"Nous partons à la guerre ensemble sauf que moi je reste à la maison." Dans Amour de pierre, de l'asile psychiatrique où elle est soignée, Grazyna Jagielska témoigne. Ce n'est pas un roman, c'est sa vie, réelle, qu'elle raconte à un compagnon de folie. Celle de la compagne d'un grand reporter de guerre qui a couvert pas moins de 53 conflits, de la Tchétchénie à l'Afghanistan, du Sri Lanka au Congo. Elle a essayé de comprendre, Grazyna. Elle a tenté d'évacuer la peur mais rien à faire. L'attente près du téléphone, l'effroi à l'idée qu'il ne reviendrait plus et presque l'espoir qu'il était vraiment mort pour que cesse enfin cette angoisse lancinante. Grazyna a souffert mille tourments. Il lui a dit : "je me sens vivre pleinement quand le danger est là." Pleinement ! Et leur couple alors ? Et leurs enfants ? Pénélope traumatisée, elle a peu à peu sombré, folle de son mari, folle tout court, plus choquée que lui par les horreurs qu'il raconte. Parce que c'était son adrénaline, seulement cela, alors qu'elle vivait tout dans son corps et dans son âme en plus de la crainte de le perdre définitivement. Amour de pierre est une confession. Si intime qu'elle embarrasse parfois. L'écriture est faussement calme, abrasive en dessous. Le récit est haché, suffocant et inconfortable. Le genre de livres qui perturbe mais qu'il est difficile d'aimer. Depuis quelques années, il a abandonné son métier de reporter de guerre. Pour toujours ? Ce n'est pas certain. Grazyna va un peu mieux. Mais il est probable que la peur ne la quittera jamais.

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le 9 févr. 2017

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