Je suis, je dois vous l'avouer, un petit canard boiteux, un coucou dans le nid d'une famille exclusivement ouvrière.
Je suis l'aberration de ma famille industrieuse, j'ai fais des études, je suis allée à l'université moi la première fille de mon père, qui a 14 ans était déjà au boulot.
Mon frère, ma soeur, n'ont pas eu le goût des études.
Ils perpétuent cette dynastie fière et inflexible que constitue ma famille.
Je ne sais pas grand chose de leur travail, mes parents en retraite sont muets sur leurs années de labeur (un peu comme d'anciens combattants), mon frère taiseux de nature n'apprécie pas les questions indiscrètes, seule ma petite soeur, avec humour et une légèreté toute kalinesque me parle un peu, des grands médiocres qui gèrent ses plannings, ses longues heures de travail debout, depuis 26 ans devant la même machine, dans une imprimerie.
Elle s'évade en ce moment avec La petite fadette de George Sand(et oui )
Avec Chroniques des années d'usine je pénètre, un peu, dans ce monde gris, sans chaleur qui avale les années sans que l'on s'en rende vraiment compte.
L'auteur de cet ouvrage plein de vérités (je le sais je l'ai demandé à ma soeur) qui ne sont pas passées par la moulinette des sociologues et penseurs patentés, ouvrier pendant 30 ans dans la même usine, nous raconte avec un détachement extraordinaire, cette vie sans joie devant une machine qui t'empêche de penser, mais qui n'empêche pas ton esprit de vagabonder, à condition de rester en alerte.
Il nous raconte la séparation des toilettes, celles de ceux qui travaillent assis, chefs, petits grands ou médiocres, qui peuvent s'asseoir et se torcher avec un papier tout doux et celles des ouvriers qui ont droits aux toilettes à la turc avec papier qui gratte.
S'asseoir n'est pas une option.
Il nous raconte la visite médicale annuelle et le médecin qui jamais, jamais, ne demande si les 3/8 ont des effets sur le sommeil, ou si le bruit de l'atelier ne rend pas sourd ou fou.
Avec une plume pleine de poésie, Robert Piccamiglio m'a ouvert les portes d'un monde que je ne connaissais pas vraiment.
J'ai toujours été révoltée par certaines petites phrases lancées par nos hommes politiques qui méprisent sans le dire la classe ouvrière.
Il suffit de penser au ministre Macron nous rappelant que les ouvrières de Gad étaient illettrées.
Non.
Les ouvriers pensent, ils lisent et ils écrivent, très bien même.

Kalimera
8
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le 17 avr. 2015

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Kalimera

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