Entropie : tel est le mot-clé de Dernière oasis, le roman du libanais Charif Majdalani, dont les livres ne déçoivent jamais, de par leur érudition, leur style et leur lucidité. L'intrigue prend place en 2014, en Irak, et implique militaires, forces kurdes et de l’État islamique autour du héros, un expert en antiquités orientales, toujours à la limite de la légalité. La situation est explosive mais avant que l'action ne prenne le dessus, Majdalani prend le temps de la contemplation dans cette oasis hors du temps, sorte de dernier refuge d'un paradis perdu, proche des lieux considérés comme le berceau de l'Humanité. Autour de bas-reliefs assyriens, autre symbole d'une lointaine époque, l'action va alors s’accélérer dans le tumulte et le chaos des combats. L'auteur rend passionnant le contexte géopolitique mais va plus loin en s'interrogeant sur la marche de l'Histoire, bien plus chaotique et cahoteuse que ne le prétendent les manuels, fruit du hasard, des nécessités et, pour une grande part, de l'incompétence des "grands" dirigeants successifs de la planète. C'est tout ce qui fait le prix de Dernière oasis, cette alliance subtile de l'aventure et de la réflexion dans un ouvrage qui alterne avec bonheur temps en suspension et précipitation des événements, marquant le désordre du monde et la progression inéluctable et entropique de l'Humanité.

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le 29 sept. 2021

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