Tentative seulement, parce que ce livre n'est pas n'importe quel livre ; c'est ******** qui l'a écrit. Ce qui fait également que je l'ai lu en avant-première (boulot de correctrice, eh oui, dur) et qu'il n'est pas encore en vente dans votre librairie préférée.
Je vais donc essayer de ne pas trop spoiler.

Cactus Orchidée, c'est avant tout une histoire d'amitié, entre un homme et une femme. C'est très beau, ça se développe lentement, tranquillement, avec patience, et de ce point de vue la naissance et l'éclosion de cette relation fusionnelle, étrange, dévastatrice sont très bien montrées. Le style, assez sanguin, douloureux, dense, met parfaitement en exergue les sentiments des deux protagonistes, et il est assez facile de vivre avec eux. Cette relation et ses côtés tout à la fois salvateur et destructeur apparaissent doucement, on touche quelque chose de fort qui fait à lui seul tout l'intérêt du livre.

Mais il y a, à mon humble avis, des points négatifs : tout d'abord, le début et la fin sont un tout petit peu trop lents : on ne comprend qu'assez tardivement où l'auteur veut en venir, et le quotidien monotone de professeur de l'héroïne est justement un peu... monotone ; quant à la fin, si la douleur est aiguë, elle se contemple un peu trop elle-même et l'attente devient répétitive.
Le style, qui est assez original, contribue aussi à cette impression de répétition : des mots reviennent, des réflexions reviennent, et cette succession de phrases très courtes n'aide pas à atténuer le redondant du fond et de la forme.
Il y a aussi quelque chose qui personnellement m'horripile : c'est cette manie de se croire seul dans sa souffrance, étranger au monde, différent, enfermé dans la société au milieu de gens "bien-pensants" (j'ai pas compté le nombre de fois où ce mot revient mais c'est criant) blablabla. Et cette conception est omniprésente dans Cactus Orchidée. J'ai trop l'impression de me revoir à 14 ans, en lisant ça.

Cependant je le rappelle : je ne suis peut-être pas objective. C'est d'ailleurs, je crois, impossible d'être objectif quand on sait ce que tout représente dans le livre, quand on sait qu'on y est, même de très loin, lié. Cela n'a d'ailleurs pas manqué de me perturber.
J'ajoute enfin que c'est un premier roman, et qu'il faudra sans doute attendre le deuxième pour saisir tout l'éventail de possibilités de l'auteur. C'est donc une découverte sur le vif. Et comme le bouquin sort cette année, je ne peux que vous exhorter (propagande bonjour) chaudement à vous préparer à l'acheter.
Eggdoll
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le 17 févr. 2012

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Eggdoll

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