Histoire sans fin

17 ans à jamais, la promesse d'un amour fantastique s’étalant sur un siècle. Longue fresque historique, amours contrariés, personnages bien campés, touche de fantastique qui constitue le point de départ du récit et le fil rouge de la trame narrative... tous les ingrédients de départ sont là pour que le lecteur vive une grande aventure aux côtés de Marthe.

Pour autant, je ressors assez mitigé de cette aventure. Explications. Dans les points positifs, le personnage central, Marthe. Je me suis immédiatement attaché à elle, sa personnalité, son histoire familiale, sa combativité dans un monde qui se déchire continuellement. Combativité qu'elle fera vivre tout au long des décennies, malgré les épreuves, la folie du monde et des hommes.

Les deux guerres mondiales, périodes historiques qui me fascinent, sont également bien traitées, d'autant plus qu'on les vit au travers des yeux de Marthe, donc de sa vie quotidienne durant ces époques avec toutes les difficultés et les privations que cela implique.

Autre point très réussi, les personnages secondaires. Gwen, Hannah, Hermann... Marthe ne vieillit pas, mais son entourage si. Peut-elle s'attacher alors qu'elle ne change pas et qu'elle doit changer de vie régulièrement ? Certains personnages ne l'accompagneront que brièvement, d'autres tout au long de sa vie. Mention spéciale à Gwen, peinte iconoclaste qui la protégera à sa manière tout au long de sa vie.

Le style de l'auteur enfin. Fluide, efficace, avec des chapitres courts qui entraînent inévitablement une envie de découvrir la suite, chapitre après chapitre.

Plusieurs écueils majeurs viendront toutefois ternir un peu le plaisir de lecture.

Tout d'abord la temporalité. On nous promet de vivre une aventure sur un siècle, mais au final 90% du récit est centré sur les deux guerres mondiales. L'entre- deux guerres n'est qu'esquissé, et la deuxième moitié du XXème siècle est survolée à vitesse accélérée alors qu'il comporte nombre événements marquants dans l'histoire du monde. Cela engendre une certaine frustration. N'aurait-il pas fallu dès lors resserrer la chronologie du récit ?

L'évolution de Marthe n'est également pas suffisamment marquée. Son corps ne vieillit pas, mais son âme, oui. Pourtant, malgré quelques remarques timides montrant qu'elle voit la jeunesse avec un œil plus distant, on ne ressent pas (ou peu) dans sa psychologie son vieillissement, ce qui donne malgré un siècle l'impression d'avoir quasiment le même personnage qu'à ses débuts.

La fin du récit laisse enfin un goût amer et contrarié.