Lectures et notes (2025)
Quelques mots notés (de temps en en temps) ; des notes sur dix comme toujours. Je profite de la polysémie du mot "notes" car les "commentaires" ne seront plus systématiques.
Illustration : Roger Dale
86 livres
créée il y a 9 mois · modifiée il y a 3 joursUn homme célèbre
Sortie : 2024 (France). Nouvelle
livre de Joaquim Maria Machado de Assis
Elouan a mis 7/10.
Annotation :
Première nouvelle — c'est agréable de renouer avec cette sensation, fréquente chez Machado de Assis : on a envie de rire sans très bien savoir pourquoi. Le comique n'arrive pas avec de gros sabots, mais les personnages plutôt insignifiants, l'auteur arrive l'air de rien à les rendre bouffons, légèrement. C'est aussi criant dans l'avant-dernière nouvelle. Hélas, les autres nouvelles du recueil sont plus quelconques, surtout pour le lecteur familier du romancier brésilien. Celui-ci reprend ses thèmes, son ton, ses astuces, se renouvelle si peu qu'on a parfois l'impression d'avoir déjà lu ce qu'on découvre pour la première fois.
Joie dans le ciel
livre de Charles-Ferdinand Ramuz
Elouan a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Le Voyage des morts (1959)
Sortie : 1959 (France). Roman
livre de François Augiéras
Elouan a mis 6/10.
Annotation :
Oui — "c'est bien écrit" "il y a de belles descriptions" ces phrases creuses qu'on dit par politesse ou pour meubler un vide — celui de l'artiste ou du commentateur ? — est-ce que ça suffit ? Oui, les mots sonnent bien, comme des petits cailloux dans cette sécheresse ; le paysage s'impose, comme un tableau vivant. Au milieu de tout cela, les élucubrations d'un narrateur douteux du point de vue moral. Non que tout cela m'ait choqué, plutôt fatigué à la longue, voire endormi.
Présentation des haïdoucs
Roman
livre de Panaït Istrati
Elouan a mis 7/10.
Annotation :
Istrati nous parle d'un monde cruel, infesté d'atrocités telles qu'il en existe dans le réel. Mais Istrati n'est pas un réaliste, il arrive même à nous amuser en mettant tout cela au diapason d'une aventure, d'une aventure romantique, d'une lutte entre des personnages plus drolatiques ou vivants que mélodramatiques ; mais rien n'égale leur détermination. Le hic c'est qu'ils n'ont aucun but positif, de sorte que les haïdoucs, parfois, ne valent pas mieux que leurs bourreaux.
Quatrevingt-treize (1874)
Sortie : 1874 (France). Roman
livre de Victor Hugo
Elouan a mis 8/10.
Annotation :
L'ennemi, disait Danton, est à l'étranger. L'ennemi est à l'intérieur — en Vendée — lui répondait Robespierre, l'ennemi est partout ; en chacun de nous affirmait de son côté Marat. Moins d'un siècle après 93, Victor Hugo se fait fort de représenter ce moment particulier où l'on était cerné de tous côtés : blancs, bleus, et les armées des nations coalisées qui menaçaient d'envahir. L'œuvre, si elle consiste à abolir la distance que les simples connaissances des faits historiques (mais aussi quelques lacunes) met entre nous et le passé, et à nous faire rentrer dedans avec l'impression de la vivre, de la sentir ; si telle est son œuvre, alors elle est réussie. Hugo dépeint les lieux, les événements, et l'on voit ces forts, ces ruines, ces éboulements et ces incendies comme plongés dans une longue nuit où l'écho des combats se fait sentir plus ou moins proche, plus ou moins dangereux pour tout individu qui se trouve dans les parages. Ces tourments et ces lieux, caractérisés avec un arsenal d'épithète assénées parfois comme des formules magiques répétées à souhait : horrible, affreux, terrible, épouvantable, on les voit bien sûr plus stylisées par l'hyperbole et les contrastes entre plusieurs valeurs, des objectifs, des méthodes. Hugo nous montre, nous fait vivre ces tensions.
Et pourtant, l'écrivain romantique domine son sujet ; on pourrait presque dire que, pour une bonne partie du roman, il ne fait que cela ; notamment dans ces longues digressions caractéristiques de Hugo, et qui, si elles peuvent s'apprécier pour elles-mêmes, ne manque pas d'interrompre un fil narratif. Un fil narratif, ou des morceaux noyés dans un brouillard où se dessinent davantage des visions d'artistes ou des rétrospectives historiques qu'une structure narrative. L'intrigue existe, elle se déploie en trois ou quatre temps forts, mais quel bref éclat, dans toute cette sombre armature... À la moitié du chemin parcouru, on ne discerne encore pas très bien qui sont les personnages de l'histoire. Ceci provient aussi du fait qu'ils paraissent peut-être un peu muets ; du moins leur parole servent la narration, quelques détails précis — leurs idées ne font pas corps dans le roman, (ou dans sa majeure partie) puisque Hugo pérore à leur place. Celui-ci a trouvé une quatrième voie dans la fameuse querelle entre Danton, Robespierre et Marat. Il n'y a pas d'ennemi à détruire, mais des êtres humains à sauver ; le bien ne se définit pas seulement par l'intention, mais aussi par les moyens.
La Ville aux acacias (1935)
Orașul cu salcâmi
Sortie : 8 octobre 2020 (France). Roman
livre de Mihail Sebastian
Elouan a mis 8/10.
Annotation :
C'était "L'Éveil du Printemps" pour Wedekind, ce sera la floraison des acacias pour Mihail Sebastian... deux métaphores pouvant évoquer les premiers émois, les premiers troubles annonçant les futurs premiers pas dans une vie sentimentale, adulte. Mais j'ai trouvé Mihail Sebastian beaucoup plus subtil que Wedekind. Ses personnages, quoique étranges parfois, semblent plus crédibles, plus vrais que nature. Sebastian n'hésite pas d'ailleurs à défier la pruderie de son époque en peignant la vie intime dans ses moindres détails et ce avec un choix esthétique neutralisant leur aspect cru. Et à la fois, l'idéalisation amoureuse, la corde sensible de ce récit aux acacias, on ne l'oublie pas, loin s'en faut ; Sebastian l'étudie sous tous ses angles, et lui fait vivre des virevolte, des foucades, fait vibrer cette tension — ce combat — entre l'espoir et la réalité. Mihail Sebastian a souvent des mots très justes pour décrire un comportement, une façon de s'emporter dans une passion et d'oublier ce qu'on se mordra les doigts d'avoir perdu quelques temps plus tard. Une vision à la fois réaliste et enchantée sur comment de l'enfance la jeunesse germe — puis s'éteint, et ce, parfois, avec des projets qui se révèlent autodestructeurs.
Un moustique dans la ville
Kogho qalaqshi
Sortie : 7 septembre 2017 (France). Roman
livre de Erlom Akhvlediani
Elouan a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
J'imagine que ce texte pourrait être agréable à écouter, le soir, avant de se coucher, à cela près que l'évocation du moustique peut-être perturbatrice pour le dormeur. Le récit tourne en rond, se répète de façon hypnotique, on s'endort faute d'intérêt suffisant suscité par ce qui arrive aux personnages. Le moustique n'a, d'ailleurs, presque pas son vrai rôle de moustique (il pourrait être cupidon) et c'est à se demander qui ou quels éléments jouent vraiment son rôle dans ce livre, et par rapport à quoi ? Puis peu à peu, l'histoire s'installe, avec ces phrases répétées qui, au début, n'engageaient rien du tout (comme de simples observations, bêtes comme la pluie) se transforment en métaphores plus subtiles, en belles images qui parent le récit comme un conte. La forme du ciel, la roche, les lumières dans différents tons de bleus se mêlent à la rêverie d'une collégienne ; on entre par intermittence dans son monde magique... J'imagine que le roman aurait pu être un conte, un conte pour enfant. À cela près qu'il contient tout de même des notions philosophiques un peu pointues sur l'existence qui, à vrai dire, ne mènent pas à grand-chose.
À l'ombre de la mort (1899)
Nāvēs enā
Sortie : 1899.
livre de Rudolfs Blaumanis
Elouan a mis 6/10.
Annotation :
Des pécheurs se trouvent sur un banc de glace qui se détache et part à la dérive. Impossible de rejoindre la côte, ils sont bloqués, les vivres sont limités et il fait extrêmement froid. La structure de cette nouvelle est un peu frêle, Blaumanis paraît en vouloir dire beaucoup de choses avec le moins de mots possible. L'idée est de faire ressortir la complexité de la nature humaine dans cette situation effroyable, et c'est pour ça que Blaumanis est reconnu : il est le premier, dans la littérature lettone à élaborer des personnages "complexes". Il faut le dire vite. Tout cela reste assez convenu, et partant assez anecdotique ; mais ne crachons pas dans la soupe, il y a des scènes particulièrement émouvante dans cette tension glaçante, mortelle.
Le livre des jours
Sortie : 1984 (France).
livre de Taha Hussein
Elouan a mis 7/10.
Annotation :
On entre dans un livre assez comparable à "Mon Antonia" sauf que ce qui semblait curieux chez Willa Cather nous semble ici logique : "Le livre des jours" est une autobiographie, ou, "Les années d'apprentissage de Taha Hussein". Pas de grands événements (l'auteur n'évoque presque pas sa perte de la vue, tout au plus comme une "honte", il n'évoque pas plus les impacts que cette cécité a eu sur sa vie) mais une foule de portraits moraux : les parents, les frères et sœurs, les amis, les condisciples, les professeurs, les imams, les cadis, etc... une masse dans laquelle le personnage a tendance à se fondre. Le narrateur observe, critique. Une pléthore de détails sur les études islamiques (grammaire, rhétorique, logique) créé une sorte d'enveloppe un peu sèche, parfois aride : l'ennui semble, comme le silence, consubstantiel de son expérience à l'école du Caire, l'université d'Al-Azhar. Cependant Taha Hussein nous rattrape continuellement avec son regard critique sur les comportements humains, aussi bien que sur ce qu'on lui apprend : des superstitions et des coutumes parfois préislamique, parfois en marge, parfois davantage lié au soufisme et à la magie. Taha Hussein nous fait appréhender cette imaginaire, cette culture, telle qu'elle est reçue par un enfant jusqu'à l'adolescence.
Amour et amitié (1790)
Love and Friendship
Sortie : 1790 (Royaume-Uni). Roman
livre de Jane Austen
Elouan a mis 6/10.
B-17 G (2006)
Suivi de Smith
Sortie : février 2006. Roman, Histoire
livre de Pierre Bergounioux
Elouan a mis 6/10.
Mon Ántonia (1918)
My Ántonia
Sortie : 1995 (France). Roman
livre de Willa Cather
Elouan a mis 8/10.
Annotation :
C'est étrange comme ce récit capte et enveloppe l'attention du lecteur dans un univers sans trame, sans point d'accroche narrative. Willa Cather nous prend par le bras, ou pas exactement, puisqu'on a envie de rester avec ces personnages, variés, tous individualisés. Chacun d'entre eux se voit attribué une petite touche, qui dénote une critique, une satire, ou révèle dans le personnage quelque chose de plus profond ou de plus chaleureux. Je vous le dit, on a envie de rester ; on s'imprègne de ce doux naturalisme. Ce n'est pas qu'il n'y a pas d'aventure (au contraire) mais c'est qu'aucune ne structure ou ne définit mieux ce roman qu'une ambiance, dépeinte honnêtement et sans grande leçon moralisatrice. On croirait retrouver Carson McCullers dans sa finesse de caractérisation, sauf que Willa Cather se passe de s'introduire dans les pensées de ses personnages (sauf dans celles de son narrateur) et nous les attache aussi bien.
Près de la voie ferrée (1946)
Przy torze kolejowym
Sortie : 16 septembre 2009 (France). Nouvelle
livre de Zofia Nalkowska
Elouan a mis 7/10.
De la dignité de l'homme (1486)
Oratio de hominis dignitate
Sortie : 31 mai 1993 (France). Essai, Philosophie
livre de Jean Pic de La Mirandole
Elouan a mis 6/10.
Annotation :
En se remémorant le contexte de l'époque ; des idées très intéressantes et une belle manière de les formuler : de la faculté de l'être humain de se modeler, de se façonner à sa guise. L'humanisme par excellence dans de nombreux passage, la volonté de s'éloigner, autant que faire se pouvait, du dogmatisme, en épluchant les thèses de tous horizons. Mais l'esprit de synthèse envers et contre tout et sous le prisme chrétien est la faille de tout ce développement. La suite se révèle plus compliqué avec ces fastidieuses bondieuseries, un rationalisme chrétien prônant évidemment le mépris des choses terrestres (se nourrir ! que c'est vilain...) de la séparation entre le corps et l'esprit. Je n'ai pas compris d'autres part en quoi la philosophie de Platon et celle d'Aristote forment une seule philosophie : ce n'est pas que l'explication soit obscure, c'est qu'il n'y a pas d'explication du tout. Permettez aussi que je reste sceptique sur l'épistémologie kabbalistique, sans me prêter les aboiements d'un chien.
"En voilà assez sur la magie: si j'en ai tant parlé, c'est qu'il ne manque pas de gens, je le sais, pour condamner et détester ce qu'ils ne comprennent pas, de même que les chiens aboient toujours contre les inconnus."
La Douce (1876)
(traduction André Markowicz)
Кроткая (Krotkaïa)
Sortie : 1992 (France). Récit
livre de Fiodor Dostoïevski
Elouan a mis 7/10.
Annotation :
Peut-il y avoir le moindre problème dans le fait de "trop" bien connaître un auteur ? En soi non, mais à lire exactement ce à quoi l'on s'attend, sans la moindre surprise, sans la moindre nouveauté... C'était le souci du premier chapitre, et l'anxiété de m'être finalement lassé de cette musique particulière, le style parlé, balbutiant, véhément des narrateurs dostoïevskiens. Non, ce n'était pas vraiment cela, puisque les choses s'arrangent au deuxième chapitre. Est-ce que le style change ? Pas du tout. Simplement, du pur solipsisme exsangue à force de tourner en rond et à ne parler de rien de substantiel, on arrive à une réelle tension explorée entre un homme et une femme. Rien de révolutionnaire pour autant, je continue de penser que les gros romans explosent les petits chez Dosto.
La dernière visite (1925)
Sortie : 1925 (États-Unis). Recueil de nouvelles
livre de Conrad Aiken
Elouan a mis 7/10.
Vie et Destin (1962)
Zhizn i Sudba
Sortie : 1980 (France). Roman
livre de Vassili Grossman
Elouan a mis 9/10.
Jean Sbogar (1818)
histoire d’un bandit illyrien mystérieux
Sortie : 1818. Roman
livre de Charles Nodier
Elouan a mis 5/10.
La Cité du soleil (1623)
Civitas Solis
Sortie : 1840 (France). Essai, Philosophie
livre de Tommaso Campanella
Elouan a mis 4/10.
Annotation :
Presque aussi délirant que le "Français faites encore un effort si vous voulez être républicain" de Sade, (dans le cas de Campanella, je ne dis pas "délirant" pour dire "amusant") ; quoique beaucoup plus chrétiennement vertueuse. Très platonicien, Campanella nous présente une société d'esclave qui pensent vivre la liberté, partant d'une vision de la nature humaine complètement hors-sol.
Merci (2011)
Gracias
Sortie : août 2015 (France). Roman
livre de Pablo Katchadjian
Elouan a mis 5/10.
Annotation :
Je n'ai été à aucun moment transporté par cette écriture ou par cette narration. C'est très lent, très entortillé, et le résultat est très convenu, très banal. Tout est en somme couru d'avance hors les incongruités du récit, que rien ne justifie ; l'auteur assume, mais cela fait tout de même très artificiel.
La grande maison
Sortie : 1952 (France). Roman
livre de Mohammed Dib
Elouan a mis 7/10.
Annotation :
Roman organisé en petites scènes pleines de vie, entre vie animée, chamboulée par des bêtises d'enfants, de peccadilles ou de crises de colère, toutes fondues dans un drame latent et persistant : celui de la faim. Il y a de beaux personnages, comme Omar, incarnant à sa manière enfantine — et peut-être naïve hélas — une sorte d'espoir. J'ai quand même senti une frustration une fois terminé : ce livre ressemble plutôt à un commencement qu'à quelque chose d'achevé. Eh beh oui, j'ignorais qu'il y avait une suite : dans L'Incendie et Le Métier à Tisser.
L'Éveil du printemps (1891)
Frühlings Erwachen
Sortie : 1891 (Allemagne). Théâtre
livre de Frank Wedekind
Elouan a mis 6/10.
Le Vieil Homme et la Mer (1952)
(traduction Jean Dutourd)
The Old Man and the Sea
Sortie : 1952 (France). Roman
livre de Ernest Hemingway
Elouan a mis 6/10.
Du prince et des lettres
Sortie : 20 août 2010 (France). Essai
livre de Vittorio Alfieri
Elouan a mis 6/10.
Annotation :
L'ouvrage et la pensée ont vieilli, en tout cas, il rousseauiste jusqu'à la moelle l'Alfieri. Malgré tout, il y a de bons principes ; mais il y a là davantage d'élégance que l'étoffe d'un visionnaire.
La Légende de Sleepy Hollow
The Legend of Sleepy hollow
Sortie : 1819 (France). Recueil de nouvelles
livre de Washington Irving
Elouan a mis 8/10.
Annotation :
Écriture très traditionnelle, très agréable à lire en tout cas, et drôle.