A tout prix
8.3
A tout prix

livre de Rob Roberge ()

« Comment sait-on qu'un junkie ment ? Ses lèvres bougent. »

13e Note ou l'éditeur qui m'a donné envie de lire autre chose que des polars ou de la socio en mettant l'accent sur des auteurs bruts, donnant souvent dans l'autofiction ou l'autobiographie. Des histoires de losers, de paumés, de junkys, d’alcoolos, d’asociaux, (in)dignes héritiers de Bukowski, Burroughs, Fante et toute la clique estampillée Beat Generation (les fils des deux derniers ont d'ailleurs eux aussi été publiés chez 13e Note). Des mecs qui écrivent comme ils vomissent, bien loin des prix littéraires français et des best sellers des têtes de gondoles. Punk quoi.


Rob Roberge, guitariste/chanteur de la formation actuel de The Urinals groupe punk minimaliste de LA reformé depuis quelques années maintenant et de quelques autres formations garage, est avant tout auteur et prof de création littéraire à l'université de Palm Desert, Californie. À tout prix, son 3em roman traduit en français, raconte l'histoire de Bud Barrett, musicien, la quarantaine bien abîmée, alter ego de l'auteur et junky invétéré depuis qu'il mit le nez dans les antidépresseurs de sa mère. Après une énième tentative de suicide et face à la mort imminente de son père, Bud fouille dans son passé et essaye de résoudre le pourquoi du comment de son être si instable. Huit chapitres sans cohérence chronologique (mais pas pour autant décousus, le récit est en fait composé de 8 nouvelles écrites entre 1979 et 2011) vont explorer une vie tortueuse entre plans foireux pour toper de la dope, parcourt musical ruiné par les addictions, grand amour saboté, carrière professionnelle miraculeusement correcte et enfance difficile aux traumatismes toujours non résolus, marquée par son père commettant un meurtre sous ses yeux et le suicide de sa mère. Le tout avec un certain détachement, une lucidité, un sens du détail super réaliste, pas mal d’humour et surtout sans jamais tomber dans le pathos malgré une tension émotionnelle parfois presque insoutenable…


Il en ressort que Roberge est un très grand écrivain, dégager autant d’intensité de façon si naturelle est assez rare. Mêler autant de souffrance et une légèreté quasi humoristique, un réel tour de force. Et pas besoin de partager le goût de Bud pour l’autodestruction pour se prendre une bonne claque et se reconnaître dans son désemparement face aux choses courantes de la vie.

SuperApe
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le 29 janv. 2016

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