Cover Cinéma 2023 : « ma a che serve la luce? »

Cinéma 2023 : « ma a che serve la luce? »

Tous mes films vus (et revus) en 2023, parfois annotés. La citation, - l'un des plus beaux vers du monde, - est de Pasolini, tapie en son poème emblématique Les Cendres de Gramsci.

« Mais à quoi sert la lumière? »

Image :
Wind from the Sea, Andrew Wyeth, 1947.

Liste de

203 films

créee il y a plus d’un an · modifiée il y a 8 mois

Pasolini
5.8

Pasolini (2014)

1 h 26 min. Sortie : 31 décembre 2014 (France). Biopic, Drame

Film de Abel Ferrara

Effixe a mis 8/10.

Annotation :

1er janvier, à 3:34.

Grâce à Ferrara, je constate désormais comme je suis, en reste, dévot de Pasolini. Cet homme endossa personnellement, de toute sa palpitante chair, une vision totale - sans pour autant se faire totalisante - de ce que devrait embrasser le cinéma; il fut en quelque sorte l'émanation de son temps, une brise qui tournoie sans cesse à travers l'art pourvu qu'elle en refaçonne le territoire en de subtiles tentatives de révolution.

Criss, j'ai quasiment versé une larme dès l'instant où Ninetto Davoli esquissait son premier sourire, si abondant.

Pier : je vous aime en ce que vous vécûtes pour la flamme; et vous aime encore davantage en ce que vous mourûtes pour la combustion.

Merci tant.

Stereo
5.3

Stereo (1969)

Stereo (Tile 3B of a CAEE Educational Mosaic)

1 h 05 min. Sortie : 23 juin 1969 (Canada). Science-fiction

Film de David Cronenberg

Effixe a mis 6/10.

Annotation :

2 janvier, à 18:16.

Cronenberg expérimente à tâtons. Plutôt plaisant d'avoir accès à un dispositif aussi raccord avec sa méthode actuelle, dont la portée, ici, n'a d'égale que la nullité. De mirifiques plans, des travellings savants, des corps diserts, des constatations comiques; mais l'envergure de sa démarche ne pousse pas par-delà l'inanité, faute d'invention probante.

A Short Story
7

A Short Story (2022)

Pòsuì tàiyáng zhī xīn

15 min. Aventure, Fantastique

Court-métrage de Bì Gàn

Effixe a mis 8/10.

Annotation :

2 janvier, à 18:32.

Bi Gan éblouit sans doute moins qu'en son Kaili Blues, qui s'employait avidement à broder sur la lenteur des sentiments. En revanche, - format condensé oblige, - chaque image de cette Histoire courte fascine la vie, au sens où elle l'envoûte presque à la façon d'un maléfice. Pas à proprement parler poème, non plus que conte, la narration y acquiert une vertu de ténuité à proportion du silence qu'elle apostrophe.

La Malédiction
7

La Malédiction (1976)

The Omen

1 h 51 min. Sortie : 17 novembre 1976 (France). Épouvante-Horreur

Film de Richard Donner

Effixe a mis 4/10.

Annotation :

2 janvier, à 23:16 - avec mon père.

Peu à dire. Tant d'opportunités ratées - et de près. Une élaboration plus attentive des caractères de ces victimes eût alourdi le film, encore bien trop maigre, d'un brin de vérité, toute frontalité se devant d'accentuer le banal. Comme dans Salò, que je n'apprécie guère, il convient de guetter les éruptions incommodes, hâtées sans souci de ce qu'induit la scène, de ce qu'elle convoque, qu'elle oblitère.

White Noise
5.6

White Noise (2022)

2 h 16 min. Sortie : 30 décembre 2022 (France). Comédie, Drame, Science-fiction

Film de Noah Baumbach

Effixe a mis 3/10.

Annotation :

4 janvier, à 0:36.

Nous sommes tenus d'exiger plus des cinéastes qui ont coutume d'apporter plus à leur art. En ceci, j'eusse pu excuser la patente médiocrité de ce genre d'adaptation si elle s'était extirpée droit du crâne d'un novice; or, venant de nul autre que Baumbach, quelles acmés de paresse ce film ne rallie-t-il pas? En vérité, merde : comment quiconque peut-il se déclarer friand de cette approximative émulsion de drame mollasson et de comédie marmiteuse? Et que dire de ce montage foncièrement bâclé? et de ce scénario en tous points consternant de vide émotionnel? et de ces scènes d'action tournées avec la sémillance conceptuelle d'un curé poitrinaire?

Jusqu'à cette tendresse contre laquelle nous aimions naguère à nous lover au sein de ses dernières productions, - dans le gentillet Marriage Story, par exemple, - abdique ici au bénéfice de mille prises de vue négligemment spielbergiennes.

À la prochaine, j'espère.

Les Fleurs du soleil
7.2

Les Fleurs du soleil (1970)

I Girasoli

1 h 47 min. Sortie : 14 octobre 1970 (France). Drame, Guerre

Film de Vittorio De Sica

Effixe a mis 7/10.

Annotation :

4 janvier, à 3:34.

Masterpeace. And love.

La maison est noire
7.8

La maison est noire (1963)

Khane siah ast

20 min. Sortie : 1963 (Iran). Expérimental

Documentaire de Forough Farrokhzad

Effixe a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

4 janvier, à 4:04.

« Il n'est aucune pénurie de laideur en ce monde. Si l'homme fermait ses yeux à sa rencontre, il y en aurait encore davantage. Mais l'homme est un solutionneur. »

La plus belle narration en voix-off du monde et de l'histoire et de la galaxie et de l'univers et de l'Iran, c'est Farrokhzad qui la palpe tout au long de chef-d’œuvre. Cela n'est rien que de verser dans l'humanisme bon teint à la Mélanie Laurent. Au documentaire, il faut essentiellement toucher l'humanité, ce qui diffère de la posture, mais se tient tout de même mieux debout.

La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2
6.5

La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2 (2013)

3 h. Sortie : 9 octobre 2013. Drame, Romance

Film de Abdellatif Kechiche

Effixe a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

5 janvier, à 1:14 - avec Noah, chez Noah (et mangeant de la crème-glacée au sirop d'érable).

Ne soyons pas dupes : les contempteurs de ce film ne le dénigrent pas pour sa soi-disant piètre illustration des enjeux du lesbianisme, non plus que pour sa prétendue pauvreté de moyens. Si cette Vie d'Adèle fut éreintée et par les militant.e.s anti-homophobie, et par les tocards de la Manif pour tous, la faute en revient en tout et pour tout à leur inaptitude partagée à percevoir ce film non point comme le brûlot qu'ils espéraient d'une adaptation ténue de la bande-dessinée, mais bien comme histoire d'amour brûlante, aux séquences charnelles sciemment pornographiques, - ce qui, pour Kechiche, s'avère une constante, - dépouillée de propos architecturés, nets et univoques qui permettraient aux crétins de se sentir politisés en coup de vent.

« Je ne veux pas parler pour dénoncer, ou pour désigner du doigt le responsable, ou accuser. Pour moi, c'est plus important de montrer, de les décrire avec la tendresse avec laquelle je les décris, ces personnages. Je crois que je les défends mieux tel que je les montre plutôt que par la victimisation, par le discours politique. (...) De s'en servir pour un discours, je trouverais ça indécent. »

Voilà qui est acté.

Nuit et Brouillard
8

Nuit et Brouillard (1956)

32 min. Sortie : janvier 1956. Historique, Guerre

Documentaire de Alain Resnais

Effixe a mis 9/10.

Annotation :

6 janvier, à 1:41.

« J’ai vécu dans ces temps et depuis mille années
Je suis mort. Je vivais, non déchu mais traqué.
Toute noblesse humaine étant emprisonnée
J’étais libre parmi les esclaves masqués.

J’ai vécu dans ces temps et pourtant j’étais libre.
Je regardais le fleuve et la terre et le ciel
Tourner autour de moi, garder leur équilibre
Et les saisons fournir leurs oiseaux et leur miel.

Vous qui vivez qu’avez-vous fait de ces fortunes ?
Regrettez-vous les temps où je me débattais ?
Avez-vous cultivé pour des moissons communes ?
Avez-vous enrichi la ville où j’habitais ?

Vivants, ne craignez rien de moi, car je suis mort.
Rien ne survit de mon esprit ni de mon corps. »

- Robert Desnos, L'Épitaphe.

Conte d'automne
6.8

Conte d'automne (1998)

1 h 52 min. Sortie : 23 septembre 1998 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Éric Rohmer

Effixe a mis 9/10.

Annotation :

6 janvier, à 4:12.

L'extase : qu'est-ce que c'est grandiose! qu'est-ce que c'est subtil! Et l'on tient bien là le plus malaisant de tous les Rohmer - oui-oui, même en comptant son Perceval.

Critique de la séparation
7.3

Critique de la séparation (1961)

17 min. Expérimental

Court-métrage documentaire de Guy Debord

Effixe a mis 3/10.

Annotation :

6 janvier, à 4:37.

Guy, mon vieux, elle a eu raison de te quitter... bien raison.

Van Gogh
7.3

Van Gogh (1991)

2 h 38 min. Sortie : 30 octobre 1991. Biopic, Drame

Film de Maurice Pialat

Effixe a mis 8/10.

Annotation :

7 janvier, à 3:45.

« Il arrive des jours où le cœur sent si terriblement l’impasse, qu’il en prend comme un coup de bambou sur la tête, cette idée qu’il ne pourra plus passer. »

- Antonin Artaud, Van Gogh le Suicidé de la Société.

Journal intime
7.3

Journal intime (1993)

Caro diario

1 h 40 min. Sortie : 25 mai 1994 (France). Biopic, Comédie, Drame

Film de Nanni Moretti

Effixe a mis 5/10.

Annotation :

8 janvier, à 1:03.

Imagine Woody Allen, sauf que c'est pos drôle. Imagine juste. Non, mais va pos plus loin, là... Fais-le pos, j'ai dit! Doude, c'est mauvais comme idée, toute pétée, surtout ton truc avec les médicaments; pis je parle même pos de tes pérégrinations à travers les îles, hostie de drôle, toi - laisse tomber, Nanni, s'il te plaît. Prends une douche, à la place, non? T'as les cheveux gras un peu, me semble, un brin, t'sais. Une douche, une mini-douche, s'il te plaît, Nanni, aweille donc.

Roh... pis tant qu'à ça, bigre, m'en sacre, hein. J'applaudirai en même temps que tous les autres tartufes à Cannes, j'imagine. Pis je serrerai ta main tachée de glaçage à gâteau lors de ton triomphe, j'imagine. Pis on fera la tournée des bars de France sur ta Vespa, j'imagine.

J'imagine juste.

Danton
6.8

Danton (1982)

2 h 16 min. Sortie : 12 janvier 1983. Historique, Drame, Biopic

Film de Andrzej Wajda

Effixe a mis 1/10.

Annotation :

9 janvier, à 1:12

Robespierre W.

Sans toit ni loi
6.9

Sans toit ni loi (1985)

1 h 45 min. Sortie : 4 décembre 1985. Drame

Film de Agnès Varda

Effixe a mis 8/10.

Annotation :

9 janvier, à 23:14 - avec mon père.

Varda, c'est vraiment tout ce que les ignares pensent de Godard, au fond.

Profils paysans - Chapitre 3 : La Vie moderne
7.9

Profils paysans - Chapitre 3 : La Vie moderne (2008)

1 h 28 min. Sortie : 29 octobre 2008. Portrait

Documentaire de Raymond Depardon

Effixe a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

10 janvier, à 1:23.

Le documentaire, s'il s'obstine à se coltiner au plus près de son sujet sans pour autant le brusquer, happe comme genre déroutant : déroutant en ce qu'il bifurque du sens affecté, de ce réel que l'on ignore à dessein; déroutant en ce qu'il stupéfie nos préconceptions rabâchées à l'aveuglette, celles qui obstruent à grands renforts de préjugés le champ si vaste du monde paysan; déroutant, enfin, en ce que se meuvent peut-être, sur cette pellicule à la netteté désespérée, quelques images-clefs de notre commune énigme de vivre. Depardon a beau ne rien saisir de patent, il effleure néanmoins, – rarissime prouesse, – l'indicible.

Pas vu pas pris
7.5

Pas vu pas pris (1998)

1 h 30 min. Sortie : 18 novembre 1998 (France).

Documentaire de Pierre Carles

Effixe a mis 7/10.

Annotation :

10 janvier, à 3:11.

Ptdr les journalopes. « Je deviens le Joker », comme dirait l'autre.

Les créatures de l'au-delà
3.7

Les créatures de l'au-delà (1993)

Beach Babes from Beyond

1 h 15 min. Sortie : 16 décembre 1993 (États-Unis). Comédie, Science-fiction

Film de David DeCoteau

Effixe a mis 10/10.

Annotation :

11 janvier, à 0:29.

Tout ce pourquoi les États-Unis d'Amérique furent fondés.

Quatre garçons dans le vent
6.5

Quatre garçons dans le vent (1964)

A Hard Day's Night

1 h 28 min. Sortie : 16 septembre 1964 (France). Comédie, Musique

Film de Richard Lester

Effixe a mis 2/10.

Annotation :

11 janvier, à 23:16 - avec mon père.

Littéralement l'équivalent cinématographique d'une page Facebook de memes. Que se sont-ils enfirouapés dans cette galère?

La France contre les robots
6.7

La France contre les robots (2020)

10 min. Sortie : 2020 (France). Expérimental

Court-métrage de Jean-Marie Straub

Effixe a mis 1/10.

Annotation :

12 janvier, à 0:11.

« Oui-oui, bon : je crois que tu comprends mal à quel point ça gravite autour de, genre, euh, le cercle éternel, persistant, – veux dire, ketchose de la sorte, pas exactement un cercle, sans doute une boucle, – genre, de chaque révolution. T'sais, Straub éclaire avec délices nos contemporaines [tire sa cigarette], nos contemporaines habitudes de vie – ou plutôt, pourquoi pas parler d'habitudes de mort? just asking... Au fond, ouais, ça me branche. Ces temps-ci, je suis pas mal plongé dans les trucs situationnistes, vois-tu, à la mode 68. Genre, avant, je perdais mon temps sur LoL [ricanements], mais, - oké, je sais que c'est ridicule, mais écoute-moi, steuplaît, - je me suis récemment rendu compte, euh, qu'il me fallait rétablir de plus profondes connexions avec la politique : ouais, genre, quand tu penses à notre actuelle apathie économique, genre, c'est clair et limpide que la nature, euh, nous répugne, comme si, genre, on était inapte à s'y plonger de tout corps, ouais. Du moins, c'est ce que Rancière postule.

Quoi, genre tu connais pas Rancière? T'es pas une intellectuelle, toi? [bref éclat de gêne, malaise stupide, et tire sa cigarette en se grattant le coude droit]

Anyway, veux-tu baiser? »

Les Chansons d'amour
6.6

Les Chansons d'amour (2007)

1 h 40 min. Sortie : 23 mai 2007 (France). Drame, Musique, Romance

Film de Christophe Honoré

Effixe a mis 6/10.

Annotation :

12 janvier, à 1:43.

Snif, parce que c'était triste - mais aussi décevant. Cette conviction bizarre d'avoir assisté à un très long prologue, qui se clôt dès que l'intrigue invite à se perdre à en elle. Musique et comédiens sublimes, du reste. Veux vivre à Paris.

Ce vieux rêve qui bouge
7.7

Ce vieux rêve qui bouge (2001)

50 min. Sortie : 28 novembre 2001 (France). Comédie dramatique

Moyen-métrage de Alain Guiraudie

Effixe a mis 9/10.

Annotation :

12 janvier, à 3:45.

J'ai aimé cette dizaine de cadres répliqués à n'en plus voir le bout, comme si Guiraudie osait admettre par là, sans branlette théorique préalable, que toute la poliche consécutive aux grouillements cinématographiques s'avérait en fin de compte obscène, qu'il valait mieux restreindre le champ de son objectif aux lieux lorgnés en plan large, de préférence lieux courants : une esthétique des « lieux communs », qui fourmillent de non-dits, qui contraignent jusqu'aux gestes, voire jusqu'aux mots. J'ai aimé ces hommes qui, se séduisant l'un l'autre, suent de trop de fatigue et de si peu de volupté. J'ai aimé le cran d'un main baladeuse, le silence qui se rhabille et les lunettes que l'on replace d'un doigt glacé sous la touffeur du crépuscule. J'ai aimé cet érotisme qui se retranche dans la plus têtue des trahisons de classe, dans ce désir difficile, ce désir d'épreuve. J'ai aimé ce vieillard prématuré, tout courbaturé d'une vie qu'il lui fallait tout ce temps tâter au jour le jour - sous peine d'en désespérer. J'ai aimé cet accent provençal dont, pour une fois, l'on ne se gausse pas. J'ai aimé ces silhouettes de femmes dressées au carrefour des tentations tues. J'ai aimé ces rougeurs du soleil, ces orangeades de la peau. J'ai aimé cette aveuglante confiance vouée tout entière à son sujet. J'ai aimé ce final aigu, ce renfoncement de douleur vivante. J'ai aimé ce film.

Tout droit jusqu'au matin
7

Tout droit jusqu'au matin (1994)

11 min. Sortie : 5 décembre 2001 (France). Comédie dramatique

Court-métrage de Alain Guiraudie

Effixe a mis 9/10.

Annotation :

12 janvier, à 4:11.

Le rouge et le noir. Le mur et la nuit.

For Marilyn
6.7

For Marilyn (1992)

Sortie : 1992 (France).

Film de Stan Brakhage

Effixe l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

13 janvier, à 13:46.

Il aimait de trop de détresse l'image lacérée d'une femme. Un film comme une césure, comme ces grasses lignes blanches qui strient l'écran; un film de passion et de mémoire, une réminiscence du vœu. Pour pleurer, Brakhage peignait de balai ivre. Témoin, jalon. Une vie.

Serre moi fort
6.7

Serre moi fort (2020)

1 h 37 min. Sortie : 8 septembre 2021. Drame

Film de Mathieu Amalric

Effixe a mis 5/10.

Annotation :

13 janvier, à 23:44 - avec une brève interruption de mon père lors de la scène en boîte de nuit.

J'avais toujours cru, la faute à l'affiche, que le rôle principal était tenu par Marion Cotillard. Au temps pour ma gueule, puisque Krieps y campe fort justement une femme délicate, étouffée des contradictions qui la confinent au bord du gouffre. Saugrenue que cette adaptation, oui : un genre à part, celui du souvenir futur, d'une mémoire de l'éventuel. La nostalgie qui coagule peu à peu en nos esprits émulsifs se trouve d'autant plus amère que son point d'ancrage n'est enfoui nulle part ailleurs que dans une expectative forcément arbitraire.

Cyrano de Bergerac
7.4

Cyrano de Bergerac (1990)

2 h 17 min. Sortie : 28 mars 1990. Comédie dramatique, Historique, Romance

Film de Jean-Paul Rappeneau

Effixe a mis 7/10.

Annotation :

14 janvier, à 2:48.

Depardieu, certes, est un trésor national. Sa performance éclipse presque le doigté de ses comparses, qui se révèlent tous tant qu'ils sont formidables de souplesse exécutoire. Et Cyrano, quoi qu'on en dise, suspend toute glose authentique : à chacun beaucoup trop personnel, beaucoup trop profond, pour se réduire aux archétypes que l'on aimerait à lui faire revêtir.

L'Amour existe
7.9

L'Amour existe (1960)

20 min. Sortie : 11 février 1960.

Documentaire de Maurice Pialat

Effixe a mis 8/10.

Annotation :

14 janvier, à 3:12.

J'avoue ne pas piger ce cynisme dont l'on fait grief à Pialat. S'il est vrai qu'elle peut paraître acariâtre, bourrue, parfois teigneuse, elle m'émeut, moi, cette volonté de mettre au jour l'infinie mélancolie des espaces, des temps, des gens - laids. Elle est de droiture. Car ces banlieues, oui, sont atroces; et pourtant, et surtout, il y reste la vie, cette vie qu'elles jugulent de ces appartements exigus aux murs d'amiante, qu'elles obstruent de ces fenêtres à hauteur de ventre, qu'elles calcinent de ces cahutes friables, qu'elles tuent à la semaine de soixante heures pendant quarante ans. Dedans, peut-être, ce constat lucide, que l'on prononce comme une prière : « l'amour existe ». Un pari.

Présentation ou Charlotte et son steak
5.4

Présentation ou Charlotte et son steak (1960)

12 min. Sortie : 1960 (France). Comédie

Court-métrage de Éric Rohmer

Effixe a mis 7/10.

Annotation :

14 janvier, à 3:30.

« J'aimerais être mort pour que vous pensiez encore à moi. »

De la bouche de Godard, cette réplique me glace.

Charlotte et son jules
6.3

Charlotte et son jules (1958)

13 min. Sortie : 3 mars 1961. Comédie

Court-métrage de Jean-Luc Godard

Effixe a mis 7/10.

Annotation :

14 janvier, à 3:45.

Belmondo, salaud rigolo. Avouons quand même prendre plaisir à voir se briser contre le faciès angélique d'Anne Collette ces monceaux de crasseuse misogynie. Le mépris muet contre la haine tonitruante, épaisse, c'est comique au possible. Et ce final enfonce le clou dans le cercueil, pour ainsi dire.

One + One
6.6

One + One (1968)

Sympathy for the Devil

1 h 40 min. Sortie : 7 mai 1969 (France). Musique, Expérimental

film de Jean-Luc Godard

Effixe a mis 7/10.

Annotation :

14 janvier, à 23:51 - avec une brève interruption de mon père lors de la scène du BPP.

Rien ne se ressent davantage comme plan-séquence signifiant qu'un travelling godardien : que ce soit dans ces répètes des Stones, méticuleusement captées, ou dans cette scène des plus iconoclastes où une fillette moleste deux adolescents Américains après que le spectateur se soit lustré la vue en une série de couvertures de magazines porno, son artisanat, - le mot est sans doute trop équivoque, mais qu'à cela ne tienne, - est un sans-faute ahurissant. Je souhaiterais tant que tous ces bélîtres de filmbros, qui se paluchent sur Iñárritu pour sa soi-disant inventivité, cessassent de durcir leurs érections sur la technique spectaculaire afin de river un œil grand ébloui sur ce ce cinéma plus libre que n'importe quel libre-marché.

Effixe

Liste de

Liste vue 63 fois

3
2