Après un essai infructueux sur le deuxième roman de Jesse Kellerman, Jusqu’à la folie, j’ai mis mes doutes de côté en abordant celui-ci. Ce n’est pas parce que l’on n’aime pas un roman qu’il est mauvais. Quoi que les avis lus ici et là m’avaient conforté dans mon idée.
Mais, j’ai découvert Jesse Kellerman avec Beau parleur et il faut absolument que je lise son premier roman, Les Visages.
En effet, mes doutes se sont envolés.
L’histoire est bien menée, la trame s’installe au fur et à mesure. La folie guette à tout bout de champ. Et franchement je ne me doutais pas que le héros en arriverait là. Sans en dire plus, car je veux que vous découvriez le roman, ce qu’il accomplit est atroce. Mais il trouvera également la rédemption dans un endroit où en définitive il ne sera plus isolé et où il arrivera à être ce qu’il est vraiment. Donner des cours et aider les autres.
Tout commence bien tôt pour Joseph. Une enfance pas très heureuse entre une mère qui ne défend pas ses enfants, un père violent et alcoolique et un grand frère héros. Mais ce frère meurt et tout fout le camp. Mais Joseph est aidé par le prêtre de la paroisse. Et il n’a qu’une envie, s’en aller loin, quitter son milieu pour faire des études. Et il les commencera ses études mais il ne les finira jamais. Joseph est orgueilleux, imbu de lui-même, veut absolument vivre de son esprit et ne se remet pas en question. Pourtant il semble intelligent mais il est incapable de lutter contre les autres. D’ailleurs, il a peu d’amis et il n’aime pas s’en faire. Je trouve qu’il se sent supérieur aux autres et qu’il n’admet pas les critiques. Bien qu’il soit très intelligent, Joseph semble avoir des problèmes psychologiques dus à un manque d’amour donc de confiance en lui. Il imagine très vite une relation toute autre entre Alma et lui. Alma n’est d’ailleurs pas toute blanche dans cette histoire puisqu’elle lui permet de vivre chez elle, elle le rétribue également. Joseph est également une personne qui se fait beaucoup de soucis pour Alma. Il veut la protéger d’Eric, il ne veut pas qu’elle souffre autant. Mais cela veut également dire que Joseph n’est pas le seul dans le coeur d’Alma et ça, il ne le supporte pas. Joseph ne supporte être seul. Quand il rencontre quelqu’un, c’est pour la vie. En peu de temps, il l’a beaucoup idéalisée, il l’aime comme une femme. Il a peur d’être congédié, de ne plus compter pour elle.On s’en rend également compte à la mort de celle-ci.
Qu’est-ce qu’Alma a à cacher ? Pas mal de choses mais on en saura très peu. Elle semble une vieille dame très érudite, qui a élevé son neveu. Elle entretient d’ailleurs de drôles de rapports avec lui. Des rapports d’argent. Mais selon Eric, Alma n’est pas ce qu’elle semble être. Elle est méchante et violente. En tous les cas, dans son testament elle a tout prévu. Pratiquement rien pour son neveu et pratiquement tout pour Joseph. Mais il faut qu’il finisse sa thèse. Dans ce roman, la thèse est la seule chose que j’ai deviné. Joseph ne peut pas finir la sienne et il tente par tous les moyens de récupérer celle qu’Alma a écrite, lorsqu’elle a été saisie par la police.
Eric fait office de vilain dans l’histoire. De gros soucis avec la police et si on pense que Joseph va se faire avoir par lui, on se trompe énormément.
La dimension psychologique est très importante ici. Alma et Eric sont prévisibles. Mais Joseph non. On assiste au début de sa folie jusqu’à ce qu’elle prenne le pas sur le réel. Ah oui, il l’alimente mais est-ce qu’on ne l’y aide pas un peu quelquefois. De toutes façons, quand l’engrenage est lancé, on ne peut plus l’arrêter. Il se sent la proie, harcelé mais devient très vite un chasseur. Eric a joué avec lui et avec son caractère qui s’interroge tout le temps, qui voit le mal partout.
C’est en définitive l’histoire d’un homme qui a peur de se retrouver seul et ainsi faire face à l’échec de sa vie. C’est l’histoire d’un homme qui se sent coupable tout le temps, qui se pose beaucoup de questions, mais dont les instincts prennent vite le dessus et il ne peut et ne veut pas les réfréner. Pourtant ses instincts vont lui causer beaucoup de tourments jusqu’à ce qu’il devienne à nouveau maître de sa vie.
Jesse Kellerman m’a emmené là où il l’a voulu et je l’en remercie. J’ai laissé les pages défiler. Je me suis laissée porter par les mots, par l’histoire, par les personnages même si aucun n’a ma préférence. Je n’ai pas tenté d’aller plus loin que ce qui était écrit, même si. Car j’aurais bien été surprise. C’est insidieux. On tourne les pages et à chaque fois, un évènement survient.
Angélita
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le 6 oct. 2012

Critique lue 240 fois

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