C'est le coeur qui lâche en dernier par Anaïs Alexandre

Stan et Charmaine vivent dans leur voiture. Touchés par la crise financière et sans famille proche, ils vivotent grâce aux maigres pourboires que Charmaine obtient au bar où elle travaille. Un jour, ils entendent une publicité à la télévision expliquant le projet Concilience. Il s'agit d'une ville où chacun a un toit et un salaire et où le chômage et le crime sont inexistants. Les habitants passent un mois sur deux dans leur maison et le restant du temps en prison où ils sont logés, nourris et bien traités. En leur absence un autre couple prend leur place dans la maison, ce sont leurs alternants. Stan et Charmaine n'hésite pas une seconde à intégrer Concilience jusqu'au jour où Stan découvre un message de son alternante ("Je suis affamé de toi") et où Charmaine semble mener un double vie.


La question pose par l'autrice est celle du choix entre liberté et sécurité. C'est le nœud du problème auquel chaque protagonistes tentent de répondre. Le projet Concilience repose là dessus. En recrutant des gens qui souffrent et vivent dans la peur du lendemain, ils se constituent un groupe docile et reconnaissant. Pour un confort et une vie sûre Charmaine peut renoncer à son libre arbitre. Mais très vite Stan a des doutes et commence à se méfier. Cela nous place face à des questionnements très actuels : Quel compromis est-on prét à faire pour s'assurer une sécurité ? Jusqu'où peut-on accepter de perdre nos libertés ? Toutes ces questions traversent nos sociétés et l'auteur s'en fait ici l'écho.


Au fil du roman la fable politique se transforme en farce avec des rebondissements assez déjantés. Au fur et à mesure que l'on découvre le vrai but de Concilience (qui est finalement bien éloigné de la recherche du bien commun), les personnages sont embarqués dans des aventures de plus en plus folles. Parfois cela dessert un peu le propos. Le début du roman, par son ambiance pesante, installe une forme de malaise qui dénonce certains travers de notre société. Mais l'abondance de scènes loufoques finissent par ternir le message et faire de ce roman une farce. Mon intérêt pour cette lecture s'est donc dissipé au fil du livre. La fin m'a fortement déplue car on tombe dans une forme de romance à l'eau de rose. Peut-être est-ce délibéré de la part de l'auteur et sûrement qu'il faut y voir une forme d'ironie mais, pour ma part, j'ai trouvé ça assez mauvais.


Si j'ai été tenue par l'intrigue et l’univers riche tout au long du récit je suis déçue par la tournure qu'il prend à partir de la moitié. L'autrice passe, à mon avis, à coté de son propos en transformant son roman en farce et nous propose une fin ratée. Dommage...

Anaïs_Alexandre
7

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le 10 sept. 2018

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