Ce petit livre de 120 pages à peine est une collection d'articles critiques sur l'oeuvre de Haruki Murakami, l'écrivain japonais tellement vendu dans le monde qu'on a parlé d'un "Haruki Boom" dans les années 90. Comme j'ai beaucoup lu Murakami et que je me suis toujours inquiété d'aimer peut-être un Musso ou un Lévi japonais (il n'a pas toujours bonne presse chez lui), cela m'a rassuré de lire des articles académiques sur son oeuvre . Il y a, nous dit-on, de bonnes raisons d'apprécier cet auteur. Ouf... Un aperçu des idées que j'ai retenues:


D'abord, on retiendra que Murakami est célèbre dans le monde entier : le livre nous donne en supplément des couvertures de ses livres dans toutes les langues. Un article est écrit par un critique Sud-Coréen sur l'engouement extraordinaire de la "génération 386" (oui, d'après le processeur d 'Intel !) pour Murakami. Pour les jeunes Coréens, il est devenu un véritable phare. De même, en Russie, pays qui ne partage que peu d'atomes crochus avec le Japon, la littérature de Murakami est si appréciée dès les années 80 qu'elle est en général traduite en Russe avant de l'être en Anglais !


Une idée intéressante est le parallèle que fait un critique entre des découvertes neurologiques des années 90 (les neurones-miroirs) et le style de Murakami. Il compare notre capacité à créer des réalités-miroirs au sein de nos réseaux neuronaux et les bizarres réalités alternatives que décrit l'écrivain. De même que nous passons inconsciemment d'une réalité objective à nos réalités-miroir intérieures, les personnages de ses romans passent ainsi de la réalité triviale à une sorte d'univers accolé et mystérieux, presque dimensionnel. Ce parallèle est moins capillo-tracté qu'il n'y parait :-)


Un autre point que les critiques relèvent chez Murakami est son adéquation à la globalisation en cours, au consumérisme et au vide qu'il provoque. Il existe chez les personnages une acculturation que le lecteur reconnait. (Vous pouvez changer les noms des personnages de Murakami en noms finlandais ou russes ou français, ça marche très bien). Un autre critique va jusqu'à évoquer une "absence d'odeur" (je cite), qui fait de sa littérature un objet sans nation. (Un critique russe se trompe lourdement en y voyant de l' exotisme japonais). Universalité, absence et perte de repères, malaise et vide, mais aussi romantisme, rébellion, culture musicale, culture jeune, autant de caractéristiques qui ont fait de Haruki Murakami le bon auteur au bon moment.


Bon petit livre donc, qui ouvre des portes sur l'oeuvre de Murakami sans trop vous prendre la tête. Moi qui ai tendance à penser qu'à l'instar d'un Kundera, Murakami a déjà dit tout ce qu'il avait à nous dire, je n'ai guère confiance en ses derniers romans, mais ce petit bouquin m' a donné envie de m'y risquer de nouveau. Recommandé aux fans, donc :-)

nostromo
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le 19 juin 2015

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