Hong Kong (in)sécuritaire

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Chef d'oeuvre réalisé par le "Spielberg chinois" (le né-vietnamien Tsui Hark), le plus grand réalisateur/producteur de la colonie, cette perle noire a été balancée à la tronche du public amorphe de Hong-Kong à l'aube de Eighties. Outré par l'attitude léthargique de ses concitoyens, Hark pond une fable sur le terrorisme et ses implications physiques et morales où des fils de bourges détestables sombrent dans une spirale infernale de la violence, par appât du gain et peur de l'avenir. Tous les thèmes tabous de la société ultra-libérale sont abordés sous l'angle d'un polar noir comme pas permis: racisme latent, éducation permissive, délire sécuritaire, naissance des marginaux... Ajoutez à ça une mise en scène totalement virtuose (dans les 2 montages existants du film, fait rare): de quoi étudier pendant mille ans.

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Si le polar à Hong-Kong s'est forgé une réputation internationale, voire cosmique, c’est bien grâce à ce film et ses 2 suites, emblématiques d'un style et d'une tradition. Produit par Tsui Hark (encore lui) et réalisé par le maestro John Woo, ce film de gangsters raconte une histoire d'amitié pure, avec ses trahisons et ses revanches sur la vie, qui étaient le sel des films de sabre de la Shaw Brothers dans les 60's et 70's. Il y reprend telles quelles les scènes de combats tétanisantes, en remplaçant les épées par des flingues et en y déployant d'amples ralentis dignes de Peckinpah pour en souligner les excès de violence. Et sans ce film prophétique ("A better tomorrow" pour le titre original), on n'aurait point eu droit au légendaire Chow Yun-fat en imper noir, un flingue dans chaque main, une figure pour l'éternité du cinéma d'action.

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John Woo encore. Remake du "Samouraï" de JP Melville, peut-être supérieur... Ralentis à la Peckinpah, violence outrancière, souffle digne des grands mélo. Si "le Syndicat du Crime" est le film préféré des Chinois, "The Killer" est la parenthèse occidentale de Woo et son producteur, le brillant Tsui Hark. Échec au box-office chinois, la déflagration sera pourtant monumentale lors de sa présentation au Festival de Cannes. La liste des traumatisés est interminable: Scorsese, Tarantino, Rodriguez, les Wachowski, McTiernan, Verhoeven, Cameron, Kitano... La puissance de cette pièce maîtresse est sans pareille, et si de nombreux ersatz on pu voir le jour depuis, nul ne possède ne serait-ce que l'infime 1% de folie de cette perle. On fonce.

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John Woo, 3ème et dernier acte. Lu quelque part sur les internets: "Plus grand film d'action de tous les temps, ex-æquo avec Piège de Cristal..." Le mythique Hard-Boiled (A Toute Épreuve chez nous) est au minimum égal sinon supérieur. Jugeons par les statistiques: 307 morts en 2h de métrage, les 2 meilleurs acteurs de la péninsule (Chow Yun-fat et Tony Leung), un final de 45 minutes explosives sans temps mort, un plan-séquence mythique d'un peu plus de 3 minutes... et surtout l'un des meilleurs films du meilleur réalisateur en ville, proche du départ pour Hollywood. Une putain de carte de visite!

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On va faire simple. Un grand réalisateur en a réalisé le remake officiel sympa (Hollywood sait-il seulement faire autre chose qu'acheter des droits?), mais pour ceux qui connaissent celui-ci et ses 2 suites, il n'y a pas à tergiverser: la copie est de très loin surclassée (scènes reprises à l'identique, tension moindre, paranoïa moins appuyée). La mise en scène est certes plus sobre mais l'interprétation est au poil et l'intrigue aussi glaçante que perverse. Alors si vous voulez faire le cake dans les soirées de gens bien ("Han j'ai pas vu le film, le livre est déjà tellement énorme, je vais être sûrement déçu..."), vous savez ce qu'il vous reste à faire.

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Ringo Lam est un cas à part dans le cinéma de l'ex-colonie: formé à l'école d'acteur avant de passer réalisateur, il s'éloigne volontairement du style romantique de John Woo, et opte pour une approche radicale proche du documentaire. Souvent comparé à William Friedkin, il impose sa marque nihiliste avec ce chef d'oeuvre instantané, sorti dans la roue du premier "Syndicat du crime". Il y conte l'histoire d'un flic infiltré dans un gang d'impitoyables braqueurs. Là encore Chow Yun-fat est présent et excelle dans ce rôle quasi-schizophrénique qui influencera le genre d'une manière déterminante (les polars d'infiltrés étant monnaie courante à Hong-Kong). Autre chose, un petit malin en a réalisé un remake déguisé mais évident pour se faire connaître sur la scène intello (qui n'y connaît pas grand chose en ciné, ça se voit chaque jour). Le nom? "Reservoir Dogs". Mais nul n'égale la violence sourde de l'original.

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Johnnie To, l'un des réalisateurs les plus fous et ambitieux de la colonie, prend le pouvoir vers 1997 (année de la rétrocession) où nombre de cinéastes talentueux ont fui à Hollywood par peur du pouvoir chinois (ils sont finalement retournés au pays et ont retouvé leur talent après des films de commandes US bien nazes, ce qui n'est pas un mal). To réalise ce film dans le cadre d'un pari pour les 100 ans du cinéma: participer de près ou de loin à 100 films en genre 5 ans, ce qui sera presque tenu! Il s'agit ici d'un polar nocturne, où un agent du BOPE local (à moitié facho) cherche son arme de service perdue dans la nuit hongkongaise. Tourné en un an dans le seul créneau disponible (le dimanche entre 0h et 6h du matin, quand tous les commerces sont fermés et les rues presque désertes), "PTU" est un bel hommage au cinéma policier et noir ultra-stylisé de Michael Mann ("Heat") et Akira Kurosawa ("Chien Enragé"). Une expérience!

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Johnnie To est fou. Sorte de Verhoeven hyperactif (il a tourné beaucoup plus de films en beaucoup moins de temps), il s'en prend cette fois avec une hargne sans pareille aux médias d'information. Le résultat est évidemment à l'avenant! Tourné quasiment en même temps que "PTU" (autre haut fait d'armes), "Breaking News" est un sommet du polar nerveux, à l'esthétique plus sèche mais comme toujours très travaillée. Un exemple? Le plan-séquence d'ouverture de 8 minutes, pleines comme un œuf, que certains voient comme l'un des meilleurs jamais exécutés... Des gunfights, de la classe, de l'action, de la dénonciation: ce que devrait toujours être n'importe quel polar digne de ce nom.

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Le film par lequel tout a commencé! Sorti 2 ans avant "Le Syndicat du Crime", "Le Bras Armé de la Loi" est un sommet de nihilisme dérangeant. Pour faire simple, imaginez un polar HK réalisé par William Friedkin: caméra à l'épaule, hyperviolence crue, persos névrosés autant qu'impitoyables et un climat de chaos qui s'empare de Hong-Kong. Des malfrats de Chine passent illégalement la frontière dans des conditions extrêmes pour se lancer dans le business à HK. De ce postulat, Johnny Mak (dont ce sera le seul film) tire une critique au vitriol de la société chinoise et hong-kongaise, qui derrière les oripeaux de la réussite cachent racisme, misère et corruption. Une suite presque supérieure (réalisée par le frère de Mak) voit le jour quelques années après, mais si vous voulez tâter du big-bang originel, cherchez pas plus loin.

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Ringo Lam passe après "City On Fire" à l'évocation du milieu carcéral. Un jeune homme rentre en prison pour purger une courte peine. Il va devoir se confronter aux triades et à des matons fourbes. Heureusement ce bon vieux Chow (ami de Lam) est là pour le guider et le protéger, même si ce détenu un peu farfelu semble cacher un lourd secret... Formidable film tendu comme pas permis, mais d'une rare sensibilité qui fait souvent défaut aux films de prisonniers. Un classique!