Pour continuer Adorno, Hölderlin, Celan et les autres

Quelques réflexions sur la formation d'un art poétique né, à onze ans, de la visite de Dachau : comment écrire la stupéfaction, la suffocation, l'incommunicabilité, l'incompréhension, l'horreur ? Comment mène-t-on une guerre du silence ?

Lecteur d'Akhmatova et Mandelstam, auxquels il rend hommage, Voélin nous amène à comprendre la naissance de ces cris non-autorisés, le dépassement d'une honte fondatrice, la formation d'une poésie de l'humilité et de la lucidité, la découverte du statut de poète (comment le faire coïncider avec un inconscient poétique de la poésie, tout en le renouvelant et en l'adaptant à une expérience intérieure personnelle ?) et de son exigence à dire l'indicible, le dénuement, l'angoisse, sans tomber dans la récupération sordide d'un "devoir" de mémoire ou dans l'obligation d'une beauté mensongère. Comment prend-on langue dans le réel, quand celui-ci tire ses racines de la catastrophe ? Pourquoi la poésie reste-t-elle la seule parole humaine en ces temps de crise, le seul langage vertical susceptible de rendre à l'homme à sa dignité ?

Six essais lumineux et intéressants, qui donnent envie de relire Holan, Juarroz, Dickinson et quelques autres de ces voix étouffées qui ont su dire, en leurs silences déchirés, une poésie de la reconquête de l'humain.