De même que le Tractatus logico-philosophicus de Ludwig Josef Johann Wittgenstein , Célébration de l’andouille est un livre sérieux. Il est l'oeuvre de Maurice Lelong, prêtre dominicain, et a été lancé sur le marché français, et international, en 1964. On y apprend pas grand-chose, ce qui est naturellement déjà beaucoup. Et comme dirait l'autre, ça débute comme ça :
« Pour peu que vous ayez signé quarante ou cinquante volumes, vous êtes condamné, jusqu’à la fin de vos jours, à vous entendre demander quel ouvrage vous avez en composition ».
Et oui… Vous l’ignoriez peut-être, mais Maurice Lelong a beaucoup écrit. C’était une star dans le Val-de-Marne.
« Si vous avez le courage d’avouer que vous travaillez à couronner le monument de vos œuvres complètes par un traité de l’Andouille, la première réaction de votre interlocuteur, immédiate, fatale, inéluctable, est celle du rire. »
Il faut arrêter de prendre Maurice Lelong pour une truffe. C’est un fin connaisseur de Bergson, de Descartes, de Racine, de Thomas Jefferson, etc. Et il a bon cœur et hauteur de vue. Il raconte par exemple, page 10, que lorsqu’une petite fille de trois ans se fait gronder par son père parce qu’elle « se livre à un exercice auquel les grandes personnes ne s’adonnent jamais que privément », il l’interpelle :
- Télémaque [NDLR : c’est le prénom de la fillette], si vous mettez encore vos doigts dans votre nez…
- Pourquoi c’est fait alors les trous ? lui répond la petite Télémaque.
Et croyez-vous que Maurice Lelong s’énerve. Oh que non. Pas le genre. Il conclut calmement que cette fillette est « l’aurore aux doigts de rose » dont parlait Fénelon.
Quel est le rapport avec l’andouille ? Je ne sais pas. D'ailleurs cet ouvrage scientifique tourne beaucoup autour de la grande question : quel est le rapport avec la choucroute ? Au fil des 118 pages que compte ce traité, l’auteur passe du coq à l’âne avec beaucoup de tranquillité et va d’un sujet qui ne fait pas avancer le schmilblick à un sujet qui n’a pas grand-chose à voir avec le prix du thé en Chine. C’est parfois un peu déroutant, mais ne pas lire cette étude et et s’imaginer qu’on peut, malgré tout, comprendre quoi que ce soit à quoi que ce soit me semble une idée un peu farfelue. Comment ferez-vous pour ne pas confondre l’andouille de Guéméné et l’andouille de Vire ? Comment ferez-vous si on vous demande pourquoi l’andouille « dépasse l’entendement » ? Et que répondrez-vous à celui qui veut savoir ce que Victor Hugo a dit de la tranche de jambon ?

Mohammed_Dupondt
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le 26 mai 2018

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