J'ai eu honte de le lire dans le métro, de peur que des gens ne regardent

Un jour, mon pote Ernest (il ne s'appelle pas vraiment Ernest, c'est une question d'anonymat, ses parents sont pas aussi salauds) m'a dit "tiens j'ai vu American Psycho, faut que tu le voies, Christian Bale y est génial" en me tendant une clé U... en me tendant un exemplaire original du DVD acheté dûment à la FNAC. Bref, je regarde le film.
Après avoir vu ce petit chef-d'oeuvre (où effectivement Bale est génial) je me suis dit "mais va donc acheter le livre" ce que j'ai fait (oui ça peut sembler un peu long et chiant comme début, j'en suis navré.) Et là, sur plus de 500 pages, j'ai été partagé entre l'admiration d'un tel bouquin et la gêne de l'avoir entre les mains. Si le style d'Easton Ellis se retrouve dès la première ligne, on regrette par moments d'avoir commencé ce bouquin tant les descriptions sont précises et explicites, que ce soit un viol ou un meurtre, on se surprend à faire "hissssss" (vous savez cette inspiration rapide, dents serrés quand quelqu'un se fait mal d'une manière qui visuellement est très douloureuse ?) et on n'ose pas lire sans jeter un coup d'oeil autour de soi afin de s'assurer que personne ne lit avec vous. Le style est rapide, rythmé et bien que le bouquin soit assez long, on n'en sent pas le souffle qui se raréfie. Je me suis fait violence de lire chaque mot, aussi dures soient les images qu'il créait, et je pensais à chaque fois au traducteur de l'oeuvre en me disant "ben dis donc, pauvre vieux". 20 ans déjà que ce livre a été écrit et ça se sent peut-être dans les références utilisées qui elles en ont 25. Ce vieillissement n'est pas gênant, car au delà des noms qu'on a peut-être oublié, des choses qu'on ne se figure plus bien, l'époque est décrite de telle façon que l'on se la représente instinctivement, à l'instar hélas de chaque autre description du bouquin.
Je conseille très fortement ce livre, mais pas dans le métro, car non seulement vous serez pris d'une paranoïa vis à vis des autres qui pourraient lire par dessus votre épaule, mais vous aurez également des envies de meurtre au hasard
Jacottin
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le 9 févr. 2012

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