Elles ne sont pas légion les traductions de romanciers baltes en français et peut-être encore moins en letton, par rapport à l'estonien et au lituanien. Ces dernières années, hormis le très bon Metal de Janis Jovevs, aux Editions Gaïa, il n'y a pratiquement rien eu à signaler. A l'ombre de la Butte-aux-Coqs d'Osvalds Zebris tombe donc à pic, d'autant plus qu'il permet de visiter une période assez mal connue de l'histoire de la Russie tsariste (même si l'on a vu Le cuirassé Potemkine), à savoir la révolution de 1905, dont l'échec ressemble à une répétition générale de 1917. En Lettonie, comme ailleurs dans l'empire russe, les troubles furent sanglants et Osvalds Zebris les décrit de l'intérieur avec quelques uns de ses protagonistes, dont le personnage principal du livre. Cependant, si le récit des faits, et notamment de la répression, est passionnant, l'auteur ne facilite pas la lisibilité de sa narration en y incluant un fait divers qui a lieu un an plus tard à Riga, à savoir l'enlèvement de trois enfants. Tout est lié évidemment, eu égard à la personnalité du héros schizophrène du livre, mais Zebris aurait peut-être pu simplifier la construction de son roman de manière à rendre sa progression plus limpide. A l'ombre de la Butte-aux-Coqs mérite cependant qu'on n'abandonne pas la partie et que l'on suive avec attention ses entrelacs car l'effort est gratifiant, tant pour ses qualités littéraires que pour sa leçon d'Histoire.

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le 1 oct. 2020

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