KONTCHALOVSKI Andreï - Critiques & Annotations
2 films
créée il y a presque 5 ans · modifiée il y a 3 moisTango & Cash (1989)
1 h 44 min. Sortie : 28 mars 1990 (France). Action, Policier, Thriller
Film de Andreï Kontchalovski et Albert Magnoli
SimBoth a mis 6/10.
Annotation :
Surfant sur la vague de "L’Arme fatale", Stallone tente de changer son image d’héros mâle alpha et guerrier en incarnant un flic élégant et riche, en binôme avec un Kurt Russell à la sanguinité explosive. L’œuvre est propre à l’actioner viriliste des années 1980, mais vacille surtout entre le buddy-movie et le polar violent dans un ton bien comique et plein d’autodérision. En effet, l’ambiguïté homosexuelle, les punchlines constantes et Stallone qui se moque de ses personnages cultes donnent au film une ambiance sans sérieux, tout le contraire de la volonté de Kontchalovski, remplacé au pied levé par Albert Magnoli. Ainsi, "Tango & Cash" se suit sans déplaisir et reste efficace. Certaines trouvailles esthétiques sont plastiquement bien foutues, comme toutes les séquences en prison dans lesquelles Tango et Cash sont injustement envoyés. La mise en scène exploite toute la crasse du lieu, les souterrains secrets, les lumières évasives ou encore la pluie diluvienne ressortant les corps herculéens du duo lors de leur fuite. Mais il reste que le film n’est pas marquant malgré la bonne alchimie des deux stars, car la précipitation finale du récit donne un goût déséquilibré à cette œuvre gentiment crétine.
Michel-Ange (2019)
Il peccato
2 h 09 min. Sortie : 21 octobre 2020 (France). Biopic, Drame, Historique
Film de Andreï Kontchalovski
SimBoth a mis 8/10.
Annotation :
Un anti-biopic qui n’est pas là pour glorifier un homme, mais un génie artistique mégalomane, cupide, menteur, individualiste et parfois lâche. Le cinéaste ne raconte pas classiquement la vie de son personnage, car il préfère exploiter la branche mentale de son sujet. En effet, avec son visage cramoisi et son air bestial, Michel-Ange est tiraillé par les commandes successives des puissantes familles de la Renaissance italienne, qui utilisent le talent de l’artiste à des fins orgueilleuses ou politiques.
Kontchalovski réalise une œuvre monumentale, une grande métaphore sur le labeur artistique, à l’image du déplacement de l’énorme bloc de marbre que seul un fou comme Michel-Ange peut faire transporter, mettant en péril la vie de ses ouvriers. Une séquence vertigineuse, comme celle de la cloche dans "Andreï Roublev", et dont les similitudes thématiques sont nombreuses. Logique lorsqu'on sait que l'auteur fut l'un des scénaristes du film de Tarkovski.
Cette démesure artistique concorde avec l’état d’esprit de l’homme essayant de révéler la beauté de ce monde encrassé par une matérialité dégoûtante, vicieuse, avare et charnelle, d'une Toscane reconstituée sublimement. Reconstitution détaillée et précise, ainsi que transcendée par une esthétique picturale autant illuminée que ténébreuse, baignée par des visions gracieuses et cauchemardesques d’un artiste-divin, qui, poussé par un désir créatif infini, est prêt à tout pour donner vie à son art.


