Un roman de SF somme toute assez classique, qui en voulant souligner certains défauts de l'homme sombre parfois dans un simplisme exagéré, dénué de nuances, et n'apporte rien de vraiment nouveau au genre.

UNE ESPECE HUMAINE EXAGEREMENT STUPIDE

Bien que l'homme aime à se critiquer et se dépeindre encore plus noir qu'il ne l'est vraiment, la voracité aveugle des humains à propos des ressources de la planète, Ester, paraît assez irréaliste ( stupide ? ). Il suffit de voir qu'aujourd'hui la question environnementale est une question de société à laquelle sont apportées de plus en plus de réponses. Que l'on trouve ces réponses assez concrètes ou non, reconnaissez au moins que la question est lancée à l'échelle mondiale. Dans ce roman, aucune voie dissonante, aucune contestation à cet acharnement féroce précipitant la fin de leur planète. Pourquoi ce suicide conscient et collectif ?

LA RELIGION SOUS LE PRISME DU FANATISME

Ici, les religions ne sont abordées que sous le strict aspect du fanatisme, cruel et destructeur. Si la religion a par maintes fois prouvée, et continue de le faire, qu'elle peut être source de souffrance, elle ne peut pourtant pas être limitée à cet aspect. L'auteur nous propose ainsi, soit des religieux têtus, obtus, aveugles, obstinés, obscurantistes qui croient dur comme fer à leur foi, soit d'autres qui décident d'abandonner complétement leur religion. Pas de nuances entre les deux. C'est assez manichéen.

LA BELLE ET LA BETE

La figure d'Abzalon est également déjà connue: le monstre hideux qui tue pour exister, mais qui cache une âme en peine. La Bête qui devient intimidé face à la Belle, magnifique, qui choisit de lui donner une chance ( on ne sait pas trop pourquoi, ils se marient tout juste après s'être rencontrés ) malgré son aspect repoussant. le reste des personnages sont plutôt simples, dans le sens ou vous aurez probablement oublié leurs existences une semaine après avoir refermé le livre ( une petite préférence pour le moncle Artien tout de même ).

L'ASPECT TECHNOLOGIQUE EN RETRAIT

Par rapport aux autres œuvres de Science Fiction, pas grand chose a se transmettre sous la dent sur le plan de la technologie, à qui les auteurs apportent généralement un soin et un détail tout particulier, utilisant souvent des notions poussées de mathématiques, physiques ou chimie pour justifier leurs rêves fous. Ici, nous avons un peu de transhumanisme, de clonage, de la communication par la pensée... bref rien de nouveau sous le soleil. le vaisseau, l'Estérion, est également très banal, là où d'autres auteurs en auraient quasiment fait un des personnages principaux du roman.

LE VAISSEAU DE l'ENNUI

Continuons sur l'Esterion, et posons nous cette question qui n'a eu cesse de me tracasser : comment les habitants du vaisseau ne sont-ils pas devenus fous au bout de quelques années seulement ? L'Estérion se résume en tout et pour tout à de la ferraille, du gris, encore plus de ferraille et toujours plus de gris. Les seules activités sont manger et dormir. Pas de livres, d'écrans, d'images, de jeux de cartes, d'activités physiques, pas même un traître Monopoly oublié dans les recoins du vaisseaux. Et je rappelle que les premiers habitants étaient conscients que cette routine serait la leur jusqu'à leur dernier souffle de vie. L'esterionnite ( je crois ), la maladie qui frappe de nostalgie et d'ennui les habitants du vaisseau jusqu'à la mort, aurait dû survenir bien plus tôt. Même si il y a eu des tensions et des conflits ouverts, et donc de l'action, il m'aurait semblé plus logique dans ces conditions que les habitants se laissent rapidement dépérir dans leur cabines face à... cette absence totale d'attraits que la vie à a leur offrir ?

LE QWA ?

Enfin, la philosophie des Qval, censée être une réponse aux fanatismes et aux certitudes des hommes, est assez floue et abstraite. C'est presque toujours le cas d'ailleurs lorsqu'un auteur essaye de donner une réponse aux questions existentielles de l'homme. Au final, on ne comprend pas vraiment en quoi elle peut être concrètement appliquée ( ne vivre que dans le présent ? Oublier passé et futur ? N'est ce pas exactement ce qui a fait que les humains ont détruit leur planète ? ).

QUELQUES BONS POINTS ( tout de même )

Coté bons points, toute la partie se déroulant sur Doeq est extrêmement convaincante. Crue, sombre, terrible et sans pitié, rien n'est épargné aux lecteurs ni aux prisonniers. Il me semble que c'est véritablement la partie sur laquelle l'auteur se montre le plus brillant.
La révélation finale, avec "l'archange" était assez surprenante et a ajouté une ultime tension pour le grand final, même si on reste loin d'un Isaac Asimov.
Enfin, l'univers reste tout de même assez bien construit, avec de nombreux détails sur l'histoire propre à chaque religion.

UNE EPOPEE BIBLIQUE

Au final, c'est à une sorte d'Exode que nous avons assisté. Il y a un coté indéniablement biblique à cette traversée, non pas du désert, mais de l'espace, avec la Terre Promise au bout du chemin, et un passé douloureux derrière. Cependant, cette histoire, a part peut être sa fin prévisible mais touchante, ne procure que très peu d'émotions ( pour ma part ), et n'accède pas à cette dimension de mythe ou de légende que peut avoir un Dune par exemple.

Hevel
5
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le 4 déc. 2017

Critique lue 295 fois

Hevel

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