Bettý
7
Bettý

livre de Arnaldur Indridason (2003)

C’est depuis une cellule de prison que ce récit est mené. Ecrit à la première personne du singulier, ce « je » revient sur le personnage omniprésent de Betty : une très belle femme avec laquelle « Je » a une liaison. Femme adultère, Betty partage la vie de Tomas, un armateur qui figure parmi les hommes les plus riches du pays.
« Je » aime Betty. Avec passion. Avec confiance. Avec une sorte de soumission. « Je » s’interroge également sur ce qu’il s’est passé. A quel moment « tout cela » a-t-il réellement commencé. A tous les signaux d’alarme qui ont été ignorés, au mépris de plus élémentaire prudence. Ce meurtre qui a conduit « Je » derrière les barreaux. Ce meurtre qui amène les enquêteurs à entendre « Je » dans une salle d’interrogatoire pourvue d’un miroir sans tain.
Petit à petit, les indices se mettent en place. Le lecteur a une vision de plus en plus nette de ce qui semble s’être passé. Semble… car Arnaldur se joue de son lecteur et lui fait prendre des vessies pour des lanternes. Après le coup de théâtre du chapitre 18, j’ai décidé de ne plus croire ce que l’auteur me racontait. J’ai cessé de lui faire confiance. Il m’avait berné durant toute la première moitié du livre. Je n’avais rien vu venir. J’ai tout pris en pleine figure. C’est promis, il ne m’y prendrait plus.
Arnaldur devait bien rire. Car de crédule à l’excès, je suis devenu soupçonneux. Paranoïaque. Très critique, remettant tout en cause, cherchant à lire des réponses entre les lignes, à chercher des indices qui n’existaient peut-être pas. J’étais perdu et n’avais d’autre choix que de suivre l’auteur qui m’emportait vers une conclusion qui m’échappait tout à fait. Suivre l’auteur qui se retournait sans cesse sur moi, un sourire moqueur aux lèvres, riant de me voir marcher une seconde fois.
Pari gagné pour Arnaldur qui signe ici un thriller efficace qui se démarque des enquêtes presque routinières de l’équipe du commissaire Erlendur. Dans ce livre, point d’Erlendur, point de Sigurdur Oli, point d’Elinborg. Le trio n’est qu’évoqué en une ligne : un pied de nez de l’écrivain pour ses héros habituels.
Un thriller efficace dont « Je » est le centre. Qui est « Je » ? Quel a été son rôle dans la mort de Tomas ? Son témoignage est-il crédible, quelle est la part de vérité et de mensonge dans son discours ? Le lecteur lit-il un texte impartial ou bien travesti et qui s’arrange des petites choses que chacun aimerait taire ? Rares sont les moments où l’on sait sur quel pied danser et il faut attendre les toutes dernières pages du livre pour recoller finalement tous les morceaux.
Bravo !
BibliOrnitho
9
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le 28 janv. 2014

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