Quand on pense à Stephen King et notamment à son œuvre "ça" les gens ont la fâcheuse tendance à décrire ce livre comme un roman d'horreur, terrifiant et génial. Certains à ma connaissance auraient même eu des crises d'angoisses en le lisant.
C'est donc avec un peu trop d'attente à mon goût que j'ai commencé "ça"


Je vais être plutôt direct et ne vous inquiétez pas je ne spoilerait pas, puisqu'il est impossible de spoiler quelque chose qui n'a pas de fin ou d'enjeux.
Pour faire simple, "ça" raconte l'histoire d'un club de ratés, c'est ainsi qu'ils se définissent, constitué de:
_Bill un garçon au charisme plat et bégayant qui est aussi insipide qu'un héros de sitcom
_Richie, ce copain qu'on a tous, qui se croit drôle, qui fait toujours des blagues juste ridicules en en rajoutant à mort ce qui est à la limite du gênant
_Beverly, la chaudière du groupe aussi victimisé par le monde
_Butters... je veux dire Eddie, le dispensé et hypocondriaque asthmatique pour qui faire ses lacets est un exercice de musculation
_Ben le gros, qui a la particularité, vous l'aurez compris, d'être gros
_ et Stan le figurant
il y a un autre enfant noir qui a l'air sympathique mais qui n'est pas assez travaillé pour que je puisse me rappeler de son nom


Donc on va commencer par l'histoire que vous connaissez déjà:
il existe un méchant Clown qui tue des gens, puisque c'est un être cosmique aux pouvoirs infinis, il s'est fait annihilé par les champions décrits ci dessus.
(en même temps difficile de lutter contre un gros et Stan en même temps)
Le problème c'est qu'il n'est pas assez mort pour être décédé puisqu'il est toujours en vie
(cette lapalissade est juste magique)
du coup il faut que les Avengers reviennent sur les lieux pour le re tuer, sauf qu'entre temps chacun a refait sa vie et que 27 ans se sont écoulés...


Bon, alors dit comme ça, ça fait sourire, mais c'est le résumé de tout le livre que je viens de vous faire parce que oui, c'est triste à dire mais... il ne se passe pas grand chose en juste 800 PAGES !
l'histoire ne fait que nous décrire pendant des siècles le caractère de CHAQUE PERSONNAGE, sa vie, ses angoissasses, ses petits problèmes et doute existentiels.
ça a du bon bien sûr puisque grâce à ce procédé on s'attache forcément aux personnages (sauf Stan parce que s'attacher à une feuille blanche c'est compliqué)
mais du coup il ne se passe rien du tout et c'est le principal reproche que j'ai à faire à ce livre c'est qu'on n'a pas peur de ce qui se passe, mais ce qui pourrait se passer, du coup puisque rien ne se passe on est dans une espèce de boucle infernale d'impatience pour une pauvre hallucination qui frustre plus qu'autre chose le lecteur.
Parce qu'entre nous RIEN N'EST EFFRAYANT, rien ne fait peur, ne surprend, au pire on aura un petit lever de sourcil qui signifiera et traduira un petit "ha c'est pas de chance"


bon l'histoire est surtout un énorme loupé, on oscille entre la période où les héros étaient enfants donc quand ils ont rencontré le monstre, et la période où ils doivent revenir à Derry
du coup on est perpétuellement coupé de ce qu'on attend, tout ça pour des scènes qui ne servent à rien, parce que je veux bien qu'on me coupe un scène où Bill se fait pipi dessus parce que l'album photo de son frère lui parle, mais au moins pour que ce soit quelque chose de plus intéressant que Beverly qui attends dans l'avion pour arriver à Derry 27 ans plus tard.


Deuxième gros soucis de ces changements temporaires, on a plus d'enjeux, de pression ou même de peur pour les personnages, on nous raconte des scènes de leur passé, on sait PERTINEMMENT qu'ils ne peuvent donc pas mourir lorsqu'ils étaient enfants puisqu'on a déjà eu des scènes de leur vie adulte.


L'histoire ne raconte rien à part la vie quotidienne (et ENNUYANTE A MOURIR) des personnages, avec si on a été sage, deux pages d'apparition de Gripsou qui fait une grimace et s'en va.
De ce fait, l'histoire étant une thérapie de groupe laissez moi vous donner mon avis sur chacun des protagonistes:


Ben: il est gros, mais ça va mieux. Juste avec cette phrase je vient de résumer le personnage, oui c'est développé à ce point. Il a une petite renommée en temps qu'architecte et il est devenu un jeune homme indépendant qui garde les cicatrices d'un passé de souffre douleur (à la fois de façon métaphorique que littérale)


Bill: il bégayait mais ça va mieux, en effet il est une mise en abîme de l'auteur puisqu'il est devenu écrivain de roman d'horreur à succès (j'espère de meilleure qualité que son papa King). C'est un trou noir d'affection puisqu'on dirait qu'il avale tous les bons sentiments des gens sans jamais leur rendre la pareille. Chaque personnage semble déborder d'un amour inconditionnel pour Bill, c'est incroyable, que ce soit ses parents qui l'adore (même si la mort de son frère à ralentit ce fait) tous ses collègues, sa femme qui est prête à venir à Derry le retrouver en dépit du danger, tous les habitants de la ville, tout le club des raté, à tel point que ça ne m'étonnerai même pas que Richie et Eddy deviennent gays juste pour lui... même Billyjoe le chauffeur de taxi !
En bref Bill est monsieur parfait, sympa, drôle, cultivé, courageux mais avant tout Gourmet, mesdames je vous prie de bien vouloir contenir vos orgasmes.


Richie: je ressent pour ce personnage plus de la pitié et de l'incompréhension avant toute chose. On a affaire à un caméléon qui se cache derrière des imitations bas de gamme et sans intérêts qui ne sont jamais drôles, jamais intéressantes et jamais émouvantes. On dirait qu'il veut se débarrasser de toute responsabilité par le rire. Rire qu'il n'a chez moi jamais réussi à décrocher. Bien qu'il soit le plus enthousiaste et coloré des membres de ce groupe, il n'en reste pas moins le plus plat.


Berverly: alors je suis parti du mauvais pied avec ce personnage car son histoire avec son mari Tom me semble vraiment, vraiment beaucoup trop stéréotypée, que ce soit leurs dialogues, leurs façons d'agir ou même la façon dont King décrit les scènes de ce couple... c'est juste mauvais.
Cependant il s'agit peut être du personnage le plus intéressant, une adolescente perdue qui grandit dans un monde de violence et qui ne peut plus s'exprimer que par celle ci c'est très intéressant, notamment dans le principe de sa relation (bien que celle ci soit clichée). Toute l'ambiance et les dialogues avec son père sont très intéressants et je crois sans me tromper que l'ambiance qui s'en dégage est la plus haletante, même les passages du clown à mon avis ne son pas aussi bien réussis. Donc c'est un bon point pour la rousse dont la psyché et les détails sont très bien exploités.


Eddie: alors c'est assez triste de parler de ce personnage car il ne sert que de tremplin pour les autres, ils les mets en valeur, surtout Bill auquel il essaye de ressembler le plus possible... ce qui est difficile vu son charisme naturel. Eddie est un garçon qui a été formaté par la peur irrationnelle de sa mère pour les maladies. Il n'est cependant que très peu montré dans le livre mais dégage un coté enfantin qui a besoin d'être protégé, on a donc pas grand chose à dire sur lui ce qui est dommage parce qu'il y a tellement de choses à explorer sur le caractère de ce personnage.


Stan: il est propre, rationnel, mature et discret, il est en somme le seul des enfants à être un adulte, une sorte de mini lui du futur. La seule chose qui est intéressante c'est que de son coté on ne ressent pas cette panique qu'ont les autres par rapport à l'entité antédiluvienne qu'ils doivent affronter. Une peur qui s'expliquera au début du livre par un suicide 27 ans plus tard (mini spoil mais c'est au début et n'a pas tant d'importance que ça)


David? , Garry ? , Bref celui qui reste à Derry: il aime bien les oiseaux, son papa, Coldplay, les films de Tarentino, la couleur bleue... non mais il n'y a rien à dire sur lui, alors que Stan était encore moins développé... Disons juste qu'il vit dans la terreur constante de revoir le Clown monstrueux de son enfance... et finalement il est de retour... fin


Bon maintenant qu'on a parlé de tous les personnages principaux on va pouvoir parler des deux problèmes principaux que représentent les deux antagonistes du livre:
_Henry Bowers
_ça


Alors pour Henry c'est très simple, c'est un garçon violent qui aime rabaisser ses copains avec ses potes Victor le Roteur et Huggins (je crois que ce sont leurs noms) il représente une menace constante parce que lui il sait se battre
et finalement... il n'est pas si impressionnant que ça, je veux dire 30% à 45% du livre lui est pourtant bien consacré parce que TOUT LE MONDE EN PARLE TOUT LE TEMPS
on dirait que toute la ville s'est fait tabassé par lui alors qu'en fait c'est juste de la paranoïa
Comprenez moi bien, Henry est un salopard dans le sens où il fume, triche, brutalise, rackette tout ça tout ça, mais du moment qu'on le laisse tranquille bon bah tout va bien.
Je veux dire pourquoi Richie va blaguer sur sa veste en cuir rose (bon déjà on sent le niveau du gros méchant là) alors que ce type casse les dents de ses potes pour s'amuser le vendredi soir ?
Pourquoi Bill va le faire chier à le contre dire alors qu'il pourrait laisser ses copains dans la merde et éviter d'empirer les choses ?
Pourquoi Ben ne va s'excuser devant l'impossibilité de l'aider à tricher plutôt que de faire son enfoiré à cacher ses réponses sans explication lors de l'examen de fin d'année ?


Et tout ça pour quoi ? QUE DALLE Henry n'est même pas un gros bras c'est un ado qui aime se battre ce qui fait que Ben (le petit obèse du groupe) arrive à désarmer le grand Henry, à le semer lui et ses potes (des sportifs de hauts niveaux qui n'arrivent pas à rattraper un obèse qui sprinte paye ta team !)
et surtout que Ben à latté les couilles de Henry, ce qui
de 1 n'est pas une expression mais ce qui s'est passé LITTÉRALEMENT,
de 2 le décrédibilise entièrement en l'empêchant de représenter la menace qu'il devrait être
de 3 n'est juste pas possible après les 150 pages d'explications sur la peur de Ben à l'égard d'Henry
c'est juste débile


et c'est pas fini parce que je ne vous ai pas parlé de Gripsou !
La grosse erreur, le gros point noir: IL NE SERT A RIEN
il se ramène toutes les 100 pages pour dire bouh et se casser dès que les héros sont en difficulté
c'est inutile, il est juste l'ombre des craintes de ses victimes
il est apparus une dizaine de fois à tout casser pour se faire passer pour:
_ une momie beaucoup trop lente
_un oiseau qui s'est fait crevé l’œil par un enfant (parce que c'est aussi ça être un monstre lovecraftien)
_un loup garou qui n'arrive pas à rattraper un vélo
_un lépreux qui propose des pipes... payes tes "Cauchemars"
-une vieille scatophile
_une statue de lui même qui se balance
_un clown... voilà... c'est tout, il y pas de détails qui font peurs, de menaces, de pouvoirs, non non c'est juste un clown qui te regarde... ha oui non j'oubliais ! il a des ballons qui flottent, voilà ça c'est le symbole de la décadente peur et folie cosmique
_un lavabo qui crache du sang, bon ok celui là je vous l'accorde il est pas mal
_des biscuits chinois, parce que la mauvaise cuisine c’est une peur qu'on devrait tous avoir


et c'est TOUT !
donc voilà Cthulhu est une sous race comparée à Gripsou tant qu'il n'aura pas fait au moins un tiers de ces transformations qui dépassent l'esprit humain !
non mais... sans rire, c'est ce que vous imaginez quand on vous dit "Mal Absolu" ?


Je ne comprend même pas pourquoi les gens ont peur des clowns à cause de ce livre ou même du livre et de son ambiance en général
je ne sais pas si ma critique sera lue (et surtout jusqu'au bout) mais je vous en supplie vous qui aimez King, qui n'êtes pas d'accord avec ma vision des choses, expliquez moi ce qui vous plaît/terrifie dans cette œuvre.

LeRoiDePeste
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le 24 mars 2019

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