INDUS

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Avec en bonus un clip de IAYD : http://www.dailymotion.com/video/xt43e9_iayd-between-multiverses_music#.UaqEzdK-18E

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Il me semble que l'une des marques de fabrique de l'Arme Fatale soit une récurrence de décors industriels et de chantiers. Cela donne à la quadralogie l'idée que les crimes se luttent dans des terrains ouverts où les enjeux sont aussi frontaux et brutaux que dans les films HK.

Une séance de torture dans le premier, un final sur les docks dans le deuxième, un final dans le BTP dans le troisième, entrepôt dans le quatrième... Il y a un rapport aux entreprises frauduleuses mêlées à ces lieux inconstruits dans cette saga. Et cela fait son charme, je pense.

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Avant les travaux. Dans la vie courante (avec ses petits frères, les courts-métrages "Music for One Apartment and Six Drummers" et "Woman & Gramophon", visibles sur le net).

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... sur ce propos du métal hostile, j'aurais pu ajouter la série "The Wire", saisissante avec son décor d'une Baltimore à la dérive.

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Le film présente bon nombre d'éléments de décors industriels, de docks, de bâtiments réhabilités, squattés, de grues innombrables, un décor où les êtres errants évoluent en marge, pas tout à fait dans la vie et totalement dedans en même temps. Où chacun espèrent se construire en réinvestissant ce que d'autres ont abandonné.

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Ambiance froide et électrique au sein de l'entreprise, de magasin, de boîte de nuit, de zone industrielle, de bowling, de box... C'est le sentiment d'être mis en boîte dans une société pressurisée par l'argent en général. De là à causer des intérêt financier, c'est un peu trop demander à ce film, hélas.

Certaines scènes (en zone industrielle, par exemple) révèlent une sorte de défouloir décompensatoire de cette pressurisation. Le protagoniste principal, lui, ne décompresse jamais.

Il est à noter aussi que le film contraste avec l'idée de la nature évoquée par la montagne et le grand air pour donner le change, du contraste à ce portrait d'un individualisme inique.

Une oeuvre sur la vanité ? J'ose même croire que Musulin a parfaitement sa place quelque part sur le tableau de gauche du Jardin des délices de Jérôme Bosch.

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Scène finale, en entreprise, considérée comme l'extérieur du monde.

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La cité dortoir, le métro, les grilles, la cantine, la gare, l'entreprise, l'entretien d'embauche, les escalators confinent les rapports humains dans la défiance, la décadence et la petite délinquance. Une vrai passerelle qui file droit vers le fascisme à la Boisset et au sous-prolétariat pasolinien.

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Pour la première fois, l'industrial fait office de décor allégorique d'une sexualité errante.

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La cour intérieure de l'immeuble délabré et la cache du fils ont des relents glauques propices à la perdition familiale.

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Des bruits de voitures couvrent les voix des trois hommes lorsqu’ ils sont en plein trafic de drogue. Nous ne percevons pas les paroles de la terroriste d’extrême-gauche qui parle de Mao chez Raphaël Acosta, puisque sa voix est couverte par le bruit d’une sirène. Les manoeuvres militaires ne sont jamais filmées, nous entendons simplement, en off, un énorme vacarme créé par le bruit des canons. Nous ne comprenons pas non plus ce que dit le ministre de l’intérieur au commissaire quand il veut faire libérer les bourgeois car sa voix est couverte par des bruits d’avion.

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La construction de grands ensemble sur fond de corruption en col blanc.

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La citadelle de Kowloon (à voir à partir de la 45ème minute) : http://3.bp.blogspot.com/-W_Qth_NcW4E/TxajlZZEqxI/AAAAAAAAAS8/NUlHVB-DsYk/s640/kowloon-walled-city-rubbish-alley.jpg

http://swiftlifeachiever.files.wordpress.com/2012/01/interieur-koloon.jpg

http://www.urbanity.biz/fotocubo/Kowloon_4.jpg

Une petite citadelle résiste, encore et toujours à l'envahisseur... Lors de la partition conclue entre Chine et Royaume-Uni en 1898, une fois que tout le monde fut bien servi, il restait une petite enclave, aussi grande que deux grands stades de foot. Il était convenu, sans contrat toutefois, que la Chine pouvait y laisser des troupes et la population était alors de 700 habitants.

Puis, la population fut de 7000 habitants après la capitulation du Japon. Même détruite pendant la guerre, Kowloon est resté une cité qui n'a cessé d'abriter des habitants car elle échappait à toute juridiction. Kowloon est devenue à ce moment l'eldorado des pirates, des toxicomanes, des escrocs puis de la triade chinoise. Très vite, comme la police britannique ne pouvait pas entrer sur ce territoire sans créer un incident diplomatique, Royaume-Uni, Chine maoïste et autres seigneurs de guerre ont décrété une politique de laisser-faire.

C'est un no man's land qui n'appartient et n'ait jamais appartenu à personne. C'était la propriété des gens qui y vivaient et qui y travaillaient dans d'obscures conditions. Tripots, usines clandestines, médecins radiés, restaurateurs de viandes de chien, maisons closes, salons d'opium et de cocaïne étaient les seuls maîtres à bord. La population s'est accrue pour atteindre 35 000 habitants. Sans qu'aucun n'architecte n'intervienne, l'ensemble ressemblait au début des années 80 à un unique bloc monolithique, parcouru d'un labyrinthe de couloir, éclairé en permanence par une lumière artificielle.

Contrairement à ce qu'on peut penser, la criminalité était moins élevée à Kowloon que dans le reste de Hong Kong, alors devenue une ville riche et moderne. C'est surtout par son caractère insalubre que la cité faisait tâche. Alors en 1984, Chine et Royaume-Uni, suite au rachat (wtf ?), décidèrent d'un plan massif de relogement de 50 000 personnes, soit la densité de plus de 2 millions d'habitants au kilomètre carré. Le plan aura lieu à partir de 1991.

En 1992, l'évacuation est achevée. C'est à cette période que Crime Story est tourné. En 1993, la démolition totale laissa la place à un parc zen et des vestiges en béton.

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Entre Batman et Judge Dredd, le décor industriel (en marge de la société) est très présent dans le monde des super-héros.

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J'aurais pu mettre Terminator 1 & 2 ou Cobra mais le rapport de l'homme avec la machine y sont moins significatifs que dans Robocop, dans sa figure christique nouvelle, ressuscité par la science athée, dans la réflexion sur l'âme aussi. Pas étonnant que le Robocop 3 prenne pour décor les souterrains d'une église. Il reste que les scènes en usine ou en fourneaux du premier opus reflètent l'esthétisme d'un monde froid, immuable et hostile où l'être se questionne et se souvient.

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Scène du parking vu comme une escalade, une surenchère et une impasse.

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Un vieux bonhomme traverse la moitié des Etats-Unis à bord d'un tracteur tondeuse pour rejoindre son frère malade. Les grands espaces agricoles et les petites villes qu'il croise sont recouvert de la lenteur et du bruit de la machine. La machine devient plus qu'un outil, elle devient un sens dans une vie, un moyen de rendre son existence sur terre moins futile, un moyen de comprendre.

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Comme un Christ crucifié, la grenouille
Est écrabouillée sur l'asphalte chaud
De la grand-route. La bouche ouverte

Penchait vers le ciel, séchée par le soleil,
Ce qui de loin ressemblait à une semelle -
Un amphibien des temps lointains,
A dévalé sous les roues, en sautant.

Aucune résurrection, comme dans les larves
De mouches qui écloront demain.

Par quelle ouverture s’échappe le rêve ?

Durs Grünbein, « Satires »

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"Faites fi
De la géographie
Des petits ensembles
Des grands amphis"

(A Ostende, Alain Bashung)

Ici, les barres d'immeuble rendent obsolète une vie de petits propriétaires qui ne s'entendent plus avec le monde, avec son supermarché, son terrain vague dépressif et son chat abandonné.

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Rungis et la boîte de nuit en construction.

http://missingimage.com/files/mi/images/vlcsnap-2012-04-04-22h40m52s37.preview.png

Annotation :

Affalé sur un remblai de chemin de fer,
Le cadavre d’un chien, en travers de la mâchoire,
Des traverses de craie numérotées.

Plus vous l’observez,
Plus sa fourrure se confond avec la poussière, le ballast
Parmi les îlots d’herbe fraîche.

Et la vie est comme cette tache
Qui s’efface profondément.

Durs Grünbein, « Satires »

Annotation :

Un monstre d'acier devient le huis-clos qui pousse les Hommes dans leurs dernier retranchements vers la liberté.

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