Introspection et développement personnel.

C'est toujours un peu frustrant, de lire sur le monde des yakuzas. Le sujet est tellement cinématographique qu'on aimerait connaître la réalité derrière ce qui a été romantisé. Et surtout comprendre comment des organisations pareilles parviennent à subsister, le quotidien de leurs membres, etc...

Ce livre, écrit par un journaliste japonais également épris de développement personnel, apporte quelques réponses, mais reste frustrant. Tadashi Mukaidani a eu une dizaine d'entretien de deux heures avec Masatoshi Kumagai, qui sans être un parent était quelqu'un qui comptait au sein de la troisième organisation yakuza du pays, l'Inagawa-Kai. Parti du bas, il a connu une ascension, puis un passage à vide pour avoir misé sur le mauvais cheval au moment d'une succession, puis un retour en grâce. Il a même accepté qu'un cinéaste français tourne un documentaire, sur une période de deux ans, sur son clan (Young Yakuza).

Le livre met du temps à entrer dans le vif du sujet. Kumagai commence par développer sa philosophie de ce qui fait un chef (avec un mélange de développement personnel et de spiritualité japonaise). Puis il évoque son enfance, à contrepied de certains clichés (il a commencé par être victime de harcèlement scolaire). Enfin ce qui l'a amené à devenir yakuza (il avoue s'être laissé piéger).

Il faut attendre le dernier tiers du livre pour avoir de vraies histoires de yakuza à se mettre sous la dent. Les batailles de territoire. Les interventions pour protéger les commerces qui paient la taxe de protection. Les ruses pour récupérer des créances de dette. Et toujours, ces liens interlopes entre l'économie lumineuse et l'économie sombre.

Un ouvrage intéressant, qui perd un peu trop de temps à essayer de tirer des maximes de vie des anecdotes d'un dignitaire yakuza qui, il est vrai, a le mérite de la franchise.