L'impressionnisme au cinéma, des pionniers aux maîtres et à Terrence Malick. Ou comment les buts et les techniques de la peinture peuvent être transposés au cinéma, art de l'image en mouvement...

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La référence absolue, dans la transmission de l'ancêtre (Auguste Renoir) au fils (jean) et au petit fils Claude, le directeur de la photographie). Les variations de la lumière, l'excès de soleil et de chaleur, l'arrivée du vent et de la pluie jouent non seulement sur l'eau et sur les feuillages, lais sur les esprits, les visages et les corps.
Les accidents de l'histoire (le film est inachevé) en renforcent encore la dimension impressionniste - avec ces décrochages temporels, entre impressions magiques, bonheur absolu et fugitif, et retour assez désespéré au réel.
L'écriture de Maupassant, que l'on retrouvera au fil de cette liste, se prête parfaitement à la narration impressionniste.
Une Partie de campagne présente au moins six séquences qui évoquent directement les tableaux du père : la Grenouillère, la balançoire, Canotiers à Chatou, la Yole, la Promenade, les Amoureux.
Pas de plus belle filiation.

http://lesmaitresfous.blogspot.fr/2010/11/une-partie-de-campagne.html
http://stradeperdute.files.wordpress.com/2008/11/reno12.jpg
http://stradeperdute.wordpress.com/2008/11/28/une-partie-de-campagne-1936-un-film-di-jean-renoir/

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Renoir tente de retrouver l'esprit d'Une Partie de campagne avec le Déjeuner sur l'herbe (le titre est explicite) - et échoue (à mon avis) très largement, en dépit de quelques trouvailles (l'incarnation du dieu Pan, le bain de C. Rouvel , qui aurait sans doute inspiré Renoir le père...) avec une comédie très lourde. L'image même, malgré la couleur, manque de finesse, et les impressions sont très appuyées.
https://50ansdecinema.files.wordpress.com/2013/02/dejeuner-sur-l-herbe-59-02-g.jpg
Et pour mémoire les deux toiles célèbres (Manet et Monet)
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/fc/%C3%89douard_Manet_-_Le_D%C3%A9jeuner_sur_l%27herbe.jpg
http://givernews.com/images/givernews3/dejeuner-pouchkine.jpg

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Film magique (et très injustement oublié alors que sur un thème voisin il est très supérieur à Empire du soleil) - à travers cette perception de la guerre, entre réalité, rêves et rêverie, à travers le regard d'un enfant - une succession d'impressions, qui suivent son regard, de la ville à la campagne, où l'image touche à l'impressionnisme le plus pur.
Sur le site de jean Charpentier, une analyse passionnante des images élaborées par Philippe Rousselot :
http://jeancharpentier.wordpress.com/2012/04/04/philippe-rousselot-hope-and-glory/
http://www.sky.com/tv/movie/hope-and-glory-1987/gallery/gallery-hope-and-glory

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L'originalité du film d'Alexandre Astruc, concepteur auto-proclamé de la caméra-stylo, dans une parenté marquée avec la Nouvelle Vague, tient moins au traitement du récit (une adaptation, certes très épurée, d'une nouvelle de Maupassant que l'on retrouve à nouveau) - que dans la mise en scène très impressionniste de celui-ci (images, approche du temps à travers le montage).
https://wondersinthedark.wordpress.com/2011/02/11/une-vie-1958-alexandre-astruc/

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Terrence Malick renouvelle, quarante après Renoir, l'histoire de l'impressionnisme au cinéma. Dans les moissons du ciel, toute la première partie, pleine d'images magnifiques, dans la lumière naturelle du soleil couché, est une succession d'impressions, sans doute juxtaposées lors du montage, épousant avec nombre d'ellipses le cycle de saisons.
J'aime moins la fin du film, à la narration bien plus linéaire, attendue et classique.
https://jamesriverfilm.files.wordpress.com/2011/03/days-of-heaven.jpg

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L'impressionnisme et la guerre - j'ai le souvenir d'une image, comme un leitmotiv, que l'on rtrouve en fait dans tous les films de Malick - celle d'un arbre gigantesque, filmé par en-dessous, en immense contre-plongée avec la lumière tentant de traverser le feuillage.
http://septiemeregard.canalblog.com/albums/terrence_malick_et_les_plans_en_contre_plongee/photos/13372818-la_ligne_rouge__la_lumiere_au_travers_des_arbres_1.html

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Malick, toujours.
https://adamcr007.files.wordpress.com/2011/01/the-new-world-2.png

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La compatibilité entre l'impressionnisme et le réalisme poétique peut sembler assez logique (notamment pour les films de carné/Prévert) : l'impressionnisme est un réalisme et sa finalité poétique est évidente.
Ce n'est pourtant pas le cas : avec le réalisme poétique, le réalisme est essentiellement social (préoccupation absente des finalités impressionnistes) et la poésie est surtout concentrée sur les personnages et sur les dialogues. On est en fait plus proche de tendances très expressionnistes. cela dit, la subtilité des éclairages, avec notamment les effets de brume, bien plus mystérieux que tranchés, permettent d'insérer Le quai des brumes dans cette liste.
https://zogarok.files.wordpress.com/2015/05/quai-des-brumes-2.jpeg
http://www.dvdclassik.com/critique/le-quai-des-brumes-carne/galerie

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Et même Hotel du Nord pour le travail accompli sur l'eau.

http://image.toutlecine.com/photos/h/o/t/hotel-du-nord-03-g.jpg

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L'unique long métrage de Jean Vigo, dans sa première partie surtout, la longue dérive sur les fleuves et les canaux,ou dans la rencontre sous-marine et fantasmée entre le marinier et la femme, relève de l'impressionnisme le plus pur.
http://www.colette.fr/content/wp-content/uploads/2013/04/colette.juliette3.jpg

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Au rythme des déambulations clandestines d'une vieille dame (Geraldine Page oscarisée) sur les traces de son passé - le village but de la quête n'existe plus ... Tout le récit est nourri de ces bifurcations - ainsi du passage de Rebecca de Mornay, dans un rôle apparemment important, mais achevé au premier aiguillage.
http://smorgasm.blogspot.fr/2012/05/memoires-du-texas-trip-to-bountiful.html

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Les Invasions barbares est un grand film impressionniste - entre moments, saisis dans l'instant, critiques, revirements, délimités souvent, comme pour marquer, parce qu'elle est là, la gradation vers le drame, par des fondus au noir, parfois très rapprochés. Impressionnisme absolu, lorsque le récit dérive vers la campagne québécoise aux somptueuses couleurs mêlées, avec irisation du lac et envol d'oies sauvages (celles, éternelles de jean-Paul Riopelle ou de Félix Leclerc).

Et tous ces éléments s'emboîtent parfaitement, sans qu'une quelconque thèse y soit privilégiée.

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Les principes de la Nouvelle vague semblent parfaitement correspondre à l'idée de récits impressionnistes - puisque centrés sur la perception du personnage, sur un découpage du temps renvoyant à cette perception - sans relation avec un récit structuré de l'extérieur.Mais cette perception confine souvent à l'abstraction ou au développement de thèses (Godard) peu impressionnistes.
Le cinéma de Truffaut, du moins à ses débuts, relève bien des cette juxtaposition d'impressions - c'est particulièrement évident dans la première partie des Mistons, avec le vent s'engouffrant dans les cheveux et sous la robe de Bernadette Lafont filant sur son vélo. La représentation des enfants est par contre très expressionniste.
http://www.imcdb.org/vehicle_78959-Simca-Aronde-1954.html
http://mooninthegutter.blogspot.fr/2011/12/operation-screenshot-films-of-fifties.html

Annotation :

Pour la longue course finale jusqu'à la mer ou pour le prologue survolant Paris, en quête de la Tour Eiffel ...
http://salonduthe.files.wordpress.com/2010/06/picture-36.png
http://salonduthe.files.wordpress.com/2010/06/picture-162.png

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De l'Impressionnisme historique attaché aux pionniers, les films de Jean Epstein et notamment Coeur fidèle constituent sans doute l'exemple le plus intéressant - en particulier pour leur esthétique : la scène célèbre des chevaux avec les correspondances induites par le montage, le visage de Gina Manès en surimpression sur les eaux du port de Marseille ...
http://ioic.ch/files/content/124/coeurfidele2.jpg
http://www.walkerart.org/calendar/2015/faithful-heart-coeur-fidele
http://www.blu-raydefinition.com/reviews/coeur-fidele-masters-of-cinema-uk-blu-ray-review.html

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Récit morcelé, chronologique mais pas du tout linéaire, scènes juxtaposés mettant même à distance la dimension tragique du récit, la suggérant plus que ne la construisant, images à l'avenant - l'impressionnisme du côté de l'Autriche.
http://www.bonjourtristesse.net/2011/08/colonel-redl-1985.html

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Présence absurde ici, culturellement décalée ? Mais Kurosawa était capable de toutes les synthèse, entre Shakespeare et les Samouraïs, avec d'immenses éclats de couleurs, mais aussi une approche très nuancée de la plaine, des herbes, du vent et du feu.
http://moviecitynews.com/wp-content/uploads/2013/08/ran20-hd.jpg

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Romantisme(sans pathos), teinté d'impressionnisme, plus dans les variations du récit, sans cesse reprises, que dans le visuel.
(suggestion d'Aurea).
https://dramaforreal.files.wordpress.com/2015/02/mood20.jpg
https://maladroids.files.wordpress.com/2011/12/screen-shot-2.png

Annotation :

Maupassant toujours, magnifié par Max Ophuls et son immense chef-opérateur Christian Matras.
http://fr.web.img4.acsta.net/medias/nmedia/18/94/00/09/20294776.jpg

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Effusions de lumière - les images parlent d'elles-mêmes.
https://andrewsidea.wordpress.com/2014/04/23/le-bonheur-agnes-varda-1965/#jp-carousel-5894
http://cinemathequeip.files.wordpress.com/2011/09/07_le_bonheur-dvd-01.jpg