le livre met en évidence des imbrications entre autres entre les commerces 24/7, la généralisation de la télévision et des ordinateurs personnels au sein des foyers, la baisse du temps de sommeil. cela ouvre à des considérations intéressantes sur l'évolution du système capitaliste et l'aliénation collective qui en résulte. il me touche d'ailleurs tout particulièrement car je subis moi-même un mauvais rythme hypnique qui n'est pas sans rapport à mon exposition fréquente aux écrans et qui je pense s'inscrit dans le cadre de la société 24/7 que décrit crary.


je regrette toutefois que l'auteur, par technophobie, se perde par moments à ne plus tomber dans la critique mais plutôt dans la diabolisation de la télévision et des technologies cybernétiques, ce qui est assez ironique puisqu'il critique lui-même à juste titre la sacralisation des médias sociaux que peuvent faire certains cybermilitants : il tombe dans le revers de la même pièce.


ainsi pour servir son propos, il cite une étude largement discréditée faisant le lien entre une exposition précoce à la télévision et l'autisme. il ne la valide pas directement, n'en ayant pas la compétence et voyant bien qu'elle n'est pas franchement acclamée, mais se permet quand même de l'utiliser, et va même jusqu'à prétendre qu'elle aurait été attaquée pour "la suggestion hérétique que la télévision puisse avoir un impact physique catastrophique sur des êtres humains en développement". hors c'est faux, déjà parce qu'elle a été relayée sans trop de critiques par des médias comme slate ou the independent, mais aussi et surtout parce que cette étude, menée par des chercheurs en économie, a été critiquée car elle ne fait que pointer des corrélations statistiques et ne prouve en fait absolument rien, que ce soit en des termes psychiatriques ou biologiques, et pas parce que ses auteurs auraient touché à un prétendu tabou. il s'arrange tout bonnement avec la réalité.


aussi, vers la fin du livre, jonathan crary va jusqu'à dire que "toute turbulence sociale dont les premières sources résideraient dans l’usage des réseaux sociaux serait inévitablement vouée à l’éphémère et à l’inconséquence historique". ce genre de considérations néoluddistes sont vaines et ne mènent à aucune issue politique, et sont à mon avis contredites par les récentes "turbulences sociales". les réseaux sociaux sont parmi les outils que l'on a à sa disposition pour agir politiquement, et s'ils ont évidemment leurs limites, surtout dans leur configuration actuelle, on ne peut pas se résigner à les ignorer tant ils sont importants. crary préconise lui de s'organiser "dans des communautés vécues, là où peuvent avoir lieu de réelles rencontres", afin d'échapper plus facilement aux "manœuvres de sabotage et de manipulation" étatiques, selon lui bcp plus aisées à mener dans le cyberespace. alors déjà je n'aime pas l'opposition "communautés vécues"/"cyberespace", comme si le cyberespace ne pouvait pas amener à de "réelles rencontres", et comme si des "communautés vécues" ne pouvaient pas se retrouver sur le cyberespace, etc. et ensuite ce qui m'est venu à l'esprit directement pendant ma lecture c'est des notes des renseignements généraux au sujet du mouvement autonome à partir d'éléments observés sur internet qui avaient été révélées par la presse, et en fait ces notes elles me faisaient bien rire, car quand je les ai lues même moi qui ne suis pas de ces milieux j'avais l'impression d'en savoir bien plus que les rg. donc il me semble que jonathan crary surestime largement, par méconnaissance, la puissance du contrôle étatique sur internet. et puis je pense qu'à linverse, l'exemple de l'envergure de l'infiltration du "groupe de tarnac" par les institutions policières, un agent de police ayant été jusqu'à s'infiltrer dans la vie sexuelle d'une militante, montre bien que les "communautés vécues" ne protègent absolument pas plus du contrôle étatique que le cyberespace.

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le 21 mai 2020

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félix  

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