Cover Le palais d'images — 2019 (juillet-décembre)

Le palais d'images — 2019 (juillet-décembre)

Je me mets à mon tour à cette pratique : voici la liste des films découverts en 2019. Enfin, depuis juillet, puisque c'est à cette période que je l'ai créée...

Liste de

148 films

créee il y a presque 5 ans · modifiée il y a 17 jours

Toy Story 4
7.1

Toy Story 4 (2019)

1 h 40 min. Sortie : 26 juin 2019 (France). Animation, Comédie, Aventure

Long-métrage d'animation de Josh Cooley

Azguiaro a mis 6/10.

Annotation :

Sympathique enfant non-désiré, 'Toy Story 4' parvient comme ses prédécesseurs à parler de drames humains par le biais de cette nouvelle histoire : ces relations recherchées mais impossibles, dont on guérit parfois lorsqu'on réalise qu'il y a tant de gens avec qui trouver le bonheur. Sans compter la relation humains-jouets qui s'approfondit, avec la question de l'appartenance, et au contraire de l'émancipation, même si celle-ci se termine tout de même par une vocation à aider d'autres voulant s'attacher sans hésitation aux enfants, dans le but de contribuer à les rendre heureux. Si le cas de Fourchette a été expédié rapidement, cela ne me dérange pas trop.
J'ai vu tant de gens en parler comme du film de trop, mais, ne serait-ce que pour les réflexions sur le besoin d'être avec autrui comme source de bonheur, je peux dire que c'est mon opus préféré, celui qui me touche le plus, qui me parle le plus, pour un film Pixar. J'ai toujours du mal avec l'animation en images de synthèse, mais ça quand un même un peu mieux que les deux premiers 'Toy Story'.

The man behind the microphone

The man behind the microphone

1 h 26 min.

Documentaire de Claire Belhassine

Azguiaro a mis 6/10.

Annotation :

Documentaire intéressant sur une immense figure de la culture tunisienne, à l'initiative de sa fille qui pendant longtemps n'a rien su de cette vie hors du commun ; la faute à un concours de circonstances que le film cherche justement à éclaircir. En vérité, 'The Man behind the Microphone' se donne parallèlement deux objectifs : établir le portrait d'une star en passant par les pots cassés familiaux, et faire état de l'histoire politique et sociale de la Tunisie au siècle dernier.
Cela amène à un joli résultat, où la descendance souffle sur la poussière recouvrant son passé avec les entrevues des membres de sa famille et d'autres proches de Hédi Jouini. Les témoignages racontent autant les mœurs conservatrices d'une époque que des anecdotes de la vie sous les projecteurs de cette légende. Il est vrai que parfois le tableau a l'air trop embelli, tant Jouini semble parfait, et certes le documentaire prend son temps, reste assez académique. Mais jusqu'au bout Belhassine cherche d'abord à faire honneur à un proche, et y arrive malgré la basicité de l'ensemble, jusqu'à un final touchant, dans la continuité du reste.

Annabelle - La Maison du mal
4.6

Annabelle - La Maison du mal (2019)

Annabelle Comes Home

1 h 46 min. Sortie : 10 juillet 2019 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Gary Dauberman

Azguiaro a mis 3/10.

Annotation :

Sincèrement, les films du "Conjuring Universe" sont mes navets actuels préférés, j'adore les regarder. Dans 'Annabelle : La Maison du mal' il y a toujours les mêmes poncifs, des repompes des effets de James Wan et parfois une idée de mise en scène, gâchée ou noyée dans le gâchis. Le résumé alertait déjà du naufrage : vouloir exploiter tous les fantômes enfermés dans la salle spéciale des Warren était casse-gueule, vu l'incapacité des réalisateurs de la saga à gérer ne serait-ce qu'une seule force démoniaque. À peu près tout est basique ou mal foutu, avec bien sûr des jumpscares. Et pourtant comme je l'expliquais j'aime beaucoup aller voir ces ersatz des essais horrifique de James Wan, pour voir ces quelques trucs de réalisation ou d'esthétique perdus dans un torrent de clichés. Cela rend le tout pas désagréable à regarder pour autant. Et puis j'aime beaucoup le style Wan, même repompé, à l'origine ça me parle beaucoup la hantise des lieux et des choses, l'épouvante surnaturelle, alors une ou deux fois l'ambiance fonctionne sur moi. C'est mauvais mais ça enseigne ce qui ne va pas dans le cinéma d'horreur, c'est déjà pas si mal...

Fantasmes et fantômes

Fantasmes et fantômes (2017)

1 h 17 min. Sortie : 4 octobre 2017 (France).

Film de Noël Herpe

Azguiaro a mis 7/10.

Annotation :

Film très théâtral, en trois sketchs à la fois différents et liés, 'Fantasmes et fantômes' a une manière particulièrement primale de connecter l'imaginaire aux passions humaines. Usant d'un minimalisme formel et d'acteurs et actrices aux jeux de comédiens, Noël Herpe crée un décalage qu'on peut trouver incommodant, mais qui permet une plongée rapide dans plusieurs univers en huis-clos. À partir de là, les personnages à l'écran se déchaînent progressivement dans de beaux numéros, dirigeant les trois histoires vers un registre comique ou au contraire inquiétant, oppressant. C'est en revenant à ces styles d'émotions très primaires que le réalisateur pose le cadre et crée l'empathie jusqu'au point de rupture. Le tout appuyé par une mise en scène qui tient très bien la route.
1er sketch : ici le dispositif est d'emblée très singulier, un cadre-photo où des personnages s'animent, avec l'un d'eux se lançant dans des logorrhées douteuses. Spectacle d'apparences, cette première histoire est comique de bout en bout, pièce filmée faisant un peu penser à du Molière. Ce sketch est peut-être un peu long sur le milieu, mais je l'apprécie pour ce qu'il annonce du film, à travers ce moment où le faux talent mime des expressions de manière exagérée. Comme pour prévenir sur le grotesque primitif du long-métrage.
2ème sketch : peut-être mon favori, tirant progressivement vers une angoisse très psychologique. En effet rien n'est montré, et le point culminant du récit se fait par échange téléphonique, où la peur s'établit par lecture des visages effrayés, qui apprennent ou interprètent ce qu'il se passe à l'autre bout du fil. Le mari se voit d'ailleurs de plus en plus rapproché et ce juste qu'à un très gros plan, menant à un sentiment extrêmement oppressif. C'est par cet adjectif qu'on peut qualifier tout ce segment, avec ces personnes de plus en plus enfermées par le cadre somptueux, les fenêtres, les ombres... Impossible d'avoir la moindre certitude sur ce qu'il se passe, la psychose est parfaitement contagieuse.
3ème sketch : incursion au centre de la folie la plus furieuse, la plus exagérée. Un asile, une soi-disant direction aux têtes animales et autres. Si l'histoire passe d'abord pour un vaudeville, elle finit déraper sur un début d'ambiance malsaine, comme un avertissement. Les apparences sont trompeuses, et si on peut deviner la fin ou trouver l'idée caricaturale, moi je trouve que le cinéaste s'en sort globalement très bien, faisant vibrer l'esprit par la suggestion.

Peppermint frappé
6.6

Peppermint frappé (1967)

1 h 34 min. Sortie : 23 août 1973 (France). Drame

Film de Carlos Saura

Azguiaro a mis 8/10.

Annotation :

Un coup de cœur que ce 'Peppermint frappé' de Carlos Saura, dont je découvre en même temps le travail ! On évoque souvent Buñuel pour qualifier ce film, qui lui est d'ailleurs dédié, et c'est vrai que la critique sociale par le biais des pulsions est très proche du style du maître. Voici le sexisme moderne, qui se cache sous les traits du docteur Julian, homme respectable s'il en est. Julian désire ce qu'il ne possède pas et n'arrive pas à posséder, à savoir une jeune femme -ou plutôt son image-, au caractère libertaire, qui semble prévoir la mentalité qui commençait déjà à s'opérer partout en Occident, à la fin des années 60.
Mais également, il y a beaucoup de 'Sueurs froides' dans le film de Saura : ici aussi il est question d'un souvenir de femme qui vire à l'obsession, qu'on veut recréer par tous les moyens. Ici aussi il est question d'art, de tableaux, d'une fin tragique sous forme de chute, d'éléments qui reviennent sans cesse. Dans le Hitchcock c'étaient les fleurs par exemple, ici il y a le tambour, et le peppermint frappé, à la "couleur de l'espoir" selon la jeune désirée dont il va ironiquement entraîner la chute. Et la provocation finale de Carlos Saura se fait quand Ana, l'infirmière devenue le sosie d'Elena, accepte son statut de fantasme, et devient sa partenaire dans le crime, lors d'une scène finale aussi perturbante que palpitante pour un film qui l'est tout autant.

Anna et les loups
6.9

Anna et les loups (1972)

Ana y los lobos

1 h 40 min. Sortie : 6 janvier 2016 (France). Drame

Film de Carlos Saura

Azguiaro a mis 7/10.

Annotation :

Décidément, je veux en voir plus du grand Saura, surtout après avoir vu celui-ci, qui se révèle être réellement fascinant. Le simple pitch rappelle beaucoup 'Théorème' de Pasolini, avec cette personne arrivant dans une demeure bourgeoise, et usant de la tentation pour perdre ses occupants. Les deux films se finissent cependant de manière très différentes, et 'Anna et les loups' accentue finalement bien plus sur le côté très allégorique de l'histoire. Les symboliques les plus limpides sont celles des trois frères, qui incarnent respectivement les trois aspects les plus forts de la dictature franquiste, à savoir la toute-puissance militaire, l'intégrisme chrétien et la sexualité passée sous silence. Face à eux se dressera une jeune femme, image de la liberté et du renouveau, qui les poussera à leurs derniers retranchements, jusqu'à en payer le prix. Exploration passionnante dans la maison du franquisme, où les habitants essaient de cohabiter tant bien que mal, et s'allieront pour écraser l'espoir afin de poursuivre le règne de contrôle et d'oppression.

Cul-de-sac
6.8

Cul-de-sac (1966)

1 h 47 min. Sortie : 2 décembre 1966 (France). Comédie dramatique, Thriller

Film de Roman Polanski

Azguiaro a mis 7/10.

Annotation :

Il y a un côté 'Chiens de paille' de Peckinpah dans ce pétage de plombs qui clôture cet exercice intrigant. Il faut dire que l'atmosphère, avant l'intrigue, s'y prête : le cadre semble prévenir du tournant horrifique qu'avait déjà commencé à prendre la filmographie de Polanski avec son premier volet de la triptyque des appartements hantés. Un noir et blanc fuligineux par moment, une presqu'île coupée du monde, un château sorti tout droit d'un conte d'épouvante, un vinyle lugubre... Presque tout rappelle les films d'épouvante à l'ancienne, pourtant l'intrigue s'établit sur des bases placées sur le champ des possibles ; ou comment savoir comment on peut réagir face à un danger de chair et d'os. Ainsi sont exacerbés les sentiments, les comportements, en particulier la lâcheté, avec un jeune cinéaste qui semble à chaque fois brandir la situation sous le nez du spectateur, posant silencieusement les questions : "Qu'aurais-tu fait ? Aurais-tu condamné ?".
Intéressantes sont les petites contributions à la critique du mépris de classe à peine passées en loucedé. Ces bourgeois remis à leur place par un truand exposé à l'univers mondain, pendant ce repas en plein air où il se moque ouvertement de leur langage. Et il y a ce rapport très ambigu à la question du rôle masculin, par l'injonction à l'affirmation virile, ou par un jeu de couple basé sur le travestissement.

Hustler White
6.7

Hustler White (1996)

1 h 19 min. Sortie : 3 septembre 1997 (France). Drame, Romance

Film de Rick Castro et Bruce LaBruce

Azguiaro a mis 5/10.

Annotation :

Film choral suivant des prostitués, sous un soleil littoral déjà vu mille fois ailleurs, 'Hustler White' est d'abord une sorte de délire s'enracinant dans un mode de vie singulier. Pendant une heure et quart il est question de passer d'un individu à un autre, dans un microcosme voué à la réception des fantasmes sexuels jusqu'aux plus inavouables. Par ci c'est la mutilation sadomasochiste, par là c'est la tournante à fétiche racial, un voyage qui en devient même un peu long à la longue.
Pourtant ce n'est pas mauvais, ça ne se prend pas spécialement au sérieux, ça référence 'Boulevard du crépuscule' au début et ça se termine sur un pastiche de romance façon âge d'or hollywoodien ; ça me rappelle parfois 'Boogie Nights', dans l'ambiance. Mais au niveau de l'analyse qui confronte l'humain à sa psyché sexuelle, on est bien loin de 'Belle de jour', le film de Castro et LaBruce ne voulant que rendre attachants des personnages que beaucoup éviteraient instinctivement dans la rue. Ce qui est déjà une très bonne chose.

La Fête imprévue

La Fête imprévue (1953)

23 min. Sortie : 1953 (Algérie). Comédie musicale

Court-métrage de André Zwoboda

Azguiaro a mis 4/10.

Annotation :

Un film musical vantant la culture algérienne par le chant, la danse et un soupçon de comédie. Il faut vraiment adhérer à ce concept si on veut apprécier ces 23 minutes servies dans une mise en scène ultra-basique et un scénario à peine existant. Il faut dire qu'ici tout n'est que prétexte à exposer un fantasme orientaliste comme l'avait sûrement souhaité le Gouvernement Général de l'Algérie en en faisant la commande.

L'Aube des damnés

L'Aube des damnés (1965)

1 h 40 min. Sortie : 1965 (France). Historique

Documentaire de Ahmed Rachedi

Azguiaro a mis 6/10.

Annotation :

Un titre à consonance très romanesque pour un documentaire classique constitué d'images d'archives. Classique à l'exception près du sujet qui, d'autant plus pour l'époque à laquelle il a été conçu, est d'un potentiel subversif énorme, puisqu'il s'attaque sans concession à l'histoire de la colonisation, surtout de l'Afrique, avec le regard des colonisés, ce qui influence beaucoup à la fois le ton et les partis pris. Le film commence par l'Algérie, puisque c'est du cinéma algérien, et y revient plusieurs fois, mais n'oublie pas de mentionner le continent entier, ainsi que certains pays d'Asie, afin d'éclairer un destin commun, et des entraides pour lutter. La décolonisation est évoquée avec superbe, rappelant au passage pourquoi encore aujourd'hui les Algériens sont aussi fiers de leur drapeau. Classique donc, mais radical dans son devoir de mémoire, créant au passage une vision bien plus juste de pays habituellement exotisés, à des moments où se tourner vers leur culture devient justement nécessaire. Une jolie découverte.

A Scene at the Sea
7.5

A Scene at the Sea (1991)

Ano natsu, ichiban shizukana umi

1 h 41 min. Sortie : 23 juin 1999 (France). Romance, Comédie dramatique, Drame

Film de Takeshi Kitano

Azguiaro a mis 8/10.

Annotation :

Translation cinématographique de la simplicité des haïkus, 'A Scene at the Sea' touche au sublime. Il est compliqué de développer une pensée autour d'un film comme celui-ci qui va droit à l'essentiel. La musique de Joe Hisaishi renforce comme à chaque fois la poésie dévastatrice de l'ensemble. S'il faut vraiment tirer un enseignement de ce morceau de ciel azuré, on peut bien entendu voir une critique sociale sur la place indigne du handicap dans la société, qui se confronte à l'incompréhension. Mais pour le reste, c'est juste la vie qui s'agite doucement sous le soleil estival, la beauté du quotidien qui repose l'âme.
Les films de Kitano ne vivent que pour eux-mêmes, à la manière de ce couple semblant en-dehors de toute préoccupation autre qu'aller à la plage, pour que Shigeru fasse du surf. Il viendra quand même le conflit, là encore silencieux, et le souvenir du bonheur s'en ira sur une planche, zénith du lyrisme de cette histoire à peine extraordinaire.

Le Rayon vert
7.3

Le Rayon vert (1986)

1 h 39 min. Sortie : 3 septembre 1986. Drame, Romance

Film de Éric Rohmer

Azguiaro a mis 4/10.

Annotation :

Parmi mes découvertes artistiques les plus importantes de ces dernières années à mes yeux, il y a l’œuvre de Jonas Mekas. L'un de ses points forts est de savoir transmettre une émotion par l'image, tant tout est vrai, tout est beau. Le vrai et le beau sont aussi des qualités qu'on attribut systématiquement au travail de Rohmer. Pourtant, chez lui il y a surtout des enchaînements d'étalages verbaux, qui rayonnent souvent par leur lourdeur. Même si dans 'Le Rayon vert', je trouve cet aspect un peu corrigé par moment, comme pendant cette "dispute" entre copines, qui semble déjà bien plus véridique que ce que j'avais pu voir dans 'Conte de printemps' par exemple ("Mais-qu'est-ce-c'est-que-cette-dic-ta-ture ?"). Le film se mue alors en errance bourgeoise dont les quelques moments intéressants ne masquent pas l'inutilité de l'ensemble.
Mais puisque la bourgeoisie peut intéresser : la filmographie d'Eugène Green propose aussi des portraits mondains, notamment dans 'Le Pont des arts', toujours volontairement un pied dans la caricature, ce qui est renforcé par la singularité des jeux d'acteurs et d'actrices. Green avait compris que parfois, quand les dialogues sont trop envahissants, il vaut mieux laisser parler la musique, ou un autre art que le sien, quand on veut créer de la beauté. Dans 'Le Rayon vert', c'est sans arrêt de la parole, et le seul moment suspendu est la dernière scène, demandant l'attention du public, chose perdue depuis déjà un moment dans ce film qui me passe au-dessus.

Terrifier
5.6

Terrifier (2011)

20 min. Sortie : 2011 (États-Unis). Épouvante-Horreur

Court-métrage de Damien Leone

Azguiaro a mis 3/10.

Annotation :

J'adore tout ce qui touche à l'épouvante, de toutes les façons, les films d'horreur sont, avec les teen movies, les films qui m'ont donné l'amour du Cinéma. Donc même quand c'est fauché, et que je sais que je vais pas aimer du tout, j'ai envie de voir par curiosité, pour trouver les bonnes idées cachées. Pas grand chose de ce genre dans le court-métrage 'Terrifier' (qui amènera à un long-métrage éponyme quelques années plus tard), qui brille sous le signe de l'amateurisme étudiant, avec son scénario aspergé de formol, son jeu d'actrice approximatif, sa prévisibilité, et dont la complaisance dans la violence m'empêche d'avoir totalement cette affection que j'ai souvent pour les création bis, notamment dans ce domaine.

Zombeavers
4.5

Zombeavers (2014)

1 h 25 min. Sortie : 30 octobre 2014 (États-Unis). Action, Comédie, Épouvante-Horreur

Film de Jordan Rubin

Azguiaro a mis 3/10.

Annotation :

'Zombeavers' fait partie de ces comédies qui ont pullulé dans les années 2010 dont le but est de singer les nanars, pour capitaliser sur le streaming lors des soirées entre potes. À partir de là, difficile de ne pas entrevoir le cynisme de la démarche, si le film de Rubin n'avait pas au moins la qualité de ne jamais cacher le fait qu'il est un pur produit d'exploitation de son temps. Autant le voir dans les conditions adéquates mentionnées plus tôt, en soirée, avec des gens toujours prêts à se marrer devant les mille problèmes et paresses que nous offre cette histoire improbable qui n'existe pauvrement que pour son concept. Et puis avoir un crush sur Rachel Melvin ça aide pas.

Machete
6.3

Machete (2010)

1 h 45 min. Sortie : 1 décembre 2010 (France). Action, Comédie

Film de Robert Rodriguez et Ethan Maniquis

Azguiaro a mis 3/10.

Annotation :

On peut dire que 'Machete' n'a pas volé sa réputation de film bourrin qui s'assume comme tel. Il tangue toujours entre la parodie et le pastiche, compliqué alors de savoir comment on doit le prendre. Pour ma part, le tout reste quand même très mauvais, avec des personnages aux actes stupides, même si on les prend avec le second degré, une action se basant bien plus sur les quantités de sang versé que sur la gestion de l'espace, ainsi que de grands moments d'embarras. Sans quoi le délire tapé aurait pu être de qualité, même si encore une fois je ne peux évidemment pas nier la sincérité du machin, avec un message contre le patriotisme xénophobe qui pourrit les USA, malheureusement gâché aussi par la complaisance de l'ensemble. Au moins, l'ayant vu en soirée c'est mieux passé, merci les ami(e)s.

Les Îles
6.6

Les Îles (2017)

23 min. Sortie : 10 février 2017 (France). Drame, Érotique

Court-métrage de Yann Gonzalez

Azguiaro a mis 5/10.

Annotation :

Dans 'Les Îles', Yann Gonzales s'évertue à exacerber les envies sexuelles des personnages, pour faire de ce microcosme d'individualités un modèle universel du désir. Entre un homme et une femme, deux hommes, cissexuel et transsexuel, humains et monstre, souvent soumis au voyeurisme, il se dégage une aura qui excite les corps et les esprits. Après, le court-métrage reste malheureusement limité. Avec certaines parties qui me passent au-dessus à cause d'une poésie (visuelle ou verbale) trop lourde, assez symptomatique de ce nouveau courant de cinéma de genre français dont la politique se fonde sur l'identité queer et la sexualité libérée, comprenant notamment Yann Gonzales et Bertrand Mandico. Dommage...

Big Man Japan
6.3

Big Man Japan (2007)

Dai-Nipponjin

1 h 53 min. Sortie : 2007 (France). Science-fiction, Comédie

Film de Hitoshi Matsumoto

Azguiaro a mis 7/10.

Annotation :

Les premières images que j'ai vues de ce film remontent à des années. Il s'agissait d'un extrait destiné à se moquer des délires non-sensiques de la culture japonaise contemporaine, avec ce géant nonchalant se confrontant à des créatures à la physionomie absurde.
Pourtant, au-delà de son pitch, 'Big Man Japan' est bien loin d'être inintéressant ou stupide. C'est à la fois un faux-documentaire touchant sur un paria désabusé, une comédie parodiant les kaiju-eiga, et une critique acerbe et plurielle sur une société exploitant ou délaissant ses membres, une époque où tout le monde se moque de tout et un Japon qui tourne le dos à ses légendes. Il est vrai que le film est d'un défaitisme aveugle, mais au moins cela lui permet une acidité rare, derrière le grand-guignol des combats de monstres grotesques qui donne au film une identité terriblement kitsch.
La satire garde cependant un aspect humain. Difficile de pas avoir une totale compassion pour cet anti-héros sur lequel le reste du monde vomit son ingratitude, qui se mue en indifférence comme en messages assassins. Sa famille se détache progressivement de lui, le gouvernement l'utilise sans état d'âme, et la seule personne qui se déclare être son amie est une femme dont on ne voit le visage que lors d'une seule scène. Difficile de faire un portrait moins flatteur du Japon, pays encore aujourd'hui très fantasmé, aussi Matsumoto laisse le dernier mot à l'autre pays des super-héros, pas tant comme une apologie que comme une ultime moquerie, qui permet au film de respirer autre chose qu'un pessimisme étouffant.

Symbol
7

Symbol (2009)

Shinboru

1 h 33 min. Sortie : 12 septembre 2009. Comédie

Film de Hitoshi Matsumoto

Azguiaro a mis 7/10.

Annotation :

Un nouveau film de Matsumoto qui se révèle être d'une grande intelligence malgré son pitch ridicule au premier abord. Passé les blagues primaires sur les bites et les pets, 'Symbol' cherche avant tout, pendant une bonne partie du film, à éveiller la fibre ludique du public, en lui exposant ce personnage devant user de ruses et d'astuces pour pouvoir s'échapper de la salle surnaturelle dans laquelle il est enfermé. En effet, on se retrouve à chercher nous-même dans notre coin les astuces permettant de passer la porte de sortie, tout en regardant le protagoniste rater ses propres tentatives de manière presque cartoonesque. L'histoire mexicaine en parallèle semble très subsidiaire, mais se révèle connectée à la partie principale sur la fin, où le prisonnier atteint son "exercice pratique", transformant ses actes déclencheurs jusque là faits pour lui-même en effets immédiats sur l'extérieur. Il y a beaucoup à interpréter sur tout ce que film montre, autant dire qu'au premier visionnage ça doit être souvent en vain, alors autant se laisser porter par cette ascension métaphysique finale, rendant compte de toutes les actions qui gouvernent le monde en permanence, posant la question certes vaine mais profonde de la destinée.

Roi Soleil
4.4

Roi Soleil (2018)

1 h 01 min. Sortie : 14 juillet 2018 (Espagne).

Film de Albert Serra

Azguiaro a mis 6/10.

Annotation :

Approche expérimentale et étouffante de la mort de Louis XIV. Serra avait déjà proposé une vision ultra-réaliste, malsaine et viscérale de cet événement deux ans auparavant. Ici c'est par la mise en spectacle du petit roi grotesque dans un happening d'art contemporain où les visiteurs passent que la désacralisation s'opère. Un film surchargé de rouge qui anesthésie l'horreur.

Un frisson dans la nuit
6.7

Un frisson dans la nuit (1971)

Play Misty for Me

1 h 42 min. Sortie : 2 janvier 1972 (France). Drame, Thriller

Film de Clint Eastwood

Azguiaro a mis 6/10.

Annotation :

Avec son histoire et son ambiance malsaine, 'Un frisson dans la nuit' me fait beaucoup penser aux thrillers de De Palma des 70'-80'. Film obsessionnel, le premier essai de Clint Eastwood contient l'archétype de la femme hystérique et sociopathe comme on n'en fait plus aujourd'hui (à la performance très efficace au passage), chose que je pourrais lui reprocher s'il n'avait pas au moins l'intelligence de l'opposer à un autre personnage féminin incarnant ce qui est bon dans les relations amoureuses. Alors qu'Evelyn montre le chemin de la possessivité maladive et de la jalousie mortelle, Tobie amène l'idée d'un amour qui serait libérateur et épanouissant, en soient témoins ces scènes de sorties en couple qui précèdent le climax terminal. Par la radio, Evelyn s'est forgée le fantasme tenace d'un prince qui lui déclarait son amour au travers des notes de 'Misty'. Tobie ne s'enferme jamais, cherche à toujours vivre de son côté pour un meilleur recul sur son idylle avec Dave, qui jamais ne vire barge.
'Un frisson dans la nuit' prend son temps pour démarrer, a un montage intéressant et cependant quelques effets de réalisation étranges. Un bon début de carrière.

Emmanuelle
4.3

Emmanuelle (1974)

1 h 45 min. Sortie : 26 juin 1974. Drame, Érotique

Film de Just Jaeckin

Azguiaro a mis 2/10.

Annotation :

Arf... Qu'est-ce que je peux dire sur ce film ? Éthiquement irresponsable, ne se justifiant que par l'excuse de l'exploitation par le sexe, mauvais en tout point, atrocement chiant et lourd... Alors évidemment, il ne fallait pas que je m'attende à autre chose, mais le fait qu'il soit si connu chez les amateurs du genre éveillait en moi une certaine curiosité. La réflexion sur la fidélité aurait pu avoir une chance de sauver le film, mais elle est inconsistante au possible et même à ce niveau 'Emmanuelle' rate tout en s'en foutant totalement.

L'Homme des hautes plaines
7.4

L'Homme des hautes plaines (1973)

High Plains Drifter

1 h 45 min. Sortie : 23 août 1973 (France). Western

Film de Clint Eastwood

Azguiaro a mis 6/10.

Annotation :

Pour son premier western, Clint Eastwood y va fort ; on peut même dire qu'il tend le fouet pour se faire battre. Il y a beaucoup de vrai dans ce qu'on lui reproche aujourd'hui -il faut arrêter de se mentir- et c'est à partir de ce film que les ennuis ont dû commencer. Les accusations de misogynie peuvent être facilement appuyées par ce début où le viol est légitimé, les pics assassines sur son égocentrisme peuvent facilement se baser sur l'aspect d'ange vengeur charismatique qu'il se donne tout au long du long-métrage.
Pourtant, l'image de l'Eastwood républicain et conservateur qu'on connait s'effrite dans cette histoire où il s'agit pour son personnage de relever la complaisance morale, la lâcheté, la xénophobie et autres tares encore bien ancrées dans les Etats-Unis actuels. En juge revenu des limbes, l'étranger, qui n'en est finalement pas vraiment un, va précipiter la ville au bord de l'Enfer, en face duquel elle verra son hypocrisie bouillonner. Si j'ai du mal avec les séquences de rêve censées rappeler le passé, parce qu'on a du mal à comprendre l'histoire derrière, la narration globale tient plutôt bien la route. Le cow-boy solitaire se joue de la moral comme il s'est joué de la mort, un pouvoir en effet bien arrogant pour un seul personnage, mais pour une histoire qui est finalement efficace et bien racontée.

Midsommar
7.2

Midsommar (2019)

2 h 27 min. Sortie : 31 juillet 2019 (France). Drame, Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Ari Aster

Azguiaro a mis 5/10.

Annotation :

Comme 'Hérédité', 'Midsommar' trace le parcours du deuil sur un sentier très spécial. Comme 'Hérédité', on est au plus proche des personnages, ce qui, notamment au vu du jeu superbe de l'actrice principale, accentue fortement l'empathie, nous mettant autant à fleur de peau que des individus déphasés avec leur environnement. Traiter des rites païens, c'est toujours particulier, surtout si on doit jouer sur l'aspect de cette culture qui peut nous paraître horrifique, quitte à en exagérer les traits. Ari Aster et son équipe ont très bien monté leur coup, et le film multiplie les effets de réalisation pour perdre et fasciner le public (par ailleurs, les passages de route semblent beaucoup s'inspirer de 'Shining').
'Midsommar' est prévisible. Mais 'Midsommar' le sait. Alors il va distiller le malaise en désamorçant plusieurs fois la tension par les personnages de cette communauté qui jusqu'au bout ont une façade bienveillante : le double suicide rituel choque les invités, alors on leur explique de la manière la plus pédagogique possible les enjeux du cycle de vie ; un arrivant disparaît, alors on explique à sa fiancée que contre toute logique il a bel et bien mis les voiles sans elle, et ce avec une affirmation parfaitement sereine. Les apparences ne trompent évidemment pas des spectateurs et spectatrices chevronnées de ce genre d'histoires, mais déstabilisent suffisamment par la mine presque indifférente des hôtes qui se soucient uniquement du bon fonctionnement de leurs festivités. Calme rompu une seule fois quand l'élément le plus insupportable de la bande commet le sacrilège de souiller un tronc sacré, renforçant le climat tendu.

Traité de bave et d'éternité
7.4

Traité de bave et d'éternité (1951)

2 h 03 min. Sortie : 25 janvier 1952 (France). Essai, Expérimental

Film de Isidore Isou

Azguiaro a mis 4/10.

Annotation :

Le film commençait plutôt bien, en vérité. Manifeste lettriste réclamant la déconstruction du cinéma qui sans ça n'aurait plus la possibilité d'innover, 'Traité de bave et d'éternité' se veut être un moyen d'expression radical, en hommage aux grands artistes qui ont cherché à subvertir les principes de leur temps. Dans l'audio de la première partie, il y a donc cette prise de parole publique très ancrée dans son époque, où la voix annonce vouloir faire un film "discrépant", un film qui ne doit pas hésiter à agresser la rétine plutôt que de la laisser indifférente. Isodore Isou pose d'emblée ses intentions et celles des grands écrivains qui vont s'affirmer durant deux heures, à savoir créer un objet anarchiste et anarchique, profondément politique et éminemment philosophique quant à l'ontologie du cinéma, puisqu'il s'agit d'en repousser les limites et d'en éclater les conventions. On raye donc les images de la pellicule, on désynchronise l'image du son, on déclame des grandes pensées et des grandes histoires et... C'est lourd et assez vain.
Oui, désolée si cela fait de moi une réactionnaire attachée à son confort bourgeois, mais je trouve sincèrement que le film, au-delà de la première demi-heure, n'a plus rien à raconter, et se transforme donc en auto-caricature verbeuse d'autant plus indigeste qu'elle dure beaucoup trop longtemps. Déjà, l'aspect libertaire individuel proclamé au début a clairement ses limites, même si cela reste quelque chose que je peux apprécier pour les prises de conscience qu'il peut apporter. Mais s'en tenir à ça de par un concept réduit à lui-même est une méthode que je n'arrive pas à justifier, il suffit de regarder le résultat pour se rendre compte qu'elle ne tient pas la durée. On me rétorquera que c'est le but du film de bousculer, voire énerver le public, pour le faire réagir. Sauf que, déjà, ça ne m'énerve pas, ça ne me bouscule pas, ça m'indiffère, soit ce que l'orateur disait justement exécrer dans l'art, et également j'ai souvent du mal à comprendre pourquoi vouloir bousculer sans amener quelque chose d'autre qu'une dissolution de la forme. C'est pourtant une pratique qui ne se retrouve que trop fréquemment dans les essais cinématographiques politiques, et qui méritait à être remis en question, pour que la rage incendiaire devienne autre chose que de la cendre fumante.

La Religieuse portugaise
7.3

La Religieuse portugaise (2010)

A Religiosa Portuguesa

2 h 07 min. Sortie : 11 novembre 2009 (France). Drame

Film de Eugène Green

Azguiaro a mis 6/10.

Annotation :

Après réflexion, ce film de Green m'emballe presque autant que les deux autres que j'ai vus de lui pour l'instant. Certes, il est long, exigeant, et j'ai du eu mal à suivre certains chemins que prenait le cinéaste. Mais à côté, il parle d'un de mes deux pays d'origine, il a ce charme que seuls les films de ce cher Eugène possèdent, sortes d'objets étranges toujours sur un fil tendu entre la méditation bourgeoise et la parodie de méditation bourgeoisie, recul salvateur que n'a jamais su prendre Rohmer, l'autre spécialiste du style. Bien sûr, il y a cette manière très greenienne de filmer les dialogues, toujours ramenés sur des face-caméra en plans rapprochés, accentuant l'empathie par l'émotion du visage, alors que la parole est très récitée comme chez Bresson. L'existentialisme de 'La Religieuse portugaise' se base sur cette réflexion de l'actrice sur son modèle, par lequel elle apprendra ce que pourrait être sa raison d'être. L'errance se ponctue de rencontres, heureusement sans trop de lourdeurs, puisque qu'Eugène Green a compris que lorsque qu'on choisit la voie du film verbal mais qu'on a parfois rien à dire, il vaut mieux se taire et laisser parler l'art qui n'est pas le sien. Green se sert du folklore local, de même qu'il a utilisé l'opéra italien dans 'Le Pont des arts', ainsi il invoque dans ce film de belles séquences de chanson portugaise. La fibre nostalgique s'émoustille, et le film montre qu'il n'est pas déconnecté de sa source.

Emerald cities

Emerald cities (1983)

1 h 29 min. Sortie : 1983 (France). Comédie

Film de Rick Schmidt

Azguiaro a mis 8/10.

Annotation :

Je n'attendais pas grand chose de ce film en le lançant. Il va sans dire que pourtant je ne regrette absolument pas d'avoir posé du temps pour regarder ce bijou, et que le fait qu'il soit si peu connu est un grand malheur.
De cette histoire de fugue d'une jeune femme de chez son père va émerger un regard passionnant sur les Etats-Unis. On a ainsi droit à un déferlement d'images aux origines diverses : journaux télévisés, enregistrements de concerts, entrevues de trottoir... Dans ces dernières s'articuleront le point principal du film : la légende du Père Noël. En plus de développer discrètement la psychologie de cette histoire familiale (Père Noël ou père indigne ?), les questions du journaliste aux passants sur ce personnage permettent à la fois de mettre les gens ordinaires au premier rang, et de dévoiler les différents rapports qu'ils entretiennent avec ce symbole ambigu de la générosité et du consumérisme. L'annonce de la mort d'un représentant du bonhomme rouge et blanc résonne alors de différentes manières, mais traduit à chaque fois la fin d'une certaine forme d'innocence ; désillusion que les images de la guerre froide soutiennent. À cela s'ajoutent d'autres récits sur les conflits armés, d'autres discours politiques, et du rock contestataire, transgressif, sorte de défense artistique de toute une génération face aux infamies du monde.
Ce n'est donc pas un film très optimiste, pourtant il y a toujours quelque chose de profondément touchant à aller dans la rue et parler aux gens, les laisser s'ouvrir. Le montage est très efficace, ordonné ou foutraque quand il le faut, comme pour singer une société qui déjà était souvent dans l'hystérique et le surplus d'informations.
Quant à ce père et sa fille, difficile de prendre parti, et ce n'était sûrement pas l'objectif du film. Ces "cités d'émeraude" qui apparaissent sur l'écran sont une analogie fascinante du filtre social magnifiant le rêve américain, auquel le vieux Papa Noël s'évertue à croire, blasé de devoir continuer son rôle.

Soyez les bienvenus
7.3

Soyez les bienvenus (1964)

Dobro pozhalovat, ili Postoronnim vkhod vospreshchen

1 h 15 min. Sortie : 9 octobre 1964 (Russie). Comédie dramatique

Film de Elem Klimov

Azguiaro a mis 8/10.

Annotation :

Comédie profondément joyeuse et très bien rodée, 'Soyez les bienvenus' est un film particulièrement plaisant à regarder pour la bonne humeur libertaire qui s'en dégage. Il s'agit du premier long-métrage de Klimov, qu'on connait pourtant plus avec un ton sérieux, notamment par le biais de 'Requiem pour un massacre' (qui à mes yeux est atrocement mauvais, au passage). Pourtant, le niveau politique de cette histoire burlesque est parfois à peine caché sous la surface : derrière l'image du directeur autoritaire c'est une critique grinçante de la pensée soviétique post-stalinienne qui émerge, pensée qui au nom du collectif uniformise la population et restreint les activités. Je suis soufflée par le rythme parfait et la mise en scène d'une créativité folle très caractéristique de l'oeuvre klimovienne en général. Je pense notamment à la magnifique séquence où Inotchkine hallucine l'animation des statues, ou toutes celles où l'effet de groupe sert à renforcer l'humour du moment. Remarquons aussi à quel point la représentation de l'enfance est belle, quand le côté turbulent souligne la superbe de l'innocence. Très belle surprise.

Cops and Robbers
6.6

Cops and Robbers (1979)

Dian zhi bing bing

1 h 31 min. Sortie : 6 novembre 1979 (Hong Kong). Drame, Policier

Film de Alex Cheung

Azguiaro a mis 6/10.

Annotation :

Il est vrai que cette ouverture au courant du nouveau cinéma hongkongais de l'époque ne brille pas spécialement par sa subtilité : un truand sociopathe sans foi ni loi contre des forces de l'ordre justes et intègres, rien de très neuf. Pourtant, si 'Cops and Robbers' abandonne toute envie de souligner la corruption ancrée dans le milieu policier hongkongais (dont on voit encore les conséquences aujourd'hui), il souligne tout de même la question difficile de la conciliation entre vie professionnelle et vie privée, en prenant un exemple d'existence où tout peut basculer bien plus vite qu'ailleurs. Il faut dire qu'Alex Cheung ne passe par quatre chemins, et n'a pas peur de filmer la mort comme un événement violent qui rend compte d'un quotidien compliqué. À la cellule familiale bienveillante s'oppose les limbes de la ville nocturne, que fait ressortir la mise en scène, avec notamment ce travelling suivant la voiture de police s'enfoncer dans les ténèbres et les néons.

Chaînes conjugales
7.8

Chaînes conjugales (1949)

A Letter to Three Wives

1 h 43 min. Sortie : 30 novembre 1949 (France). Drame, Romance, Comédie romantique

Film de Joseph L. Mankiewicz

Azguiaro a mis 10/10.

Annotation :

Mankiewicz est immense. Encore une fois il montre son incroyable capacité à allier l'analyse pointue des mœurs à l'émotion pure. Dans 'Chaines conjugales' il est question de mariage, et plus largement d'un consumérisme grandissant qui pousse les étasuniens à adopter une vie de paraître, de laquelle résultent de profondes angoisses sociales. Il s'agit de se servir d'une lettre énigmatique d'une femme à l'aura irrésistible pour faire ressortir les problèmes jusque là passés sous la couverture, amenant à une fascinante histoire du couple dans le pays des envies et de la consommation.
Il y a la femme qui ne se sent pas légitime à appartenir au milieu aisé à cause de ses vêtements de "campagnarde". Il y a celle qui devient économiquement active en travaillant pour le divertissement des masses, au grand dam du mari sans le sou qui prône la grandeur intellectuelle. Et enfin il y a celle qui vient d'un milieu pauvre et qui voit le mariage comme un moyen d'échapper à sa condition, tout en demandant une relation sincère. Comme à chaque fois pour les films de Mankiewicz, il faudrait faire une analyse complète de chaque personnage pour faire comprendre à quel point l'ensemble est absolument génial, mené par la main de maîtresse qu'est la plume de Vera Caspary qui adapte un roman pourtant peu porté sur la critique des apparences, semble-t-il. La peur de perdre leur mari et par la même occasion leur statut fait de ces femmes les thèses les plus efficaces -car les plus humaines- pour comprendre l'influence patriarcale, et à quel point le mythe de l'"American Way of Life" a formaté les esprits du pays, jusqu'à influencer tout l'Occident.
Il aurait été trop facile de terminer en expliquant que la lettre était un mensonge, alors le film choisit une conclusion bien plus intelligente et merveilleusement rodée. Conclusion dans laquelle le couple Darnell-Douglas détient la pensée qui traverse l'oeuvre de Mankiewicz : dans ce spectacle qu'est la vie, l'amour et l'esprit font toute la différence. Que dire d'autre dans cette annotation sans s'étaler sur 10 pages, sinon que l'aspect proto-féministe fonctionne parfaitement bien, que les acteurs et surtout les actrices sont tout bonnement incroyables, et que désormais j'aime Linda Darnell à la folie.
(D'ailleurs je tiens à finir ce texte en remerciant Mankiewicz et Capary d'avoir offert à Darnell la fin qu'elle méritait et que ni ses autres rôles, ni la vraie vie ne lui ont accordé, à savoir une fin heureuse et comblée par l'amour.)

Tempête à Washington
7.6

Tempête à Washington (1962)

Advise and Consent

2 h 19 min. Sortie : 6 juin 1962 (États-Unis). Drame, Thriller

Film de Otto Preminger

Azguiaro a mis 8/10.

Annotation :

Les réflexions de 'Tempête à Washington' sont respectées jusqu'au bout et permettent d'éviter toute morale finalement conservatrice et surtout pro-républicaine. L'anti-manichéisme est particulièrement intelligent, passant au crible les conséquences des actes au-delà des intentions.
Le film de Preminger a quelque chose d'une version désenchantée de 'Mr. Smith au Sénat', celle qui voit ne voit pas l'individu comme devant choisir le Bien ou le Mal de manière idéaliste, mais comme emprisonné dans un système qui le pousse à renier son éthique pour remporter la victoire. La politique des hautes sphères est un jeu de pressions, de chantages et de mensonges, et Leffingwell l'apprend à ses dépends. Les coupables qui font avancer les mascarades sont toujours les mêmes : le nationalisme, le conservatisme, la morale, tout ce qui amène les valeurs guerrières, mais aussi la chasse aux sorcières communistes et le rejet de l'homosexualité (des "erreurs de jeunesse"). Une autre qualité du long-métrage est d'adopter un jusqu'au-boutisme sinistre, qui rappelle que ce qui se trame au sein des rouages politiques doit être pris au sérieux, puisque même la mort peut être de la partie.

Azguiaro

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