En proposant aux curieux d'histoire militaire de découvrir ces Chroniques de la Coloniale, je leur partage une rare pépite. Guinarou est le nom d'un génie guinéen au pouvoir de passe-muraille. C'est aussi, par extension, le surnom admiratif décerné par ses soldats indigènes à l'auteur, honorant sa manifeste invulnérabilité aux projectiles : 36 années de services, de la Libération à 1981, sans une blessure.


De son vrai nom Louis de Rouvroy, colonel et comte de Saint-Simon, ce lointain neveu du mémorialiste déclare: " J'ai commandé des Africains, des Vietnamiens, des Cambodgiens, des Arabes, des Toubbous, des Comoriens, des Malgaches, et aussi des Européens. J'ai aimé ces hommes de toutes les couleurs, et ils ont loyalement combattu partout à mes côtés. "


Pour reprendre une note de l'institution militaire, " Ce grand monsieur charismatique, soldat d'exception, homme haut en couleur et fort en gueule a rejoint le paradis de l'Arme en 2007 ".


L'"Arme" renvoie à la Coloniale, un corps judicieusement renommé Troupes de Marine à l'issue de la décolonisation. Une décolonisation contre laquelle Guinarou lutta avec acharnement. Passons.


Je ne vous présente pas les souvenirs de campagne d'une vieille baderne, pas plus que les élucubrations nostalgiques ou aigries d'un soldat de métier rejouant les campagnes perdues de ses ainés, mais la base historique de légendes futures. Ce sont les notes, à chaud, de Roland, de Bayard ou de Murat ! Guinarou a observé, écouté et noté. D'une très belle plume, il nous conte l'aventure coloniale. Il s'épanche peu sur ses propres combats, mais décrit un choc culturel. Il médite sur les fondements de l'autorité sur une troupe constituée de jeunes hommes nés en brousse et issus de sociétés traditionnelles aux antipodes de celle de ses instructeurs de Saint-Cyr ou des inspecteurs de l'État-major. Vous rirez, éventuellement jaune, aux élucubrations des hommes politiques en tournée, aux consignes moralisatrices ou civilisatrices des gouverneurs. Avec un humour froid, Guinarou décrit le quotidien d'un officier juvénile bombardé responsable d'un immense territoire, véritable vice-roi en son royaume de sable ou de savane, abandonné à lui-même, avec pour seul viatique les conseils de ses anciens, consignes qu'il se décide, enfin, à transmettre aux plus jeunes.


Et, vive la Coloniale !


Février 2018

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le 5 mai 2016

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Step de Boisse

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