Pix-art

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Tout y est : la romance, la magie, l'humour, la splendeur esthétique, le sens du spectacle et la profondeur de la réflexion. D'une ambition et d'une audace folles, le studio poussait son sens de la perfection dans le rouge et signait là son chef-d'oeuvre absolu. Qu'il n'est pas interdit de considérer comme l'un des plus grands films d'animation jamais réalisés. Voire des plus grands films tout courts.

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Le troisième "Toy Story", dernier grand-oeuvre en date du studio, atteste de la maturité atteinte par Lasseter and co à la fin des années 2000. En ne s'intéressant plus au sort de l'humanité, mais à celui d'une poignée de jouets en plastique remisés dans des sacs poubelles (dont le terrible Lotso, extraordinaire méchant de cinéma), la fine équipe réalisait là un film encore plus sombre et déchirant que "Wall.E". Et oui.

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La conjonction des cabossés dans un film d'aventures d'une mélancolie infinie, où l'on largue les amarres pour mieux retrouver sa jeunesse, en un second souffle revigorant. Pas le plus original des Pixar (on est dans l'émerveillement old school, puisé chez Jules Verne ou dans la tradition hollywoodienne), mais l'un des plus touchants.

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Ses graphismes aux angles obtus et disgracieux ont un peu vieilli ; pas son récit, sans temps mort, truffé d'idées géniales et de niveaux de lecture multiples, porté par un duo de buddy-movie juste idéal. Sa profondeur et son universalité définissaient déjà une marque de fabrique - encore dans le giron Disney, mais déjà plus tout à fait. Et puis "Toy Story", à l'époque, c'était la révolution...

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Considéré comme l'un des tournants de l'histoire Pixar. En tout cas, le studio y atteignait un premier pic, complètement baroque, d'originalité et d'irrévérence (les dialogues sont un régal de double ou triple fond). La scène des portes, mise en abyme évidente de l'entreprise Lasseter (sa matrice, carrément), a fait date. Grosse pression sur "Monsters Academy", donc.

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Ne pas se fier aux apparences (grosso modo, celles d'un Pixar sage, mignonnet, "Disneyien") : c'est un petit chef-d'oeuvre. Une réflexion imparable sur le sens (de sa vie) et les sens (goût, vue, odorat...), avec la cuisine comme métaphore de l'art. Et sur le plan esthétique, le plus beau film du studio, véritable feu d'artifices de couleurs, de mouvements et de matières sublimé par Brad Bird, cinéaste qui redonne tout son poids à la notion de "mise en scène" dans le ciné d'animation.

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Ma (seule) vision de "Bug's life" remonte à trop loin pour que j'en ai un souvenir précis. Si ce n'est celui d'un film d'aventures riche, intelligent et parfaitement mené, soit à peu près l'opposé de ce à quoi je m'attendais. Dans le rayon "bonne surprise", un très bon cru Pixar donc. A (re)vérifier.

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Pixar mal aimé, c'est pourtant l'un de ceux où le coeur bat le plus fort sous son capot ripoliné. Certes, le scénario initiatique ne sort pas des pistes ; mais Lasseter, avec cet hommage poignant à l'Amérique de la route 66, s'inscrit pile dans les motifs pixariens (mélancolie de l'âge d'or perdu, amour pour les marginaux et les losers) qui font tout le prix de leur filmo. Bonus : une direction artistique superbe et un bon réservoir à trouvailles pour faire vivre son improbable univers motorisé.

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Vitesse, action, fluidité : Brad Bird orchestre un grand-huit en surchauffe en poussant à fond toutes ses capacités d'imagier surdoué. Spectacle virtuose et épuisant, auquel on pourra reprocher son manque d'âme, "The Incredibles" est plutôt à ranger dans la catégorie des divertissements de luxe. Même si s'y affirme un credo pixarien en diable (et plutôt retors dans cet univers référencé et ultra-lisse) : pour devenir un héros, il faut d'abord avoir appris à faire son deuil.

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Souvent surestimée, la suite de "Toy Story" reprend gentiment les recettes du premier mais n'en révolutionne pas les fondamentaux (contrairement au n°3). C'est un Pixar en pilotage automatique, c'est-à-dire drôle et agréable à regarder, parsemé de sympathiques idées méta (Buzz l'éclair face à une version non uploadée de lui-même), mais sans plus.

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Pixar n'a sans doute jamais été aussi proche de Disney, mais alors c'est du très bon Disney - en plus d'être somptueusement mis en images et en lumière. Bien tendre l'oeil et l'oreille toutefois : certains décalages (comiques ou thématiques) font légèrement dévier "Nemo" de son épopée gentillette pour 6-12 ans. C'est rapide mais c'est bon.

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Pixar n'a sans doute jamais été aussi proche de Disney : la suite. Scénar linéaire et édulcoré, exploration sans génie (sinon esthétique) ni originalité (ou si peu) d'un univers ultra-codé... Seules les volontés émancipatrices de son héroïne, son obstination à sortir du rang (la marginalité, toujours), éloignent le film du conte de fées estampillé Mickey. Le boulot graphique, quant à lui, n'en finit pas d'impressionner.

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Pas tout à fait honteux, "Cars 2" ne retient pourtant que les mauvaises leçons de ses prédécesseurs : sa maîtriste technique, étourdissante, n'est au service que d'un roller-coaster virtuose mais vain, au burlesque fatiguant, loin de la force tranquille du premier opus. Surtout, dénué de tout enjeu ou profondeur, il délaisse les marottes habituelles du studio... lequel en perd un peu de son âme, en même temps que de sa subversion et de sa précieuse singularité. Où sont passés les marginaux ?