Critique de Démocratie et totalitarisme par Arnaud.S
Lu (ou plutôt écouté sur France Culture) dans la version de ses dix-neuf cours donnés à la Sorbonne en 1957-58...
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le 22 avr. 2024
Dans la lignée de ma lecture d'Hannah Arendt, je me lance dans les travaux de l'un des rares philosophes qu'elle tenait en estime : Raymond Aron.
Le hasard me mène en effet à l'ouvrage "Démocratie et totalitarisme" qui prenait la poussière, caché au milieu de ses copains sur les étagères de ma bibliothèque.
En préambule, l'ouvrage n'est pas un essai philosophique. Il est une analyse de ce qu'ont été et sont encore au début des années 60 :
- les régimes démocratiques occidentaux (USA, RU, Fr),
- le régime communiste.
Un livre aux mérites inestimables
- Premier mérite du livre : confirmer que Montesquieu, Tocqueville ou encore Aristote sont des références incontournables pour l'étude de la politique.
- Seconde utilité : revenir sur la classification des trois grands types de gouvernement : République, Monarchie et Tyrannie.
- Troisième mérite : L'auteur est didactique pour le quidam tel que moi qui n'a pas étudié les Sciences Politiques et fait oeuvre utile : répéter, expliquer, illustrer.
On ne retrouvera pas ici des montagnes de conceptualisation ou de réflexions idéologiques.
L'approche est pragmatique et expérimentale.
Un ouvrage daté
C'est ce qui fait la limite principale de l'ouvrage.
Les cas de la France, des USA ou du Royaume Uni sont fréquemment cités quand il s'agit de débattre des avantages et inconvénients d'un régime constitutionnel (républicain). Hélas en 1960, le politologue a peu de recul sur l'Allemagne fédérale. Pire, les modèles de sociale démocratie du nord de l'Europe ne sont pas étudiés. Quant à la France, elle est engluée dans la 4ème république, donc peu représentative.
Enfin, la décolonisation n'a évidemment pas encore produit ses effets et donc les trajectoires des nouveaux pays indépendants ne peuvent pas servir de bases de réflexion.
En résumé, l'ouvrage souffre donc de son approche historique car ses conclusions - peu conceptualisées - sont donc souvent obsolètes.
Un ouvrage qui pose des questions d'actualité
Il n'empêche ! Le livre permet de décrypter les années post 2nde Guerre Mondiale.
Et si certains enseignements semblent être les fruits de raccourcis intellectuels (notamment sur la corruption ou la stabilité d'un régime), la réflexion globale fait oeuvre utile.
Dans sa première partie, on y retrouve donc nombre de questions encore d'actualité :
- un régime démocratique peut-il être autre qu'oligarchique ?
- la caste des plus riches influe-t-elle nécessairement sur la politique d'un pays ?
- les gouvernants politiques sont-ils réellement aux manettes de la destinée de leur nation ?
Par contre, au risque de me répéter : le titre est trompeur.
Dans sa seconde partie, ce livre traite uniquement du régime communiste.
Donc très peu d'analyses sur l'impérialisme nazi, les dictatures sud américaines ou le régime franquiste.
En conclusion :
un livre intéressant pour ceux/celles qui souhaitent réviser leur histoire politique.
Mais décevant pour celles/ceux qui désirent explorer les tensions entre démocratie et totalitarisme.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes En 2021, les livres de ma bibliothèque que je n'ai pas (eu) le courage de lire et Le philosophe débutant
Créée
le 16 mai 2021
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