Lectures et notes (2025)
Quelques mots notés (de temps en en temps) ; des notes sur dix comme toujours. Je profite de la polysémie du mot "notes" car les "commentaires" ne seront plus systématiques.
Illustration : Roger Dale
73 livres
créée il y a 7 mois · modifiée il y a environ 13 heuresPrès de la voie ferrée (1946)
Przy torze kolejowym
Sortie : 16 septembre 2009 (France). Nouvelle
livre de Zofia Nalkowska
Elouan a mis 7/10.
De la dignité de l'homme (1486)
Oratio de hominis dignitate
Sortie : 31 mai 1993 (France). Essai, Philosophie
livre de Jean Pic de La Mirandole
Elouan a mis 6/10.
Annotation :
En se remémorant le contexte de l'époque ; des idées très intéressantes et une belle manière de les formuler : de la faculté de l'être humain de se modeler, de se façonner à sa guise. L'humanisme par excellence dans de nombreux passage, la volonté de s'éloigner, autant que faire se pouvait, du dogmatisme, en épluchant les thèses de tous horizons. Mais l'esprit de synthèse envers et contre tout et sous le prisme chrétien est la faille de tout ce développement. La suite se révèle plus compliqué avec ces fastidieuses bondieuseries, un rationalisme chrétien prônant évidemment le mépris des choses terrestres (se nourrir ! que c'est vilain...) de la séparation entre le corps et l'esprit. Je n'ai pas compris d'autres part en quoi la philosophie de Platon et celle d'Aristote forment une seule philosophie : ce n'est pas que l'explication soit obscure, c'est qu'il n'y a pas d'explication du tout. Permettez aussi que je reste sceptique sur l'épistémologie kabbalistique, sans me prêter les aboiements d'un chien.
"En voilà assez sur la magie: si j'en ai tant parlé, c'est qu'il ne manque pas de gens, je le sais, pour condamner et détester ce qu'ils ne comprennent pas, de même que les chiens aboient toujours contre les inconnus."
La Douce (1876)
(traduction André Markowicz)
Кроткая (Krotkaïa)
Sortie : 1992 (France). Récit
livre de Fiodor Dostoïevski
Elouan a mis 7/10.
Annotation :
Peut-il y avoir le moindre problème dans le fait de "trop" bien connaître un auteur ? En soi non, mais à lire exactement ce à quoi l'on s'attend, sans la moindre surprise, sans la moindre nouveauté... C'était le souci du premier chapitre, et l'anxiété de m'être finalement lassé de cette musique particulière, le style parlé, balbutiant, véhément des narrateurs dostoïevskiens. Non, ce n'était pas vraiment cela, puisque les choses s'arrangent au deuxième chapitre. Est-ce que le style change ? Pas du tout. Simplement, du pur solipsisme exsangue à force de tourner en rond et à ne parler de rien de substantiel, on arrive à une réelle tension explorée entre un homme et une femme. Rien de révolutionnaire pour autant, je continue de penser que les gros romans explosent les petits chez Dosto.
La dernière visite (1925)
Sortie : 1925 (États-Unis). Recueil de nouvelles
livre de Conrad Aiken
Elouan a mis 7/10.
Vie et Destin (1962)
Zhizn i Sudba
Sortie : 1980 (France). Roman
livre de Vassili Grossman
Elouan a mis 9/10.
Jean Sbogar (1818)
histoire d’un bandit illyrien mystérieux
Sortie : 1818. Roman
livre de Charles Nodier
Elouan a mis 5/10.
La Cité du soleil (1623)
Civitas Solis
Sortie : 1840 (France). Essai, Philosophie
livre de Tommaso Campanella
Elouan a mis 4/10.
Annotation :
Presque aussi délirant que le "Français faites encore un effort si vous voulez être républicain" de Sade, (dans le cas de Campanella, je ne dis pas "délirant" pour dire "amusant") ; quoique beaucoup plus chrétiennement vertueuse. Très platonicien, Campanella nous présente une société d'esclave qui pensent vivre la liberté, partant d'une vision de la nature humaine complètement hors-sol.
Merci (2011)
Gracias
Sortie : août 2015 (France). Roman
livre de Pablo Katchadjian
Elouan a mis 5/10.
Annotation :
Je n'ai été à aucun moment transporté par cette écriture ou par cette narration. C'est très lent, très entortillé, et le résultat est très convenu, très banal. Tout est en somme couru d'avance hors les incongruités du récit, que rien ne justifie ; l'auteur assume, mais cela fait tout de même très artificiel.
La grande maison
Sortie : 1952 (France). Roman
livre de Mohammed Dib
Elouan a mis 7/10.
Annotation :
Roman organisé en petites scènes pleines de vie, entre vie animée, chamboulée par des bêtises d'enfants, de peccadilles ou de crises de colère, toutes fondues dans un drame latent et persistant : celui de la faim. Il y a de beaux personnages, comme Omar, incarnant à sa manière enfantine — et peut-être naïve hélas — une sorte d'espoir. J'ai quand même senti une frustration une fois terminé : ce livre ressemble plutôt à un commencement qu'à quelque chose d'achevé. Eh beh oui, j'ignorais qu'il y avait une suite : dans L'Incendie et Le Métier à Tisser.
L'Éveil du printemps (1891)
Frühlings Erwachen
Sortie : 1891 (Allemagne). Théâtre
livre de Frank Wedekind
Elouan a mis 6/10.
Le Vieil Homme et la Mer (1952)
The Old Man and the Sea
Sortie : 1952 (France). Roman
livre de Ernest Hemingway
Elouan a mis 6/10.
Du prince et des lettres
Sortie : 20 août 2010 (France). Essai
livre de Vittorio Alfieri
Elouan a mis 6/10.
Annotation :
L'ouvrage et la pensée ont vieilli, en tout cas, il rousseauiste jusqu'à la moelle l'Alfieri. Malgré tout, il y a de bons principes ; mais il y a là davantage d'élégance que l'étoffe d'un visionnaire.
La Légende de Sleepy Hollow
The Legend of Sleepy hollow
Sortie : 1819 (France). Recueil de nouvelles
livre de Washington Irving
Elouan a mis 8/10.
Annotation :
Écriture très traditionnelle, très agréable à lire en tout cas, et drôle.
Le Pain nu (1980)
Sortie : avril 1997 (France). Roman, Biographie
livre de Mohamed Choukri
Elouan a mis 7/10.
Annotation :
Le ton survole tout, c'est lui qui intrigue, dans toutes cette violence, cette crudité des rapports, ces comportements abjects et cette misère sexuelle. Naïf, désinvolte, le narrateur apprend à vivre dans un contexte qui lentement mais sûrement, va finir par le modeler. Sur la fin, par contre, ça commence aussi à s'essouffler, il y a une succession de combines qui embrouillent le texte ― c'est toujours pareil, le personnage a besoin d'argent alors il trafique, arnaque, puis il se barre pour nouer d'autres relations éphémères ― la psychologie, faute de se complexifier maintenant que le narrateur a grandit, a plutôt tendance à elle aussi, s'embrouiller. Le texte sera interdit pendant vingt ans au Maroc (de 1980 à 2000). J'ignorais que le récit était un peu autobiographique. C'est aussi brutal que sincère, en tout cas.
Les deux amis de Bourbonne (1770)
Sortie : 27 mai 2002 (France). Conte
livre de Denis Diderot
Elouan a mis 5/10.
Annotation :
Suivi de :
Ceci n'est pas un conte (7)
Sur l'inconséquence du jugement public de nos actions particulières (4)
Supplément au voyage de Bougainville (relecture) (6)
Les Cahiers de Gustav Anias Horn (1949)
Die Niederschrift des Gustav Anias Horn nachdem er 49 Jahre alt geworden war
Sortie : 1997 (France). Roman
livre de Hans Henny Jahnn
Elouan a mis 7/10.
Annotation :
Mille et quelques centaines de pages dans lesquelles je persévérais ― largement récompensé toutefois à certains moments par la splendeur romantique de certaines images, quelque chose d'un peu stifterien ― mais, ma foi, ces personnes ne m'ont pas beaucoup intéressés (sauf peut-être Ajax, au début, qui suscite une tension tout à fait nouvelle dans le roman, absente ou non ressentie avec Tutein malgré les aléas et sa dimension borderline.) Jahn creuse dans le sombre, le sordide, les abîmes d'une angoisse profonde, les circonvolutions d'une philosophie radicalement sceptique et rabâchée jusqu'à plus soif. Mais ces aléas, en particulier dans les relations et les sentiments qu'entretient Gustav Anias Horn avec les autres, sont ceux qui m'ont le plus détaché du roman à force d'allers-retours dans le même pattern, les mêmes élucubrations imbéciles.
Cygnes noirs (1930)
Čërnye lebedi
Sortie : 7 mai 2015 (France). Recueil de nouvelles
livre de Gaïto Gazdanov
Elouan a mis 6/10.
Boris Godounov (1831)
(traduction André Markowicz)
Sortie : 1831 (France). Théâtre
livre de Alexandre Pouchkine
Elouan a mis 8/10.
Baya (1989)
Sortie : 2018 (France). Roman
livre de Aziz Chouaki
Elouan a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Trois monologues d'un personnage regardant de vieilles photos ; trois époques de sa vie ― les années 40 (elle a environ dix ans), les années 50 et 60 ― par-delà lesquels se dessinent les troubles de l'histoire algérienne : ils sont nommés, pointés du doigt, mais Chouaki ne va pas plus loin, ne décortique pas les causes, les tenants ou les aboutissants ; il voudrait plutôt saisir l'instant d'appréhension de l'événement, quand on ne le comprend pas encore, que l'on reste dans le parler-quotidien : on suspend l'analyse et on parle de la guerre comme d'une chose présente, un terrible insecte qu'on ne sait pas nommer et dont on ne sait pas ce qu'il est capable de faire.
Mais cette guerre est une des mille choses qui dansent autour de cette prose survoltée, heurtée, parfois caméléon. Les mots se transforment, se mélangent pour créer des combinaisons ; les points butent la phrase au milieu de quelque chose (pour ne pas la nommer, ou pour mimer une sorte de syncope de l'excitation des sens, l'ébullition des souvenirs, qui s'estompent, comme les phrases). Les phrases imitent le parler ou l'écriture d'une gamine lorsqu'il s'agit des années 40, jusqu'à employer cette faute que je ne peux pas piffer : "ils croivent" pour ils croient. Chouaki force un peu parfois, il veut être dynamique, il veut être virtuose ; quand il sait garder son naturel tout en étant créatif en diable.
"Et vibrent délurées les lyres du délire des sens dans tous les sens. Le moite émoi levant, craquant le carcan de la bienséance de la moustache-joug jugulant les ardeurs primaires. En cette fin d'après-midi de jour de semaine d'avril, dans la tendre semi-pénombre baignant si vrai la chambre où Baya. Mon Dieu ! mon amour ! Salah ! emmène moi, je viens toute, oui. Vers les régions tant vantées par les belles légendes parme ; là où brouter l'herbe bleue ensemble, dans le grand soleil orange qui la baie féérie fière de son couchant grandiose à elle, ses illustres feux réfractés points d'or dans nos yeux dans les yeux. Et nos ombres folles que tremble la surprise du soir pâlissant qui doucement descent, chut ! voici son ombre."
Le dernier été de la raison
Sortie : 1999 (France). Roman
livre de Tahar Djaout
Elouan a mis 7/10.
Annotation :
Le dernier d'une série de trois livres : Les chercheurs d'os, Les vigiles, et donc, Le dernier été de la raison. Aucun personnage en commun mais une manière de raconter l'histoire de l'Algérie depuis la guerre contre l'ancien colon jusqu'aux premiers troubles de la décennie noire. Malheureusement, Tahar Djaout a été assassiné pendant cette décennie noire, il a eu le temps de poser les jalons de son dernier récit, de faire une ébauche, c'est tout. Quoiqu'il en soit Tahar Djaout, de sa belle plume décrit délicatement, tout le long de cette série, le processus de l'histoire et d'un paysage politique évoluant vers le pire. Dans les volumes précédents, les prémisses de l'épisode ultime se cachent déjà sous des allusions.
Solénoïde (2015)
Sortie : août 2019 (France). Roman
livre de Mircea Cărtărescu
Elouan a mis 5/10.
Annotation :
L'idée me plaisait, au début, cette manière de présenter la dualité entre deux dimensions fictionnelles, celle du réalisme et de toutes sortes de fantasmes et de projections. Mais sans doute parce que Mircea Cărtărescu prétend éviter toute entreprise romanesque, la mise en pratique de cette dualité reste au stade de l'ébauche, les éléments fictionnels qui la constituent ne jouant aucun rôle, y compris ceux qui en soit me séduisaient ou laissaient entrevoir un potentiel : l'étrange maison du narrateur, ou même une amusante satire en salle des profs (mais quel rôle joue-t-elle ?). Il y a cela dit une exception, mais qui survient hélas sur le tard, lorsque l'insurrection des piquetistes (des gens révoltés contre la mort) prend tout son sens. Sinon, tout se passe comme si l'on était dans une gigantesque digression où tout est dilué, où tout a, par conséquent, moins d'impact, moins de force, moins de pertinence, ou une manière de rabâcher des concepts sans jouer avec ― une manière aussi de rabâcher des mots sans jouer avec eux : comme si l'auteur n'aimait que certains mots, non pas la langue. Son style est lourd et il me semblait parfois l'être d'autant plus en raison du volume de pages qu'il me restait à lire.
Il y a quoiqu'on en dise une apparence de roman, avec Solénoïde, mais du genre baroque le plus archaïque ― l'auteur cite justement Le Songe de Poliphile (XVe siècle) ― c'est-à-dire figé dans ses démonstrations, ses symboles, la contemplation de son petit monde fonctionnant indépendamment de la vie réelle du narrateur, qu'il expose en fragments (là aussi, avec une récurrence qui touche à l'obsession) fragments qui en eux-mêmes pourraient être saisissants, ou émouvants, mais ne gagnent pas plus d'épaisseur grâce aux couches d'irréalité que Cărtărescu lui ajoute.