Si j’étais un livre, je serais Being

Personne ne le connait vraiment. Pourtant, il vous dit vaguement quelque chose (quelque chose comme… « Vie ! »). On est à la fin des années ’60 et peut-être qu’on a vu renaître l’espoir d’un sens. C’est son premier livre à Jack et il est Melmoth « the Wanderer » avant de devenir Léger. Jack se moque d’un auteur possible qui possède l’art d’écrire l’absurde. Vous savez, l’aventure d’une écriture plutôt que l’écriture d’une aventure. L’absurde, c’est devenu un peu mainstream. Ne rien écrire mais écrire quand même, c'est devenu une habitude. Puis on se rend compte que justement il ne s’y passe rien dans Being. Rien que des paroles rapportées à la quatrième personne, comme venues d’une autre dimension. Being est à la fois mélodieux et dissonant. Tout en se référant à des réalités, il nous perd dans un songe qui a le goût du déjà-vu à chaque page tournée. C’est une chanson, des couplets et des refrains, et un rythme indomptable. Le mot n’est plus qu’un son (et le son, le son d’un songe). C’est là que réside le génie de Melmoth. Le signifiant devient signifié et le signifié devient signifiant. C’est l’émotion qui se dégage avant tout de ce labyrinthe de paroles plutôt que le fabricateur des émotions. C’est comme s’il brisait les chaînes de la vie. Il fait vivre l’émotion indépendamment de toute chose. De fait, « exister », « être », c’est bien s’émouvoir, ressentir avant tout. Et « vivre », c’est à la fois « être » et « devenir ». C’est l’immuable et la progression. Le cristal qui tombe mais qui ne se brise pas. C… qui n’est ni homme, ni femme. C’est le voyage, c’est le récit, le roman et la poésie. « Be-ing ». Et si Being c’est « l’existence », c’est aussi (et surtout ?) « la créature » qui hante les pages, la métamorphose qui pèse au dessus de nous comme l’épée de Damoclès…
J’aime bien me laisser bercer par les mots, et c’est d’autant plus appréciable si vous pouvez entendre en vous la douce voix de l’auteur vous lire (chanter ?) son livre… Alors peut-être bien que j’ôte à ce livre les possibilités d’une autre interprétation parce que je n’ai rien compris. C’est pour cette raison que je serais Being, parce que je ne me comprends pas mais cela ne m’empêche pas de vivre.