"Pour s'en sortir dans une nouvelle, il faut du cul, beaucoup de cul, si possible"

Bukowski, c'est l'incarnation même de la dépravation, de l'ivrognerie et de l'anticonformisme. Ce mec est complètement barge, en tout cas, suffisamment pour que l'on ne doute pas une seconde de la véracité de certaines de ces histoires où il se met en scène. Bukowski est un être authentique, un crasseux parmi les plus basses couches de crasses de l'envers du décors des belles cités américaines. Bukowski, c'est le genre de type qu'on aurait voulu rencontrer à une soirée et avec qui on aurait descendu six litres de bière et quatre bouteilles de vin en seulement deux heures. Le genre d'énergumène qui nous fait relativiser sur le poids que peut bien avoir une vie. Au fond, on peut avoir deux réactions, face au personnage, et souvent d'ailleurs, les deux simultanément : d'un côté, on a envie de vivre comme lui le fait (soyons clair, aucun de nous ne résisterait plus d'une semaine), sans vrais attaches, avec pour unique objectif de se murger la gueule à coup de whisky et de courir tous ce qui bouge pourvu d'en retirer de la jouissance, vivant de poèmes, d'articles subversifs, le tout grâce à une bonne paire de couilles. D'un autre côté, le bonhomme dérange fortement. Chacune de ses histoires nous le montre comme de plus en plus horrible et antipathique. Au fond, Bukowski c'est bien le gars que tout le monde va regarder dans la rue en se disant ''mais quelle épave celui-là'', et ils auraient raison de le penser, lui ne s'en cache pas et est très conscient de lui-même, de sa laideur, de son âge...lui qui aime se masturber dans les ascenseurs et qui ferait passer le plus ivrogne de tes potes pour un gosse encore au petit lait.
Dans l'ensemble, chaque histoire racontée dans le livre se suffit à elle-même. Certaines sont, bien évidemment, plus intéressantes que d'autres, mais le tout est plutôt divertissant. Bukowski ne prend aucune pincette avec les autres personnes, comme avec son lecteur, ce qui le rend très intéressant à la lecture. Après, on peut trouver que l'auteur tourne un peu en rond avec ses histoires de cul (jeu de mots pourri, je sais...), en retombant sans cesse sur un schéma de dépravation et d'errance. On peut le lui reprocher mais souvenons-nous qu'il s'agissait d'articles de journaux avant d'être publiés dans un recueil, idem pour le journal d'un vieux dégueulasse.
En un mot, les contes de la folie ordinaire est une oeuvre que je conseille, ne serait-ce que pour un style très efficace et une sincérité dans le vice, qui parle à chacun de nous, je pense... En tout cas ça me parle à moi.


p-s: Si vous avez l'occasion de lire sa nouvelle ''le zoo libéré'', cela vaut son pesant de cacahuètes. Assurément...

Fosca
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le 28 août 2015

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Fosca

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