Aurore Barbante (jeu de mot facile pour bouquin débile)
Aurore Barbare ! Frank Andriat captive via son thème, son histoire, sa poésie. Par les sentiments de souffrance qu'il dépose avec délicatesse, il nous fait voyager dans un récit original et plein de surprises. Enfin... sur les surprises, soyons plutôt mitigés.
Aurore Barbare ; voilà ce que le récit aurait dû être. Aurore barbante ; voilà ce qu'il est !
Oui, barbante est cette aurore qui aurait eu la chance d'être ô combien captivante ! Quelle déception ce livre a-t-il été pour moi qui m'attendais à avoir entre les mains un récit de souffrance magnifique ! Certes, le contenu est admirable ! Mais la façon dont il nous est livré le rend laid, absurde, mièvre... en un mot : banal. Ou plutôt non, pas « banal », car Frank Andriat a tenté, en vain, certes, de nous conter une histoire originale et pleine de fraicheur. Je dirais plutôt que ce récit souffre d'une lourdeur étouffante... le rendant infernal. L'Enfer étant pavé de bonnes intentions, on est pas sortis de l'auberge...
Revenons au récit. Comment m'a-t-il été ainsi livré pour que j'en sois venu à le détester ? La réponse est simple : le style d'écriture. C'est trop bateau, ça manque de style, c'est bancal voire même complètement invraisemblable. Chaque chapitre voit la caméra changer de héros. Eusébia, Tonio et Paco, Pépito ou les morts de la fosse commune. Loin de moi l'idée de dénoncer cette idée de mise en scène. Le problème, c'est que chaque chapitre ne permet d'identifier son ou ses héros que par son style. C'est peu, trop peu. Loin d'être suffisant, cet artifice s'essouffle de lui-même par le trop grand nombre de personnages. Eh oui ! Passer de la première personne à la troisième, ça passe encore. Mais quand on commence à s'adresser à un « tu » dont la présence n'est justifiée que par cet effet de style bancal... ça ne passe pas. Le lecteur est amené à deviner l'identité du protagoniste (quand ce n'est pas l'identité du narrateur lui-même qui est mise en doute !) Quel manque de confort pour les jeunes lecteurs pour qui lecture risque fort de rimer avec bibliophobie ! Ici, ce n'est pas Frank Andriat qui nous guide à travers son récit, c'est nous qui courrons après lui pour tenter de comprendre dans quel trip il nous entraine. Quel « Very Bad Trip » pour un auteur qui est professeur de français, non ?
Et les évènements ? Là, le qualitatif de « barbant » est plus que justifié. La première partie du livre fait office de prologue... un prologue qui fait la moitié du livre ; un prologue de cent pages sur les deux-cent du total ! La deuxième partie rehausse l'intérêt et voit même son rythme s'accélérer durant sa deuxième moitié (nous sommes donc à 75% lorsque ça commence à devenir intéressant). La tension monte en crescendo jusqu'à la toute fin, bâclée, car vue du point de vue des morts ; point de vue quasi-aveugle car situé six pieds sous terre ! Et l'envol des âmes de la fosse commune était tellement prévisible que je ne l'ai même pas vu arriver... heureusement qu'Arthuro nous préviens au début du dernier chapitre !
En bref, je ne dirais pas que « Harry Potter et Bambi au Pays de Nanarland » aurait fait mieux avec le même sujet, mais je le pense.