Ozu: Fuite du temps, tatami, et Rien 無

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Comme un semblant de féminisme chez Ozu.

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Au début du film, dans le train, le père et la fille sont tous les deux debout. Puis il est assis et elle debout, il lui demande si elle veut s'asseoir, mais elle refuse car elle préfère qu'il soit bien. Alors qu'on sait qu'elle a été très malade et qu'elle se remet. Puis ils sont tous les deux assis côte à côté. Dans un monde idéal, ça aurait dû se passer ainsi. Mais les conventions, la pression sociale fait que le père ne sera plus assis ou debout près de sa fille, allant dans la même direction, chacun attentionné à l'égard de l'autre. Non, il faudra qu'elle épouse un homme car c'est ce que son père lui demande, et qu'il mente pour qu'elle épouse cet homme, et les deux seront malheureux pour le reste de leur vie, en ayant agi pour ce le soi-disant bonheur de l'autre, mais en allant à l'inverse du bonheur de l'autre. Le regard puissant de Setsuko Hara. Le sourire doux de Chishū Ryū. Un vase. Une pomme. Les vagues. Et la tristesse du monde.

Yasujiro Ozu et Kogo Noda. Pour toujours.

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Belle réflexion sur le langage comme fonction sociale nécessaire, à travers les petits riens du quotidien. On y perçoit presque un côté Tati. Tendre et drôle. Et c'est impressionnant comme Ozu savait filmer en couleurs!

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Dernier film en N&B d ‘Ozu et aussi un de ses plus sombres (le plus sombre à ma connaissance), Crépuscule à Tokyo aurait surtout pu être un mélodrame pénible devant la caméra d’un autre cinéaste, mais la cohérence, la rigueur et surtout la retenue d’Ozu élèvent les sentiments et ses personnages jusqu’à atteindre une forme de grâce au sein même d’un processus de détérioration. Ce film sonne comme le témoignage d’un dysfonctionnement face auquel on se résigne dans le malheur ou dans la solitude, où dans lequel on meurt, tout simplement. La dernière scène restera comme l'une des plus tristement belles d'Ozu.

Et pour toujours: Setsuko Hara et Chishû Ryû.

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Dans cette variation de Late Spring et avec une méticulosité esthétique toujours aussi prononcée, Ozu offre un merveilleux film sur le temps. Celui qui passe comme un train au loin, et que l’on salue. Un film qui se situe dans ce lieu de passage entre une génération et la suivante. Ayako s’habille de façon moderne (avec un petit côté Audrey Hepburn), tandis que sa mère Akiko (magnifique Setsuko Hara) porte le kimono, instaurant un contraste constant sans jamais ternir le lien extrêmement fort qui les unit. Et puis il y a le personnage de Yukiko, sublime lors de sa confrontation avec ces trois hommes bien maladroits. Trois femmes fortes chacune à sa façon, et trois hommes pathétiques un peu d’une même façon.

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Juste un brin trop mélo pour être le plus grand film d'Ozu, mais grand film pareil, sur le temps, sur la famille, sur la modernité. Et tellement, tellement de linge à sécher, magnifique.

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Tristesse et beauté, et passage du temps. On vieillit, on devient triste et seul. Les parents doivent laisser leurs enfants partir comme s’ils se sacrifiaient, comme s’ils sacrifiaient leur bonheur plutôt que leur vie. Il suffit de penser à cette scène où la fille, jouée par Haruko Sugimura, restée près de son père fond en larme, lucide sur l’échec de leurs vies.

Le Goût du saké est bien sûr similaire dans ses thématiques aux précédents films d’Ozu, thématiques abordées avec la même force, mais c’est en plaçant ses personnages dans ce contexte social post-défaite de la guerre que la mélancolie s’approfondit. Un regard sur le temps, un regard sur le Japon, où l’Occident s’immisce de plus en plus. Tout semble se faner.

« Where have you come from? A funeral?
(revenant du mariage de sa fille:) - Something like that. »

Je suis content que An Autumn Afternoon (Le goût du saké) ait été le dernier film d'Ozu, et non The End of Summer (Dernier caprice), parce que je n’aurais pas voulu que son dernier film soit pour la Toho, je suis content qu'il ait fini avec la Shōchiku.

Je suis content que ce soit son dernier film, parce que je n’aurais pas aimé qu’il finisse sur des plans de corbeaux, non, et je préfère un Chishū Ryū triste et seul, comme nous le sommes nous-mêmes, spectateurs-trices, dans ce monde sans Ozu.

Je suis content parce que Autumn Afternoon fait écho à Late Spring, le film qui avait définitivement soudé le magnifique duo Ozu/Noda, comme une boucle bouclée, comme Ozu, mourant le jour de son 60e anniversaire.

La seule chose étrange dans l'équation, c’est ce changement de motif pour le générique. Il nous a bien surpris avant la fin.

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Un personnage antipathique face à ses contradictions, et voici qu'Ozu tisse un de ses films les plus précis, les plus affûtés, et tout cet agencement dans son premier film en couleur.

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Setsuko Hara... Yôko Tsukasa...

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Shin Saburi est dans mon esprit associé à son rôle de père antipathique dans Fleurs d'équinoxe, aussi était-ce plaisant de le retrouver en mari sympathique ici, face à une épouse égoïste. Oubliant la dimension sociale, Ozu se concentre davantage sur ses personnages, avec sa simplicité coutumière et ô combien efficace. La caméra se permet encore de bouger, mais sans jamais détruire la composition du plan. De plus en plus touché, on suit ce couple, jusqu'à cette merveilleuse scène de repas... et ce bonheur de retrouver Chishû Ryû, surtout chantant. Le Goût du riz au thé vert est une étape sur le chemin de la perfection.

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Il y a eu pas mal d'ennui tant l'installation prend les deux tiers du film, pour offrir le dernier tier tant attendu. Mais un dernier tier si puissant qu'il justifie le "long" début long, malgré l'excellente direction des enfants. Et puis ces trains qui ne cessent de passer...

Bonjour et Gosses de Tokyo se complètent: Bonjour n'atteint jamais la force de la confrontation de Gosses de Tokyo, mais se montre plus régulier dans son processus, voire plus plaisant dans sa façon d'aborder le conflit générationnel, tout en utilisant mieux les adultes.

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Le spectateur, lui, n'a pas oublié son sourire, ou si c'était le cas, Ozu sait le lui rappeler, et ce dans une histoire a priori tout ce qu'il y a de plus simple. Déguiser le compliqué en simple, un des pouvoirs du cinéastes.

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Autant Shin Saburi campe l'un des personnages les plus agaçants dans Fleurs d'Equinoxe, autant son personnage livre ici l'une des scènes les plus satisfaisantes qui soient, avant un peu plus tard d'en livrer une autre très drôle et inattendue.

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Premier film d'Ozu après la guerre.

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Premier film parlant.

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Ozu est connu pour ne jamais filmer les grands moments (souvent, les mariages, les rencontres arrangées, etc.) qui se situent trop en dehors du banal, du quotidien. Dans That's Night's Wife, il y a cette séquence magnifique, si simple, si efficace: La nuit, l'épouse tient en joue le policier avec deux revolvers. Fatiguée, elle lutte contre le sommeil. Des plans et travellings montrent le lever du jour. Dans la rue, un livreur de lait dépose des bouteilles pleines et récupère des vides. Dans l'appartement, la femme se réveille et voit qu'elle n'a plus les revolvers, que le policier les a récupérés. Ainsi: côté temporalité, on a le passage de la nuit au jour, symbolisé par un livreur de lait qui échange des bouteilles, indiquant ce qu'il se passe hors-champ: un échange de revolver, un transfert de pouvoir. Y a pas à dire, le muet, c'est redoutable. Mais dommage que le rythme ne soit pas plus tight.

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Un film étrange, peut-être parce qu'il est le dernier tourné avant la guerre pour le cinéaste. À la fois le plus autobiographique et personnel, mais aussi le plus discutable de ses films, quant aux valeurs du travail primant sur tout et permettant le bonheur, le père fier de n'avoir jamais pris un congé maladie et qui atteindra la dignité dans la mort, etc. Il y a tout cette ambiguïté, cette lutte entre Ozu et les valeurs de son pays, et comment il tend, à travers le fils, à nous questionner sur cette question du bonheur. Au final, le fils dira que cette courte période avec son père fut la plus heureuse de sa vie, et par cette affirmation contredira le mode de pensée nationaliste de son père. Ce film enrichit aussi l'univers d'Ozu, complétant avec sa relation monoparentale Le Fils unique, au point d'en être, sur bien des aspects l'envers.

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Seuls quelques minutes ont été retrouvées de ce film perdu, et de ces vestiges, on entrevoit ce qui aurait été une œuvre forte du cinéaste.

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Sauvé de justesse par ses dernières minutes, ce court en devient attachant.

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Mon seul intérêt résidait dans le faire de revoir les acteurs de I was born, but... tout en explorant le travail d'Ozu avant qu'il ne deviennent Ozu. Cependant, le slapstick est un genre face auquel je peux être assez hermétique (malgré pour amour infini pour Buster Keaton).