" C'est la vie de théâtre, quand c'est fini c'est pour recommencer"

Annotation :

Je n'aime pas les textes de Corneille.
Je ne comprends pas la fascination autour de ces pièces.
Il y a un respect nostalgique qui ne me plaît pas en tant qu'apprenti comédien.

C'est avec cet a priori de classique poussiéreux et désuets de résonance contemporaine que je commençais ma lecture de ce Médée, pièce méconnu par le grand public et première tragédie de Corneille.
Certes, la langue y est belle; mais vraiment la lecture n'a pas été de tout repos.
A l'exception des deux monologues de Médée et de la dernière scène entre cette dernière et Jason, rien ne m'a vraiment marqué.
Seul Médée et sa folie maîtrisée subsiste dans notre cerveau à la fin de la lecture.

Annotation :

Autant " L"inattendu " est dispensable, autant " Autour de ma pierre, il ne fera pas nuit " a été une vraie claque.

D'une intensité grande, on suit la trajectoire de deux frères pilleurs de tombes et de leurs relation avec l'amour et la mort.
L'écriture de Melquiot est percutante, incisive, sait où elle va et ne rate pas sa cible dans cette pièce.
Première lecture de cet auteur qui me donne envie de creuser un peu plus son univers et son oeuvre.

- A acheté -

Annotation :

Lu dans la foulée d' "Autour de ma pierre, il ne fera pas nuit ", " Faire l'amour est [...] " ne possède clairement pas la même maturité que la première pièce citée.

Écrite 8 ans avant, cette pièce peine dans sa narration au profit d'une exploration de personnages '' soit-disant '' complexes. Au final, on suit 3 policiers mis sur le banc pour différentes raisons, tout droit sorti des pires clichés d'un livre de Houellebecq avec leur relation difficile à l'amour, au manque et au sexe.

Melquiot n'a pas encore cette écriture percutante que l'on lit dans " Autour de ma pierre [...] " et la conclusion me pose vraiment un sérieux problème dans sa mise en place et dans son discours.
Il subsiste quelques bonnes idées mais elles sont noyées dans un sentiment de quotidien et de relecture perpétuel d'un modèle d'écriture contemporaine déjà daté avant même d'être écrit.

Annotation :

Rarement lire du théâtre m'aura autant mis mal à l'aise, me faire rire et me déprimer.
Le texte de Pommerat transcende toute le livre et n'a pas besoin d'un passage en scène pour être fantastique.
Ici, on nous décrit des tableaux traitant de l'amour ou plutôt " du manque d'amour ", dans plusieurs situations, dans plusieurs tons. Et chacune de ces micro-scène mériteraient une analyse et des citations tellement la langue, ici, est magnifique dans toute sa contemporanéité.


La réunification des deux Corées est un de ces textes qui par leur génie vivent très bien comme purement lettres.


La réunification des deux Corées est un de ces textes qui doit se jouer avec un plaisir immense et un respect grandiose car on sait qu'il peut très bien se débrouiller tout seul, sans le comédien.

- A acheté -

Annotation :

* Relecture *

J'écris ces mots 10 minutes après avoir posé " Antigone ".
Je l'avais lu en 5ème et c'était la première pièce de théâtre que je lisais de mon plein gré. A l'époque, j'avais aimé mais je n'avais pas saisi l'essence du texte.
Je sors de cette oeuvre, maintenant, 5 ans après, profondément déprimé.
Ce texte est un cri de révolte qui se heurte à la gaze du réel.
Le Bien et le Mal sont tellement dépassé. Antigone n'est pas totalement juste. Créon n'est pas un tyran.
Tout n'est qu'homme.
Rien de plus.
L'homme ( et le lecteur ) qui accepte la tragédie de la vie.
Et qui choisit ses armes.

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* Relecture *

J'adore Beckett.
Il m'a fait aimer le théâtre et jouer ces pièces sont toujours un plaisir pour moi. Son humour absurde et sa poésie défaitiste me touche au delà de la scène.

Fin de partie est une pièce que je qualifierais de comico-dépressive. Elle est témoin d'une sorte de fin du monde teinté de méchanceté et de nostalgie.
Le théâtre de Beckett a cette force qui le rend aussi ludique à lire qu'à jouer. Chaque dialogue se relève d'une richesse étourdissante tant le sens des mots est maîtrisé par le grand dramaturge.
On est sur du "théâtre-chirurgie", les répliques y sont précises et savent où elles vont.
Et cela est la force de Beckett ; il écrit sur l'absurdité de la vie tout en l'ordonnant parfaitement.

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* Relecture *

Alors ... là je dois raconter ma vie pour expliquer la note.

En attendant Godot est la pièce qui me suit depuis le début de ma vie d'apprenti comédien. Je suis rentré au Conservatoire avec, j'ai passé des concours avec et c'est une pièce que j'ai vu évoluée en même temps que mon jeu.

Cette pièce est pour moi ce qui doit être montré à l'école pour donner envie de voir du théâtre.
Encore plus que dans "Fin de Partie", la forme est parfaite. Mais ce qui m'intéresse encore plus dans cette pièce, outre sa merveilleuse technicité donc, c'est son fond.
Ou plutôt son absence de fond.
Beckett n'en sait pas plus que nous sur les personnages, si Godot existe, qui il est ? ...
Chaque spectateur a sa vision et cela prouve que nous avons là un chef-d'oeuvre du théâtre car l'art scénique est un art collectif qui ne doit pas oublier son public. Et Beckett, il me semble, n'écrit pas pour le théâtre mais pour les gens. Il jette en pâture Vladimir et Estragon à des spectateurs avides de réponses qui vont les analyser eux même, avec leurs façons de penser.
Godot n'est peut être que ces réponses que nous, spectateurs, nous revenons chercher au théâtre et que nous attendons.
Ou alors ils attendent Dieu.( m.d.r )

Personnellement et en conclusion, la pièce me touche car elle retranscrit ce sentiment d'attente, de surplace que j'ai tendance à ressentir. Au final la série " Bloqués " n'est qu'une relecture moderne d'En attendant Godot, témoin d'une jeunesse qui attend désespérément que quelque chose arrive.
Et qui reviens tous les jours au même endroit.

Annotation :

Je suis déjà très fan du théâtre de Sarah Kane avant même de l'avoir approfondi.
Son style et sa vision du théâtre est celle dont je suis le plus proche, l'idéal que je veux atteindre. Une représentation comme une épreuve pour le spectateur, qu'il ressente quelque chose, pas seulement une vague sensation de divertissement.
Purifiés est une pièce complexe, dur, violente mais belle, douce et absurde.
Rarement l'écriture n'a été aussi brut et véridique à la fois.
Purifiées c'est un moment de vie plus que de théâtre.

Annotation :

Dans la continuité de mes recherches sur les héritiers du théâtre de la cruauté d'Artaud, j'ai lu Orphelins en ne sachant rien de la pièce, ni même de son synopsis.
Le texte n'est en soi pas mauvais, loin de là, mais a grandement besoin de la scène pour prendre de l'ampleur. Ici, les mots se retrouvent tragiquement enfermés dans les répliques sans explication. On est alors en face d'un texte convenable mais qui a besoin de l'oralité pour être marquant.
Hâte donc de le voir mis en scène pour attraper toute la portée de cette escalade familiale dans la terreur et la violence ( même si on est bien loin de Sarah Kane et ses tortures )

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* Mérite une relecture *

Annotation :

Sorte de Bible pour comprendre l'oeuvre et la vie de Sarah Kane, dramaturge ayant apporté une Nouvelle Vague dans les années 1990 en Angleterre avec un théâtre sans concession, tant dans la violence extrême que les images poétiques poussées au bout.
Graham Saunders traite de la personne avec un grand respect et une compréhension pointue, les interviews sont intéressants et variées.
Malgré tout, le livre possède toujours en lui une odeur de noirceur et de beauté. Cet ouvrage me paraît être une bonne porte d'entrée à Sarah Kane, préparant mentalement à rentrer dans un monde fait des plus grandes violences et de suicides comme de moments d'amours et de poésies.

Annotation :

Première pièce de Sarah Kane et celle qui la fit connaitre au monde par le scandale qu'elle produisit.
Des images violentes, un discours sur l'amour, un humour noir; on retrouve son style d'écriture dramaturgique qu'elle approfondira lors de ces prochaines créations.
Malheureusement, je trouve que la pièce, tout en restant très bonne, n'a pas la même force que ce qui va suivre, la faute par un symbolisme trop peu centré sur les personnages et une trame plus réaliste.
Sans doute un spectacle à voir plus qu'à lire.

Annotation :

Peut être ma pièce préféré de Kane et sans doute dans mon Top 5 des meilleurs textes théâtrales tout court.
La violence et la poésie ne font plus qu'un où vautours, mises à mort et ennui se croisent.
Très compliqué d'expliquer pourquoi vous devriez lire L'Amour de Phèdre mais sans aucun doute la pièce la plus accessibles de l'héritage de Sarah Kane et une des plus puissantes

Annotation :

A contrario de L'Amour de Phèdre, la lecture de Manque n'est pas chose aisée.
Sorte de poème théâtral par 4 personnages indéfinis, on nage en ces 4 âmes qui nous narrent leurs vies, leurs douleurs, leurs souffrances. Un texte presque cryptique qui est considéré par certains comme " le plus grand texte jamais écrit " et qui pour sûr provoque une expérience à tout ceux qui s'y essayent.

Une immense oeuvre.

Annotation :

Créateur du concept du " théâtre de la cruauté ", Artaud développe dans ce livre une idée d'un théâtre vengeur et sensible qui me touche particulièrement dans la conception du théâtre que je veux réaliser.
Ayant lu Sarah Kane avant, les idées d'Artaud me paraissent certes plus compréhensible mais l'ouvrage possède quelques chapitres écrits plus légèrement qui dresse des parallèles très intéressants ( dont un sur la peste et le théâtre ).
Un ouvrage fondateur du théâtre moderne, beaucoup cité mais très peu égalé, qui se répète un peu parfois par sa forme mais dont le fond est une bouffée d'air frais dans notre théâtre ( malheureusement ) actuel.

Annotation :

J'avais déjà essayé de lire " La Machine Infernale " au collège mais sans succès, le style me laissant sur le carreau.
J'ai donc saisi une nouvelles fois dans ma bibliothèque cette pièce de Cocteau pour lui laisser une seconde chance, appuyé pour mon admiration de l'auteur pour ses " Enfants Terribles ", lu récemment.
A contrario de la majorité, je ne vois pas du tout en quoi cette pièce est une comédie. Certes on rigole un peu, les situations classiques sont modifié mais je trouve la pièce totalement tragique. On y croise des fantômes condamné à disparaître, des amours non partagés et des réflexions sur la souffrance et le destin d'Œdipe.
La machine infernale est la pièce elle même qui avance dans une cadence folle et qui mène ses personnages vers la mort ou la mutilation. L'humour provient plus des personnages que des situations et on est face à une pièce qui joue avec les codes de la tragédie pour sublimer son propos, sa forme et les personnages qu'elle convoque.

Annotation :

" Mangeront-ils " est la première pièce de Victor Hugo que je lis et je partais avec une pensée pessimiste sur la qualité de l'oeuvre, m'attendant à une énième pièce classique trempé dans la nostalgie du théâtre de Racine et de Corneille.
Et bien je suis un jeune con.
L'écriture de Victor Hugo est particulièrement plaisante, drôle, humble.
La forme du récit qu'il nous narre est à la croisée des genres; entre comédie et tragédie, entre symbolisme et réalisme.
Critique acide du pouvoir et de la religion, Hugo surprend par un humour qui marche toujours à notre époque.
Malheureusement, la pièce me semble particulièrement connu et je pense ne pas la voir représentée d'ici tôt mais je reviendrais dessus avec plaisir.

Annotation :

Rarement la lecture d'une pièce m'a été aussi pénible.
L'écriture de Pirandello est laborieuse pendant 3/4 de l'oeuvre et l'action met un temps fou à arriver, les personnages se perdent dans des tirades denses, la langue n'est pas spécialement belle ...
D'un point de vue de la forme, rare sont les pièces qui m'ont autant laissée à l'extérieur de leur proposition textuelle mais qui m'ont accroché par leur propos.
En effet, Pirandello va pousser son concept de "personnages " jusqu'au bout, que ce soit celui qui veut plus d'importances, ceux qui cherchent une vengeance de leur vie fictionnelle.
Les 20 dernières pages sauvent la pièce, selon moi, quand la fiction se heurte totalement dans la réalité, qui n'est elle même pas réelle ...
Les questionnements philosophiques et la vision du théâtre idéal par l'auteur s'ouvre enfin à nous mais il était trop tard pour moi. La fin ne pourra pas racheter le très laborieux départ puis mise en place pour arriver à cet apogée.
Le théâtre méta est donc chiant si mal maîtrisé.

Annotation :

Plus je lis de Pommerat plus je comprend le credo qu'il répète sans cesse en interview : " J'écris des spectacles "
Et en effet, à part le texte de " La réunification des Deux Corées " que je trouve sublime ( cela s'explique sans doute, ayant la chance de l'avoir vu jouer par sa compagnie, par la place centrale que prend le texte grâce à une mise en scène plus sobre qui le laisse respirer au premier plan ), je n’accroche pas plus que ça à ses écrits.
" La Grande et fabuleuse histoire du commerce " est d'un banal, certes intéressant par son aspect documentaire, mais anecdotique d'un point de vue littéraire.

Annotation :

Chroniques rapides de chaque pièce sans trop raconter le synopsis :

* Travail à domicile :
Premier contact avec Kroetz et j'accroche beaucoup avec sa gestion du temps et l'importance du silence et de l'action dans son théâtre. La violence n'en est plus que décuplé et un sorte de voile glaçant se pose sur le lecteur. Sa vision du théâtre me plaît.
8/10

* Une Affaire d'homme :
C'est " Travail à domicile " mais poussé encore plus loin.
On retrouve les très longs silences, les personnages venant de classe populaire pauvres, l’ego masculin mis à mal, des personnages féminins autonomes, la violence ...
Le début met du temps à se lancer mais la dernière scène ( que l'auteur a supprimé plus tard, de peur qu'on transforme son théâtre brut en sensationnalisme ) est une des plus belles choses que j'ai pu lire. Un échange très long de coup de feu entre deux amants, où les balles et les arguments transpercent mais laissent encore vivants mais à l'agonie. Je n'en dit pas plus mais Kroetz réussit à m'intéresser énormément avec cet écrit.
9/10

* Train de ferme
L'écrit le plus faible du recueil, qui souffre de la comparaison avec la pièce précédente. C'est sympathique mais un peu dérangé par sa conclusion. Une pièce mineure comparé aux deux précédentes.
6/10

Annotation :

Première excursion dans l'oeuvre de Copi et je commence par la fin !
Le texte narre la dernière journée d'un acteur attendant la mort sur son lit d’hôpital et qui voit défiler à son chevet; son meilleur ami, une cantatrice ( qui pourrait être chauve ), un journaliste, un docteur au pratique douteuse ou une infirmière échappée du théâtre de Genet.
Copi écrit une pièce de théâtre qui hurle son amour au théâtre, en se moquant de procédés classiques ( la fausse mort ) ou en nous présentant des personnages qui savent qu'ils sont personnages et que donc ils ont tous les droits.
Par cela, le texte est un très touchant adieu d'un dramaturge à ce médium, qui ne s’apitoie jamais sur la mort mais en préfère en rire.
Une ode à l'amitié et au théâtre qui traverse la vie.

" Nous pouvons tout jouer sauf notre propre vie. Cela nous est interdit "

Annotation :

J'attend avec plaisir que quelqu'un vienne m'expliquer l'oeuvre parce que je la trouve poussive, sorte de drame élisabéthain où l'on s'ennuie la plupart du temps.
Comme quoi, même les plus grands peuvent se tromper

Annotation :

Le style d'écriture m'a beaucoup dérangé au début, j'avais un mal fou à comprendre l'action tant les didascalies sont ( trop ) nombreuses et les répliques rapides. Et puis,sans savoir vraiment comment, mon cerveau s'est adapté et j'ai pu enfin me délecter de cette écriture tranchante comme du papier de verre, cette froideur cathartique, ce plaisir de voir les personnages se déchirer par manque d'Amour.

Pensée pour cette image finale que j'ai hâte de voir sur scène tant son effet à l'écrit est percutante.

Annotation :

Deux intégrales offerts pour mon anniversaire me permettent de m'attaquer ( enfin ) au géant Brecht.
Pour l'instant, je reste un peu sur ma faim avec ses courtes pièces didactiques. Le soin est mis pour rendre l'écriture poétique mais compréhensible. Malheureusement, le discours est trop frontal pour que je le trouve intéressant.
Ces pièces deviennent alors des beaux exemples d'un fond qui empiète sur la forme.

Annotation :

Autant dans " l'Importance d'être d'accord ", la figure tragique de l'Aviateur et la forme chorale avait réussi à me rendre la lecture ludique, ici on se retrouve avec une scène joué deux fois, avec les mêmes répliques dans la majorité, et juste le dénouement qui change, tout cela avec une morale marxiste.
Dispensable ( après c'est écrit pour un public scolaire, je ne pense pas que la portée littéraire soit la même que pour le reste )

Annotation :

Alors ça pour le coup c'est une excellente surprise !
C'est bien écrit, les développements de personnages sont foutrement intéressants et l'atmosphère intrinsèque de l'oeuvre est magistrale.
Une pièce à la forme classique mais d'une efficacité remarquable !
( merci Sartre d'avoir traduit cette pièce )

[ par contre la mise en scène Emmanuel Demarcy-Mota vue en octobre 2019 à Lyon rate vraiment le coche, faute d'une distribution hasardeuse et d'une envie de sur-moderniser un propos qui résonne assez comme tel ]