Mon Kaléidoscope // Films vus en 2019

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Satire de la conquête de l'Ouest, tant cinématographique qu'historique, les frères Coen peinent à dépasser le livre d'images pour donner corps à cette anthologie. Tout y est d'une maîtrise hallucinante, mais il manque un liant plus solide, un rythme plus maîtrisé pour que cette anthologie marque durablement les esprits. Ayant en plus alterné le visionnage de ce film avec la dernière saison de Fargo, je dois reconnaître que j'ai plus retrouvé les Coen que j'aime dans la série adaptée de leur univers que dans leur dernier film.

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D'une formidable intelligence dans sa mise en scène, redoutable dans son scénario, Les dents de la mer est un modèle de construction pour le passionné de suspense et d'aventures en hautes mers que je suis.

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Après réflexion, mon film préféré en 2018.
Impressionnant de voir Alex Lutz proposer une composition aussi aboutie après un premier film franchement catastrophique. Mais Guy est une ode unique au folklore français du dernier demi-siècle, un "mockumentaire" abouti qui parvient à ne jamais briser le pacte tacite - pourtant fragile - qu'il passe avec le spectateur et qui ne sombre jamais dans la facilité ou la dramatisation à outrance. Guy m'a fait rire, Guy m'a filé des frissons et Guy m'a fait écraser une larmichette dans ses dernières minutes. Un film total d'une justesse saisissante.

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Un joli film porté par son duo d'acteurs et par un scénario malin qui glisse subtilement vers le film noir et réserve quelques scènes de tension de qualité sur son dernier tiers, notamment grâce à un Olivier Gourmet délectable dans son rôle de caïd ogresque.

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Un pur produit des années 2000, tant dans ses effets (ralentis, voix off) que dans son écriture qui n'hésite pas à enfiler de gros sabots et à enfoncer des portes ouvertes. C'est une fois dépouillé de ses artifices de sale gosse que Canet délivre quelques séquences efficaces, à l'image de cette course-poursuite surréaliste avec François Berléand sur la route. Un film maladroit, mais plutôt prometteur.

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Un film improbable que je retiendrai surtout pour son sens du rythme et du montage ainsi que pour sa galerie de personnages délirants, Adjani et Cassel en tête. Le scénario s'étiole un peu et les effets de manche se multiplient un peu trop (l'obsession du perso de Cassel pour les Illuminatis, par exemple, n'aboutit pas à grand chose), mais la bonne humeur communicative de l'ensemble l'emporte. Tout l'équilibre - pourtant fragile - du film repose sur les épaules d'un Karim Leklou que je découvre, et dont je suis déjà fan. Son jeu tout en subtilité et en fragilité apporte une dose d'humanité bienvenue à l'extravagance ambiante.

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Plus qu'un film, la catharsis de Gilliam ne peut que me toucher. En dépit de ses maladresses, de son rythme bancal et du cabotinage parfois épuisant de Jonathan Pryce, L'homme qui tua Don Quichotte est un film aussi malade qu'attachant. C'est, ironiquement, lorsqu'il rend hommage au roman de Cervantes que le film peine le plus à convaincre, enchaînant des péripéties plus anecdotiques pourtant nécessaires au sein de l'ego trip gilliamesque.
Le film est donc plus touchant qu'il n'est réussi, et il est dommage qu'il peine à se montrer plus pertinent et réussi que Les Aventures du Baron de Münchausen ou The Fisher King une fois libéré de son statut de film maudit.

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Une farce aussi cynique que jubilatoire sur la célébrité et la fascination qu'engendre le monde des médias. Si le scénar reste extrêmement classique, il faut reconnaître à Gus van Sant d'avoir eu le nez fin en engageant les, jusqu'alors méconnus Nicole Kidman et Joaquin Phoenix, qui donnent toute son ampleur au film. La réalisation réserve aussi quelques bonnes surprises, le film prenant l'apparence d'un documentaire sur le parcours de Suzanne Stone. Malheureusement, j'ai trouvé que la résolution tombait un peu à plat, d'autant plus lorsqu'on se renseigne sur le fait divers dont est tiré ce film, et dont la conclusion est autrement plus intéressante.

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Belle fable qui tire parti des meilleures qualités de M. Night Shyamalan : j'ai aimé le portrait tout en sensibilité du couple Bryce Dallas Howard/Joaquin Phoenix, le rythme surprenant du film et sa capacité à jongler avec plusieurs tonalités ainsi que la poésie des dialogues, l'ensemble porté par la formidable bande originale de James Newton Howard. Certes, le montage réserve quelques effets vieillots (les ralentis), la construction du récit aurait pu gagner en efficacité sur la seconde partie et la résolution est légèrement trop démonstrative. Mais on peut reconnaître à Shyamalan un vrai talent de conteur sur sa première partie de carrière, et The Village est aisément une de ces plus belles oeuvres, et une des plus révélatrices de son regard sur son oeuvre (comme en témoigne son cameo en gardien du secret) aux côtés du Sixième Sens et d'Incassable.

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La première demi-heure est très intrigante, et j'ai retrouvé avec bonheur Jon Hamm et sa dégaine inimitable. Puis le film multiplie les chausse-trappes avec une certaine jubilation. Mais au bout de 2 heures, j'avoue m'être nettement moins amusé que le réalisateur et les acteurs, la mécanique tournant finalement à vide sur la dernière partie, malgré l'énergie dévorante de Chris Hemsworth et le charismatique duo porté par Cynthia Erivo et Jeff Bridges.

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Très heureux d'enfin me pencher sur le film d'une époque, d'autant plus que ce dernier n'a pas subi le poids des années. La réalisation toute en sobriété d'Ang Lee, la composition musicale discrète et lancinante ainsi que l'interprétation empreinte de mélancolie de Ledger et Gyllenhaal portent cette romance parmi les plus belles du septième art.

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Rémi Bezançon est une "valeur sûre" dans le paysage cinématographique français, notamment par sa capacité à capter des périodes de notre existence à travers une écriture empreinte de mélancolie (qui n'échappe malheureusement pas à quelques beauferies dans l'écriture, mais je mettrai ici cela sur le compte du ton très adolescent du film).

Nos futurs m'a parfois semblé un peu trop en pilotage automatique, une version "best of" des thématiques de son cinéma. J'ajouterai à cela que Pierre Rochefort n'est pas toujours très convaincant, contrairement à Pio Marmaï. Un film mineur, qui réserve (maladroitement) quelques surprises sans parvenir parfaitement à gérer ses différentes tonalités.

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Très bon client du cinéma de Shyamalan, je n'ai pas adhéré à cette proposition horrifique. La faute à une réalisation et une direction de la photographie moins léchée qu'à l'accoutumée (très fan du travail des cadres et des couleurs du réal, j'ai trouvé l'ensemble plutôt terne et sans génie ici) et à un personnage de serial killer qui m'a rapidement tapé sur les nerfs. Le film m'a souvent semblé plus grotesque qu'horrifique. Enfin, la bande originale est elle aussi bien palote. Un peu déçu, donc, surtout au vu des dernières secondes du film qui ne me convainquent pas vraiment...

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Le film se suit poliment, mais manque clairement de folie ou d'ambition par rapport à son matériel de base. La réalisation est médiocre, le film souffre de problèmes de montage, d'incrustations maladroites et de dialogues assez peu inspirés. La performance de Rami Malek (pour lequel j'ai beaucoup d'affection) m'a semblé assez inégale, pas aidée par une prothèse dentaire contestable.

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Pas très fan du premier film Lego, j'ai tout de même tenté ce produit dérivé parfaitement calibré pour le fan du chevalier noir que je suis. Le film est très malin et caresse dans le sens du poil les fans en leur offrant pléthore de gags ultra-référencés, mais propose en parallèle suffisamment de gags efficaces pour ne pas lasser. Malheureusement, le film ne parvient pas à dépasser son statut de fan fiction sympathique, les quelques rares tentatives pour développer un propos (la romance Batman/Joker plutôt bien sentie) étant souvent désamorcées par la quête systématique du gag et/ou de séquences survitaminées qui frôlent la crise d'épilepsie.

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Troisième visionnage qui ne fait qu'augmenter l'amour que je porte à ce film. On y retrouve le sens de la composition si cher à Shyamalan et l'intelligence de son écriture qui rend le film d'autant plus fort à revoir quand on en connaît tous les enjeux. Comme dans Le Village ou Incassable, c'est dans les interstices entre les différents genres que Shyamalan parvient à donner un vrai souffle à son film, alternant avec brio les séquences horrifiques et les moments dramatiques plus intimes.

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L'intégration de Dujardin dans l'univers doux et dingue de Kervern et Delépine sonne comme une évidence, la délicieuse hypocrisie de son personnage se mêlant à merveille à la touchante mélancolie de Yolande Moreau. Le film ne tient pas totalement la longueur, mais bien mieux que les précédentes proposition du duo. Prometteur, donc.

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C'est triste à dire, mais certains crimes sont si ancrés dans nos esprits qu'ils en perdent de leur gravité. A force de voir les années défiler et les accusations se succéder, la pédophilie au sein de l'église est plus devenue une (triste) blague qu'une réalité à mes yeux. Avec Grâce à Dieu, François Ozon prend finalement le meilleur angle pour aborder la question. Bien loin des caricatures, il donne avant tout la parole aux victimes, et seulement à elles. Le choix du titre est en cela révélateur. En reprenant la célèbrement tragique formule de Barbarin, Ozon nie la parole de l'institution. L'église n'a plus à s'exprimer car elle n'a pas de réponse à donner. Le pardon, la libération des consciences et des paroles ne viendra pas d'elle. Sans clouer au pilori (vous l'avez ?) la religion - comme en atteste la dernière réplique du film - Ozon donne parfois à voir l'absurdité des institutions dans lesquelles l'être humain s'est engoncé, à l'image de la communion des enfants filmée comme un rite cabalistique.

Le film n'est cependant pas parfait. Le trio central est formidable, mais Ozon semble moins confiant lorsqu'il quitte les classes plus aisées pour se pencher sur le destin du personnage de Swann Arlaud. Son écriture m'a semblé moins claire et aboutie que celle des deux précédents personnages, ce qui ne m'étonne pas, le cinéma d'Ozon mettant essentiellement en scène des classes sociales aisées. Mais peut-être est-ce moi qui accusait le coup des 2h17 du film...

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Une cata à tous les étages, à commencer par un scénario d'une indigence rare. Le récit ne décolle jamais, se contentant de juxtaposer les scènes pour arriver péniblement à un climax paresseux, la moitié des personnages sont totalement accessoires (à commencer par le trio de héros introduits au forceps) et les enjeux posés pour la suite laisseront sur le carreau le spectateur lambda et offusquera le fan de l'univers. Un sacré coup de maître, il faut le reconnaître !

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Le film a un certain charme, mais le scénario n'est clairement pas à la hauteur du trio d'acteur qui le porte. Les interactions sont rares, certaines séquences durent plus que de raison (le détournement de l'avion, qui était sans doute un moment de bravoure impressionnant en son temps) et les dialogues manquent souvent de splendeur.

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François Damiens porte bien le film sur ses épaules, son duo avec Géraldine Nakache ne manque pas de charme. Mais l'intrigue policière traîne trop en longueur et manque de folie, tandis que le postulat de départ (un intermittent engagé pour jouer le mort) s'étiole au fil des scènes. Dommage.

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Le duo Cottin/Luchini est délicieux et la plupart des références au milieu de l'édition ou de la télévision sont bien senties. Mais cela ne fait pas un film, en particulier quand le mystère en question est si faible. Au vu de la filmographie de Rémi Bezançon, je m'attendais à une résolution qui a plus de coeur et d'âme.

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Il n'y a pas grand chose à tirer de ce Francis Veber, le scénario est d'une rare indigence et seule l'élégante naïveté de Gérard Depardieu parvient à sauver le film de l'échec total.

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Si les performances d'Andréa Bescond et de Karin Viard sont à saluer, la transposition du théâtre à l'écran se fait un peu trop ressentir, que ce soit dans la réalisation (qui multiplie des effets maladroits à la limite de l'amateurisme) ou bien dans le jeu de certains des comédiens. On sent un véritable désir de vie, un cri à la caméra qui parfois touche juste, mais souvent tombe un peu dans l'écueil de la démarche d'auteur trop appuyée pour moi.

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Lars Von Trier livre encore une fois un film fascinant, magistral dans ses ruptures de ton, l'horreur et la comédie se mêlant avec délice à travers la figure quasi-mystique incarnée par Matt Dillon. Le glissement progressif du film vers un auto-portrait de LVT est moins convaincant et brise les belles fondations de cette maison, tout comme le dernier acte qui se complait dans un intellectualisme un poil ronflant.

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Moins percutant dans l'écriture que Get Out, Us tire son épingle du jeu par ses visuels léchés, une composition musicale entêtante et la performance absolument dingue de Lupita Nyong'o. Le film étire malheureusement un peu trop ses effets pour parvenir à marquer durablement.

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Hitchcock prend clairement plus de plaisir que moi sur celui-ci, profitant d'un cadre paradisiaque (la Riviera, ses corps alanguis sur la plage, sa bonne bouffe et ses fêtes qui ne semblent jamais finir) pour filmer Grace Kelly sous toutes les coutures et faire joujou avec ses plans en hélico. Mais côté scénario, l'ensemble manque singulièrement de rythme et d'enjeux, la mécanique du faux-coupable si chère à l'auteur ne semblant jamais ici avoir de conséquence sur son héros.

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Charmé par l'esthétique du film ainsi que par un postulat séduisant (le traitement du deuil à travers le microcosme familial, incarné par les maisons de poupées de la mère), Hérédité ne tient aucune de ses promesses pour sombrer dans le grand-guignolesque total, pompant allègrement dans les classiques du genre. On croisera donc un peu de l'Exorciste, un peu de Rosemary's Baby, quelques beaux plans et surtout beaucoup de cabotinage pour finalement ne plus raconter grand chose dans son dernier tiers. Très décevant.

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On peut reconnaître au film une certaine plus-value esthétique (pour une comédie française) et un certain effort dans la diversité des registres comiques. Malheureusement, en dépit de la bonne volonté de Rouve (clairement le plus investi du casting humoristiquement parlant), la plupart des blagues tombent à l'eau et Kev'Adams peine à porter l'ensemble avec conviction, s'en sortant paradoxalement mieux dans son rôle de héros benêt que dans ses saillies comiques.