Tu veux critiquer quelqu’un ? EnjoyPhoenix est visiblement une proie facile. Elle est jeune, mignonne et présente des produits de beauté et tuto maquillage sur Youtube. Dès qu’elle dit ou fait un truc, on lui tombe dessus. On s’acharne sur elle. J’ai moi-même parfois critiqué (je mets au passé car j’évite désormais de le faire) certains trucs qui me chiffonnaient dans ses vidéos sur les réseaux sociaux ou même sous certaines de ses vidéos. Mais je ne suis pas à une contradiction près : J’apprécie cette fille. Je l’ai découverte sur le tard. Première youtubeuse beauté que je suivais et que je suis encore. Bref, j’ai beau être une jeune adulte, je comprends l’admiration qu’ont les ados pour elle. On oublie malheureusement ses nombreuses qualités qui expliquent aussi son succès.


Par curiosité, j’ai lu son premier ouvrage, #EnjoyMarie, une sorte de pseudo-autobiographie-conseils-prolongement-de-sa-chaîne. Bref, un désastre qui s’est pourtant vendu comme des petits pains. Mais je savais qu’il ne s’agissait pas d’un très bon livre. Juste un texte commercial pour satisfaire les fans. Je ne connais pas spécialement les chiffres de Carnet de routes mais je ne pense pas qu’il ait remporté ce même succès commercial. On ne va pas se mentir : EnjoyPhoenix, qui signe donc avec son véritable patronyme Marie Lopez, a pu publier son premier roman grâce à son succès de Youtubeuse ainsi qu’à celui de son premier bouquin. Cela dit, si elle a bien eu raison de profiter d’une telle occasion, le roman en tant que texte ne répond paradoxalement pas à une démarche commerciale. On pourra reprocher beaucoup de choses à son texte et aux intentions de sa maison d’éditions. Mais en lisant Carnet de routes, j’ai senti beaucoup de sincérité et de travail personnel. Sur beaucoup de points, Marie Lopez a fait des recherches, notamment sur sa ville natale Lyon, et ça se ressent. On sent qu’elle a voulu bien faire. Suivre sa chaîne a été un petit avantage dans ma lecture dans le sens où j’ai davantage senti son implication dans ce projet. Beaucoup lui ont reproché d’avoir mis des éléments autobiographiques évoqués au cours de ses vidéos. Personnellement, je ne vois pas le problème comme si elle était la seule à faire ça, surtout qu’elle les a mélangés dans une fiction. Elle n’a pas plus le boulard que d’autres auteurs.


On va aller droit au but : j’ai plutôt passé un bon moment avec ce Carnet de Routes. Ce n’est pas de la grande littérature mais je ne crois pas que Lopez en avait la prétention. Je m’attendais à un résultat bien plus catastrophique. Bon après, je ne sais pas, en terme d’écriture, ce qu’elle a vraiment produit, comment elle a été corrigée etc… L’histoire en elle-même est plutôt plaisante. Des portraits-croisés autour du permis de conduire. Ca se lit en peu de temps et mine de rien, j’avais envie au fil des pages d’en savoir plus sur les personnages et plus globalement sur le déroulement de l’histoire. C’est peut-être pas grand-chose mais c’est déjà ça ! Les relations humaines et profondes et les failles de chaque individu sont certainement les deux thèmes principaux à dégager. Je ne dirais pas à dire que j’ai été touchée mais je n’ai pas non plus été insensible au propos. Enfin, beaucoup semblent reprocher à ce texte sa petite dimension surnaturelle. Pour ma part, ce choix ne m’a pas dérangée même si l’exécution manque certainement de finesse.


Cela dit, si j’ai plutôt envie d’envoyer à Marie Lopez mes sincères encouragements (et même si j’apprécie sa chaîne Youtube, je ne suis pas une fan hystérique, loin de là), il est certain qu’il a tout de même des défauts impossibles à négliger. Parlons tout d’abord globalement de l’écriture. Marie Lopez signe son premier roman et ça se voit : l'écriture n'est pas toujours fluide, certaines formules lourdes, d'autres limite trop simplistes. Heureusement, certains passages montrent le potentiel de la jeune écrivaine. Mais hélas, certaines phrases ou choix de vocabulaire sont parfois problématiques. En effet, alors que certaines phrases sont parfois plutôt poétiques (ou en tout cas se veulent poétiques) et que l’œuvre en elle-même, notamment par la dimension surnaturelle, a ce côté qui se veut magique, d’autres ne semblent n’avoir rien à faire là. Je comprends la démarche de placer des termes anglophones ou pseudo cool pour montrer à quel point la jeunesse passe trop de temps sur les réseaux sociaux au lieu de se concentrer sur les choses essentielles de la vie. Sauf que ces mots en question sont laids et finissent par casser toute crédibilité. Le portrait-croisé en lui-même reste laborieux. C’est toujours un procédé difficile à utiliser et à mettre en place et Marie Lopez ne parvient pas à dépasser les nombreux obstacles. Les différents flashback ne sont également pas toujours très bien intégrés et mal agencés. Non, ma lecture n’a pas été chaotique, loin de là, je ne m'en cache pas mais le texte l’est par moments par sa construction. Et encore une fois, j’ai plutôt passé un bon moment mais ce sont principalement à cause de ces gros points noirs en question que j’accorde tout juste la moyenne à ce roman (car très honnêtement, sans cela, j’aurais pu lui monter sa note). On ne peut pas s’empêcher de trouver l’ensemble inachevé et les personnages (pourtant plutôt attachants) pas suffisamment approfondis et parfois même un brin cliché (on a l'impression que tous les jeunes portent un casque pour écouter de la zic toute la sainte journée). A force d’aborder à droite et à gauche différents sujets (le divorce, la boulimie, les réseaux sociaux, le harcèlement et j’en passe), on a l’impression qu’on ne fait que les effleurer. Heureusement encore une fois qu’on ne perd pas trop dans l’histoire les deux principaux sujets évoqués plus haut.


Un roman imparfait et maladroit mais plaisant. La différence entre #EnjoyMarie et Carnet de routes est tout simplement énorme.

tinalakiller
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le 9 janv. 2018

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