Mon historique de Drama Queen en musique

Analysons mes phases de dépression et mes brisures de cœur successives en fonction de la musique (rarement recommandable) que j'écoutais alors...
Après tout c'est encourageant de voir le chemin parcouru ahah.

Liste de

13 morceaux

créee il y a plus de 7 ans · modifiée il y a plus de 7 ans

Sacrifice
8

Sacrifice (2005)

Sacrifice

03 min. Sortie : 11 octobre 2005 (France).

Morceau de t.A.T.u.

Annotation :

2008
J'ai 15 ans et je commence à vivre les choses intensément, affectivement parlant. Pendant environ un an, s'étale ce que je considère à l'époque comme ma première histoire amoureuse mais qui avec le recul semble n'avoir jamais rien été.
N'est-ce pas étrange ? J'ai eu l'opportunité récemment d'en reparler avec le principal concerné, après 7 longues années sans contact. Pour lui comme pour moi, cela ne représente plus rien. Pourtant, pendant plus d'un an, cela a occupé tout mon esprit, d'une intensité encore inédite. La "relation" s'il en était une fut entrecoupée de multiples séparations qui ne duraient jamais plus de quelques jours ou semaines. Des caprices plus qu'autre chose. En tout cas, c'était émo et drama à loisir, un vrai roman-feuilleton. Et cela se reflétait tristement dans la musique que j'écoutais...

Mad World
8.2

Mad World

03 min.

Morceau de Gary Jules

Annotation :

Mai 2010.
Dans quelques jours j'aurai 17 ans. Première fois que j'ai le cœur brisé. Quelqu'un qui pourtant me dégoûtait, et dont je savais dès le début que nous n'étions pas faits pour être ensemble.
Mon corps se déchire. Je sens, littéralement, mes membres me tirailler dans tous les sens, comme s'ils voulaient s'arracher à mon tronc.
Pendant de longues semaines, je pleure plusieurs fois par jour, me faisant parfois expulser de cours parce que je n'arrive pas à retenir mes sanglots. La nuit, ce sont les cauchemars systématiques.
Comme je n'arrive plus à tenir la moindre conversation sans que les larmes reviennent vers mes yeux, je multiplie les contacts superficiels, jamais plus de quelques minutes de discussion avant d'embrayer sur le groupe d'amis suivant, si bien qu'ironiquement ma vie sociale s'en retrouve décuplée.
Plus tristement, je me mets à boire seule chez moi, mais cela se limite fort heureusement à quelques bières peu alcoolisées faute de mieux au domicile parental.
Quelques mois plus tard, je quitte le domicile familial pour commencer à vivre seule et faire mes études. Cela m'apporte une distraction bienvenue. Et puis je le recroise et c'est comme si tout recommençait, comme si j'avais fait du sur-place tout ce temps, je suis à nouveau aussi vulnérable.
Je mets six mois à m'en remettre à peu près - quand je rencontre un deuxième chagrin d'amour qui vient rendre risible celui-ci - et un an à oublier complètement.
Ce morceau, il l'écoutait à l'époque où nous nous sommes rencontrés, alors fatalement il vient me déprimer aussi. So cliché.

Please, Please, Please, Let Me Get What I Want
8.1

Please, Please, Please, Let Me Get What I Want (1993)

Please, Please, Please, Let Me Get What I Want

01 min. Sortie : 9 novembre 1993 (France). Pop rock, Bande-originale

Morceau de The Smiths

Annotation :

Novembre 2010
J'ai 17 ans, quand je rencontre :
“Celui dont on souffrira toujours ? Qu'on croisa et qu'on ne revit pas, dont on cherche la trace parmi les autres, celui-là, à peine, qui bouleversa tout et ne s'en rendit même pas compte et que parfois encore, je me surprendrais à haïr pour m'avoir abandonnée ?
L'indifférent ?
Mon secret ?”

L'indifférent, pas tellement à la réflexion, et il sera même sur le point de me dire qu'il m'aime avant que je l'interrompe en songeant qu'un jour il ferait probablement marche arrière et que cela me dévasterait. Mais pour le reste, c'est à peu près ça. On ne se voit que trois fois avant de décider qu'il ne faut rien laisser arriver entre nous : le soir où je le rencontre, le soir où nous "concluons", et cette journée triste où nous étions censés nous retrouver mais où, finalement, nous devrons nous côtoyer sans faire de vagues avant de nous séparer sans dire un mot.
Pourtant, pendant des années, je le laisse encore dicter ma vie : je ne fréquenterai plus que des hommes qui, d'une manière ou d'une autre, lui sont liés (à lui ou au précédent), jusqu'à celui avec qui je suis maintenant depuis 5 ans, et avec qui je n'aurais jamais accepté de boire un verre sans cela. Comme quoi, le chagrin et l'obsession peuvent parfois apporter de bonnes choses...
Cela dit, il me faudra 3 ans pour vraiment arrêter d'y penser, et cesser de le placer au centre de ma vie. A chaque fois que je le revois, un vieil écho se réveille, il reste toujours cette animalité entre nous, et même si l'intensité décroît progressivement, à chaque fois qu'il me serre dans ses bras je me souviens combien nos corps semblent s'accorder. Je ne parviens à m'en libérer que parce que 1) il connaît et respecte celui qui partage aujourd'hui ma vie et se résous donc à ne plus se mêler de ma vie amoureuse 2) je finis par masquer ses publications en ligne pour ne plus risquer de tomber sur son visage

Fin 2010, je l'aime encore plus que mon cœur ne pourra jamais aimer, mais je sais déjà que nous ne nous correspondons pas, nous avons des aspirations trop différentes et nous gâcherions nos qualités ensemble. Cela ne m'empêche pas de réciter les paroles de cette chanson comme une prière, puisqu'il est un adepte de The Smiths.

"Haven't had a dream in a long time
See, the life I've had
Can make a good man bad

So for once in my life
Let me get what I want
Lord knows, it would be the first time
Lord knows, it would be the first time"

In the Middle of the Night
7.5

In the Middle of the Night (2011)

In the Middle of the Night

05 min. Sortie : 29 mars 2011 (France).

Morceau de Within Temptation

Lila Gaius a mis 9/10.

Annotation :

2011
Lorsque l’album The Unforgiving sort en mars 2011, je suis d’abord déçue. Musicalement, ce n’est pas ce que j’attendais de Within Temptation. Puis les paroles viennent me titiller. Puis la vision de l’album dans son ensemble, comme une histoire à part entière. La trajectoire étincelante qu’il dessine dans mon imaginaire. A quel point elle décrit parfaitement Shania.

Shania. Ca peut ne paraître qu’un pseudonyme pour vous, mais c’est en elle que, depuis l’âge de 13 ans, je sublime tout ce qui est trop insoutenable pour moi, à commencer par la noirceur sans horizon que je rencontre en contemplant mon âme. Sans cesse réécrite, telle un palimpseste, ses versions successives témoignent de l’évolution de mon état d’esprit au cours de l’adolescence, d’une vulnérabilité teintée de rancune à une énergie de destruction strangulée par une fièvre de rédemption. A elle seule, elle est mon roman d’apprentissage. J’ai fini par grandir au-delà d’elle, et ai depuis adopté une autre persona, beaucoup plus abstraite : Himiko. Comment oublier, pourtant, celle qui m’a faite ?

The Unforgiving. Jamais aucun moyen d’expression n’avait condensé avec tant de justesse, de cohérence et d’intensité les émotions complexes qui sont le bain de ma psychologie à l’âge de 18 ans, alors que sont cristallisés, exacerbés et purgés en Shania les éléments de ma coquille tant protectrice que corrosive : ma terreur d’être blessée, le désespoir d’une insoluble recherche d’absolu, mon instinct de malveillance, mon inclination au mépris, la certitude qu’autrui est toujours faible et impur, mon sentiment de solitude persistante, l’impression d’être un animal en cage, mon désir de vengeance à l'égard du monde entier, ma volonté d’anéantir les femmes et de mettre les hommes à genoux, mon dégoût de moi-même, la haine de l’horreur qui bat en moi, mon énergie de destruction, ma peur de ce que je pourrais encore devenir, ma soif de rédemption et mon incapacité à pardonner, à l’univers mais surtout à moi-même.
Oui, à 18 ans, je suis une parfaite Drama Queen, option Méchante Reine.

Bien que l’album dans son ensemble traduise mon ressenti, je songe que si je devais choisir un extrait, ce serait celui-ci qui me définirait :

“I’ve been walking this road of desire,
I’ve been begging for blood on the wall.
I don’t care if I’m playing with fire,
I’m aware that I’m frozen inside.
I have known all along.”

A travers cet album, j'opère une catharsis durable.
Il me faudra encore 3 ans pour rencontrer Himiko.

Shalott
8.8

Shalott (2007)

Shalott

04 min. Sortie : 5 février 2007 (France).

Morceau de Emilie Autumn

Lila Gaius a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Printemps 2013
Je suis déjà depuis un an avec celui qui partage ma vie, pourtant je pense encore à celui que j'ai mentionné précédemment. A ce moment-là, je découvre Emilie Autumn, et ces paroles m'interpellent immédiatement :

"She sees a handsome horse and rider pass
She say, 'That man's gonna be my death
'Cause he's all I ever wanted in my life"

Non, je n'arrive toujours pas à dépasser ma grande blessure, même si elle a déjà deux ans et demi.

Opheliac
9

Opheliac (2006)

Opheliac

05 min. Sortie : 2006 (France).

Morceau de Emilie Autumn

Lila Gaius a mis 10/10.

Annotation :

Printemps 2013.
J'ai 20 ans et je suis encore instable. Mon humeur oscille entre hypomanie et état dépressif modéré, ce depuis aussi loin que remonte ma mémoire. A cette époque, je me suis installée avec mon copain depuis environ un an. Me reposant sur sa présence, je décide d'arrêter la prise d’anxiolytiques pour calmer les crises d'angoisse qui duraient parfois toute la nuit, et de m'en sortir seule.
Cela, bien sûr, n'est pas toujours facile, et je me demande parfois s'il sera capable de me soutenir - bien que j'essaye de faire peser sur lui le minimum de poids - tout en me rappelant que mon ex n'avait pas les épaules pour cela (non pas qu'il ait véritablement échoué à me soutenir, plutôt qu'instinctivement je sentais que je ne pouvais m'en remettre à lui et ne le faisais donc pas).
J'essaie au maximum de restreindre l'agressivité qui résulte de mon état, même si elle causera parfois quelques escarmouches mineures. Ironiquement, j'ai l'impression de lui en vouloir de mon propre refus de me reposer sur lui.

"I'm open to attack
But I don't want to hurt you
Whether I swim or sink
That's no concern of yours now
How could you possibly think

You had the power to know how
To keep me breathing
As the water rises up again
Before I slip away"

Mon désir de ne pas être un poids pour autrui et de ne pas lui faire payer le prix de ma mauvaise humeur finira par être le plus fort et m'apporter une maturité inespérée.
Quand j'avais 15 ou 16 ans, quelqu'un qui comptait beaucoup pour moi m'avait fait remarquer que je me complaisais dans ma souffrance, je lui en serai éternellement reconnaissante, et ma plus grande fierté restera de n'avoir - je l'espère - jamais tiré autrui vers le bas depuis.

Requin-tigre
6.1

Requin-tigre

04 min.

Morceau de Fauve

Lila Gaius a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Printemps 2014
Dans quelques mois j'aurai 21 ans. Dans quelques mois, je rentrerai en France après une année passée à l'étranger, et je ne suis plus certaine de vouloir revenir.
Quelque chose en moi s'effondre. Je perds soudain tous mes repères, je ne sais plus où je vais, je traverse une phase d'extrême solitude et de manque d'ambition. Je commence à vriller sérieusement, à douter de mes propres projets.
Les paroles de cette chanson viennent alors me donner un grand coup de poing dans l'estomac, avec celles de Loterie et de Sainte-Anne. En particulier, je ressens celles-ci :

"Tu peux plus interagir avec le monde…
Tu te renfermes petit à petit…
Tu deviens totalement hermétique aux autres et au quotidien…
Parce que le matin, quand tu te réveilles et le soir quand tu te couches… quand tu marches, quand tu bosses, quand tu parles, quand tu conduis… tu te répètes en permanence, en permanence :
"Je suis nulle part, je vais nulle part… Je suis pétrifié. Et je serai jamais rien d'autre que ça"…"

Covered by Roses
7.4

Covered by Roses

04 min.

Morceau de Within Temptation

Lila Gaius a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Avril 2014
J'ai revu ma grande blessure. Celui de fin 2010. Et oui, ça me fait toujours quelque chose, même si c'est différent. Même si le revoir ne me fout pas autant en l'air que je le craignais, dans les limbes dans lesquelles j'étais déjà, c'est suffisant pour mettre en péril ma relation qui a maintenant un peu plus de deux ans. En effet, la déflagration fait même que je me sépare brièvement de mon compagnon, parce que je joue avec le feu sans m'en rendre compte et me sens dans un état de colère indescriptible (ce sera notre vraie seule dispute mais je mettrai longtemps à m'en remettre).
Pourtant, ce n'est pas parce que je voudrais être avec ma grande blessure d'un point de vue relationnel. C'est parce que l'avoir revu a ravivé en moi la certitude de sa vulnérabilité. Je veux être près de lui, pour porter sa douleur, le protéger s'il le faut, car cette vision m'apparaît soudain avec clarté alors que j'écoute ce morceau presque par hasard : il mourra avant moi, trop jeune sans doute, et je l'enterrerai.

"Covered by roses
When this dance is over
We all know all beauty will die.
The choirs have awoken
Left no words unspoken
Remember you as long as I can
Hold you in my arms all night
And spill the wine until the end
We all have our place in time,
Need to live every moment"

Youth
8.3

Youth

04 min.

Morceau de Daughter

Lila Gaius a mis 7/10.

Annotation :

Fin 2015
Je découvre un peu par hasard ce morceau, et bien que la musicalité me laisse de marbre, les paroles bien vite font monter des larmes à mes yeux, tant elles sont en adéquation avec les deux grandes tragédies de ma vie.
D’abord, à présent que j’ai mon CDI de cadre à Paris, que j’ai accompli avec succès mon travail d’élévation sur l’échelle sociale, ne se profile plus pour moi qu’une lente stagnation éprouvante, usante, pour une progression marginale. Plus d’espoir, rien que de l’endurance, de l’endurance à perte de vue, et cela me pétrifie.

“Destroy the middle, it's a waste of time.
From the perfect start to the finish line.”

Je réalise aussi que j’ai renoncé à tous mes rêves au profit d’une situation stable, raisonnable. Où sont passés ma ferveur, mon ambition, mon désir de conquête ? J’en suis arrivée au point où je me dis qu’il ne me reste plus qu’à me marier et avoir des enfants, autrement dit : arrêter ma vie là où elle est pour commencer à écrire celle des autres. Pour reprendre Ozu, Où sont passés les rêves de jeunesse ? Je sais désormais que les visions que j’ai dans le crâne depuis l’enfance ne me sont plus accessibles, je n’ai plus l’espoir de les atteindre un jour. Mon futur s’est racorni.

“We are the reckless,
We are the wild youth
Chasing visions of our futures
One day we'll reveal the truth
That one will die before he gets there.”

Enfin, je sens en moi l’assèchement provoqué par ma grande blessure. Je sais que je ne suis plus capable d’aimer, du moins plus comme quand j’avais 17 ans. Depuis, je ne fais que briser des cœurs pour éviter de mettre le mien en danger, parce que je n’ai plus de temps à perdre avec des tergiversations affectives. Alors, je bois, je danse, je ris, mais surtout je déçois les hommes.

"And if you're still breathing, you're the lucky ones.
'Cause most of us are heaving through corrupted lungs.
Setting fire to our insides for fun
Collecting names of the lovers that went wrong
The lovers that went wrong."

Et pourtant, malgré tout, au fond, tout au fond, à peine un suintement, à peine une bruine désormais, mais une toute petite part de moi saigne encore de ma grande blessure.
Une toute petite part de moi qui arrive encore à mettre des larmes dans mes yeux.

“And if you're in love, then you are the lucky one,
'Cause most of us are bitter over someone.
Setting fire to our insides for fun,
To distract our hearts from ever missing them.
But I'm forever missing him.”

Inachevés
8.5

Inachevés

03 min.

Morceau de Casseurs Flowters

Annotation :

Début 2016
J'ai 22 ans et un CDI de cadre à Paris. D'un point de vue objectif, j'ai plutôt réussi ma vie, et depuis bientôt deux ans, j'ai réussi à atteindre la stabilité émotionnelle qui m'avait toujours manquée. Bien sûr, elle repose sur une bonne part de déni, et c'est comment je me suis retrouvée à signer un CDI pour un boulot que je déteste. Je n'ai rien à échanger avec mes collègues, la mentalité de la plupart me débecte, mon travail est un bullshit job par excellence, j'aligne les tâches ingrates, et rien dans tout cela ne me valorise.
Le 13 novembre 2015, je sais que je veux démissionner. Pourtant, faute d'horizon, je suis incapable d'agir, je reste pétrifiée dans l'idée que je peux tenir un peu plus, toujours un peu plus...

Je me mets à surcompenser par une boulimie cinéphage et une vie sociale ultra-intensive, qui me redonnent goût en la vie. Malgré cela, je continue de me sentir glisser.
A partir de janvier 2016, je cesse complètement de m'alimenter en-dehors du repas de midi au bureau. Je commence à boire de plus en plus, tous les soirs. A découcher tous les week-ends. Le reste du temps, je tiens en me bourrant le crâne de films à n'en plus pouvoir. Surtout, ne pas avoir le temps de réfléchir.
Les mois passent, la situation empire. Je pleure tous les matins en allant au boulot. Souvent le soir en sortant. Parfois, je suis même obligée de m'enfermer aux toilettes pour pleurer parce que je n'arrive même plus à me retenir au bureau.
Je finis par fixer, de manière régulière, les rails du métro et mes fenêtres du septième étage, pas par réel projet de suicide, mais parce que songer qu'il me reste encore cette issue-là, si un jour je ne peux vraiment plus tenir, m'apporte un réconfort ironiquement salvateur.
Je trouve le courage de démissionner grâce à ce morceau, même si l'horizon est d'une noirceur totale et que je ne vois aucune issue.

"Complètement détaché j'm'écoute raconter des histoires
Le monde peut bien m'attendre même si j'suis tout seul à y croire
Faudrait qu'on s'pose et qu'on discute
Qu'on discute ? Ouais on verra ça demain là j'vais rejoindre mes potes c'est jeudi soir
Mode de vie nul, j'avale la pilule tristement
Admettre la vérité j'refuse, j'me monte des complots
Longtemps que je simule, persuadé que j'fixe le temps
Incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux"

Le 31 mai, je pose enfin ma démission, six mois et demi après en avoir originellement pris la décision. Il me reste 3 mois de contrat à tirer.

Suicide social
7.8

Suicide social (2011)

Suicide social

05 min. Sortie : 26 septembre 2011 (France).

Morceau de Orelsan

Annotation :

Printemps 2016
Les quelques semaines qui précèdent et suivent l'annonce de ma démission (trois mois de préavis, la vaste blague), le pic est encore plus intense, ma haine pour mes collègues et leur milieu n'a de cesse de s'accroître. Mon statut de "jeune cadre fraîchement diplômée" me dégoûte.

"Adieu les employés d'bureau et leur vie bien rangée
Si tu pouvais rater la tienne ca les arrangerait
Ca prendrait un peu d'place dans leur cerveau étriqué
Ca les conforterait dans leur médiocrité"

There Is a Light That Never Goes Out
8.6

There Is a Light That Never Goes Out (1986)

There Is a Light That Never Goes Out

04 min. Sortie : 23 juin 1986 (France). Pop rock, Blues

Morceau de The Smiths

Annotation :

Avril 2016
Voilà que New_Born me remet le nez dans The Smiths, sans se douter que ce groupe est lié pour moi à une tornade bien particulière dans ma vie.
Oui, vous l’avez. Ma grande blessure.
Ce n’est presque plus rien bien sûr, à peine un frôlement, je n’y pense presque jamais.
Alors, pourquoi en entendant ces paroles, des larmes me montent dans les yeux ?

"And if a double-decker bus
Crashes into us
To die by your side
Is such a heavenly way to die
And if a ten-ton truck
Kills the both of us
To die by your side
Well, the pleasure - the privilege is mine”

Comment est-ce que j’en arrive à penser que ce serait une fin qui me plairait ?
Il faudra que je fasse taire, un jour, la narratrice en moi, qui veut écrire la parfaite tragédie à l’encre de ma vie.

OÙ VA LE MONDE
7.3

OÙ VA LE MONDE

05 min.

Morceau de La Femme

Annotation :

Fin 2016
Ma vie a repris des couleurs survitaminées à présent que me voilà libérée du travail qui, selon mon copain, "m'aurait tuée", mais c'est à ce moment qu'une blessure affective sort de nulle part. Mineure, en comparaison de celles que j'ai connues en 2010, mais je n'avais plus rien éprouvé de tel depuis, si bien que j'avais oublié cette sensation.
Je me souviens soudain ce que c'est que d'être dépendant affectivement d'une tierce personne, et cette vulnérabilité soudaine me dégoûte, me fait perdre les pédales et toute estime pour moi.
Surtout, mon ego est anéanti, car il y eu en prime une vexation atroce.
Pendant des mois, je passe des heures voire des journées entières à me répéter inlassablement les mêmes conversations dans ma tête, incapable d'écouter celles se formant autour de moi. Quand je ne peux plus retenir en moi tout ce que je voudrais lui dire, je l'écris dans un coin de document Word qui m'achète quelques jours de tranquillité. D'autres fois, je suis réveillée par une angoisse terrible qui m'empêche de me concentrer sur n'importe quoi d'autre pour toute la journée. Je me remets à pleurer en pleine rue. Certains jours, je retrouve même mes vieux amis rails et fenêtres.
Je me remets à boire beaucoup trop, j'enchaîne black out sur black out, plusieurs fois par semaine je me retrouve à pleurer dans les bras d'amis sans me rappeler ce que je leur ai confié. Je perds toute envie, que ce soit dans mes projets pourtant portés depuis des années ou dans ma relation de couple (même si, en fin de compte, celle-ci se rétablit avec la vérité). Je remets en question tous les aspects de ma vie.
J'en ressors simultanément plus déterminée et plus apeurée, parce que je me suis aperçue à quel point ma stabilité émotionnelle durement acquise était précaire. Ma résolution de chasser toute dimension émotionnelle de ma vie, que j'avais un temps renversée en quittant mon travail, s'en retrouve raffermie.
Pour me prémunir de futures blessures, je rajoute un sixième critère à la liste de ce que je recherche chez un partenaire : quelqu'un d'un minimum déconstruit.

"Je n'ai plus d'estime pour moi
Je n'ai plus d'estime pour toi
Tant pis pour ça
Tant pis pour ça
Je continue mon chemin
Tu es déjà très, très loin
Très loin derrière moi
Très loin derrière moi
Oui, c'était une belle histoire
Pour finalement taire mon regard foudroyé, sans me retourner
Je pars comme je suis venu, encore plus déçu
Et le pire dans tout ça c'est que je reste un inconnu pour toi"

Lila Gaius

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