur.

Du travail d'orfèvre, tout simplement.

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Cette Palme d'Or 1973 est en quelque sorte un buddy movie avant l'heure, assez typique d'un certain cinéma américain de l'époque qui sentait la bière, l'asphalte et la baston, avec son mélange de décontraction et de profondeur.

Le duo Gene Hackman-Al Pacino est époustouflant, baladant un charisme dingue dans ce récit qu'on pourrait croire simpliste, mille fois vu, mais qui révèle ses strates de rugosité au fil des minutes, jusqu'à cet épilogue qui vous cloue sur place.

Retenez-moi, je suis à deux doigts de passer en mode vieux c.. et à un cheveu de déclarer pompeusement : « Ce cinéma me manque ».

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Ce "Privé" est un pur film d'ambiance, de rythme, à tel point que l'énigme policière en devient secondaire, que zéro degré de plaisir ne serait retranché si aucune réponse ne nous était donnée. Il y a une tension et pourtant c'est vibrant, ça swingue, c'est fun, par ces dialogues qui pétillent et Elliott Gould qui trimballe sa carcasse et son incroyable charisme.

Et puis ce film m'a rappelé - J'avais eu tendance à l'oublier à cause de sa fin de carrière pas toujours inspirée - à quel point Altman fut un grand cinéaste. S'il ne l'avait pas été une scène comme celle de la noyade ou un plan sur un personnage s'éloignant dans une allée n'auraient pas existé.

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De Carlos Saura à Victor Erice il n'y a qu'un pas puisque ceux qui ont été bouleversés par les yeux ronds de la petite Ana Torrent dans cet "Esprit de la ruche" le furent tout autant trois ans plus tard avec le magnifique "Cría cuervos".

Erice signe là un conte macabre aussi émouvant que fascinant, une exploration de l'imaginaire enfantin traversée de plans superbes ou de visions inquiétantes. Guillermo del Toro a certainement vu et revu ce film, et peut-être lui aussi un jour convoquera-t-il la magie du cinéma en faisant revivre Frankenstein.

(Le cinéma est décidément l'univers de tous les possibles, Ana Torrent et Victor Erice n'avaient plus collaboré depuis 1973, cinquante ans plus tard Cannes va à nouveau les accueillir tous les deux : https://www.senscritique.com/film/fermer_les_yeux/55674653)

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Attention Bertrand Cantat, Jean-Louis Trintignant est quand même un peu soupe au lait

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J'ai rêvé d'un Kung Fu Pian hongkongais des années 70 dialogué par Guy Debord, Philippe Poutou et Laurent Baffie, doublé par Patrick Dewaere et Roland Giraud, René Viénet l'a fait.

Une voix de merde nous l'annonce dès le début : "Le premier film entièrement détourné de l'Histoire du cinéma". Voici donc le petit frère complètement zinzin de "La Classe américaine (Le Grand détournement)" d'Hazanavicius et Mézerette.

Mais ici c'est un film entier qui est manipulé, "Tang Shou Tai Quan Dao" de Tu Kuang-chi, dans un esprit totalement soixante-huitard, soit politique et régressif.

Ou quand l'Internationale Situationniste devient pipi-caca...

« - Tu t'mets l'doigt dans l’œil.
- Mets-le moi ailleurs.
- Pas aujourd'hui, peut-être ce soir. »

« Et maintenant l'affrontement du bon Jules contre l'affreux Jojo. Et là pas de suspense, tout le monde sait qui va l'emporter, sauf les cons bien sûr. »

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Quelle formidable surprise, tant j'y suis allé à reculons. Du western (spaghetti), du Terence Hill, je m'attendais à un cauchemar et malgré une entame un peu laborieuse, ce fut une régalade.

Hill est épatant dans le mode burlesque, Henry Fonda est beau comme un camion, l'histoire d'amitié est particulièrement bien traitée, et cerise sur le gâteau la mise en scène est terriblement inventive, et même majestueuse durant certaines séquences, en particulier quand surgit l'incroyable horde sauvage.

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C'est ça qui est formidable avec les grands réalisateurs, une petite déception est vite rattrapée. Il m'a suffi d'aller voir comment Anna, troublante Geraldine Chaplin, se débrouillait au milieu des loups. La filiation artistique de Carlos Saura avec Luis Buñuel est ici évidente, c'est donc surréaliste, cruel et drôle. Mais quand surgit la dernière scène on perd soudainement le sourire...

(Je ne savais pas que le tout aussi jouissif "Maman a cent ans", tourné sept ans plus tard, était en quelque sorte une suite de ce film.)

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Le faits divers dont s’inspirent ces "Noces rouges" avait tout pour séduire Chabrol : la morgue de sa bourgeoisie de province fétiche, une histoire d’amour vénéneuse, Michel Piccoli, Stéphane Audran et Claude Piéplu servant magistralement ce récit policier pervers en diable.

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Quel pied, mais quel pied ! Ce symbole de la blaxploitation est un pur plaisir régressif. Même si on parle parfois de film féministe c'est avant tout un cocktail d'action, de fesses, de dialogues outrés, d'humour à deux balles, de violence gratuite.

Et il y a la bombe Pam Grier, découverte par Russ Meyer et Roger Corman puis ressuscitée par Tarantino, qui n'interprète pas Coffy, première héroïne noire en mode Charles Bronson, elle EST Coffy. D'ailleurs que serait ce film-bonbon sans elle ? Probablement une série B sans grand intérêt.