Sept mangeuses d’hommes hurlantes, tapies derrière la rose
De la fonte dans leur flux sanguin et de la glace derrière leurs yeux
A chacune de ces nuits sacrées
Quand la poussière du plumeau devient l’objet du marché, et Lucifer la lumière

(Seven Screaming Dizzbusters, album Tyranny and Mutation, 1973)


J’ai Göring au téléphone depuis fribourg
Il a dit que Willie a fait du bon boulot
J’ai Hitler au téléphone depuis Berlin
Il dit « je vais faire de toi une star »

(ME 262, album Secret Treaties, 1974)


C’est moi, le Moissonneur des yeux
Et je vois tout ce qu’il faut voir
Quand je regarde à l’intérieur de ta tête
Tout droit, depuis le front jusqu’au fond de ton crâne

(Harvester of Eyes, album Secret Treaties, 1974)


Il ramasse un autobus et le jette par terre
Tout en s’avancant parmi les immeubles en direction du centre-ville

Oh non, ils disent qu’il va venir
Go go Godzilla, yeah
Oh non, voilà Tokyo
Go go Godzilla, yeah

(Godzilla, album Spectres, 1977)


Une terreur mortelle régnait
D’abord la maladie, puis une horrible mort
Seule lucy connaissait la vérité
Et, depuis sa fenetre,
Nosferatu

(Nosferatu, album Spectres, 1977)


Je suis la lame noire
Forgée il y a un milliard d’années
Mon âme cosmique vit pour l’éternité
Taillant le destin,
Introduisant les seigneurs du Chaos
Elevant les bêtes de l’Hadès
Suçant l’ame des héros

(Black Blade, album Cültosaurus Erectus, 1980)


Je tourne mes espoirs vers le ciel
J’aimerais savoir avant de mourir
Les souvenirs vont lentement faner
Je lève les yeux et demande
Venez et emmenez-moi

(Take me away, album The Revölution by night, 1983)


En présence d’un autre monde
Vient une connaissance effrayante
Comment l’espace peut se moduler
Et les choses terrestres disparaître
Dans la plénitude d’un autre monde
Il n’y a nul vide

(In the Presence of Another World, album Imaginos, 1988)


Les quelques paroles sélectionnées ci-dessus (et traduites par les auteurs du livre) permettent d’avoir un aperçu des multiples sujets abordés par le Blue Öyster Cult (pour les curieux, c’est le premier groupe à avoir utilisé le metal Umlaut) : fantastique, science-fiction, horreur, histoire, hommage au cinéma... Autant dire qu’une grosse partie de leur discographie est en thème sur nooSFere. Avec les anglais d’Hawkwind, le combo Newyorkais est certainement le groupe ayant le plus abordé ces domaines. Aidé par leur manager Sandy Pearlman et par un critique rock et poête, Richard Meltzer, une partie des l’œuvre du groupe est clairement orientée vers le fantastique et l’occulte, avec pour apogée le concept album Imaginos, l’histoire d’une conspiration d’origine extra-terrestre.

Mathieu Bollon et Aurélien Lemant sont fous. Comme tous les fans qui ont envie d’écrire un livre sur leur groupe préféré, ils auraient pu se contenter d’une biographie chronologique. Avec le Culte de l’Huitre Bleue, qui a fêté ses quarante ans de carrière l’année dernière, cela aurait permis de noircir nombre de pages. Mais non, cela ne leur suffisait pas, et une idée a germé dans leur cerveau : « on écoute le seul groupe de hard-rock ayant une réputation d’intello, si on s’attaquait aux paroles ? ».

La carrière du mal est donc un livre assez unique : une explication de textes de toutes les chansons du groupe, un décorticage de leur imagerie, une mise en contexte des thèmes abordée, une étude sans concession de l’évolution du groupe et pour terminer, la traduction intégrale des paroles de la quinzaine d’albums produits par BÖC. C’est souvent passionnant, et si on peut trouver certaines interprétations exagérées, les auteurs se sont entretenus avec beaucoup de membres du groupe, donc à la source même. Ajoutons qu’outre les auteurs habituels du groupe, Michael Moorcock ou Patti smith ont écrit des paroles pour le Cult, et on comprendra la pertinence de cette étude.

Enfin, signalons que si le livre se consacre avant tout aux textes, la carrière du groupe est parcourue, ses succès et ses échecs sont étudiés avec le recul requis, loin de tout aveuglement fanique.

Réalisé avec sérieux, La Carrière du mal est un ouvrage impressionant. Peu de groupes auraient pu fournir autant de matière pour une analyse serrée, on ne peut que remercier les auteurs de s’y être attelé. Vous faites pareil sur Hawkwind, maintenant ?
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le 29 août 2013

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