Bateman, l'auto-destruction sur papier
Patrick Bateman est celui que vous n'avez pas envie d'aimer. Manipulateur, arrogant, misanthrope, (psychopathe !), ce personnage entretient à la perfection l'image du golden boy haï par l'Homme. Respirant la réussite et l'absence de conscience, il éveille la jalousie et le dégoût. Mais il n'est pas uniquement une potentielle critique d'un microcosme social. Ellis a réussi à donner à son personnage principal une consistance et à ne pas se cacher derrière le facile cliché du psychopathe se jouant de tous. Car non, Bateman n'est pas seulement celui que vous n'avez pas envie d'aimer, cet être dépourvu d'émotions et de sentiments. Il est aussi et surtout un être humain profondément seul, mis en permanence en face de ses contradictions et de ses addictions. Il se perd dans sa propre conception du monde, ses schémas préconçus et ses normes. Il ne peut plus se projeter et avancer, il ne voit pas d'avenir ni d'issues. Au final, cet homme ressent à l'extreme le vide auquel nous sommes tous confrontés un jour ou l'autre. On ne peut pas rester indifférent, on ne peut pas seulement et simplement le haïr. Oui, on ressent de l'empathie et de la compassion pathétique pour cet homme mis à genoux par sa lutte permanente contre lui même.
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